Ana Suarez (1,70 m, 33 ans, Basket Landes) et Xavi Forcada (1,93 m, 31 ans, Nantes) sont natifs d’Espagne et ont choisi de venir jouer en France. Ils comparent dans cette interview le basket et la façon de vivre ces deux éternels rivaux. De joueurs locaux à joueurs étrangers, la vision du sport varient.
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Pourquoi avoir choisi la France ?
Ana Suarez : Je voyageais beaucoup (NDLR: Ana a joué dans plusieurs clubs espagnols et en Argentine) et au moment où j’ai reçu la réponse positive de France pour le club de Tarbes, j’allais partir pour une compétition en Amérique latine, en Argentine (été 2017). Cet été j’attendais et attendais encore la réponse du pays qui m’intéressait le plus, la France. J’ai adoré la compétition en France et même si on m’a dit que c’était vraiment dur et très compétitif, c’est ce que je recherchais.
« Je pense que la différence dans le sport entre l’Espagne et la France est équivalente à la situation économique et globale des deux pays »
Xavi Forcada : Moi, je suis arrivé en France en 2015 à cause de la crise en Espagne (1). J’ai commencé ma carrière à 17-18 ans mais après quelques années, les salaires ont commencé à baisser et je pense que le niveau de jeu aussi. Les joueurs se sont expatriés à l’étranger, dont moi-même en France. Je me suis fait 2-3 contacts et j’ai finalement eu l’opportunité d’aller à Gries en 2017. Le club à l’époque était en Nationale 1, moi j’arrivais de deuxième division en Espagne, j’avais un peu peur mais j’étais aussi fier.
Pensez-vous que la France est plus compétitive ?
AS : Lorsque j’ai commencé le basket, il y a à peu près 16 ans, la compétition en Espagne était la meilleure d’Europe et on le voyait au niveau des chiffres. Mais en 2004 la crise a commencée à toucher l’économie et le sport féminin n’y a pas échappé. La majorité des aides et autres subventions sont issues du domaine public cependant la compétition espagnole féminine ne générait pas assez de revenus. Ils ont donc décidé d’arrêter les subventions et les joueuses ont décidé de s’expatrier en Serbie, en Islande et d’autres pays qui commençaient à avoir du potentiel dans les compétitions internationales. En France, on voit bien qu’au cours des dernières années l’économie a joué un rôle majeur pour le sport. Le niveau des joueuses a donc aussi évolué en conséquence à l’inverse de l’Espagne. C’est pourquoi je pense que la différence dans le sport entre l’Espagne et la France est équivalente à la situation économique et globale des deux pays. On le voit bien, la France est bien mieux lotie économiquement que l’Espagne, on a plus de chance de s’améliorer en tant que joueuse, encore plus les étrangères.
L’occasion de jouer en France vous a permis d’améliorer votre jeu ?
AS : Oui exactement. Pour moi le fait de pouvoir venir jouer dans une telle compétition permet de s’améliorer. On joue chaque match comme si c’était une finale (rires). Chaque équipe est bien formée et se donne à 200 %. Moi, en tant que joueuse de basket, j’étais un peu une passagère clandestine, et j’ai passé un moment brutal à Tarbes. Il y avait un vrai changement par rapport à l’Espagne, à la fois physiquement et en termes de style de basket. En France on a un style plus physique qui s’approche du style américain. Il y a beaucoup de dribbles et de contre-dribbles dans des systèmes courts. Il y a aussi plus de passes directes enflammées, je manque encore de quelques relances mais j’ai quand même pu constater que je m’améliore depuis que je suis ici.
Les entraînements sont différents ici ?
AS : Ici à Tarbes, les coaches sont d’anciennes joueuses donc en plus d’avoir leurs propres styles de jeu, on peut mieux intégrer leurs techniques et stratégies. Après en soi, il n’y a pas tant de différences entre les deux pays. Les choses sont plus ou moins les mêmes dans les informations et les exercices. Aujourd’hui, je pense que Basket Landes et son équipe pourraient se trouver en milieu de tableau en Espagne. Le niveau est professionnel et compétitif et je vois bien que j’en reprends aussi les traits.
Vous apprenez le français ?
AS : Je le comprends seulement (rires). On parle beaucoup en anglais à vrai dire donc je ne pratique pas beaucoup. Je comprends très bien tous les mots mais vu que nous sommes une équipe pas mal étrangère, c’est davantage l’anglais. Je suis mauvaise en langues (rires). J’essaye de m’améliorer petit à petit on va dire.
XF : Oui je me débrouille bien. Ce n’était pas trop difficile. Ce n’est pas pour me la raconter mais quand on est arrivé avec ma copine, la première chose qu’on s’est dite, c’est qu’il faut apprendre la langue. En six mois on comprenait tout et au bout d’un an on pouvait tenir une conversation. Après il faut dire qu’au club à Gries, j’avais Romain Hilotte qui parlait bien l’espagnol. Il m’a beaucoup aidé. Je lui cassais bien les c… à chaque fois « comment tu dis ceci, comment tu dis cela » (rires). Après pour les entraînements, le coach fait du franglais parce qu’on a des Américains qui apprennent aussi la langue mais on se comprend tous bien. C’est le plus important.
« Il y a plus de préjugés entre les pays qu’entre les gens au final »
Qu’est ce que vous aimez en France ?
AS : La culture française dans la vie de tous les jours a, comment dire, une structure. Par exemple, en Espagne on peut toquer à la porte du voisin qui a une famille pour aller prendre un café. En France, il faut appeler une semaine à l’avance environ pour lui dire : « Bonjour ! Allons prendre un café ». Vous êtes plus structurés. En Espagne, nous sommes plus du genre improvisés. Ici, il y a un protocole avec des règles. En bref, je trouve cela très intéressant parce que l’économie aussi fonctionne différemment. La sécurité que vous avez est différente mais quelquefois un peu embarrassante, surtout dans les manières des personnes. Il y a plus de règles mais qui rendent plus conscient. J’aime beaucoup au niveau du sport ça crée une vraie structure. J’avais des préjugés sur la société, les valeurs, mais je pense que les Français sont très drôles et qu’il y a plus de préjugés entre les pays qu’entre les gens au final.
(1) La « bulle immobilière » de 1996 à 2007, avec un pic en 2004-2005, a eu pour conséquence de dévaluer toute l’économie du pays.
A suivre demain
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Pourquoi avoir choisi la France ?
Ana Suarez : Je voyageais beaucoup (NDLR: Ana a joué dans plusieurs clubs espagnols et en Argentine) et au moment où j’ai reçu la réponse positive de France pour le club de Tarbes, j’allais partir pour une compétition en Amérique latine, en Argentine (été 2017). Cet été j’attendais et attendais encore la réponse du pays qui m’intéressait le plus, la France. J’ai adoré la compétition en France et même si on m’a dit que c’était vraiment dur et très compétitif, c’est ce que je recherchais.
« Je pense que la différence dans le sport entre l’Espagne et la France est équivalente à la situation économique et globale des deux pays »
Xavi Forcada : Moi, je suis arrivé en France en 2015 à cause de la crise en Espagne (1). J’ai commencé ma carrière à 17-18 ans mais après quelques années, les salaires ont commencé à baisser et je pense que le niveau de jeu aussi. Les joueurs se sont expatriés à l’étranger, dont moi-même en France. Je me suis fait 2-3 contacts et j’ai finalement eu l’opportunité d’aller à Gries en 2017. Le club à l’époque était en Nationale 1, moi j’arrivais de deuxième division en Espagne, j’avais un peu peur mais j’étais aussi fier.
Pensez-vous que la France est plus compétitive ?
AS : Lorsque j’ai commencé le basket, il y a à peu près 16 ans, la compétition en Espagne était la meilleure d’Europe et on le voyait au niveau des chiffres. Mais en 2004 la crise a commencée à toucher l’économie et le sport féminin n’y a pas échappé. La majorité des aides et autres subventions sont issues du domaine public cependant la compétition espagnole féminine ne générait pas assez de revenus. Ils ont donc décidé d’arrêter
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