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Interview – Bathiste Tchouaffé (Quimper) : « Le déclic s’est fait mentalement »

Bathiste Tchouaffé (1,96 m, 23 ans) vient de réaliser la saison la plus aboutie de sa carrière à Quimper, sa deuxième en Pro B, cinq ans après ses débuts professionnels dans l’élite à Nanterre. Devenu l’un des Français les plus en vue de deuxième division (12,5 points à 47,6 % à 3-points, 3,9 rebond

Bathiste Tchouaffé (1,96 m, 23 ans) vient de réaliser la saison la plus aboutie de sa carrière à Quimper, sa deuxième en Pro B, cinq ans après ses débuts professionnels dans l’élite à Nanterre. Devenu l’un des Français les plus en vue de deuxième division (12,5 points à 47,6 % à 3-points, 3,9 rebonds de moyenne), le poste 2/3 s’épanouit de plus en plus sur le terrain et progresse d’année en année. De là à retourner à l’échelon supérieur dès la saison prochaine ?

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C’est une belle saison collective qui vient de s’achever à Quimper avec un bilan de 21-13, à seulement deux victoires de la première place… Quel regard portez-vous sur cette réussite ?
Il est plutôt positif parce qu’on a quand même fait une très belle saison malgré ce contexte sanitaire qui nous a privé de nos supporters. Sachant que Quimper, c’est quand même une forteresse à domicile, avec une salle très chaude. On a quand même réussi à gagner des matches malgré les blessures de David (Jackson, début mai) et d’Ovidijus (Varanauskas, février). On a réussi à rester dans le top 2 pendant les trois quarts de la saison.

C’est déjà un soulagement de terminer la saison…
Pendant une grande période, on a dû faire sans nos supporters, c’était vraiment le mental qui jouait. Ça devenait compliqué de jouer tous les trois jours, de voyager aussi parce que les déplacements sont très longs à Quimper. Ça prouve que cette équipe a eu du caractère et c’est ce qui fait qu’on termine 5e à deux victoires de la montée.

Après une saison à Poitiers, vous souhaitiez rejoindre un club dont l’ambition était de jouer le haut de tableau. Y’a-t-il des regrets malgré tout de ne pas être arrivé à rester dans ce top 2 ?
Il y a forcément quelques regrets car on a mal géré le finish. Après, je n’ai pas tant de regrets que ça parce que c’est une équipe qui s’est donnée à fond, qui n’a pas triché. On est allés au bout de nos efforts, c’est le basket.

Est-ce que vous regrettez que la saison ne se soit pas terminée sur des playoffs ?
Oui et non. Oui parce que les playoffs, c’est l’essence du basket en général. Et non parce que c’était quand même une très très longue saison. On a commencé début août pour finir en juin. Jouer à cette allure-là, surtout après la pause de l’an dernier, ça fatigue les organismes. Physiquement, ça devenait très compliqué.

Quel regard portez-vous -au moment de cette interview- sur la potentielle grève des joueurs pour la phase finale de Jeep Elite ?
Je suis content, le SNB (syndicat des joueurs) s’affirme. Les sponsors et partenaires fournissent de l’argent mais en retour, nous, les joueurs, on a quand même un avis à donner, c’est important. Il faut qu’on arrive à cohabiter mais je suis quand même satisfait qu’on puisse donner notre avis, c’est important.

Bathiste Tchouaffé a participé chaque été aux compétitions internationales en équipe de France jeune. (c) FIBA
« C’est de très loin ma saison la plus aboutie »

À titre individuel, vous avez dépassé tous vos records avec 12,5 points à 47,6 % à 3-points (50 % aux tirs, 87,6 % aux lancers), 3,9 rebonds, 1,0 passe, 1,1 interception, 1,1 balle perdue et 2,8 fautes provoquées en 27 minutes pour 13,2 d’évaluation en 33 matches. C’est la saison la plus aboutie de votre carrière…
Largement. Quand on compare mon jeu entre la fin des années en équipe de France jeune et aujourd’hui, ce n’est plus du tout le même. Le jeu que je propose a totalement changé. On va dire que ma carrière professionnelle, elle a vraiment commencé la saison dernière à Poitiers parce qu’à Bourg et Nanterre, j’étais jeune, il y avait pas mal d’attentes à tous les niveaux et je n’ai pas su saisir ma chance, foncer. A Poitiers, j’ai pu montrer mon talent en fin de saison et cette année, c’est dans la continuité de ce que j’ai fait là-bas et c’est de très loin ma saison la plus aboutie.

Qu’est-ce qui a changé dans votre jeu par rapport à Nanterre, Bourg-en-Bresse et Poitiers ?
Je pense que c’est d’abord au niveau du mental. J’ai grandi aussi, je viens de fêter mes 23 ans, j’ai pris de l’expérience du fait que j’ai commencé très tôt dans le monde professionnel, à 18 ans, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Je vais partir sur ma 6e année professionnelle, j’ai côtoyé des joueurs de très haut niveau qui ont eu une éthique de travail exemplaire, je me suis inspiré de ces joueurs-là. Sur le plan basket, je n’ai pas tant changé mon jeu que ça, j’ai toujours joué avec mes qualités. Mais il est vrai que le déclic s’est fait mentalement, c’est sûr.

Comment expliquer ce déclic ? Votre entraineur à Quimper, Laurent Foirest, a été dur avec vous en début de saison, est-ce lui qui vous a fait passer un cap ?
Laurent a été dur avec moi parce qu’il compte sur moi. C’est quand même Laurent Foirest, c’est un mec qui est vice-champion olympique, qui a eu une grande carrière… C’est des détails. Par exemple, sur pick-and-roll, il me dit « quand le meneur prend cette direction, essaie d’aller là pour avoir un meilleur angle de passe », il m’a également fait travailler ma sélection de shoots, qui est meilleure aujourd’hui. Tout simplement sa philosophie de jeu où tout le monde touche la balle, où c’est un jeu hyper collectif, où la star, c’est l’équipe… Forcément, je suis un très bon joueur d’équipe et c’est ce qui fait que j’arrive à performer dans ce système-là.

« En France, on te catégorise vite, on te met vite dans une case et on t’enferme dans un tiroir »

On a vu vos pourcentages grimper de 19,4 % à 3-points à Bourg-en-Bresse à 29,3 % à Poitiers et désormais plus de 47 % cette saison, ce qui fait de vous le deuxième meilleur shooteur derrière l’arc de Pro B après Abdoulaye Mbaye.  Est-ce que vous vous considérez avant tout comme un shooteur désormais ?
Je n’aime pas trop cette étiquette-là. Je pense que c’est ce côté un peu Français qui m’énerve parce qu’en France, on te catégorise vite, on te met vite dans une case et on t’enferme dans un tiroir. En réalité, je suis un joueur complet, je suis un poste 2/3 capable de driver, percuter, de tirer, d’avoir des bonnes séquences défensives, de prendre des rebonds… Ce qui me manque aujourd’hui, c’est peut-être d’aller chercher un peu plus de rebonds offensifs avec ma taille et mon cardio parce que je suis un joueur qui court beaucoup sur le terrain. C’est sûr que le shoot est devenu une de mes qualités mais Bathiste n’est pas qu’un shooteur.

Lors de vos années chez les Bleuets, vous étiez davantage leader par la voix, ce qui est peut-être moins le cas cette année où vous êtes un peu plus en retrait…
C’est vrai. C’est une très bonne question, je me suis posé exactement la même hier. J’en ai conclu que je suis arrivé dans un groupe qui, entre guillemets, n’avait pas besoin de moi en tant que tel, mais que j’étais avant tout un atout à cette équipe. Ils venaient de faire une très bonne saison quand je suis arrivé. Quand tu as 7-8 joueurs qui restent d’une année sur l’autre, notamment David Jackson qui est vraiment un leader vocal, avec Jimmy Djimrabaye, tout comme Charly Pontens. Moi, je les ai naturellement laissé prendre le leadership et j’ai essayé d’être leader dans d’autres secteurs. Par exemple dans l’agressivité, la confiance en attaque, essayer de voler deux-trois ballons… Essayer d’être un leader sur l’attitude avant tout.

Bathiste Tchouaffé a évolué trois saisons dans l’élite, deux à Nanterre, une à Bourg (ici en photo), avant de découvrir la Pro B à Poitiers puis Quimper (c) Jacques Cormarèche

Concernant votre avenir, vous êtes en fin de contrat. Vous sentez-vous prêt à retourner en Jeep Elite ?
L’avenir nous le dira. Je suis en fin de contrat. Forcément, avec la saison que j’ai faite, certains clubs m’ont contacté. Après, Quimper reste un très bon club avec Lolo à la manette, on verra bien.

Avez-vous eu des touches en Jeep Elite ?
J’en ai eu. Mais je n’en dirai pas plus (rires).

Donc rien n’est encore acté concernant l’année prochaine…
Non, après une longue saison comme celle-ci, je me laisse un peu de temps pour me reposer physiquement et mentalement car ça a été une saison éprouvante. Je me pencherai sur tout ça dans les prochaines semaines.

Avez-vous eu des touches à l’étranger ? Est-ce un défi que vous aimeriez relever dans votre carrière ?
Je ne sais pas si j’ai eu des touches à l’étranger, mon agent ne me l’a certainement pas dit. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le moment de partir à l’étranger. Ça reste un objectif pour moi de jouer un jour dans un autre championnat, de découvrir le championnat espagnol, italien, allemand ou turc. Moi j’adore le style de jeu européen et je pense que j’ai un style de jeu qui pourrait convenir, si j’arrive à continuer de me développer, pour le basket européen. L’étranger, ça reste clairement un objectif.

Quimper est sur la pente ascendante. Est-ce que ce serait probable de vous voir continuer dans le Finistère ?
Oui, peut-être. Je suis ouvert à tout. Je me laisse un peu de temps et je prendrai une décision très vite.

« La descente de Poitiers en Nationale 1, ce n’est pas une honte »

Un an après y être arrivé, quel regard portez-vous sur le club de Quimper ?
C’est un club qui évolue d’année en année. En plus, il y a la perspective d’avoir une belle arena dans la ville, ça veut dire que le projet est là. En plus, Laurent (Foirest) est là depuis cinq ans, il n’a fait que faire évoluer le club. C’est un club qui est très bien organisé pour un club de Pro B et qui a l’ambition d’aller à l’étage d’au-dessus. C’est vraiment plaisant de jouer à Quimper, sauf quand tu pars en déplacement à Fos-sur-Mer et que tu dois faire de la route à l’extérieur.

En revanche, Poitiers, votre ancien club dans votre ville natale, est relégué en Nationale 1. Ça doit faire bizarre de voir ce club descendre…
Bien sûr. Après, c’est ce que je dis à tous ceux qui m’en parlent et qui connaissent le club, ce n’est pas une honte. C’est vrai que ça fait bizarre de voir le PB86 en NM1 mais c’est un jeune club. J’ai 23 ans mais je crois que le club en a 17 (NDLR : créé en 2004). Le club a connu une ascension fulgurante, avec une exposition médiatique très importante, ce qui a propulsé le club dans une autre dimension. Mais cette descente, ça fait partie de l’histoire d’un club. Le plus important, c’est de voir comment ce club va se relever. Limoges a été en Nationale après avoir été champions d’Europe. L’Hermine de Nantes, Pau, c’est pareil. Denain, club historique, est aujourd’hui en Pro B. Il y a cinq ans, Le Havre était en Pro A, ils sont en NM1 aujourd’hui. C’est comme ça, ce n’est pas une honte.

Votre coéquipier Charly Pontens a fait le TQO de 3×3 avec l’équipe de France. Vous aviez participé aux championnats du monde et aux championnats d’Europe 3×3 en équipe de France jeune. Est-ce que c’est une discipline qui vous attire à plus ou moins long terme ?
Pour le moment, non. J’ai fait du 3×3 mais ce qui me plaisait avant tout dans le 3×3, c’est d’être avec mes copains, avec Jules (Rambaut), Killian (Tillie) et Timothé (Vergiat), de m’amuser. Après, en faire tous les étés, ça restera un plaisir, mais pas en compétition. A l’avenir, je ne sais pas du tout pour être honnête mais pourquoi pas.

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C’est une belle saison collective qui vient de s’achever à Quimper avec un bilan de 21-13, à seulement deux victoires de la première place… Quel regard portez-vous sur cette réussite ?
Il est plutôt positif parce qu’on a quand même fait une très belle saison malgré ce contexte sanitaire qui nous a privé de nos supporters. Sachant que Quimper, c’est quand même une forteresse à domicile, avec une salle très chaude. On a quand même réussi à gagner des matches malgré les blessures de David (Jackson, début mai) et d’Ovidijus (Varanauskas, février). On a réussi à rester dans le top 2 pendant les trois quarts de la saison.

C’est déjà un soulagement de terminer la saison…
Pendant une grande période, on a dû faire sans nos supporters, c’était vraiment le mental qui jouait. Ça devenait compliqué de jouer tous les trois jours, de voyager aussi parce que les déplacements sont très longs à Quimper. Ça prouve que cette équipe a eu du caractère et c’est ce qui fait qu’on termine 5e à deux victoires de la montée…

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Photo : Bathiste Tchouaffé (Quimper)

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