Qu’espérer lorsqu’on se présente sur la ligne de départ de la saison 2018-19 de Jeep Élite avec le 12ebudget et la 13e masse salariale ? Eh bien, lorsque le club s’appelle la JDA Dijon, de finir 3e de la saison régulière (23 victoires-11 défaites) à une victoire du deuxième, Monaco, et, en playoffs, de menacer la même Roca Team jusqu’à la dernière seconde du dernier match des demi-finales (78-81) ! Autant dire qu’en Bourgogne, ce n’est pas parce que l’on n’a pas les moyens des « gros » que l’on va s’en laisser compter. Et cela n’a rien de nouveau : hormis la saison 2016-17, achevée sur une médiocre 13eplace, cela fait huit ans (depuis son retour en Pro A, en 2011-12) que la JDA termine dans les dix premiers du championnat, avec trois participations aux playoffs à la clé.
L’explication de « l’exception dijonnaise » tient en un seul mot : défense. Sous les ordres d’abord de Jean-Louis Borg (aujourd’hui manager général du club) puis de son fils spirituel Laurent Legname, tous les joueurs passés par le club n’ont eu à entendre que cette consigne : « dressez les barbelés en défense, on verra après pour l’attaque ». Et ce même avec des joueurs a priori peu portés sur la chose défensive, comme l’an dernier les Ryan Pearson, Gavin Ware ou Obi Emegano. Le cas de ce dernier est l’exemple le plus frappant des mutations que provoque le bon air bourguignon : à Rouen, en Pro B lors de la saison 2017-18, le Nigérian était la première gâchette, prenant près de 13 tirs par match pour 17,5 points en un peu plus de 33 minutes ; une fois passé à Dijon, après une logique période d’adaptation à un niveau plus élevé, il s’est transformé en chien de garde sur les lignes extérieures tout en artillant à bon escient lorsque l’occasion se présentait (en près de 22 minutes, 8,1 points pour 6,0 tirs par match, à 48,5 % dont 43,9 % à trois points). Une évolution qui lui a valu une « promotion » : il va jouer cette année au Mans, équipe sensiblement plus à l’aise financièrement. Mais il faut croire que les « mutations bourguignonnes » ont des effets secondaires sur les attaquants transformés en défenseurs, puisque Ryan Pearson et Gavin Ware ont également fait leurs valises, après deux saisons au club pour le premier, après une pour le second, que coach Legname aurait bien aimé conserver.
Pour les remplacer, ainsi que le décevant Tarence Kinsey ayant peiné à justifier son pedigree d’Euroleague, la JDA a fait appel à des figures connues de la Jeep Élite, et même du club. Ainsi, Rasheed Sulaimon fait son retour au Palais des sport Jean-Michel-Geoffroy après un intermède d’une saison à Levallois surtout marquée par les blessures. Lamonte Ulmer arrive de Bourg-en-Bresse, Michael Young de Cholet et, s’il évoluait la saison passée en G-League, Richard Solomon a fait les beaux jours de Gravelines-Dunkerque en 2016-17. Autant dire qu’il s’agit de joueurs connus de Laurent Legname, qu’il n’aura pas de surprises sur leur niveau de jeu ou leurs capacités à se fondre dans le collectif, même si les qualités défensives d’Ulmer et, surtout, de Young restent à démontrer. Mais la « magie dijonnaise » devrait fonctionner une fois de plus, nous en prenons le pari.
De quoi espérer faire aussi bien cette année que la saison passée ? C’est certainement l’objectif de Laurent Legname. La tâche ne sera pas des plus aisées, de nombreux clubs se sont très sérieusement renforcés à l’intersaison et présenteront des effectifs plus rutilants que celui de Dijon, tout du moins sur le papier. Mais la JDA prouve avec constance que les « noms » peuvent être surpassés par un collectif soudé et prêt à tout pour protéger son panier. Alors, la JDA Dijon ne finira peut-être pas 3e cette saison encore, mais elle sera à n’en pas douter un concurrent sérieux pour les playoffs. Et plus si affinités…
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Salle : Palais des sports Jean-Michel-Geoffroy (4 147 places)
Président : Thierry Degorce(54 ans)
Arrivées : LaMonte Ulmer (Bourg-en-Bresse), Rasheed Sulaimon (Metropolitans 92), Michael Young (Cholet), Richard Solomon (Oklahoma City Blue, G-League).
Départs : Louis Weber (Angers, NM1), Obi Emegano (Le Mans), Tarence Kinsey, Gavin Ware (Kumamoto, Japon), Ryan Pearson (Boulazac).
David Holston – né le 26 janvier 1986 – 1,73m – Poste 1 – Américain
Annoncé généreusement à 1,73m (comptez bien 3-4 cm de moins en réalité…), David Holston est devenu un fidèle d’entre les fidèles à la JDA. Après avoir navigué entre Turquie et Allemagne au début de sa carrière professionnelle, il a posé ses valises à Dijon à l’orée de la saison 2015-16. Depuis lors, en dehors d’une « infidélité » d’une demi-saison à Samsunspor (Turquie) pour commencer la saison 2017-18, il n’a plus quitté la Côte-d’Or. Où il semble réellement se plaire puisqu’il a prolongé pour deux saisons en mai dernier. Et ce alors que le lutin a tout simplement terminé l’exercice passé avec le titre de MVP en poche ! Meneur capable de faire tourner l’équipe (7,2 passes) tout comme de prendre ses responsabilités (avec réussite : 41,0 % à trois points) lorsque les circonstances l’exigent, défenseur enquiquinant par sa vivacité, il est l’âme et le cerveau de la JDA Dijon.
Axel Julien – né le 27 juillet 1992 – 1,85m – Poste 1 – Français
Comme son entraîneur Laurent Legname, Axel Julien a vu le jour dans le Var. Est-ce la raison qui pousse le meneur, devenu international à l’occasion des fenêtres de qualification, à rester en Bourgogne ? Toujours est-il que, à l’instar de David Holston, Axel Julien fait partie des meubles dijonnais. Arrivé à la JDA en 2015, en même temps que Laurent Legname, son coach à Hyères-Toulon, il n’en a plus bougé depuis lors et a rempilé pour une nouvelle saison, alors que, comme à l’intersaison précédente, il était sollicité par des écuries plus fortunées. Une chance pour Dijon, qui pourra une nouvelle fois profiter de sa ténacité, de sa défense et de ses progrès offensifs. En une saison, il est passé de 7,0 points et 4,9 passes à 8,8 points et 4,6 passes pour 11,2 d’évaluation, soit sa meilleure saison en carrière en 2018-19. S’entend comme larrons en foire avec Holston, jouant parfois à ses côtés.
Rasheed Sulaimon – né le 9 mars 1994 – 1,93m – Poste 2 – Américano-nigérian (Cotonou)
En 2017-18, tout frais émoulu de l’université de Maryland, le champion du monde U19 avec les États-Unis avait fait preuve de grandes qualités d’attaquant (12,2 points à 41,8 % aux tirs) tout en ne laissant pas sa part aux chiens en défense. Ce qui lui avait valu de provoquer l’intérêt de Levallois, où sa saison 2018-19 n’a pas vraiment répondu aux attentes. La faute en grande partie à une blessure à la cuisse qui l’a tenu éloigné des parquets pendant près de la moitié de la saison (15 matchs manqués). Mais aussi d’une intégration difficile dans un collectif en mutation permanente (entre défections et blessures, Levallois a connu de nombreux changements d’effectif). Au final, l’américain au passeport nigérian a fini le dernier exercice avec des moyennes de 8,5 points (35,2 % aux tirs), 2,6 rebonds et 2,7 passes (6,8 d’évaluation). De retour au club qui l’a révélé sur la scène française, il va remplacer un Obi Emegano qui n’a pas souhaité prolonger en souhaitant se relancer et démontrer qu’il reste un joueur de haut de gamme aux deux extrémités du terrain.
Jérémy Leloup – né le 31 janvier 1987 – 1,99m – Poste 3 – Français
Encore un joueur « marqué au fer rouge » par l’influence du duo Jean-Louis Borg-Laurent Legname : après ses années de formation au Mans, il a réellement démarré sa carrière professionnelle à Vichy sous les ordres du premier avant de le suivre à Dijon et d’y passer trois saisons. Devenu un joueur majeur de l’effectif, il partira alors cinq saisons à Strasbourg. Mais l’air bourguignon devait lui manquer, d’autant que, de joueur majeur disposant de nombreux tickets de shoot à la JDA, il était devenu role player, en « 3 & D » en Alsace, avec un temps de jeu se réduisant d’année en année. Le Manceau est donc revenu à Dijon retrouver du plaisir à jouer. S’il a vu son temps de jeu augmenter (28 minutes par match), l’international (deux sélections en 2016) n’a pas tout à fait retrouvé le rendement de sa meilleure année dijonnaise (2012-13, 12,9 points à 45,8 % aux tirs) mais s’est malgré tout montré essentiel dans le collectif de la JDA, produisant 8,4 points (à 44,5 % aux tirs dont 42,9 % à trois points), 2,6 rebonds et 2,4 passes pour 10,8 d’évaluation.
Lamonte Ulmer – né le 17 septembre 1986 – 1,98m – Poste 3 – Américain
Châlons-Reims, Bourg-en-Bresse et aujourd’hui Dijon : Lamonte Ulmer aime l’Est de la France et ses localités réputées pour leur gastronomie et leurs productions viticoles ! Mais si l’ailier né à New Haven (Connecticut) fréquente les clubs de Jeep Élite, c’est plus pour ses qualités de basketteur que pour son coup de fourchette. Athlétique, bondissant (il a participé au concours de dunks du All-Star Game 2018), fort attaquant, bon rebondeur, il a le profil rêvé pour s’intégrer dans le collectif dijonnais, d’autant qu’il ne rechigne pas à défendre. Passé par le Luxembourg, la Finlande, la Roumanie et l’Allemagne après sa formation à l’université de Rhode Island, il a été l’auteur d’une belle saison au CCRB (13,3 points à 47,7 % aux tirs, 13,1 d’évaluation) avant d’avoir plus de mal à la JL, ne produisant plus que 9,5 points (47,2 % aux tirs dont 30,7 % à trois points, 10,6 d’évaluation). Une saison en dents de scie qui n’a pas découragé Laurent Legname, content de pouvoir compter sur un joueur capable de suppléer Jérémy Leloup ou de jouer avec lui.
Michael Young – né le 5 septembre 1994 – 2,06m – Poste 4 – Américain
C’est peut-être le pari le plus « risqué » du recrutement de la JDA. Non pas parce qu’il manque de talent en attaque. Au contraire, il a montré partout où il est passé qu’il n’avait aucun souci de ce côté du terrain (19,6 points en 2016-17 à Pittsburgh en NCAA, 20,1 points à 55 % aux tirs à Porto-Rico en 2017-18, 14,1 points à 48,7 % à Cholet la saison dernière). Le problème est plutôt de l’autre côté du terrain : Erman Kunter, le coach du club des Mauges, a plusieurs fois critiqué le peu d’investissement défensif de son joueur. Pour espérer durer à Dijon, il faudra que le natif de Pittsburgh soit plus entreprenant de ce côté du terrain, sous peine de subir les foudres de Laurent Legname…
Abdoulaye Loum – né le 3 avril 1991 – 2,08m – Poste 4 – Français
Mine de rien, sans faire de bruit, le Landais va vivre sa onzième saison professionnelle en LNB, partagée entre Pro B (deux parties de saison à Boulogne-sur-Mer) et Pro A/Jeep Élite (entre Le Havre, son club formateur, Gravelines-Dunkerque, Orléans, Chalon-sur-Saône et Dijon depuis deux ans). S’il n’est pas un artiste balle en main (47,7 % aux tirs pour 3,8 shoots en carrière), le grand intérieur sait s’appuyer sur ses forces : une belle capacité de dissuasion, de la mobilité, de la dureté, de la défense. Le parfait intérieur remplaçant dans le dispositif de Laurent Legname.
Alexandre Chassang – né le 22 novembre 1994 – 2,04m – Poste 5-4 – Français
Formé à l’Asvel, où il n’a jamais réussi à percer malgré un temps de jeu intéressant (14,6 minutes en 2015-16 pour 3,0 points à 37,3 % aux tirs, 2,4 rebonds et 3,9 d’évaluation), il est parti s’épanouir du côté de Hyères-Toulon où il a progressé pendant deux saisons avant de rejoindre la JDA l’an dernier. Repositionné au pivot par Laurent Legname pour « masquer » son manque de mobilité et d’adresse, l’ancien poste 4 a démontré toute la justesse du raisonnement de son coach, les stats sont éloquentes : 8,6 points à 57,4 % aux tirs (dont 49,1 % à trois points), 3,4 rebonds, 9,9 d’évaluation. Une progression qui lui a valu de devenir partenaire d’entraînement de l’équipe de France pendant la préparation à la Coupe du monde. Et de rempiler à Dijon. La confiance étant là, Alexandre Chassang devrait poursuivre son éclosion.
Richard Solomon – né le 18 juin 1992 – 2,08m – Poste 5 – Américain
Le surpuissant Gavin Ware ayant préféré céder aux sirènes (et aux dollars) japonaises plutôt que de prolonger à Dijon malgré la proposition qui lui a été faite, Laurent Legname a dû revoir ses plans. Son choix s’est porté sur Richard Solomon, qui a pour avantage de déjà connaître la Jeep Élite : en 2016-17, il évoluait à Gravelines-Dunkerque, où il produisait 10,1 points à 59,0 % aux tirs, 8,0 rebonds et 14,9 d’évaluation. Après la France, celui qui avait commencé sa carrière professionnelle en G-League puis au Japon est parti en Turquie avant de retourner en G-League, le bondissant pivot n’ayant pas mis une croix sur ses rêves de NBA. Avec les Blues d’Oklahoma City, il compilait la saison dernière 13,8 points à 58,0 %, 8,6 rebonds et 1,0 contre. Très vertical, concerné par la défense et adroit près du panier, il est complémentaire d’un Alexandre Chassang capable d’évoluer plus au large.
Coach:
Laurent Legname – né le 13 août 1977 – Français
Entre Jean-Louis Borg, l’actuel manager général du club, et Laurent Legname, l’histoire remonte à loin. À l’époque où le second était joueur sous les ordres du premier, du côté de Hyères-Toulon. Né dans le Var, Laurent Legname a entamé sa reconversion dans le coaching dans ce même club, en appliquant bien évidemment les préceptes de Jean-Louis Borg. Ce qui lui valut en 2014 d’être nommé Coach de l’année en Pro B. Et d’être sollicité par Dijon et… Jean-Louis Borg pour prendre sa suite à la tête de la JDA. Depuis lors, il a continué à appliquer sa philosophie défensive et à faire de Dijon l’une des places fortes du basket français, amenant le club en demi-finales des playoffs l’an dernier, avec une nomination au titre de Coach de l’année de Jeep Élite. Un fort caractère, pas toujours « en phase » avec les arbitres…
Assistants :
Vincent Dumestre (31 ans), Frédéric Wiscart-Goetz (53 ans)
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Salle : Palais des sports Jean-Michel-Geoffroy (4 147 places)
Président : Thierry Degorce(54 ans)
Arrivées : LaMonte Ulmer (Bourg-en-Bresse), Rasheed Sulaimon (Metropolitans 92), Michael Young (Cholet), Richard Solomon (Oklahoma City Blue, G-League).
Départs : Louis Weber (Angers, NM1), Obi Emegano (Le Mans), Tarence Kinsey, Gavin Ware (Kumamoto, Japon), Ryan Pearson (Boulazac).
David Holston – né le 26 janvier 1986 – 1,73m – Poste 1 – Américain
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Photo d’ouverture : FIBA Europe