Pour écrire l’une des plus belles pages de son histoire, l’équipe de France fera face à son meilleur ennemi en finale de l’EuroBasket dimanche soir (20h30). Une affiche de rêve contre l’Espagne, pour perdurer une rivalité qui a débuté véritablement en 2009. Retour sur des confrontations tumultueuses entre voisins européens, vue par plusieurs acteurs.
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On ne pouvait pas cacher un petit rictus à la fin de la demi-finale Allemagne – Espagne de ce vendredi soir. La Roja « nouvelle version » a provoqué sa remontada et décroché son ticket pour la finale de l’EuroBasket. Le collectif de Sergio Scariolo n’a pas volé sa place en battant, à Berlin, devant 14 000 fans allemands, la bande à Dennis Schröder.
Prochain et dernier adversaire pour les Espagnols : la France de Vincent Collet, Rudy Gobert, Evan Fournier et Thomas Heurtel. Encore eux ! Par chance pour Rudy Fernandez, dernier représentant de la génération Gasol, Navarro et consorts, Nicolas Batum n’est pas de la campagne des Bleus de 2022.
« Même quand on pense qu’on ne va pas se croiser, on finit toujours par se croiser quand même. C’est une équipe différente mais ils gardent leur culture de la gagne. Ils trouvent toujours le moyen d’être bons quand il le faut. »Rudy Gobert
Le basketball européen adresse alors un joli clin d’oeil aux Français, qui ont faim d’un trophée remporté une unique fois, en 2013. Seul Thomas Heurtel reste de cette épopée, dans un rôle de jeune soldat derrière le commandant Parker. Désormais, l’Agathois fait partie des leaders de cette équipe, en plus d’être de ceux qui ont vécu de grands moments contre la sélection espagnole.
De 2009 à 2012, une formation française en apprentissage
En 2009, la Roja est en pleine ascension. Finaliste aux JO de Pékin en 2008, c’est le moment pour elle de remporter le titre européen. La France la rencontre sur son chemin dès les quarts de finale en Pologne. Les Bleus sortent en tête de leur groupe, mais retrouvent déjà le cador espagnol, qui a commis des impairs en phase de poule. Pau Gasol et ses coéquipiers comptent bien se rattraper lors des matches couperets. Et la première de Vincent Collet en sélection tourne au vinaigre avec une démonstration espagnole (86-66). Ainsi lancée face aux Bleus, l’Espagne file vers le titre en gagnant encore plus largement contre les Serbes en finale.
« C’est là où ils commencent à installer leur suprématie », se souvient Vincent Collet depuis Berlin. Elle se confirme en 2011. Avant cela, un affrontement surprenant a eu lieu en 2010, à la Coupe du monde en Turquie. Un nouveau duel en ouverture de la compétition. Et celui-ci est remporté par la France du jeune Andrew Albicy, tout juste sorti de l’EuroBasket U20 où il avait terminé MVP. Dans ce match, le meneur inscrit 13 points et la sélection française l’emporte 72 à 66.
En 2011, le pivot Joakim Noah rejoint l’équipe de France, pour sa seule campagne sous le maillot bleu. La France arrive avec de grandes ambitions à l’EuroBasket. Elle se hisse jusqu’en finale, synonyme de qualification pour les Jeux de Londres. L’objectif est atteint. Mais l’Espagne des frères Gasol, tenante du titre, domine encore les joueurs tricolores (98-85), sans les honneurs malgré tout, après le premier mauvais geste de la décennie asséné par Rudy Fernandez à Tony Parker.
Aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, une autre aventure fondatrice de cette rivalité, l’équipe de France réalise une belle phase de poule. Malgré sa défaite contre Team USA, elle finit deuxième de son groupe. Problème : dans l’autre poule, la Roja se met aux mathématiques. Pour éviter de tomber dans le même tableau que les Etats-Unis avant la grande finale, les Espagnols perdent bizarrement leur dernière rencontre face au Brésil, finissent troisièmes et doivent affronter… la France dès le quart de finale.
« Année après année, on était plus proches d’eux. Et en 2012, ils nous stoppent sur la route des médailles, je pense que c’est ma pire défaite contre l’Espagne. »Boris Diaw
Le remake de l’année précédente tourne une nouvelle fois à l’avantage des Espagnols. Les Français ne passent pas loin mais l’expérience et la malice de ses voisins font la différence dans ces matches couperets. L’image marquante : un fait de jeu qui ne ressemble pas à du basketball. Le coup vengeur de Nicolas Batum, qui perd ses moyens, à destination d’un Juan Carlos Navarro assez bon acteur, il faut bien l’avouer. La déception est immense pour un groupe bleu-blanc-rouge qui réalisait ses premiers JO ensemble.
2013 et 2014, des étés français
2013, nouveau départ pour la Roja. Juan Antonio Orenga est le nouveau sélectionneur de l’Espagne. Il remplace Sergio Scariolo, parti après les Jeux Olympiques de Londres. L’effectif n’est lui pas modifié, si ce n’est l’absence de… Pau Gasol. Un élément de taille lorsque la France et l’Espagne se rencontrent en demi-finale de l’EuroBasket, une finale avant l’heure.
La suite est connue de tous, mais il est toujours bon de le rappeler. Les Français sont dominés en première période. Sans jeu, crispés, ils accumulent les pertes de balle rapides. 34 à 20 à la pause, il faut un déclic…
Celui-ci vient de Tony Parker qui, à sa manière, secoue les siens. La France repart au combat avec de biens meilleures intentions. Ce ne sont plus les mêmes, à l’image d’Antoine Diot, qui inscrit 10 points précieux. Les Français arrachent la prolongation et l’emportent au forceps (75-72). L’or est enfin à portée de mains. Deux jours plus tard, les Bleus battent la Lituanie en finale et soulèvent enfin le trophée tant espéré. Tony Parker, au sommet de son art, est élu MVP de la compétition.
Un an après cet heureux évènement, le numéro 9 n’est pas du voyage en Espagne. Lors de la Coupe du monde 2014, la France déjoue pourtant les pronostics. Durant la préparation, les Tricolores perdent Nando De Colo sur blessure. Un coup dur qui ne les empêche pas de respecter leur statut de champions d’Europe en titre. En quart de finale, ils écrivent l’histoire. Dans la « casa » espagnole, la France contre tout espoir d’un titre promis à la « superteam » à domicile. Thomas Heurtel, le génie créateur, est un des grands artisans de la victoire française (65-52). Et ce n’est pas David Cozette, au commentaire, qui vous dira le contraire !
« En 2014, c’est un affrontement dans un contexte particulier. Les Espagnols jouaient à domicile, tous les meilleurs joueurs possibles étaient là, les deux frères Gasol, Ibaka, Navarro, Rudy Fernandez bien sûr. On avait su trouver les ressources pour s’imposer. »Vincent Collet
2015 et 2016, la Roja prend sa revanche
À la suite de ces deux magnifiques campagnes, les Bleus entament un nouveau défi à l’été 2015. Dans un costume de favori et à la maison, l’équipe de France veut conserver son titre européen. Tony Parker et Nando de Colo sont, cette fois, de la partie, Rudy Gobert s’est endurci. Le groupe est confiant pour cette nouvelle compétition.
Mais sur sa route jusqu’au trophée, une équipe compte bien se venger. Sergio Scariolo est revenu à la tête de la Roja et Pau Gasol prend part à cet Euro. L’intérieur va d’ailleurs faire parler de sa supériorité, lui qui a sans doute mal digéré l’affront d’une défaite en quart de finale à la maison.
La légende des Lakers inscrit 40 points lors d’une demi-finale haletante. Un temps héroïque pour envoyer les Bleus en prolongation, Nicolas Batum et les siens finissent par s’incliner. C’était un 17 septembre noir dans le stade Pierre Mauroy de Villeneuve-d’Ascq. L’Espagne récupère son trône pendant que la France sauve son honneur en décrochant la médaille de bronze face à la Serbie.
« Cette défaite en 2015, c’est un souvenir difficile. C’était l’une des plus dures défaites de ma carrière. »Rudy Gobert
En 2016, la campagne française n’a rien de la beauté du carnaval brésilien. Le choix de la non-sélection d’Evan Fournier par Vincent Collet pose question pendant que Tony Parker, pour son dernier été avec les Bleus, manque la préparation olympique suite à la naissance de son deuxième enfant. Les problématiques hors-terrain pénalisent d’entrée le groupe. Les Français restaient sur un formidable Tournoi de qualification olympique (TQO) au mois de juillet. Pourtant, ils démarrent leurs JO avec une lourde défaite contre l’Australie.
L’équipe de France finit troisième de son groupe et, bis repetita, tombe sur l’obstacle espagnol en quart. À la différence des éditions précédentes, ce France – Espagne n’a rien d’une grande rencontre ultra-serrée. Cette fois, le bourreau se nomme Nikola Mirotic. Il inscrit 23 des 92 points infligés par l’Espagne. En face, Tony Parker marque pour sa dernière avec les Bleus 14 des 67 points tricolores. SOS, à Rio, la France ne répond plus.
2022, la nouvelle génération
Cette affiche est récurrente des tournois internationaux, et pourtant, cela fait déjà six longues années que les deux sélections ne se sont pas challengées (hors matchs amicaux). Pascal Donnadieu et Laurent Foirest, arrivés dans le staff des Bleus respectivement en 2016 et 2017 n’ont d’ailleurs jamais joué l’Espagne en compétition.
« Notre équipe de France est une nouvelle génération qui n’a pas souffert contre les Espagnols, contrairement à la précédente. Même si on voulait se les sortir de nos têtes, ils y étaient toujours un peu. La relation est plus apaisée, c’est une bonne chose pour nous. »Vincent Collet
Des anciens restent évidemment dans l’équipe actuelle française. Mais la génération « Parker – Diaw – Pietrus » a laissé place à de nouveaux leaders, peu responsabilisés de 2014 à 2016. Rudy Gobert et Evan Fournier ont pris les rênes de la sélection et sont accompagnés par des joueurs ambitieux qui n’ont pas peur de clamer haut et fort qu’ils se battent pour l’or. Cette mentalité de gagnant fait les beaux jours de l’équipe de France depuis 2019.
La base principale de l’équipe reste solide. Mais chaque année, Vincent Collet ajoute de nouvelles têtes et donne à chacun des rôles qui leur correspond à merveille. Guerschon Yabusele connaît la sélection A seulement depuis deux ans en compétition internationale. Ce qui ne l’empêche pas de porter un regard sur son adversaire de dimanche et sur sa propre histoire avec lui.
« Quand on était en U20 (saison 2014-2015), avec Mam Jaiteh, on perd contre eux en quart sur un scénario incroyable (50-46). On sait qu’il y a une grande rivalité, on se prépare. »Guerschon Yabusele
Les Français, comme les Espagnols – visiblement exceptés de Lorenzo Brown – ont conscience du passé entre ces deux nations majeures du basketball européen. L’Espagne a davantage gagné de combats lors de la dernière décennies mais les cartes sont rebattues. De l’équipe championne du monde de 2019, beaucoup sont restés dont Rudy Fernandez et les frères Hernangomez. De même pour les vice-champions olympiques français, l’ossature de Tokyo est encore présente.
Le prochain rendez-vous France – Espagne aura lieu ce dimanche à 20h30, pour atteindre les sommets du basketball européen.
Avec Clément Carton, envoyé spécial à Berlin (Allemagne).
> Evan Fournier et Rudy Gobert ne veulent que l’or
> Contre la Pologne, Vincent Collet tient son match référence
> Guerschon Yabusele, le Charles Barkley européen
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On ne pouvait pas cacher un petit rictus à la fin de la demi-finale Allemagne – Espagne de ce vendredi soir. La Roja « nouvelle version » a provoqué sa remontada et décroché son ticket pour la finale de l’EuroBasket. Le collectif de Sergio Scariolo n’a pas volé sa place en battant, à Berlin, devant 14 000 fans allemands, la bande à Dennis Schröder.
Prochain et dernier adversaire pour les Espagnols : la France de Vincent Collet, Rudy Gobert, Evan Fournier et Thomas Heurtel. Encore eux ! Par chance pour Rudy Fernandez, dernier représentant de la génération Gasol, Navarro et consorts, Nicolas Batum n’est pas de la campagne des Bleus de 2022.
« Même quand on pense qu’on ne va pas se croiser, on finit toujours par se croiser quand même. C’est une équipe différente mais ils gardent leur culture de la gagne. Ils trouvent toujours le moyen d’être bons quand il le faut. »Rudy Gobert
Le basketball européen adresse alors un joli clin d’oeil aux Français, qui ont faim d’un trophée remporté une unique fois, en 2013. Seul Thomas Heurtel reste de cette épopée, dans un rôle de jeune soldat derrière le commandant Parker. Désormais, l’Agathois fait partie des leaders de cette équipe, en plus d’être de ceux qui ont vécu de grands moments contre la sélection espagnole.
De 2009 à 2012, une formation française en apprentissage
En 2009, la Roja est en pleine ascension. Finaliste aux JO de Pékin en 2008, c’est le moment pour elle de remporter le titre européen. La France la rencontre sur son chemin dès les quarts de finale en Pologne. Les Bleus sortent en tête de leur groupe, mais retrouvent déjà le cador espagnol, qui a commis des impairs en phase de poule. Pau Gasol et ses coéquipiers comptent bien se rattraper lors des matches couperets. Et la première de Vincent Collet en sélection tourne au vinaigre avec une démonstration espagnole (86-66). Ainsi lancée face aux Bleus, l’Espagne file vers le titre en gagnant encore plus largement contre les Serbes en finale.
« C’est là où ils commencent à installer leur suprématie », se souvient Vincent Collet depuis Berlin…
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Photo : Tony Parker (FIBA)