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ITW David Holston (JDA Dijon) : « Il faut une mentalité de tueur pour ne pas être tué »

Il n’y a pas un Américain dans le championnat de France qui puisse, aujourd’hui, faire valoir un si long bail de présence dans l’Elite, et surtout sous le même maillot. Le nom de David Holston (1,73 m, 36 ans) est maintenant indissociable de celui de la JDA Dijon.

Il n’y a pas un Américain dans le championnat de France qui puisse, aujourd’hui, faire valoir un si long bail de présence dans l’Elite, et surtout sous le même maillot. Le nom de David Holston (1,73 m, 36 ans) est maintenant indissociable de celui de la JDA Dijon.

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À l’heure où les contrats se font et se défont presque à volonté, où le mercenariat des joueurs étrangers est devenu une norme, la fidélité du meneur américain au club dijonnais fait presque figure de performance en termes de longévité sous le même maillot. Arrivé en Bourgogne en 2015, et malgré une entorse de quelques mois en Turquie en 2017, Holston n’a commis aucune autre infidélité. Cette saison est donc sa huitième sous le maillot de la JDA. On pourrait se dire que le joueur y a trouvé un certain confort, et craindre que, l’âge venant, il n’adopte un gentil train de sénateur, de joueur en fin de carrière. C’est mal le connaître.

Holston, MVP de notre championnat en 2019, vainqueur de la Leaders Cup avec Dijon en 2020, 3e meilleur passeur de l’histoire de la BCL, ne vit pas une saison en pente douce. À 36 ans, il est plus que jamais la dynamo du club dijonnais, meilleure équipe du championnat à l’évaluation. Grâce à son rayonnement : David Holston est le 3e passeur du championnat  (7,2 passes), le 4e (et premier meneur) à l’évaluation, et si Dijon est la deuxième équipe la plus en réussite aux passes décisives (20,6) derrière Monaco, il en est le premier artisan. Son début de saison est canon : 16 points par match, 7,2 passes, 2,7 rebonds en 28 minutes de jeu et c’est le meilleur Dijonnais à l’évaluation. Finalement, David Holston n’a qu’un défaut : il ne s’est toujours pas décidé à parler français… ce qui ne l’a pas empêché de nous  raconter sa trajectoire, ses envies, ses ambitions.

David, qu’est-ce qui vous pousse à rester si longtemps en France, à Dijon, où vous jouez une huitième saison d’affilée ?
Disons que j’ai trouvé un endroit, une ville où je me sens bien, confortable. J’ai des repères ; je connais la ville, les gens. C’est cool pendant un certain temps de voyager, de bouger, de changer de lieu de vie.  Mais, avec l’âge, tu as plus envie de t’installer, de recréer une vie qui te fasse te sentir comme à la maison. Et Dijon avait tout ce que je recherchais, y compris la qualité de vie. Et se sentir à l’aise, confortable, ça te donne une certaine paix de l’esprit, c’est rassurant et ça t’aide à jouer. Chaque fois que tu as besoin de quelque chose, tu sais que tu vas trouver quelqu’un pour t’aider, te conseiller.

Et votre français ? Après tout ce temps, vous pensez l’améliorer un jour ?
(Il rit). J’aimerais bien. Cette année, j’ai commencé à prendre des cours sérieusement. J’espère que l’année prochaine, je serai meilleur. Peut-être qu’alors, nous pourrons faire cette interview en français, hein ?

Avec votre expérience maintenant, que regard portez-vous sur l’évolution du jeu en championnat de France ces dernières années ?
Je pense que le championnat est de plus en plus performant. Encourageant aussi, car on y voit de plus en plus de jeunes joueurs de talent. C’est un championnat qui se construit bien, je pense qu’il compte parmi les deux trois meilleures ligues d’Europe. Donc, on y trouve ces derniers temps des joueurs plus référencés avec de l’expérience et du talent.

Est-ce que ça veut dire que c’est plus dur aujourd’hui pour vous de vous y exprimer qu’il y a quelques années ?
Oui, on peut dire ça. C’est devenu plus dur aujourd’hui, les équipes sont plus fortes, les défenses aussi, il y a toujours un jouer de talent dans une équipe, que ce soit en attaque ou en défense. Il n’y a plus vraiment de ces matches faciles, où tout peut rouler tranquillement.

Y-a-t-il des joueurs que vous détestez, qui vous ont mis dans le rouge ?
Oh, oui, il y en a mais je crois que le pire, c’est Axel (Julien). Parce qu’on a fonctionné ensemble, parce qu’on se connait si bien. Il sait ce que je vais faire, il connait mes moves, on n’a pas de secret l’un pour l’autre dans le jeu. On est un peu comme des frères. Donc oui, il me pose des problèmes.

Vous devez beaucoup de votre réussite à Dijon à la confiance de votre ex-coach Laurent Legname et au lien fort qui existait entre vous. Qu’en est-il de votre relation aujourd’hui ? Vous n’avez pas voulu le suivre quand il est parti à Bourg en Bresse ?
C’était un moment difficile. Car oui, on avait développé une solide relation, on partageait beaucoup de choses, on était sur la même longueur d’ondes. J’ai compris qu’il avait envie de vivre une nouvelle expérience en tant que coach et là, après, ça devient du business. Mais je le comprenais. Comme joueur, tu veux vivre plus d’expériences pour améliorer ton potentiel, tu veux te fixer des objectifs plus hauts. C’est pareil pour un coach. Je comprenais parfaitement tout ça. Mais on a toujours une belle relation, on se parle assez souvent, on échange.

Avez-vous envisagé un moment la possibilité de le suivre ?
Oui bien sûr, on en a parlé, mais j’ai pensé que ce genre de changement, à ce moment de ma carrière, n’était pas vraiment la meilleure chose à faire. Que pour ma vie, mon jeu, ma façon de m’exprimer sur un terrain, c’était mieux de rester à Dijon.

Comment avez-vous vécu la saison passée de la JDA ?
C’était correct. Sachant que c’était une saison de nouveautés ; beaucoup de nouveaux joueurs, et un nouveau coach (Nenad Markovic). Ça fait pas mal de choses à mettre en place, un collectif à recréer. Et au final, on est quand même 5e du championnat, on fait les playoffs et on perd face au champion ! Alors si on considère tout ça, j’étais plutôt satisfait de notre saison.

« Nenad Markovic, c’est un dur, un coach ferme, un gros bosseur »

Et qu’a donc apporté Nenad Markovic ?
Il est venu avec son approche et une autre expérience. Et pour commencer c’est un dur, un coach ferme, un gros bosseur. Et il exige de nous la même dureté dans l’investissement, de la rigueur. Il connait le jeu, il a eu une carrière de joueur intéressante, au haut-niveau européen. Et il est sur notre dos, il exige et amène de l’énergie

En tant que son meneur, son relais sur le terrain, quelle est votre relation ?
On a commencé assez vite à créer une relation. On se parle beaucoup, on échange, on reste à discuter après les entraînements. On analyse  beaucoup de chose ensemble, et même au-delà du basket, on échange sur nos familles, la vie de joueur pro, sur la vie en général. On développe une relation plus proche. Comme il dit, et il a été un arrière – meneur, c’est important pour un coach d’être en confiance avec son meneur, de pourvoir partager la même vision des choses.

Pendant ces huit ans à Dijon, avez-vous senti que ce club évoluait dans ses structures, sa construction ?
Oui, si on part de premières années ici, à aujourd’hui, il y a eu des choses de faites. Il y a quelques années, on ne se sentait pas un grand club, on regardait tout le temps vers le haut. Aujourd’hui, le club de Dijon compte dans le basket français, il y a des projets de développement, un public sur qui on peut compter. Il y a une identité qui a été créée, un état d’esprit particulier, avec beaucoup d’énergie dans la salle, un public qui nous pousse, nous soutient, qui est toujours là aujourd’hui. Et cet état d’esprit est toujours là, dans les bons comme dans les mauvais moments.

Pour autant, diriez-vous que Dijon a la profil d’un candidat au titre pour les années qui viennent ?
Je pense qu’on est solides, très solides. Mais il est un peu prématuré de se voir en candidat au titre, car il y a de très grosses équipes aujourd’hui au sommet du championnat de France, avec des moyens que nous n’avons pas, des équipes de folie, comme Monaco, l’ASVEL. On sera solide, une équipe de playoffs, c’est sûr, qui pourra poser des problèmes à plus d’un, et qui a l’ambition de rester dans le top 5 français.

Challenger Monaco, l’ASVEL, sur un championnat ça vous paraît peu réalisable,  les battre sur un match ou deux, ça devient donc un objectif ?
Ce sont deux équipes monstrueuses, oui, mais comme je dis avant le match, ils mettent leurs chaussures comme nous. Ça met du piment dans la compétition, on a envie de les battre surtout chez nous, avec l’ambiance et le soutien de notre public. En tout cas, c’est une motivation en soi.

À 36 ans, vous êtes toujours hyper performant au poste de meneur. Quel regard jetez-vous sur l’évolution de ce poste en championnat de France ?
Je pense que c’est un poste qui s’est renforcé. On voit des meneurs de talent, ou des arrières qui peuvent bien monter la balle et animer le jeu , des Mickaël Stockton, Mike James… Il faut se battre sur chaque possession. Chaque soir, je dois être plus prêt que jamais pour être compétitif. Il faut une mentalité de tueur pour ne pas être tué (il sourit). Je tiens le coup physiquement, je fais ce qu’il faut pour ça. Je fais très attention à mon corps, à l’entretien de mon énergie. Il faut bien ça face à des jeunes qui ne lâchent rien. Mais je pense qu’aujourd’hui, j’ai encore facilement trente minutes dans les jambes.

C’est important pour vous de compter parmi les meneurs dominants du championnat ?
Avant, quand j’étais plus jeune, ça l’était certainement, probablement. Aujourd’hui, je ne regarde plus ça, je préfère considérer ma réussite à travers les victoires de l’équipe, son niveau de jeu. Aujourd’hui, tout ce qui compte pour moi, c’est de faire tout ce qui est en ma possession pour faire gagner mon équipe. Je veux gagner le plus de matches possible.  Et accrocher un trophée. Je ne suis pas moins motivé parce que je suis en situation connue et confortable à Dijon. J’aime travailler, j’aime la sensation de me dépasser, de me mettre dans le dur pour que mon corps, mon jeu soient chaque jour meilleurs. Même si les entraînements et spécialement la reprise de la saison, avec tous ces footings, cette remise en forme sont plus difficiles. Mais ma motivation est toujours là. »

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À l’heure où les contrats se font et se défont presque à volonté, où le mercenariat des joueurs étrangers est devenu une norme, la fidélité du meneur américain au club dijonnais fait presque figure de performance en termes de longévité sous le même maillot. Arrivé en Bourgogne en 2015, et malgré une entorse de quelques mois en Turquie en 2017, Holston n’a commis aucune autre infidélité. Cette saison est donc sa huitième sous le maillot de la JDA. On pourrait se dire que le joueur y a trouvé un certain confort, et craindre que, l’âge venant, il n’adopte un gentil train de sénateur, de joueur en fin de carrière. C’est mal le connaître.

Holston, MVP de notre championnat en 2019, vainqueur de la Leaders Cup avec Dijon en 2020, 3e meilleur passeur de l’histoire de la BCL, ne vit pas une saison en pente douce. À 36 ans, il est plus que jamais la dynamo du club dijonnais, meilleure équipe du championnat à l’évaluation. Grâce à son rayonnement : David Holston est le 3e passeur du championnat  (7,2 passes), le 4e (et premier meneur) à l’évaluation, et si Dijon est la deuxième équipe la plus en réussite aux passes décisives (20,6) derrière Monaco, il en est le premier artisan. Son début de saison est canon : 16 points par match, 7,2 passes, 2,7 rebonds en 28 minutes de jeu et c’est le meilleur Dijonnais à l’évaluation. Finalement, David Holston n’a qu’un défaut : il ne s’est toujours pas décidé à parler français… ce qui ne l’a pas empêché de nous  raconter sa trajectoire, ses envies, ses ambitions.

David, qu’est-ce qui vous pousse à rester si longtemps en France, à Dijon, où vous jouez une huitième saison d’affilée ?
Disons que j’ai trouvé un endroit, une ville où je me sens bien, confortable. J’ai des repères ; je connais la ville, les gens. C’est cool pendant un certain temps de voyager, de bouger, de changer de lieu de vie.  Mais, avec l’âge, tu as plus envie de t’installer, de recréer une vie qui te fasse te sentir comme à la maison. Et Dijon avait tout ce que je recherchais, y compris…

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Photos : David Holston (FIBA)

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