Au sortir d’une belle saison sur le plan sportif, Cholet Basket doit faire face à une situation quelque peu déroutante, par le fait de moyens prévus à la baisse. Avec un effectif initial de neuf joueurs, réitérer les résultats des deux dernières saisons sera difficile. Mais pas impossible.
Sur la lancée de son incroyable remontée de la saison 2021-2022 ponctuée d'une qualification en playoffs après des débuts catastrophiques, Cholet Basket a redonné une nouvelle fois à la Meilleraie sa lettre de noblesse cette année. Le retour en Coupe d'Europe s'est conclu par une finale de la FIBA Europe Cup (C4) perdue contre les Polonais de l'Anwil Wloclawek. Et, septième de la saison régulière, l'équipe de Laurent Vila, nommé coach de l'année, n'était pas si loin de faire tomber les futurs finalistes, Boulogne-Levallois, en quarts de finale des playoffs malgré un effectif décimé - seul Perry Ellis a disputé toutes les rencontres.
De quoi augurer d’une nouvelle saison abordée avec sérénité ? Rien n’est moins sûr. À l’heure où ces lignes sont écrites, rien de concret n’a filtré du budget et de la masse salariale dont disposera le club, si ce n’est que les moyens financiers devraient baisser, jusqu'à 20 % pour la masse salariale (qui était d'1,7 million d'euros) selon diverses sources, suite au déficit enregistré sur l’exercice 2022-2023. Pour autant, Jérôme Mérignac, président de CB, espère que, lors de son prochain passage devant la DNCCG, l’organisme de contrôle budgétaire de la LNB, il arrivera à présenter « un budget et une masse salariale en hausse ».
Exode choletais
La réduction potentielle de la voilure du club des Mauges s’est en premier lieu traduite par de nombreux départs, seuls Enzo Goudou-Sinha, Neal Sako, Kim Tillie et T.J. Campbell rempilant, en plus de Laurent Vila. Cholet a donc perdu ses quatre meilleurs marqueurs de la saison écoulée (Artis, Ellis, Patton et Dallo), sans compter les pertes d'Hugo Robineau et Gaylor Curier, repartis jouer les premiers rôles en Pro B, et les nombreux prêts de pépites issues du centre de formation.
Informé seulement courant juillet qu’il allait devoir composer avec des moyens en baisse, coach Vila a dû faire avec les sommes à disposition pour recruter. Ce qui l’a amené à privilégier la sécurité et l’expérience de la Betclic Élite : des quatre nouveaux arrivants signés à l’heure actuelle, seul l’international tchèque Vojtech Hruban va découvrir les joies de la première division française alors que Emmanuel Nzekwesi, Gerry Blakes et Gérald Ayayi connaissent le championnat. Des joueurs qui, hormis le très efficace petit intérieur néerlandais, n’apportent pas forcément de garanties : Gérald Ayayi n’ayant pas cassé la baraque avec Pau et Gerry Blakes ayant certes cartonné en Pologne une partie de la saison dernière mais s’étant montré irrégulier par le passé à Limoges et… Cholet.
Sans garanties
CB s’approche donc de la ligne de départ sans grandes certitudes. Ce d’autant plus qu’avec son effectif actuel de neuf professionnels dont le tout jeune, Tidjane Salaün, 18 ans, promis à un avenir radieux, l’effectif maugeois semble un peu court pour les joutes françaises - avec trois descentes en fin de saison qui plus est - et de FIBA Europe Cup, voire de BCL s'il parvient à sortir d'un groupe de qualification relevé fin septembre en Turquie. Avec une éventuelle rallonge financière que le club s’escrime à dénicher, le staff choletais espère pouvoir recruter un poste 4-3 supplémentaire, joueur qui ferait du bien à un secteur intérieur plutôt dépeuplé.
Partant de ce constat, il semble moins probable que Cholet réussisse à faire aussi bien que les deux saisons écoulées. Une bonne surprise est toujours possible, mais le club des Mauges risque de passer plus de temps à regarder dans le rétroviseur afin d’éviter l’une des trois dernières places plutôt qu’à viser les playoffs. À moins que Laurent Vila ne réussisse un nouveau tour de magie…
Les résultats des cinq dernières saisons
| Saison | Niveau | Bilan | Classement | Playoffs | Top scoreur | Budget |
| 2018-19 | Jeep Élite | 11-23 | 15e | - | Michael Young (14,1) | 4,11 M€ |
| 2019-20 | Jeep Élite | 14-11 | 6e | - | Chris Horton (17,2) | 4,60 M€ |
| 2020-21 | Jeep Élite | 12-22 | 14e | - | Lasan Kromah (13,5) | 4,47 M€ |
| 2021-22 | Betclic Élite | 18-16 | 8e | Quart de finale | Dominic Artis (14,2) | 4,43 M€ |
| 2022-23 | Betclic Élite | 18-16 | 7e | Quart de finale | Dominic Artis (16,3) | 5,72 M€ |
Les changements de l’intersaison
Sous contrat : Enzo Goudou-Sinha (2024), Neal Sako (2024), Kim Tillie (prolongation, 2024), T.J. Campbell (prolongation, 2024), Tidjane Salaün (premier contrat pro, 2026), Laurent Vila (coach, 2024)
Arrivées : Gérald Ayayi (Elan Béarnais, 2024), Emmanuel Nzekwesi (Le Portel, 2024), Gerry Blakes (Drabowa Gornicza/Pologne, 2024), Vojtech Hruban (London Lions/Grande-Bretagne, 2024)
Départs : Boris Dallo (ASVEL), Dominic Artis (Bodrum/Turquie), Hugo Robineau (Boulazac/Pro B), Kevin Marsilon-Noléo (Denain/Pro B), James Thompson (Samara/VTB League), Gaylor Curier (Pau/Pro B), Lucas Dufeal (prêt 2025, Vichy-Clermont), Naoll Balfourier (prêt 2025, Palma/D3 Espagne), Matheo Leray (2026, prêté à La Rochelle/Pro B), Perry Ellis (Fukui/Japon), Justin Patton, Bogdan Bliznyuk, Nathan De Sousa
Effectif 2023-2024 : Enzo Goudou-Sinha, T.J. Campbell, Gerry Blakes, Gérald Ayayi, Vojtech Hruban, Tidjane Salaün, Kim Tillie, Emmanuel Nzekwesi, Neal Sako
Coach : Laurent Vila
Staff sportif
Entraîneur : Laurent Vila (48 ans)
Assistants : Fabrice Lefrançois (40 ans), Antoine Chevrier (28 ans), Julien Zoa (39 ans)
Préparateur physique : Romain Palussière (36 ans)
Front office
Président : Jérôme Mérignac (56 ans)
Directeur général : Cédric Colbaut (43 ans)
Directeur sportif : Guillaume Costentin (41 ans)
Salle : La Meilleraie (4 800 places)
Les joueurs
Le cinq majeur
T.J. Campbell
Le maître à jouer de Cholet, parfait relais de Laurent Vila sur le parquet. Un véritable meneur-organisateur, qui se sent bien en France : deux saisons à Dijon et autant à Nanterre, avant d’entamer aujourd’hui sa troisième année à Cholet. Pour le reste, il a fréquenté l’Australie, la G-League, l’Espagne et la Turquie. Le natif de Phoenix (Arizona) n’est pas un joueur de stats, se préoccupant peu de marquer des points ou d’afficher de grosses stats à la passe (3,3 la saison passée). Une donnée attire toutefois l’attention : 1,4 balle perdue par match en plus de 25 minutes de moyenne, cela s’appelle savoir gérer le ballon !
Gerry Blakes
Le retour du retour du retour… Scoreur patenté, toujours précis à trois-points, le combo-guard est déjà passé par Strasbourg (2019-20), déjà Cholet (2020-21) et Limoges (2020-21), ne jouant à chaque fois que des portions de saison, par la faute du Covid ou de diverses blessures. La saison dernière n’a pas dérogé à la règle : après son faux-départ vers Saint-Vallier via Riga, il n’a réalisé que 14 sorties avec le club polonais du Dabrowa Gornicza, avec tout de même 20,5 points de moyenne. S’il reste en bonne santé, il sera un élément important du dispositif maugeois en attaque. Il a du reste débuté la présaison par une sortie à 21 points à 7/12 aux tirs. Le poignet est déjà chaud.
Vojtech Hruban
Capitaine de la sélection tchèque (73 sélections) avec encore un rôle crucial lors de l'Euro 2022 (15,5 points à 46,2 % à trois-points), le talent du sniper (entre 36 et 50 % à trois-points selon les saisons) n’est plus à démontrer. Mais ce joueur de collectif, intelligent sur le parquet, en défense comme en attaque, devra s’adapter aux joutes musclées de la Betclic Élite, lui qui ne bénéficie pas de qualités athlétiques de haut niveau. Un fidèle parmi les fidèles : il a passé 8 saisons à Prague en début de carrière avant d’enchaîner sur 10 (!) années à Nymburk et de migrer la saison dernière aux London Lions.
Kim Tillie
Première bonne nouvelle pour l’intérieur passé par l'ASVEL, Vitoria, Monaco ou l’Olympiakos, sa tumeur testiculaire n’est plus qu’un mauvais souvenir ! Le fils aîné de Laurent Tillie, l’entraîneur médaillé d’or aux derniers JO avec l’équipe de France de volley, et frère de Killian a manqué toute la fin de la saison dernière à cause de la maladie, mais Cholet n’a pas hésité à le prolonger, beau gage de confiance pour un joueur qui ne brille pas forcément par ses statistiques mais qui affiche une belle intelligence de jeu. Moins bondissant que lors de ses jeunes années, l’intérieur bon rebondeur et adroit à trois-points apportera toute son expérience et son sens du placement à son équipe. Il est à prévoir, si Cholet arrive à signer un autre poste 4, qu’il démarre les rencontres sur le banc. Ce qui ne devrait pas particulièrement le bouleverser.
Emmanuel Nzekwesi
Sans doute la plus belle pioche du recrutement maugeois. Passé par la NCAA avant de devenir avec Leiden meilleur scoreur et MVP du championnat néerlandais puis de cartonner avec Mons-Hainault (20,1 points, 9,1 rebonds), il a démontré l’an dernier au Portel qu’il avait tout à fait le niveau pour évoluer en Betclic Élite, se montrant le joueur le plus efficace de l’équipe. Très adroit à l’intérieur, il peut également se distinguer à longue distance, sur de petits volumes (5/10 dans l’exercice sur 28 matches la saison passée). Capable de grosses performances (6 sorties à 25 d’évaluation ou plus avec Le Portel), le petit intérieur est performant des deux côtés du terrain. L’international néerlandais s’est montré à son avantage lors des préqualifications aux JO, en Turquie : 9,7 points, 3,3 rebonds.
Les remplaçants
Enzo Goudou-Sinha
La mobylette cadurcienne (né à Cahors, Lot) n’a pas pleinement confirmé à Cholet, la saison passée, toutes les promesses qu’il avait fait naître précédemment à Nancy, son club formateur, puis à Châlons-Reims en 2021-2022 dans l’élite. Ses stats sont globalement à la baisse, ce s’explique par le fait qu’il a évolué en doublure de T.J. Campbell mais aussi par le style de jeu de Cholet, qui n’impose pas à ses meneurs d’être forcément des passeurs attitrés (Dominic Artis et Boris Dallo, plutôt des arrières-ailiers, étaient les deux meilleurs passeurs du club l’an dernier). En outre, il n’a rien perdu de ses qualités d’adresse et de gestion du pick and roll, ce qu'il a montré avec CB en playoffs de la FIBA Europe Cup.
Gérald Ayayi
Le petit frère de Valériane et de Joël - contre lequel il jouera cette saison à l'heure d'affronter Nanterre - a fait preuve de progrès, il continue d'être efficace pour attaquer le cercle. Mais sa dernière saison, avec Pau-Lacq-Orthez, laisse un peu sur sa faim. En partie parce qu’il se montre moins adroit à trois-points : 25,7 % la saison dernière contre 31,3 % et 35,7 % les deux précédentes.. L’arrière passé par les JSA Bordeaux en début de carrière doit peser plus sur le jeu pour gagner des minutes. À voir comment il va rebondir avec Laurent Vila, le coach qui l'avait lancé dans le monde professionnel en 2019, après une saison ponctuée par une descente.
Tidjane Salaün
Il a à peine 18 ans mais Cholet vient de lui faire signer son premier contrat pro. Autant dire que le garçon a du potentiel, comme sa soeur Janelle, médaillée de bronze au dernier Euro. Brillant avec les Espoirs choletais la saison dernière (17,7 points et 7,3 rebonds lors du Trophée du Futur, dont il a été nommé MVP), le grand ailier s’est également montré performant lors de l’Euroleague Next Generation Tournament (nommé dans le cinq majeur) et lors de l’Euro U18, où il a compilé 12,9 points et 4,6 rebonds. Son nom apparait dans certaines mock drafts de la cuvée 2024. Adroit de près comme de loin mais encore des progrès à faire aux lancers francs : 61,6 % la saison passée avec les Espoirs. 14 points à 5/7 aux tirs lors du premier match de préparation de Cholet.
Neal Sako
Venu au basket à 16 ans, il a toujours eu une énorme marge de progression. Raison pour laquelle il a eu du mal à faire son trou dans l’effectif de Boulogne-Levallois lors de ses débuts dans l'élite. En 2021-22, il est passé à Châlons-Reims, où il a démontré un fort potentiel, réalisant 13,7 d’évaluation sur l’exercice. Signé par Cholet l'été dernier, il a prouvé, dans un rôle de remplaçant, qu’il n’avait rien perdu de son adresse de près et de son sens du rebond. Mais aussi montré, malheureusement, de sa faiblesse aux lancers francs : 56,5 % sur la saison. Avec l'expérience en plus, cet bel athlète, toujours aussi explosif, deviendra l'un des pivots français les plus solides du championnat.
Le coach
Laurent Vila
A Cholet, ce formateur dans l’âme a démontré toutes ses qualités au point d'avoir été élu coach de l'année 2023. Si le début de la saison 2021-22 ne s’est pas passé comme le club l’aurait voulu, Laurent Vila a su redresser la barre du navire et se construire une solide réputation dans les Mauges. CB s’est qualifié pour les playoffs ces deux dernières années et a atteint la finale de la FIBA Europe Cup. Avant Cholet, l'entraîneur de 48 ans a coaché les Espoirs de Pau, travaillé comme adjoint à Gravelines-Dunkerque et au Mans puis à Pau, y devenant coach principal en 2018 avant d’être coupé en mars 2021. Le natif de Céret (Pyrénées-Orientales) a aussi été assistant coach de l’équipe de France U20 pendant plusieurs saisons.
Photo : T.J. Campbell (Thomas Savoja)
