C’est incontestable que l’absence des Tango de Bourges de la finale de la Ligue Féminine est un événement majeur. Depuis sa montée en puissance en France et en Europe, en 1994, les Berruyères n’avaient manqué qu’une seule fois ce rendez-vous, en 2003, laissant Valenciennes et Tarbes en découdre. Cela démontre que le championnat de France s’est nivelé par le haut et que Bourges devra cravacher à l’avenir pour gagner un 14e titre.
Villeneuve d’Ascq n’est pas mécontent d’éviter les Tango car ce sont de véritables bêtes noires comme le rappelle La Voix du Nord. Sur leurs 60 confrontations, les Nordistes ne se sont imposées que… six fois.
« La tâche nous aurait peut-être paru insurmontable à l’évocation du nom de Bourges en finale, concède Frédéric Dusart dans le quotidien du Nord. « Mais c’est une bonne chose pour le basket féminin que l’on sorte du clasico Montpellier – Bourges dans les finales de l’Hexagone. Mettre la pagaille là-dedans, c’était déjà le premier objectif de la saison. »
Premier de la saison régulière (18 victoires pour 4 défaites), Lattes-Montpellier est une forte équipe, comme l’a prouvé sa capacité à éliminer 2-1 Bourges en demi-finale après avoir concédé un revers à la maison lors du match 1, qui aura l’avantage du terrain mais Villeneuve (16 victoires pour 6 défaites) ne fait pas de complexes vis à vis des Héraultaises. En saison régulière, chacun s’est imposé chez soi: 70-59 pour l’ESBVA et 74-68 pour le BMA.
Cinq au lieu de trois manches
La Voix du Nord met en exergue un autre point fondamental: le fait que cette saison, c’est celui qui va gagner trois rencontres -au lieu de deux- qui va empocher le gros lot. Potentiellement, il peut donc y avoir jusqu’à cinq manches. Sur le sujet, La Voix du Nord a sollicité Laurent Buffard qui connaît bien le sujet puisqu’il était le coach de Valenciennes lorsque cette équipe battit Bourges 3-0 en 2005, la seule année où la formule fut expérimentée.
« Ce format change la donne. Villeneuve a une grosse équipe cette année, avec beaucoup de joueuses, peut-être trop car ça a pu générer un peu de frustration. Mais sur la longueur, ça peut payer. Après, il y a des matchs à ne pas rater. Il vaut mieux en prendre un sur les deux à l’extérieur, sinon tu te retrouves avec une sacrée pression chez toi. »
Gaëlle Skrela joue 34 minutes par match
Incontestablement cette finale oppose l’expérience à la jeunesse.
Il s’agit de la quatrième finale des filles de Valérie Garnier en cinq ans et quatre cadres ont franchi allègrement le cap de la trentaine: Géraldine Robert (37 ans), Gaëlle Skrela (bientôt 34), Kristen Mann (bientôt 34), et Elodie Godin (bientôt 32), sachant que Fati Sakho (32) et Naomi Halman (31) sont actuellement inaptes.
Du côté de Villeneuve, si Mame Sy Diop (32) et Jo Gomis (bientôt 32) appartiennent à cette catégorie, trois moteurs sortent à peine de l’usine: Olivier Epoupa (23), Olivia Ayayi (23) -qui par ailleurs va rejoindre Bourges à l’issue de la série de la finale- et Aby Gaye (22) alors que les Ukrainiennes Liudmyla Naumenko (bientôt 24) et Alina Iagupova (25) sont encore pleine de sève.
Autre fait marquant: si Valéry Demory ne peut plus compter véritablement que sur sept joueuses, ce qui contraint Gaëlle Skrela, qui prendra sa retraite à la fin de la saison, a passé 34 minutes en moyenne sur le parquet -un temps de jeu très élevé-, son confrère Frédéric Dussart utilise 9 joueuses entre 19 et 29 minutes en moyenne.
Sur la distance, ce sont des éléments qui peuvent faire basculer les finales dans le sens des Nordistes. Seulement lors de leur seule finale -en 2015 contre Bourges-, elles avaient payé pour voir que tout ceci souvent tenait à trois fois rien; elles s’étaient inclinés 49-51 le soir de la belle. Virginie Brémont avait manqué le shoot de la gagne à trois-points au buzzer.
Photo: Valériane Ayayi (FIBA Europe)