Michel Mimran pouvait imaginer un meilleur contexte que cette crise sanitaire alors que sa prise de fonction comme Directeur Général de la Ligue Nationale de Basket date de décembre.
Ce diplômé en droit et de l’Essec de 57 ans, a commencé sa carrière chez Kodak avant d’exercer plusieurs fonctions marketing et commerciales chez Cryo (jeux vidéo), Club Internet, Darty et Lagardère Active Media TV et d’être durant dix ans le directeur marketing du Paris Saint-Germain. Un club qui est devenu une référence mondiale.
Il nous a donné cette interview -que l’on publie en deux parties- alors que le basket professionnel français et aussi mondial est bousculé par une sorte de big bang à l’envers avec quantité de points d’interrogations quant à son avenir.
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Il n’y avait pas auparavant un poste de Directeur Général comme le vôtre à la Ligue. Comment partagez-vous le périmètre avec le président Alain Béral ?
Les rôles d’un président, élu, et d’un directeur général, employé par Ligue, se répartissent de façon logique. Le Président assume la responsabilité des décisions dont la portée est stratégique ou politique. Il dirige le Comité Directeur, représentatif du basket pro, notamment de ses clubs, des joueurs et entraineurs. Il représente la Ligue à l’échelon national et européen. Son directeur général est un « exécutif » : il met en œuvre au quotidien la vision décidée par le Comité Directeur et son président, en s’appuyant sur les services de la Ligue. C’est un travail de complémentarité qui suppose une grande confiance et une communication fluide et permanente, que j’ai la chance d’avoir avec mon président. Actuellement, la mobilisation de la Ligue, de ses instances dirigeantes et de ses services est totale, en concertation permanente pour organiser la fin de saison, calculer les impacts de la crise et les amoindrir, et bien-sûr préparer les saisons prochaines. Chacun sait que mon historique personnel est plutôt dans les fonctions marketing et commerciales, c’est un domaine sur lequel mon autonomie est plus forte, et mes objectifs élevés, ce qui dans cette période n’est pas une mince affaire.
Vous êtes nouveau dans le milieu du basket. Qu’est-ce qui vous frappe depuis votre arrivée ?
La proximité. Evidemment. Je viens d’un milieu, le football et le PSG, où les « quantités » ont pris des proportions sur lesquelles il convient de s’interroger : pression médiatique, argent, impact social, économique… Le basket pro reste dans des dimensions contrôlables, les dirigeants sont accessibles, le public est convivial, les sommes engagées restent raisonnables. Je rencontre dans le basket des dirigeants plus proches du « jeu » que du « je », qui agissent comme une famille, qui essayent de penser collectivement, même si la crise crée des tiraillements légitimes, et des débats passionnés. Un univers plus cool, sans la paranoïa excessive que j’ai pu connaitre ailleurs. Je découvre un sport extrêmement réjouissant, avec une ADN unique faite de performance, d’entertainment, de lifestyle, bref une vraie culture avec ses codes, une culture à la fois internationale, et dans le même temps implantée dans le territoire français. C’est passionnant.
Combien êtes-vous de salariés à la ligue ?
Entre 20 et 25. C’est une « petite » ligue en termes d’effectifs, organisée en pôles de compétences, où chacun est donc responsabilisé.
Actuellement, à la ligue, vous êtes tous confinés chez vous ?
Bien-sûr, depuis le lundi 16 mars. C’est un moment fascinant pour l’entreprise en termes de méthodes, de management, une période dans laquelle il est important de renforcer la proximité, ce que les outils actuels nous permettent. Le salon s’est transformé en bureau, la visio conférence est devenue la norme, et tout le monde se retrouve très agile, avec une élasticité du temps différente, une notion floue de la semaine et du week-end. Comme toutes les ligues, comme tous les secteurs, comme toutes les entreprises, c’est dans ces conditions improbables que nous gérons cette crise majeure, avec une réactivité et une capacité d’adaptation que nous ne nous connaissions pas, mais chacun s’est révélé dans ce moment. Le déconfinement se met en place très progressivement, avec une présence physique limitée à l’essentiel, et une persistance du télétravail et des réunions en visio. Les locaux sont réaménagés pour les réunions qui se tiennent physiquement, avec une distance significative, une multiplication des gestes barrière, un port du masque obligatoire, une désinfection permanente des locaux et des objets. Des images stupéfiantes que chacun gardera en mémoire quand cette crise sera derrière nous, bientôt souhaitons-le.
« Une fois que l’on a la certitude que les sportifs ne sont pas porteurs du virus, ils peuvent avoir tous les contacts qu’ils veulent »
Le déconfinement sportif va se faire en plusieurs étapes. Sans parler de mettre des spectateurs dans une salle, comme le basket est un sport de contact, il ne pourra être autorisé qu’à la dernière étape ?
Les instances de la Ligue, sa commission médicale, le comité sanitaire que nous souhaitons créer si l’Assemblée Générale le valide seront à la manœuvre pour cette étape vitale pour le sport pro. Cette étape-là va passer probablement par les tests. Une fois que l’on a la certitude que les sportifs ne sont pas porteurs du virus, ils peuvent avoir tous les contacts qu’ils veulent. Mais personne n’a la lisibilité de tout ça ni de calendrier. Le préalable à tout c’est de pouvoir tester les acteurs du jeu. Ce n’est évidemment pas envisageable de jouer avec des masques (sourire). Mais je ne suis pas un professionnel de la santé, ni un expert de la ré-athlétisation. Le gouvernement édictera ses directives, les ligues s’adapteront, les médecins auront un rôle décisif.
C’est de par les statuts de la LNB que le Comité Directeur n’a pas tranché par rapport aux différentes issues de la saison 2019-20 laissant ce soin à l’Assemblée Générale de le faire ce mois-ci ?
Ses statuts, et sa volonté d’un processus de concertation, le plus démocratique possible. Certains nous ont reproché ce délai de réflexion, mais nous assumons cette volonté de prendre le temps de la réflexion, et d’une décision votée.
Comment sera la procédure : les différents scénarios élaborés par les groupes de travail seront présentés puis il y aura un vote à la majorité, chaque club de Jeep Elite et de Pro B ayant chacun une voix ? Y a-t-il d’autres votants ?
La plupart des propositions faites par les groupes de travail sont retenues pour être proposés à l’AG en effet, après un travail de synthétisation, de priorisation et de mise en forme par le Comité Directeur, comme les statuts de la Ligue le prévoient. La très grande majorité des voix est celle des clubs évidemment, mais les syndicats représentatifs votent également, ainsi que des représentants de la FFBB, des personnalités qualifiées désignées par les clubs et la FFBB, un arbitre… L’ensemble de la filière du Basket pro est appelée à se prononcer.
La ligue souhaite reprendre la saison 2019-20 en septembre là où elle s’est arrêtée, de fusionner les deux saisons avec un total de 68 matches. C’est dans l’objectif que RMC Sport paye son dû ?
Cette affirmation est inexacte, ce n’est pas le souhait de la Ligue, mais un des scénarios qui a été proposé par le groupe de travail en charge de la fin de saison, et de la formule des saisons prochaines. L’Assemblée Générale décidera.
Que pensez-vous du rejet de cette formule de la part des joueurs et des coaches et de plusieurs clubs ?
Il convient de respecter l’avis de toutes les parties prenantes, de les écouter. C’est le but du process qui a été mis en place. Une fois de plus, c’est la raison pour laquelle nous avons décidé que l’AG était la formule la plus démocratique, la plus juste, la moins contestable pour effectuer ces choix complexes, aux conséquences importantes.
Si cette formule n’est pas retenue, il faudra décider des montées et des descentes, d’un nombre d’équipes en Jeep Elite et en Pro B, toujours à la majorité ?
L’AG devra en effet se prononcer sur toutes ces questions.
Et également pour les prochaines saisons ?
A l’évidence nous parlons de la saison prochaine, et des décisions seront prises en Assemblée Générale pour la saison d’après.
L’Assemblée Générale sera amenée à se prononcer sur l’opportunité de nommer un Comité Sanitaire qui aura pour mission de documenter et participer aux décisions que la Ligue sera amenée à prendre tant que durera cette crise ?
En tous cas c’est une proposition qui sera soumise au vote. Elle semble pertinente au vu des récents évènements, et de l’incertitude liée à la durée de cette crise.
Il y a la possible création d’un « Indice » de classement des clubs basé sur un certain nombre de critères, principalement sportifs mais pas exclusivement, avec un historique d’au moins trois saisons, sur le modèle de la FFBB et d’autres ligues. C’est pour éviter cette impasse s’il y avait à l’avenir un autre cas d’interruption ?
Si l’Assemblée Générale vote en faveur de la création d’un tel indice, ce sera en effet pour éclairer certaines décisions que la Ligue pourrait être amenée à prendre, notamment en cas d’interruption de la saison, de nécessité de dresser un classement etc… Cela demande un travail d’exactitude, d’équité, qui permettrait une plus grande réactivité en cas de circonstances exceptionnelles, sans improvisation.
« Les budgets seront donc en baisse, et pour un Directeur Général qui arrive c’est un challenge important »
Certains épidémiologistes sont pessimistes sur la date de la fin de la crise sanitaire. Travaillez-vous sur des hypothèses où le championnat ne pourrait pas reprendre avant la fin de l’année avec du public ou même plus tard ?
Beaucoup d’hypothèses de calendriers existent, pour l’instant nous devons nous concentrer sur la bonne clôture de la saison en cours, et imaginer une reprise pour la prochaine dans des conditions presque normales. Nous saurons nous adapter si les choses devenaient encore plus complexes.
Peut-on imaginer une première partie de saison qui se jouerait à huis clos ?
Avouez que ce n’est le souhait de personne…
On évoque une baisse des budgets de 30 à 40% pour la prochaine saison. Des estimations ont-elles été faites dans ce sens au niveau de la ligue ?
Difficile à dire avec certitude. On travaille sur l’atterrissage de cette saison, avec des nouvelles mitigées, mais pas catastrophiques. Une grande partie de la saison a été jouée, une grande partie des recettes et des charges sont donc déjà dans les comptes. Il faut arriver au terme de cette saison sans accident, même si personne n’en sortira totalement indemne. Le défi concerne les deux prochaines saisons. On travaille sur les impacts économiques. Je ne pense pas qu’il y ait une ligue qui puisse dire que ses budgets seront en progression l’an prochain. Les budgets seront donc en baisse, et pour un Directeur Général qui arrive c’est un challenge important. J’arrive -comme l’équipe dirigeante-, avec la volonté de développer le système, d’augmenter les revenus, et je suis immédiatement confronté à une crise dont la conséquence immédiate est économique pour les clubs comme pour la ligue, donc globalement pour le basket professionnel. On ne parle pas d’un petit impact. Le démarrage d’une saison 20/21 dans des conditions normales est un énorme point d’interrogation, sur la date potentielle de reprise, la capacité à accueillir du public, la présence des joueurs étrangers… Il faut intégrer toutes ces inconnues et bien d’autres dans l’équation économique et sportive : pas une mince affaire.
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Il n’y avait pas auparavant un poste de Directeur Général comme le vôtre à la Ligue. Comment partagez-vous le périmètre avec le président Alain Béral ?
Les rôles d’un président, élu, et d’un directeur général, employé par Ligue, se répartissent de façon logique. Le Président assume la responsabilité des décisions dont la portée est stratégique ou politique. Il dirige le Comité Directeur, représentatif du basket pro, notamment de ses clubs, des joueurs et entraineurs. Il représente la Ligue à l’échelon national et européen. Son directeur général est un « exécutif » : il met en œuvre au quotidien la vision décidée par le Comité Directeur et son président, en s’appuyant sur les services de la Ligue. C’est un travail de complémentarité qui suppose une grande confiance et une communication fluide et permanente, que j’ai la chance d’avoir avec mon président. Actuellement, la mobilisation de la Ligue, de ses instances dirigeantes et de ses services est totale, en concertation permanente pour organiser la fin de saison, calculer les impacts de la crise et les amoindrir, et bien-sûr préparer les saisons prochaines. Chacun sait que mon historique personnel est plutôt dans les fonctions marketing et commerciales, c’est un domaine sur lequel mon autonomie est plus forte, et mes objectifs élevés, ce qui dans cette période n’est pas une mince affaire.
Vous êtes nouveau dans le milieu du basket. Qu’est-ce qui vous frappe depuis votre arrivée ?
La proximité. Evidemment. Je viens d’un milieu, le football et le PSG, où les « quantités » ont pris des proportions sur lesquelles il convient de s’interroger : pression médiatique, argent, impact social, économique…. Le basket pro reste dans des dimensions contrôlables, les dirigeants sont accessibles, le public est convivial, les sommes engagées restent raisonnables. Je rencontre dans le basket des dirigeants plus proches du « jeu » que du « je », qui agissent comme une famille, qui essayent de penser collectivement, même si la crise crée des tiraillements légitimes, et des débats passionnés. Un univers plus cool, sans la paranoïa excessive que j’ai pu connaitre ailleurs. Je découvre un sport extrêmement réjouissant, avec une adn unique faite de performance, d’entertainment ,de lifestyle, bref une vraie culture avec ses codes, une culture à la fois internationale, et dans le même temps implantée dans le territoire français. C’est passionnant.
Combien êtes-vous de salariés à la ligue ?
Entre 20 et 25. C’est une « petite » ligue en termes d’effectifs, organisée en pôles de compétences, où chacun est donc responsabilisé.
Actuellement, à la ligue, vous êtes tous confinés chez vous ?
Bien-sûr, depuis le lundi 16 mars. C’est un moment fascinant pour l’entreprise en termes de méthodes, de management, une période dans laquelle il est important de renforcer la proximité, ce que les outils actuels nous permettent. Le salon s’est transformé en bureau, la visio conférence est devenue la norme, et tout le monde se retrouve très agile, avec
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A suivre demain.