Le changement est parfois provoqué, parfois subi. Dans tous les cas, le Limoges CSP 2022-23 n’a plus grand-chose à voir avec la version précédente : seuls le coach et le capitaine font office de nouvelle base.
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Près de 1 500 spectateurs pour un entraînement ouvert au public, c’est à Limoges et nulle part ailleurs en France. Les fans limougeauds avaient hâte de découvrir un effectif renouvelé à 90 % après six matches de préparation hors de la cité. Depuis plus de quatre décennies, tout ce qui touche au CSP résonne dans les conversations familiales, entre potes et désormais sur les réseaux sociaux.
Le coach est le même, un évènement
Pour la première fois depuis belle lurette, l’équipe limougeaude a répondu aux exigences des supporters en se classant 4e de la saison régulière 2021-22, et ceux-ci lui ont pardonné d’avoir fait un passage éclair en playoffs. Le CSP va jouer la Basketball Champions League (BCL). Et ici, la Coupe d’Europe, c’est sacré, presque un dû.
Par son engagement, son extraversion, et surtout ses résultats, le coach italien Massimo Cancellieri a réussi le tour de force de plaire au public, et de voir son contrat prolongé de deux ans, quand on sait que le CSP a usé, jeté, 16 coaches depuis Dusko Ivanovic et les années 2000. Un autre record limougeaud.
Seul Nicolas Lang…
Mais la tradition de club instable s’est perpétuée dans le staff technique puisque sont arrivés deux nouveaux assistants, le vice-champion olympique italien de 2004, Massimo Bulleri, et l’Allemand venu d’Autriche Dominik Günthner et un préparateur physique roumain. Après les figures emblématiques qu’étaient Richard Dacoury et Stéphane Ostraowki, plusieurs membres des bureaux sont partis sous d’autres cieux dont le directeur général Pierre Fargeaud. Alain Cloux, un ancien de la maison au début des années 2000, est revenu pour le remplacer. Et Crawford Palmer, qui avait réussi quelques jolis coups dans le recrutement, a dû céder sa place de directeur sportif au jeune Kevin Anstett, qui a pour mission de faire au moins aussi bien avec des moyens financiers pas forcément en rapport avec des ambitions qui ici sont systématiquement élevées.
Sur le terrain ne subsiste plus que Nicolas Lang, qui sort de deux saisons pleines qui en ont fait l’un des meilleurs joueurs de Betclic Elite, toutes nationalités confondues, et la figure reconnaissable du club. « Il faut reprendre ses marques mais le coach est resté et je connais déjà ses principes. Oui, il y a neuf nouveaux joueurs et six semaines ne seront pas trop longues pour bien se préparer », a-t-il témoigné auprès du Populaire du Centre. De fait, tant que l’équipe n’est pas entrée en compétition, bien malin qui peut juger de ses réelles possibilités. En plus de la valeur individuelle de chacun, il est difficile de savoir comment va réagir le collectif ainsi chamboulé.
Quel Wilfried Yeguete ?
On peut sans trop prendre de risques affirmer que Bryce Jones devrait être performant au cumulé points/passes, que Javontae Hawkins est aussi un joueur qui a la main chaude, que Desi Rodriguez va faire valoir sa puissance, et que Darrin Govens est une valeur sûre. Pour le reste, c’est à voir. A ce propos…
Après des passes à Bourg, en Pologne et au Portel, le retour dans le Limousin de Mathieu Wojciechowki ne manque pas de sel. « Je me suis bien reposé cet été, j’ai bien bossé et je suis bien installé. Habituellement, quand tu arrives dans un club, t’es en galère de savoir comment tu vas faire ci et où tu vas aller pour ça. Là, j’ai retrouvé des gens avec qui j’avais bossé », a-t-il confié au Popu. Le Franco-Polonais sera-t-il à la hauteur des attentes ? La même question se pose avec encore plus d’acuité pour Wilfried Yeguete dont personne ne doute de son tempérament de battant, mais qui sort d’une saison blanche avec tout ce que cela implique.
A Limoges, de la présidente au quidam, tout le monde en veut toujours plus. Seulement, la concurrence nationale n’a plus rien à voir avec les années 80-90. Alors, attention aux lendemains qui peuvent déchanter. Faire au moins aussi bien qu’en 2022 n’est pas gagné d’avance.
Les changements de l’intersaison
Sous contrat : Nicolas Lang (prolongation, 2025), Massimo Cancellieri (coach, prolongation 2024)
Arrivées : Mathieu Wojciechowski (Le Portel, 2023), Lucas Ugolin (Nancy, 2026), Bryce Jones (FMP Beograd/ABA League, 2023), Desi Rodriguez (Wurzbourg/Allemagne, 2023), Wilfried Yeguete (saison blanche, 2024), Javontae Hawkins (Bonn/Allemagne, 2023+1), Gavin Schilling (Bayern Munich/Allemagne, 2023) Jayvon Graves (Austin Spurs/G-League), Darrin Govens (Cholet)
Départs : C.J. Massinburg (Brescia/Italie), Hugo Invernizzi (Wolves/Lituanie), Demonte Harper (Tortone/Italie), Grismay Paumier (Champagne Basket/Pro B), Timothé Crusol (Champagne Basket/Pro B), Assane Ndoye (Nantes/Pro B), Timothée Bazille (Lyon SO/NM1), Gerry Blakes (VEF Riga/Lettonie), Conner Frankamp (Gaziantep/Turquie), Kruize Pinkins (Scafati/Italie), Horace Spencer (Bodrum/D2 Turquie), Ingus Jakovics (La Corogne/D2 espagnole)
Saison 2022-23
Effectif
Meneurs : Bryce Jones (1,83 m, 27 ans), Jayvon Graves (1,91 m, 23 ans)
Arrières : Nicolas Lang (1,96 m, 32 ans), Darrin Govens (1,85 m, 34 ans)
Ailiers : Javontae Hawkins (1,96 m, 28 ans), Lucas Ugolin (1,96 m, 20 ans)
Ailier-forts : Desi Rodriguez (1,98 m, 26 ans), Mathieu Wojciechowski (2,03 m, 29 ans)
Pivots : Gavin Schilling (2,05 m, 26 ans), Wilfried Yeguete (2,03 m, 30 ans)
Staff sportif
Coach : Massimo Cancellieri (50 ans)
Assistants : Massimo Bulleri (45 ans), Dominik Günthner
Entraîneur individuel : Yacine Aouadi
Préparateur physique : Cezar Baragu
Front office
Président : Yves Martinez (71 ans)
Directeur sportif : Kevin Anstett (30 ans)
Salle : Palais des Sports de Beaublanc (4 711 places)
Les joueurs
Bryce Jones
Né le 12 octobre 1994 (27 ans) – 1,83 m – Poste 1 – Américain
Stats ABA League : 16,0 points à 46,8 % aux tirs (dont 38,5 % à trois-points), 3,2 rebonds et 6,7 passes pour 17,7 d’évaluation en 31 minutes (26 matches)
Deux ans au Jones County Community College à Ellisville, puis direction Murray State. Il s’est installé ensuite pour trois saisons en Serbie, deux au Borac Cacak et une au FMP Meridian Belgrade. La dernière est la plus significative puisqu’il a terminé meilleur marqueur et passeur de l’ABA League, et le deuxième à l’évaluation. Athlétique. Il peut marquer de différentes façons, y compris prendre son vis-à-vis de vitesse et finir au dunk. A noter aussi son 93,8 % aux lancers-francs. De Brooklyn. Gaucher.
Jayvon Graves
Né le 29 décembre 1998 (23 ans) – 1,91 m – Poste 1-2 – Américain
Stats G-League : 7,0 points à 40,8 % aux tirs (dont 35,4 % à trois-points), 2,9 rebonds et 2,4 passes pour 8,4 d’évaluation en 19 minutes (30 matches)
Une seule année professionnelle, aux Austin Spurs, où il était noyé dans la masse. Sur les 17 joueurs qui ont nourri l’équipe de G-League, il a pointé avec le 11e temps de jeu et la 11e évaluation. Tout comme C.J. Massinburg, il a fréquenté auparavant les bancs de l’université de Buffalo. En senior, il était le 3e marqueur (14,2 points), le 3e rebondeur (6,1) et le 2e passeur (6,8). N’a jamais loupé un match à la fac. Polyvalent, bon défenseur. Faible aux lancers-francs à l’université, il a rectifié le tir en G-League (76,5 %).
Darrin Govens
Né le 5 janvier 1988 (34 ans) – 1,85 m – Poste 2-1 – Américano-Hongrois (Bosman)
Stats Betclic Elite : 10,4 points à 49,4 % aux tirs (dont 42,2 % à trois-points), 1,9 rebond et 3,8 passes pour 11,3 d’évaluation en 27 minutes (33 matches)
Il s’agit d’un transfert intra-muros puisque cet Américain au passeport hongrois opérait à Cholet la saison dernière. Il avait auparavant évolué six saisons en Hongrie et fut élu Meilleur Joueur du championnat en 2018 et 2021. Il a également joué un peu en VTB League au Tsmoki-Minsk (Biélorussie) et Nijni Novgorod (Russie), et aussi en Islande. Le CSP apprécie sa polyvalence, son efficacité sur pick and roll et à trois-points, et sa capacité à gêner les petits meneurs de par son envergure.
Nicolas Lang
Né le 1er mai 1990 (32 ans) – 1,99 m – Poste 2-3 – Français
Stats Betclic Elite : 15,8 points à 45,3 % aux tirs (dont 40,5 % à trois-points), 3,3 rebonds et 2,5 passes pour 14,7 d’évaluation en 31 minutes (30 matches)
Ses deux dernières saisons ont été les plus accomplies de sa carrière. Il est le seul Français à faire partie du cinq majeur de Betclic Elite pour 2021-22. C’est une menace constante derrière la ligne à trois-points. Il n’est jamais descendu à moins de 86,8 % aux lancers-francs sur les six dernières saisons. International pour les fenêtres hivernales, il manque de qualités athlétiques pour viser plus haut. Chalon, Boulogne-Levallois, Villeurbanne et Strasbourg ont été ses clubs précédents. Natif de Riedisheim comme Hugo Invernizzi. A sérieusement souffert du variant anglais du covid au début de l’année 2021.
Lucas Ugolin
Né le 23 avril 2002 (20 ans) – 1,96 m – Poste 2 – Français
Stats Pro B : 6,8 points à 44,8 % aux tirs (dont 43,0 % à trois-points), 1,4 rebond et 1,2 passe pour 5,1 d’évaluation en 14 minutes (31 matchs)
U15 à Levallois, il a ensuite fréquenté le centre de formation du SLUC Nancy, et il a montré le bout de son nez en Pro B. Il a activé sa clause de départ alors qu’il lui restait deux années à faire en Lorraine. Un bon shooteur athlétique et capable de bien défendre. Médaillé d’argent à la Coupe du Monde U19 en 2021 à 6,7 points et 7,1 d’évaluation en 16 minutes de moyenne, soit le 7e temps de jeu des Bleuets. Il a signé au CSP jusqu’en 2026.
Javontae Hawkins
Né le 13 novembre 1993 (28 ans) – 1,96 m – Poste 3-2-4 – Américain
Stats Allemagne : 15,4 points à 44,5 % aux tirs (dont 36,7 % à trois-points), 3,5 rebonds et 1,3 passe pour 12,1 d’évaluation en 26 minutes (21 matches)
C’est un joueur polyvalent, qui peut jouer aussi bien 2, 3 et 4. Il a été sur les bancs de trois universités : South Florida, Eastern Kentucky et Fordham. Il a commencé sa carrière européenne par la Finlande (Virpas) avant de transiter par la Grèce (Holargos) avant d’arriver en Allemagne (Crailsheim) où il a atteint 16,4 points de moyenne avant Bonn. Il aurait dû porter le maillot de Ludwigsbourg lors de la saison 2020-21, mais il s’est blessé au genou. A cinq frères et sœurs dont le prénom commence par J : Jasmine, Janae, Jerell, Jeff Jr. et Janiyah.
Mathieu Wojciechowski
Né le 20 octobre 1992 (29 ans) – 2,03 m – Poste 4-3 – Franco-Polonais
Stats Betclic Elite : 6,7 points à 44,6 % aux tirs (dont 35,2 % à trois-points), 5,0 rebonds et 1,3 passe pour 9,7 d’évaluation en 22 minutes (34 matches)
C’est un retour pour celui qui avait été signé cinq ans par Frédéric Forte en 2015. L’aventure peu concluante n’avait duré que deux ans. Il avait fait ensuite une saison à Bourg et profité de sa double nationalité pour effectuer deux saisons en Pologne. Il y a gagné du galon au point de glaner quelques sélections en équipe nationale. Il est retourné en 2020 au Portel, club qui avait déjà été le sien de 2013 à 2015. Energique, valeureux, il a nettement gagné en adresse à longue distance d’une saison à l’autre mais perdu en adresse aux lancers-francs (61,1 %).
Desi Rodriguez
Né le 23 mars 1996 (26 ans) – 1,98 m – Poste 4-5-3 – Américain
Stats Allemagne : 14,6 points à 63,5 % aux tirs (dont 9,5 % à trois-points), 5,8 rebonds et 1,3 passe pour 16,9 d’évaluation en 22 minutes (34 matches)
Energique, physique et polyvalent, il peut jouer ailier comme intérieur, ce qui est la stratégie du CSP à son égard, malgré sa petite taille. Après un cursus de quatre saisons à Seton Hall, il a fait deux ans de G-League dans l’équipe affiliée aux LA Clippers, interrompus par 4 matches à l’Hapoël Tel-Aviv. Il a choisi ensuite l’Allemagne comme destination, Ludwigsbourg et Würzburg. Il a doublé son rendement d’un club à l’autre. Né dans le Bronx, à New York. Son surnom à la fac était Dunkin’ Desi’.
Gavin Schilling
Né le 10 novembre 1995 (26 ans) – 2,05 m – Poste 5-4 – Allemand (Bosman)
Stats Allemagne : 4,9 points à 51,3 % aux tirs (dont aucun à trois-points), 4,8 rebonds et 0,6 passe pour 7,1 d’évaluation en 14 minutes (30 matches)
Stats Euroleague : 2,1 points à 63,6 % aux tirs (dont aucun à trois-points), 1,4 rebond et 0,1 passe pour 2,4 d’évaluation en 6 minutes (7 matches)
S’imposer au Bayern Munich, équipe d’Euroleague, était un challenge trop élevé pour lui. Il vaut mieux prendre en considération ses deux années à Ratiopharm Ulm soldées par 8,5 points à 64,3 % aux tirs et 4,4 rebonds en 14 minutes. Il est né à Munich, et a grandi à Strasbourg, et il est parti à 8 ans aux Etats-Unis. Il est retourné ensuite en Allemagne – il fut international U18 -, pour repartir aux USA. Il a fait cinq saisons à l’université de Michigan State (2,9 points et 3,4 rebonds en senior). Il parle anglais, allemand et français. Son père fut handballeur professionnel. Sa mère est de Chicago.
Wilfried Yeguete
Né le 16 octobre 1991 (30 ans) – 2,05 m – Poste 5-4 – Franco-Ivoirien
N’a pas joué la saison dernière, blessé
Il a passé une année blanche aux Etats-Unis en raison d’une blessure au genou. On peut se poser évidemment des questions sur son état de forme. Pour le reste, on sait que Will Yeguete a une énergie folle et qu’il avait payé un écho important dans le titre de champion de France du Mans en 2018. La concurrence était forte à Monaco et ses stats étaient tombées à 4,5 points et 4,3 rebonds en 16 minutes la dernière année. Né à Pessac, il a grandi en Côte d’Ivoire avant d’effectuer un cursus universitaire à l’université de Florida, fac avec laquelle il a participé au Final Four NCAA de 2014.
Le coach
Massimo Cancellieri
Né le 24 juillet 1972 (49 ans) – Italien
Sa barbe, son exubérance, son caractère entier, son humour, ses tirades en ont fait en une seule saison une figure du championnat. Une trouvaille de l’ancien directeur sportif, Crawford Palmer, car jusque-là il n’avait coaché que dans son pays, comme assistant – notamment six ans à Milan – ou entraîneur principal. Il sortait de Ravenne en deuxième division. Il considère qu’il était « nul » comme joueur, trop soft. Il apprend le français peu à peu et se débrouille déjà bien. Il a prolongé au CSP jusqu’en 2024.
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Près de 1 500 spectateurs pour un entraînement ouvert au public, c’est à Limoges et nulle part ailleurs en France. Les fans limougeauds avaient hâte de découvrir un effectif renouvelé à 90 % après six matches de préparation hors de la cité. Depuis plus de quatre décennies, tout ce qui touche au CSP résonne dans les conversations familiales, entre potes et désormais sur les réseaux sociaux.
Le coach est le même, un évènement
Pour la première fois depuis belle lurette, l’équipe limougeaude a répondu aux exigences des supporters en se classant 4e de la saison régulière 2021-22, et ceux-ci lui ont pardonné d’avoir fait un passage éclair en playoffs. Le CSP va jouer la Basketball Champions League (BCL). Et ici, la Coupe d’Europe, c’est sacré, presque un dû.
Par son engagement, son extraversion, et surtout ses résultats, le coach italien Massimo Cancellieri a réussi le tour de force de plaire au public, et de voir son contrat prolongé de deux ans, quand on sait que le CSP a usé, jeté, 16 coaches depuis Dusko Ivanovic et les années 2000. Un autre record…
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Photo d’ouverture : Nicolas Lang (Thomas Savoja)