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[REDIFF] Interview (3) – Marie-Laure Lafargue (présidente de Basket Landes): « Si le plan Euroleague 2022 c’est possible, tant mieux, sinon ça sera 2023 ou 2024 »

Photo: Hervé Bellenger/FFBB La suite et la fin de l’interview de Marie-Laure Lafargue, présidente de Basket Landes. La première partie est ICI et la deuxième ICI.

Photo: Hervé Bellenger/FFBB

La suite et la fin de l’interview de Marie-Laure Lafargue, présidente de Basket Landes. La première partie est ICI et la deuxième ICI.

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D’après ce que vous avez entendu, des clubs étrangers, des ligues seraient proches de la faillite ? Et des joueuses dans certains pays ne perçoivent plus de salaires ?

Oui. Le système de protection sociale et de droit du travail français, et ça dépasse le sport, protègent. Je ne voudrais pas dire de bêtise et elle le dirait mieux que moi mais quand Valou a dû quitter Prague précipitamment, la saison s’est arrêtée et elle a été payée tout à fait normalement jusqu’à son départ mais elles ne sont pas en mesure d’être payées au-delà. Je crois savoir qu’en Turquie, quelques clubs sont en difficulté avec des gens qui ne sont pas payés depuis quelques mois. On entend aussi, et je me projette vers l’année prochaine, que certains pays envisageraient de ne pas ouvrir leurs championnats à des joueuses étrangères pour des raisons sanitaires, pour ne pas voir entrer sur leur territoire des personnes étrangères. Je ne sais pas ce qui est du domaine de l’info et de l’intox car comme dans d’autres domaines, on est dans la spéculation, la rumeur. Ça veut dire qu’il y aura moins d’emplois de disponibles sur l’échelle européenne pour certaines joueuses.

Vos joueuses sont-elles inquiètes pour l’avenir de leur métier ? Au niveau du syndicat, elles ont regretté de ne pas être davantage impliquées dans les processus décisionnaires.

Il y a ce qui se passe dans chaque club mais avec la réactivation de l’UCLFB amorcée par Marie-Sophie (Obama), il y a trois ans, on a entrepris il y a deux ans un travail de négociation d’accords sectoriels avec les syndicats de joueuses et de coaches qui nous ont permis de vraiment se rapprocher d’un dialogue permanent. Dès le début de la crise, on a réactivé une cellule de crise partagée entre l’UCLFB, les syndicats de joueuses et de coaches, qui a été ouverte la semaine dernière aux représentants des agents sportifs pour s’employer à poser des diagnostics et des informations les plus précises possibles à mesure que le temps passe sur la crise, essayer d’envisager collectivement des réflexions sur les solutions aux questions que peuvent poser cette crise. Je trouve que les choses évoluent plutôt favorablement entre les employeurs et les salariés. Le dialogue social est essentiel dans cette crise-là et j’espère que ce sera fondateur de la suite. Au début de la crise et cette semaine en visio, j’ai échangé avec les joueuses. Elles sont évidemment inquiètes sur la suite, elles se demandent comment les choses vont se passer. Ce qui les inquiète et moi aussi parfois, c’est que l’on est incapable de savoir ce que le gouvernement va nous demander de faire. On s’en remet à des choses qui nous dépassent. On compte un peu sur notre fédération et la Ligue Féminine pour assurer aussi au maximum le rôle de courroie de transmission entre ce qui se passe dans notre réalité quotidienne et cette grande machine à laver nationale qui en ce moment remue tous les jours. On est à la merci d’un tweet de la Ministre, d’un communiqué ou d’une conférence de presse du Premier Ministre. Cette incertitude est extrêmement lourde et je comprends l’inquiétude des joueuses. On s’emploie nous à entretenir un maximum de dialogue. Des groupes de travail vont démarrer la semaine prochaine (NDLR : cette semaine) sur différents volets. Le syndicat des joueuses va animer un groupe sur les aspects sanitaires et médicaux. Comment reprendre une activité ? Comment protéger la santé de nos joueuses et de nos coaches dans un mécanisme de reprise? On poursuivra avec un deuxième groupe que j’aurai le plaisir d’animer pour le compte de l’UCLFB pour faire le tour de toutes les questions possibles sur tout ce qui est juridique et contractuel. Si l’inactivité devait durer, que deviendrait-il des contrats de travail ? Et enfin un troisième groupe qui sera animé par Marie-Sophie Obama et Franck Manna, le président de Montpellier, qui sera dirigé sur les questions d’économie. Comment dans ce contexte économique-là réfléchit-on à des adaptations de nos organisations pour aller chercher des économies sur certains règlements avec une vraie logique de solidarité des joueuses et des coaches dans cet objectif de sauvegarde de notre sport, de leur activité professionnelle et des clubs dans la dimension économique et aussi philosophique de notre sport? On se posera certainement par exemple la question du huis-clos.

Photo: Aby Gaye (FIBA)
« Chez nous c’est Aby Gaye qui est référente du SNB et c’est une belle joueuse qui a la tête bien en place et qui est extrêmement précieuse dans le quotidien »

Du nombre d’étrangères aussi ?

Je ne sais pas si ça sera de l’ordre de l’urgence. On a émis la volonté qu’au-delà de cette crise-là ces groupes paritaires se poursuivent et que cette crise soit fondatrice d’une réflexion plus partagée sur les éléments importants de notre sport. Beaucoup de sujets pourraient être abordés comme celui de la formation. Au-delà de la gestion de la crise, j’essaye d’être optimiste et j’y vois peut-être un moment-clé pour fonder une nouvelle façon de gouverner notre sport au niveau national.

On a le sentiment que depuis quelques années les joueuses sont plus concernées par leur profession, elles ont envie de partager des décisions ?

Oui. On est dans un management très participatif, c’est ma philosophie, et je me bats contre l’idée que les sportifs soient simplement des gens capables de courir et – dans un quart d’heure féministe – en plus quand ce sont des nanas, elles aient juste besoin d’être jolies et de se mettre en jupe et en short pour valoriser leur sport. On a à faire à des gens qui ont une vraie personnalité et des vraies visions sur leur métier et dont la parole est importante dans la conception de notre sport. Ça fait longtemps que c’est le cas mais moins longtemps que les filles aient émis le souhait de s’investir. Le syndicat a fait un gros boulot de transmission, de pédagogie sur l’influence qu’elles pouvaient avoir sur leur propre destin, et elles sont peut-être sorties de leur complexe en se disant que c’était pas à nous de le faire. On a quand même un sport avec de vraies têtes d’affiche, des gens qui ont de vraies personnalités. Ça serait dommage de s’en passer. Je crois savoir qu’ils ont identifié une référente par club, chez nous c’est Aby Gaye qui est référente du SNB et c’est une belle joueuse qui a la tête bien en place et qui est extrêmement précieuse dans le quotidien. Ce n’est plus juste « soit belle et tais toi ! ». On a changé de période et c’est bien.

Marie Sophie Obama évoque une baisse du budget des clubs de 20-30%… si la saison reprend à la date prévue. C’est aussi votre avis ?

Ce qui a été convenu avec la fédération c’est que ces perspectives-là s’affineraient au fur et à mesure que la situation le permettra. Mais ce qui est certain c’est que l’on est sur ces tendances-là qui sont différentes suivant les territoires, les engagements des collectivités et des partenaires. On est dans un moment qui nous ramène cinq ans en arrière si on prend les chiffres de l’évolution de la ligue féminine. Depuis cinq ans on était sur un taux de croissance spectaculaire.

Et c’est une perspective au cas où la saison reprenne à l’heure prévue et avec les coupes d’Europe ?

Effectivement.

L’Open de Paris-Coubertin n’existe plus. Quel événement va instituer la ligue à sa place ?

On avait décidé de renouveler le genre du fait que l’Open était devenu un peu routinier, avec l’espoir de faire la transition avec un nouvel événement parisien plutôt punchy pour remettre de l’énergie. C’est Yannick Souvré (NDLR : la nouvelle DG de la ligue) qui planche là-dessus et j’imagine pour elle le casse-tête que doit être la perspective d’organiser cette manifestation qui devait être une sorte d’Open dans le sens où l’on ouvrait la saison sur un bel événement parisien. Je ne sais pas si les conditions d’organisation se prêteront à organiser cet événement-là comme on l’espérait tous avec une journée où toutes les équipes auraient été rassemblées avec le Match des Champions qui n’aura pas lieu puisqu’il n’y a pas de champion cette année ; c’est pourquoi on avait imaginé de jouer là, même si ça n’a pas tellement de sens sportif, une finale de Coupe de France. Même cette perspective-là me semble compromise compte tenu de tout ce que l’on a dit. On ne s’est pas re-penché là-dessus depuis le dernier mois. C’est certainement dommage mais je suis certaine que l’on aura beaucoup d’énergie lorsque les temps seront meilleurs à proposer quelque chose de nouveau. C’est aussi la fibre de la Ligue Féminine de Basket et de ses clubs d’être innovants. Peut-être pas cette année, mais on arrivera à rassembler la famille du basket féminin en début de saison sous un format différent mais sympa.

Photo: Ana Suarez (Hervé Bellenger/FFBB)
« Il reste quand même quelques incertitudes sur la capacité à rapatrier les joueuses américaines, canadiennes, australiennes, africaines au mois de septembre ou octobre s’il le fallait »

Votre objectif est d’atteindre l’Euroleague en 2022. Il tient bon ?

C’était le plan. Il faut faire preuve de beaucoup d’humilité par rapport à cette crise-là. J’ai eu l’occasion de le dire dans la presse locale que la crise que l’on vit n’était évidemment pas dans les plans de départ. L’enjeu est de préserver nos clubs à moyen terme et s’il faut requalifier nos ambitions sur ce plan-là et redonner trois ou quatre ans de plus pour se relancer dans cette ambition, il faudra le faire avec raison et réalisme. Le sujet c’est la pérennité et pas de se brûler les ailes. Si le plan Euroleague 2022 c’est possible, tant mieux, sinon ça sera 2023 ou 2024.

Peut-être aussi que toute la concurrence à l’étranger va être remise en cause ?

Oui. On est dans un moment où l’on passe du temps à spéculer sur l’impact de cette crise à moyen terme mais on imagine que les cartes vont être rebattues et que possiblement quelques paramètres vont venir bouleverser ce qui était le cadre normal de nos projets. Soyons patients, assurons la sauvegarde de nos entreprises à court terme et il sera bien temps quand tout ira mieux de se re-projeter en fonction de l’évolution de l’environnement.

Vous avez toutes vos étrangères pour l’année prochaine ?

Oui, on a trois étrangères prévues dans l’équipe : Katherine Plouffe, Miranda Ayim et Ana Suarez. Ana est toujours à Mont-de-Marsan, elle n’a pas souhaité ni pu rejoindre l’Espagne dans le contexte que l’on connaît tous. La question se posera au moment venu pour nous et pour d’autres de la capacité à compter sur nos joueuses étrangères et notamment hors Espace Schengen si les conditions de circulation à l’échelle mondiale sont contrariées. Comme on a deux joueuses qui étaient déjà là l’année dernière et déjà titulaires de permis de séjour et de contrats de travail antérieurs, on a des raisons d’espérer que les choses se passent bien. Mais il reste quand même quelques incertitudes sur la capacité à rapatrier les joueuses américaines, canadiennes, australiennes, africaines au mois de septembre ou octobre s’il le fallait. Ça sera aussi un paramètre non négligeable dans la qualité des compétitions. Quand bien même on déciderait de les disputer à huis clos, quel serait le sens de ces compétitions si elles se déroulaient sans une partie des actrices. C’est un paramètre qu’il faudra intégrer car il ne faudrait pas que tout ça ressemble à une mascarade.

On peut supposer que les clubs qui n’ont pas encore recruté leurs étrangères sont pour l’instant en stand by ?

Je suppose, j’avoue que je n’ai pas d’infos là-dessus. C’est un moment où le pilotage de nos boutiques est compliqué car il faut malgré tout se projeter. On est effectivement suspendu à l’aléa du quotidien.

Dans les Landes, vous êtes relativement épargnés par le virus ?

On est complètement épargné. En disant ça, je mésestimerais la souffrance des familles qui ont été touchées par ce virus car ça reste pour ceux qui le vivent un traumatisme mais le nombre de cas, de décès sont extrêmement faibles. Je crois une vingtaine de décès sur le territoire. De manière générale, la Nouvelle Aquitaine a été très peu touchée et on a été une zone d’accueil au plus fort de la crise pour les patients du Nord-Est car notre capacité hospitalière a été très disponible. Comme peut-être plus que d’autres, on a été à l’abri et ça donne l’envie de revenir à une vie normale.

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D’après ce que vous avez entendu, des clubs étrangers, des ligues seraient proches de la faillite ? Et des joueuses dans certains pays ne perçoivent plus de salaires ?

Oui. Le système de protection sociale et de droit du travail français, et ça dépasse le sport, protègent. Je ne voudrais pas dire de bêtise et elle le dirait mieux que moi mais quand Valou a dû quitter Prague précipitamment, la saison s’est arrêtée et elle a été payée tout à fait normalement jusqu’à son départ mais elles ne sont pas en mesure d’être payées au-delà. Je crois savoir qu’en Turquie quelques clubs sont en difficulté avec des gens qui ne sont pas payés depuis quelques mois. On entend aussi, et je me projette vers l’année prochaine, que certains pays envisageraient de ne pas ouvrir leurs championnats à des joueuses étrangères pour des raisons sanitaires, pour ne pas voir entrer sur leur territoire des personnes étrangères. Je ne sais pas ce qui est du domaine de l’info et de l’intox car comme dans d’autres domaines, on est dans la spéculation, la rumeur. Ça veut dire qu’il y aura moins d’emplois de disponibles sur l’échelle européenne pour certaines joueuses.

Vos joueuses sont-elles inquiètes pour l’avenir de leur métier ? Au niveau du syndicat, elles ont regretté de ne pas être davantage impliquées dans les processus décisionnaires.

Il y a ce qui se passe dans chaque club mais avec la réactivation de l’UCLFB amorcée par Marie-Sophie (Obama), il y a trois ans, on a entrepris il y a deux ans un travail de négociation d’accords sectoriels avec les syndicats de joueuses et de coaches qui nous ont permis de vraiment se rapprocher d’un dialogue permanent. Dès le début de la crise, on a réactivé une cellule de crise partagée entre l’UCLFB, les syndicats de joueuses et de coaches, qui a été ouverte la semaine dernière aux représentants des agents sportifs pour s’employer à poser des diagnostics et des informations les plus précises possibles à mesure que le temps passe sur la crise, essayer d’envisager collectivement des réflexions sur les solutions aux questions que peuvent poser cette crise. Je trouve que les choses évoluent plutôt favorablement entre les employeurs et les salariés. Le dialogue social est essentiel dans cette crise-là et j’espère que ce sera fondateur de la suite. Au début de la crise et cette semaine en visio, j’ai échangé avec les joueuses. Elles sont évidemment inquiètes sur la suite, elles se demandent comment

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