Interview Didier Primault (3e partie): « La stratégie de la FIBA est très pertinente »

Dans le magazine Basket numéro 24 de novembre, actuellement en vente, a été publié une interview passionnante de Didier Primaut, économiste du sport, sur l’économie du basket européen, les dérives du système de fonctionnement par mécénat des plus grands clubs du Continent, et les chances des clubs français de se mêler à la compétition et de se développer dans ce contexte. Nous avons décidé de pousser la discussion avec lui. Dans la première partie de l’interview, disponible ici (insérer le lien), nous avons évoqué la question plus actuelle que jamais des ligues d’élite européennes fermées ou semi-fermées, telles que l’Euroleague en basket ou la Super League qu’envisagent actuellement les plus grands clubs de football. Dans la deuxième partie, le directeur du CDES parle de la stratégie que le basket français doit adopter dans un contexte européen compliqué. Enfin, aujourd’hui, Didier Primault donne son regard sur la réforme du calendrier international mis en place par la FIBA

Voici la troisième et dernière partie de l’interview. La première est ici et la deuxième ici.

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Quel est votre point de vue sur le nouveau calendrier des compétitions internationales mis en place par la FIBA ?

Je sais qu’il y a eu une levée de boucliers en France et d’une certaine manière, ce qui est parfaitement compréhensible. Mais la stratégie de la FIBA sur l’ensemble, non seulement elle n’est pas idiote, mais elle est même très pertinente. Le constat de dire : dans notre système de compétitions internationales, les équipes nationales ne jouent jamais à domicile. Donc on ne peut pas engager les fans derrière l’équipe nationale, ils ne la voient jamais à domicile, avec un système de qualifications pendant l’été, avec des tournois qualifications olympiques ou des tournois qui qualifient à d’autres tournois, etc… Il y a avait ce gros inconvénient dans le système précédent de ne pas entretenir de lien très fort entre l’équipe nationale. Ce diagnostic est intéressant. Cela veut dire aussi : donner des opportunités à des fédérations de développer des revenus. Moi, je trouve que le constat est plutôt intelligent. Et le fait de se dire : le football fonctionne bien sur ce point-là est peut-être un exemple à suivre.

Pourquoi la France ce constat est difficile à entendre en France ?

Clairement, dans ce nouveau système, il y a quatre pays qui sont défavorisés : les Etats-Unis, en premier quand même, la France, la Serbie, l’Espagne. Ce sont les principaux pays affectés, parce qu’ils ont énormément de joueurs NBA et énormément de joueurs en Euroleague. Pour la NBA, on peut toujours s’agiter tout ce qu’on veut, on ne changera rien à cette affaire-là. La disponibilité des joueurs NBA est de toute façon hypothétique, on l’a vu aussi ces dernières années, avant même la réforme du système de compétition. Par contre, la chose impardonnable, c’est de ne pas avoir trouvé de solution pour que les joueurs d’Euroleague participent à ces compétitions. Pour moi, ce n’est pas « entendable » que des gens qui jouent sur notre continent ne puisse pas être disponible pour l’équipe nationale. Il y a une faute collective puisqu’il y avait obligation de se mettre d’accord là-dessus.

Que faire alors ?

Peut-être que la FIBA n’a pas eu les moyens de le faire, mais après avoir menacé de sanctionner durement ceux qui ne permettraient pas que les joueurs participent, il ne s’est rien passé. La FIBA avait promis des sanctions qui ne sont jamais venues. Là, pour moi, je ne peux pas comprendre. Sinon, il ne fallait pas l’annoncer. Cela honore le président de la fédération française d’avoir joué le jeu de la FIBA, mais au final, les sanctions n’ayant pas été adoptées, je comprends le mécontentement des Français sur ce coup. La sanction est toujours la dernière des solutions. Je regrette d’abord qu’il n’y ait pas eu d’accord.

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Quel est votre point de vue sur le nouveau calendrier des compétitions internationales mis en place par la FIBA ?

Je sais qu’il y a eu une levée de boucliers en France et d’une certaine manière, ce qui est parfaitement compréhensible. Mais la stratégie de la FIBA sur l’ensemble, non seulement elle n’est pas idiote, mais elle est même très pertinente. Le constat de dire : dans notre système de compétitions internationales, les équipes nationales ne jouent jamais à domicile. Donc on ne peut pas engager les fans derrière l’équipe nationale, ils ne la voient jamais à domicile, avec un système de qualifications pendant l’été, avec des tournois qualifications olympiques ou des tournois qui qualifient à d’autres tournois, etc…

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Photo: Thomas Heurtel (FIBA)