La découverte de l'élite, accompagnée d'un engouement populaire, fut globalement une franche réussite pour l'ADA Blois, dernière masse salariale de la saison et maintenue avant la dernière journée. L'équipe de Mickaël Hay redémarre un nouveau cycle sans Thomas Cornely et Tyren Johnson mais avec des moyens en hausse.
Le test d'entrée est validé. Première équipe du Loir-et-Cher à accéder à une première division, l'ADA Blois a réussi son envol vers l'élite du basket français. Leader surprise après quatre journées tout en ayant gardé l'ossature de l'effectif de Pro B, le promu a connu quelques mois de disette mais a su réagir en cours de route pour s'éviter les rattrapages au printemps.
C'est avec l'étiquette du poil à gratter que le collectif de Mickaël Hay repart pour l'examen de contrôle, avec un seuil d'admissibilité plus élevé puisque trois équipes prendront l'ascenseur vers l'antichambre l'été prochain. "Une pression positive" pour le general manager Julien Monclar, qui sait que le club, malgré une nette augmentation du budget (de 3,6 à 4,4 millions d'euros) et de sa masse salariale (encadrée autour de 1,5 million d'euros), restera dans la queue du peloton, vraisemblablement autour de la 16e place financière virtuelle.
La jeunesse au pouvoir
Le nouvel exercice s'annonce particulièrement exigeant puisque le club blésois redémarre quasiment d'une feuille blanche, avec de nouvelles têtes et de nouveaux principes. Exit les cadres Thomas Cornely et Tyren Johnson, sept et six saisons au club au compteur, partis explorer de nouvelles contrées à Gravelines et Nancy, de même qu'Amadou Sow et Mbaye Ndiaye, les deux joueurs les plus efficaces la saison dernière, promus en coupe d'Europe à Ljubljana et Villeurbanne. Il faudra digérer.
Les dirigeants misent gros sur la jeunesse, surtout le contingent de JFL, à l'image des trois seuls joueurs de rotation qui sont restés : Timothé Vergiat, Brice Dessert et Maxime Sconard, signataire d'un premier contrat pro. Les nouvelles recrues sont pour la plupart de jeunes joueurs à très fort potentiel : les Frenchies Milan Barbitch et Armel Traoré qui débarquent avec des missions importantes mais aussi les deux Américains Robert Woodard, drafté avant la fin de son cursus en 2020, et Joshua Hawley, champion d'Allemagne avec Ulm. Au milieu de ces jeunes loups, le scoreur Tobin Carberry, le routard Rion Brown et le revenant Thomas Hieu-Courtois - passé pro à Blois en Pro B - auront un rôle déterminant pour canaliser les énergies.
Le plus gros budget de son histoire
De prime abord, ce nouveau roster ne manque pas de talent(s) ni de volume athlétique, excepté sur le poste 5. Mais l'effectif global reste l'un des plus inexpérimentés de la division et le banc, sans doute le plus jeune de l'élite avec Saint-Quentin, a tout à prouver. Le coach Mickaël Hay a encore du travail pour construire son collectif, en manque de repères - et c'est normal - sur le début de la préparation (quatre courtes défaites en autant de matches).
Le succès dépendra de la - bonne ou mauvaise - gestion de son insouciance et de faire une forteresse du Jeu de Paume, seule salle de Betclic Elite à guichets fermés à 100 % des matches la saison dernière. Soulignons tout de même que le cap financier franchi, avec le plus gros budget de l'histoire du club combiné au fait de ne compter que quatre étrangers pour six joueurs français dans un effectif de dix éléments, pourrait permettre à l'Abeille des Aydes de se réajuster en cas de faux-départ.
Les résultats des cinq dernières saisons
| Saison | Niveau | Bilan | Classement | Playoffs | Top scoreur | Budget |
| 2018-19 | Pro B | 19-15 | 7e | Quart de finaliste | Joe Burton (12,4) | 2,56 M€ |
| 2019-20 | Pro B | 19-4 | 1er | (Saison arrêtée) | Tyren Johnson (18,4) | 2,59 M€ |
| 2020-21 | Pro B | 20-14 | 7e | (Annulés) | Tyren Johnson (14,1) | 2,54 M€ |
| 2021-22 | Pro B | 20-14 | 4e | Vainqueur | Tyren Johnson (14,6) | 2,72 M€ |
| 2022-23 | Betclic Elite | 14-20 | 16e | - | Robert Johnson (14,2) | 3,61 M€ |
Les changements de l’intersaison
Sous contrat : Brice Dessert (2025), Timothé Vergiat (prolongation, 2024), Maxime Sconard (premier contrat pro, 2025), Mickaël Hay (coach, 2024)
Arrivées : Milan Barbitch (Fos, 2024), Thomas Hieu-Courtois (Nantes/Pro B, 2024), Tobin Carberry (Mersin/D2 Turquie, 2024), Armel Traoré (Boulogne-Levallois, 2024), Rion Brown (Nanterre, 2024), Josh Hawley (Ulm/Allemagne), Robert Woodard II (Oklahoma City Blue/G-League)
Départs : Thomas Cornely (Gravelines-Dunkerque), Tyren Johnson (Nancy), Bruno Cingala-Mata (Nancy), Mbaye Ndiaye (ASVEL), Amadou Sow (Olimpija Ljubljana/ABA League), Robert Johnson, Tyus Battle, Paul Rigot
Effectif 2023-2024 : Milan Barbitch, Tobin Carberry, Timothé Vergiat, Maxime Sconard, Rion Brown, Armel Traoré, Robert Woodard, Thomas Hieu-Courtois, Josh Hawley, Brice Dessert
Staff sportif
Coach : Mickaël Hay (49 ans)
Assistants : Dominique Roinard (49 ans), David Morabito (36 ans)
Préparateur physique : Raphaël Loie (24 ans)
Front office
Président : Paul Seignolle (68 ans)
Manager général : Julien Monclar (38 ans)
Salle : Jeu de Paume (2 708 places)
Les joueurs
Le cinq majeur
Milan Barbitch
Après l’INSEP, le Paris Basketball et Fos-sur-Mer, où il a progressé continuellement, le fils de Yann Barbitch - le GM adjoint des Bleus - vient à Blois, où on lui a promis une place de titulaire, pour continuer à endosser plus de responsabilités. Habitué des équipes de France jeunes, ce meneur de grande taille (1,96 m) a fêté ses premières sélections avec la French Select Team, ou équipe de France A', en juin face à l'Arménie. Sa troisième saison dans l'élite, sans concurrence démentielle à son poste, doit être celle de la propulsion vers l'excellence. Joueur au grand QI basket, il rêve de jouer un jour à Barcelone. Il pourra aussi évoluer au poste 2 avec l'ADA.
Tobin Carberry
Comme Matt Morgan au Mans la saison dernière, Tobin Carberry débarque de D2 turque avec l'étiquette du scoreur-créateur, qu'il a endossée toute sa carrière. L'expérimenté combo guard tournait à 21,2 points avec de très bons pourcentages, et aussi près de 5 rebonds et 5 passes décisives de moyenne avec Mersin - au passage, avec de meilleures stats que Morgan, propulsé cette année dans le cinq de la saison en Betclic Elite. Formé en deuxième division universitaire, passé par l'Islande (où il a planté un match à 72 d'éval !), la Finlande, le Danemark (où il fut champion en 2019) et la D2 italienne (où il a joué avec Markis McDuffie à Piacenza), il va jouer, à 32 ans et après deux saisons solides en Turquie, pour la première fois dans un top-championnat européen.
Rion Brown
Vu à Dijon et surtout à Nanterre la saison dernière, Rion Brown a parfois tenu la baraque tout seul dans les Hauts-de-Seine, quand les autres étaient blessés, avant de subir le même sort (fracture à la main). Il n'a d'ailleurs plus fait un seul exercice complet depuis la saison 2017-2018 avec la JDA. Cela dit, son expérience parle pour lui, avec un panorama complet sur l'Europe et quelques matches en Euroleague avec le Pana. Complet et polyvalent, il est plus capable de plus que dépanner aux postes 2 et 4, sachant qu'Armel Traoré veut aussi sa part du gâteau sur le poste 3. Drafté en NBA en 1979, son père, Tico, était le top-scoreur de l’histoire de la défunte CBA. Ancien équipier de Julian Gamble et Shane Larkin à l’université de Miami.
Robert Woodard II
Prospect de calibre NBA, Robert Woodard II a été drafté à l'issue de son année de sophomore en 40e position en 2020 par les Memphis Grizzlies et fut instantanément transféré chez les Sacramento Kings. En deux ans en Californie, l'ancien pensionnaire de Mississippi State a joué 24 matches dans la Grande Ligue mais il a surtout évolué en G-League depuis, avec les équipes affiliées aux Spurs et au Thunder. Au sein du Blue, il a joué avec Adam Mokoka et Ousmane Dieng. Il a aussi aidé Team USA lors de deux matches de fenêtres internationales. Il a livré une bonne saison mais pas au point d'intéresser des franchises NBA ou des équipes d'Euroleague. Le voilà en transition dans le championnat de France... avec une polyvalence et des qualités athlétiques impressionnantes à faire valoir des deux côtés du parquet.
Josh Hawley
Sous les radars jusqu'à la saison dernière, Josh Hawley a vécu une expérience fantastique avec Ulm, 7e de la saison régulière et couronné champion d'Allemagne à la surprise générale. Avant cela, cet energizer, excellent défenseur doté de grosses qualités athlétiques, a vécu un parcours anecdotique en NCAA II à Tarleton State avant d'entrer en Europe par la petite porte, en Géorgie puis en Roumanie, où ses grosses stats l'ont propulsé dans des championnats référencés. Poste 5-4 en Allemagne, Blois l'a fait venir comme protecteur de cercle, avant tout comme un pivot. Encore une grosse marge de progression. A fait de l'athlétisme plus jeune.
Les remplaçants
Timothé Vergiat
Gamin de Saint-Symphorien-de-Lay formé à Roanne puis au Pôle France, le champion d'Europe U16 et U18 est sur une progression constante depuis ses débuts en professionnels. Arrivé à Blois à l'été 2021, il a participé activement à la montée dans l'élite avant de réussir dans la rotation sa première saison complète au plus haut niveau français en faisant étalage de ses qualités de shooteur (40 % à 3-points cette année). Il concilie 5x5, le 3x3 (vainqueur de l'Open de France cet été et sélectionné en équipe de France pour la Coupe d'Europe en septembre), et les études à l’EM Lyon Business School dans un programme bâti pour les sportifs professionnels. Sa prolongation est garante du bon fonctionnement de l’équipe.
Maxime Sconard
Après avoir connu des bribes de matches dans l'élite et notamment avoir marqué sur la tête de Mike James, le Mahorais va officiellement lancer sa carrière professionnelle cette année, auréolé d'un titre de champion d'Europe U20. Il a d'abord fait ses gammes au BCM Gravelines-Dunkerque. Il sort d'une excellente saison avec les Espoirs de l'ADA, avec un net progrès dans l'adresse sur l'année écoulée. Ce qui a engagé le club à lui proposer un contrat de deux saisons, jusqu'en 2025. Un potentiel démontré lors du championnat d'Europe et à confirmer dans un rôle de rotation qu'il retrouvera à Blois.
Armel Traoré
Bloqué dans la rotation de Monaco à sa sortie du Pôle France, Armel Traoré a bifurqué par Évreux en Pro B avant de réaliser une première saison couronnée de succès dans l'élite. Vice-champion de France avec les Metropolitans 92 de Victor Wembanyama - avec qui il avait conquis la médaille d’argent à la Coupe du monde U17 - et dans la rotation de Bilal Coulibaly, il a réalisé une pointe à 15 points dans le match 1 de la finale contre Monaco. Une perf' suivie d'un titre de champion d'Europe U20 cet été dans un rôle de patron (8,9 points, 6,3 rebonds en 19 minutes). Jusqu'à présent, diverses blessures l'ont empêché d'exploiter 100 % de ses capacités athlétiques et notamment de rebond. A Blois, le poste 3-4 aura l'opportunité de monter en puissance. Il retrouve Brice Dessert, son ami de l'INSEP.
Thomas Hieu-Courtois
La cellule de recrutement blésoise ne l'avait pas mis initialement sur ses tablettes mais une opportunité a précipité son retour dans le club de ses débuts professionnels. Après sept saisons de progression constante dans l'antichambre entre Blois, Aix-Maurienne, Lille et Nantes (avec une courte pige de cinq matches à Strasbourg), l'ailier-fort issu d'une formation complète à Paris-Levallois va donc enfin disputer une saison pleine dans l'élite. Avec l'objectif de prouver sa valeur - qui n'est plus à démontrer en Pro B - au plus haut niveau français. Son adresse extérieure (42,6 % à 3-points, 83,9 % aux lancers cette saison) et son sens du collectif seront précieux dans la rotation blésoise.
Brice Dessert
Un diamant à polir. En progression depuis sa sortie de l'INSEP et son crochet par la Pro B avec Rouen malgré la relégation, Brice Dessert a passé l'essentiel de la saison dernière à l'infirmerie (cheville capricieuse). Quand il était sur le terrain, en pleine possession de ses moyens, cet intérieur de grande taille a montré l'étendue de son potentiel en tout début et toute fin de saison. Un point faible à corriger : l'adresse générale et son petit 33,3 % aux lancers-francs. Fils de basketteurs (son père à Tremblay et sa mère au Cameroun) et vice-champion du monde U19 en 2021.
Le coach
Mickaël Hay
Ancien joueur professionnel de bon niveau, l'entraîneur de 48 ans dirige l’ADA depuis 2013. À son actif : un titre de champion de France Pro B en 2018, une première place du championnat à l’arrêt de la compétition en 2020, une montée dans l'élite en 2022 et un maintien malgré la plus petite masse salariale du championnat de France. Son éviction de Chalon, en 2013, n'est plus qu'un lointain souvenir. Son jeu collectif, basé sur la défense et associé à la présence de jeunes sur le terrain, est à souligner. Dernière preuve : son été couronné de succès dans le staff de Guillaume Vizade avec l'équipe de France U20.
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Photo d'ouverture : Milan Barbitch (Tuan Nguyen)
