Dans un entretien riche et profond avec Basket Le Mag, l’internationale Gabby Williams (1,80 m, 27 ans) met définitivement les points sur les i. Elle est née aux Etats-Unis, à Sparks dans le Nevada, d’un père américain mais d’une mère française et elle n’est pas une naturalisée. Sortie de l’université de Connecticut en 2018, elle est passée par Naples et Gérone avant d’arriver en France en 2019.
« Après, j’ai signé à Montpellier, et j’étais contente d’arriver, enfin, en France, raconte t-elle. C’était une surprise pour les autres joueuses que je sois française. Même encore aujourd’hui, il y a des arbitres qui me parlent en anglais, et encore pas mal de personnes qui ne savent pas que je suis française. (Elle rit) Il faut dire que «grâce» à la FIBA – merci bien... – j’ai le statut d’Américaine naturalisée. Je ne suis vraiment pas d’accord, je ne suis pas une naturalisée ! J’ai la carte de naissance, je suis dans le livret de famille depuis que je suis née. Mon vrai statut, c’est celui d’une Française qui est née à l’étranger. Pas celui d’une naturalisée ! J’espère qu’ils changeront le règlement, parce que pour moi, ça n’a aucun sens que j’aie le même statut que quelqu’un qui prend un passeport n’importe quand avec n’importe quel pays. »
Gabby Williams n’a pas débarqué en France avec trois mots de français mais mettre en pratique ses connaissances lui a demandé un peu d’adaptation.
« Les premiers mois, avec la langue, c’était compliqué. Quand j’étais au restau, je parlais français, ça se passait bien. Mais dans le vestiaire, quand les filles commençaient à sortir leur argot, leur verlan, j’avoue que je ne comprenais rien. Moi, j’ai appris la langue avec ma mamie, et une fois, les filles m’ont dit : « Franchement, tu parles comme si tu avais 70 ans ! » Mais c’est le Français de ma mamie ! (Elle rit) Il m’a fallu du temps pour m’adapter à parler vraiment français. Aujourd’hui, j’ai toujours mon accent, je fais toujours des erreurs, mais je parle plus souvent en français qu’en anglais. Je vis à Lyon, on n’est que des francophones dans l’équipe, et tous mes potes sont français. Les seules fois où je parle anglais, c’est quand j’appelle quelqu’un aux États-Unis. »
C’est à sa grand-mère parisienne que Gabby doit ses racines françaises et son amour pour le drapeau bleu, blanc, rouge.
« J’ai toujours voulu représenter la France. Même quand j’étais à la fac ! Là-bas, j’ai commencé à parler avec la fédération, et je savais que si je devenais pro, je voulais jouer pour la France. Et aujourd’hui, quand je joue pour l’équipe de France, ma maman pleure à chaque fois ! (Elle rit) Elle n’a pas fait de sport, peut-être de la natation quand elle était petite, mais elle n’est pas du tout dans la compétition. Elle m’a toujours soutenu, mais le sport, ce n’est pas son truc. Mais ma nationalité française, ça vient d’elle. Elle a cette fierté que je sois fière d’être française, grâce à elle, grâce à ma mamie. Elle n’a jamais été aussi fière que la première fois où elle m’a vu porter le maillot de l’équipe de France. »