Véritable révélation de la saison en Euroleague, Ismael Bako (2,08 m, 25 ans) s’épanouit grandement à l’ASVEL en back-up de Moustapha Fall. Le pivot belge a fait grandir son rendement de 3,8 points et 2,1 rebonds pour 4,8 d’évaluation l’an dernier à 5,6 points, 3,6 rebonds et 0,8 contre pour 7,4 d’évaluation cette saison. Il se confie sur sa deuxième saison européenne et son implication au sein du collectif villeurbannais.
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Vous faites partie des révélations de la saison de l’ASVEL en Euroleague, vous avez augmenté toutes vos statistiques par rapport à l’an dernier au plus haut niveau européen. Qu’est-ce qui a changé entre ces deux saisons ?
La saison dernière, c’était la première fois que j’étais dans une équipe du niveau Euroleague. Je n’avais pas peur d’y jouer mais j’avais besoin d’une période d’adaptation car je venais directement de la Basketball Champions League. Initialement, je pensais passer par l’Eurocup avant de rejoindre une équipe d’Euroleague, que ça allait être un plan de 5-6 ans. Finalement, la transition s’est faite en un an seulement, j’ai du m’adapter très vite. Pour moi, la première année, c’était plus pour apprendre. Et cette saison, malgré un début d’année étrange à cause du Covid, j’ai eu un déclic. Je connais mon rôle, je sais ce que je dois faire, j’ai davantage confiance en moi pour dire que je mérite de jouer dans une équipe d’Euroleague.
Entre les deux saisons, vous avez également engagé un travail physique, notamment à l’aide d’un diététicien que vous avez vous-même souhaité engager, revenant l’été dernier à Villeurbanne avec sept kilos en plus. Vous êtes plus solide que jamais ?
En Euroleague, les pivots sont très costauds (rires). J’ai pris conscience qu’il fallait que je gagne un peu plus de poids parce que c’était nécessaire en défense mais aussi en attaque pour pouvoir poser de bons écrans et être plus fort. J’ai engagé un diététicien en décembre 2019, ça a très bien marché. Et puis, j’ai profité du confinement pour continuer mon travail physique, que je ne pouvais pas faire normalement pendant la saison, donc j’ai pris du poids et ça m’a aidé cette année pour progresser, je pense. Je suis un peu plus costaud sous le panier, un peu plus agressif.
Cette saison, vous avez réalisé plusieurs performances de haut niveau, notamment cette pointe à 14 points, 5 rebonds et 2 contres pour 19 d’évaluation en 19 minutes dans la courte défaite de l’ASVEL contre Fenerbahce le 5 mars. Quel sentiment prédomine à l’issue de cette saison européenne ?
On a fait une bonne saison, même si on a très mal débuté. En janvier, on a eu un déclic collectif et on a commencé à montrer des bonnes choses, on a gagné six fois d’affilée, la plus grande série de victoires pour un coach français en Euroleague. On finit 14e, si on remporte les quatre ou cinq matchs qu’on aurait pu gagner en gérant mieux les fins de rencontres, on aurait réalisé une très bonne saison. On a beaucoup de joueurs pour qui c’est la première année qu’ils jouent l’Euroleague, nous sommes un peu les rookies dans la compétition, on n’a pas beaucoup de joueurs d’expérience donc c’est quand même positif. On a grandi en tant qu’équipe pendant l’année, c’est ça le plus important.
Votre coach T.J. Parker vous a responsabilisé en tant que véritable back-up de Moustapha Fall. Est-ce qu’on peut dire que vous avez trouvé votre place dans l’effectif villeurbannais par rapport à l’an dernier ?
Bien sûr. Je communique beaucoup avec le coach, il m’a bien dit ce qu’il attendait de moi, c’est plus facile pour moi. Quand je rentre, je sais ce que j’ai à faire, je dois être agressif en défense. On fait beaucoup de switching defense (NDLR : changement de défenseur sur écran) où je dois arrêter le meneur adverse. Je suis de plus en plus à l’aise dans ce rôle. Si je marque des paniers, c’est bien pour moi mais ce n’est pas mon rôle principal. Le plus important, c’est de bien défendre et faire de bons écrans.
« Quand j’arrive dans un club, c’est pour rentrer dans une famille et pour me sentir bien avec le staff, les joueurs »
Un chiffre très impressionnant : 87,8 %. C’est votre pourcentage d’adresse au lancer-franc, l’un des meilleurs pour des intérieurs en Euroleague, quasiment au même niveau que Trey Thompkins, Johannes Voigtmann, Nigel Hayes ou Jalen Reynolds. Avez-vous toujours été bon sur la ligne ou bien est-ce à l’ASVEL que vous avez franchi un cap ?
C’est quelque chose que je faisais bien avant. En équipe jeune, un de mes coachs m’a dit « si tu joues pivot et que tu marques des lancers-francs, tu peux arriver très haut ». Je pense qu’il a eu raison. Depuis que j’ai 14 ans, je travaille beaucoup dans ce secteur, notamment à l’intersaison. Je ne prends pas beaucoup de shoots à 3-points ni à mi-distance, je joue beaucoup sur mon dunk. Je sais que si je fais presque que des dunks, je vais obtenir des fautes plus facilement pour que je ne marque pas le panier facilement. Tout ça, c’est pour combiner le dunk avec le lancer-franc, c’est un avantage parce que le défenseur n’a plus envie de faire faute s’il est en retard.
En revanche, on vous voit très peu tenter de shoots extérieurs en dehors de la raquette. Est-ce que c’est un secteur que vous cherchez à développer ?
Petit-à-petit, je suis en train de grandir offensivement. Si je peux prendre un shoot, je le prends, ce n’est pas que je ne suis pas bien. Contre Valence par exemple, je crois que j’en ai mis trois. À l’avenir, cela dépendra aussi du coach et de comment il souhaite que je me mette au service du collectif. Pour le shoot à 3-points, il faut que je travaille encore beaucoup pour avoir la confiance d’en prendre. Je comprends que le coach ait plus confiance quand c’est Norris Cole ou William Howard qui prennent le shoot à ma place (rires). Comme ça, ça laisse plus de place aux vrais scoreurs pour marquer des points. Mais si j’ai la possibilité de prendre un shoot, ce n’est pas pour autant que je vais le refuser.
Selon vous, sur quel domaine devez-vous absolument progresser pour devenir un joueur clé de l’ASVEL dans la peinture ?
Je pense qu’il faut que je progresse sur les rebonds défensifs. Je lis plutôt bien le jeu sur le rebond offensif mais en défense, ça ne marche pas toujours bien. Aussi, je dois progresser au post-up. Si on me donne le ballon à l’intérieur et que je ne peux pas dunker, il faudrait que je puisse faire un petit dribble et au moins un petit hook, ce que tous les pivots doivent théoriquement maîtriser. Si je maîtrise des deux choses, je pense que je peux avoir plus de valeur.
Vous avez 25 ans et encore de belles années devant vous. Pensez-vous être arrivé à maturation ou avoir encore une marge de progression ?
Je pense que je peux encore beaucoup progresser, je n’ai que 25 ans. Généralement, les joueurs atteignent leur meilleur niveau vers 29-30 ans. Je pense que je commence à avoir la maturité mais je ne suis pas arrivé à ma limite. À ce niveau, les passes des meneurs sont incroyables, il faut tout le temps être prêt. Il y a encore pas mal de choses que je dois travailler. Mais en terme de lecture de jeu, j’ai beaucoup progressé pendant ces deux années, c’est sûr.
L’an dernier, l’ASVEL exprimait à votre égard lors de votre prolongation de contrat : « Ismael a fait l’unanimité auprès de tous les dirigeants et autres membres du club. Personnalité très attachante, il fait preuve d’une disponibilité et d’une implication exemplaires au quotidien, indispensables dans l’équilibre relationnel de l’équipe ». C’est votre état d’esprit ?
Oui, bien sûr. Moi, je suis toujours là pour l’équipe. Il y a beaucoup de joueurs qui viennent dans une équipe pour progresser et aller plus haut, c’est normal. Mais moi, quand j’arrive dans un club, c’est pour rentrer dans une famille et pour me sentir bien avec le staff, les joueurs. Je suis plus à l’aise si je me sens bien dans l’équipe et en dehors du terrain. Si je peux aider l’équipe alors que d’habitude, ce sont plutôt eux qui m’aident, c’est un bonheur et ça me donne de la confiance.
L’an dernier, vous étiez ambassadeur de l’ASVEL au sein du programme One Team, le programme citoyen de l’Euroleague. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il consiste ?
C’est une organisation où l’on fait des événements pour des personnes handicapées, qui viennent à ces événements pour s’amuser. Voir leur sourire, ça donne beaucoup de bonheur qu’on peut leur redonner. C’est aussi l’occasion pour eux de faire des petits jeux. Moi j’adore ces initiatives-là. Malheureusement, à cause du Covid, nous n’avons pas pu prendre part à beaucoup d’événements comme la plupart étaient prévus en fin de saison. Mais pendant le confinement, j’étais en contact avec eux en visioconférence. On a fait des dessins pour moi, j’en ai fait pour eux, c’était très bien. Cette année, c’est Paul Lacombe qui est ambassadeur.
« Maintenant, on n’a plus à faire des voyages en avion de 10 heures pour aller à Moscou »
Vous êtes désormais lié avec l’ASVEL jusqu’en 2022. Qu’est-ce qui vous a engagé à prolonger d’une saison supplémentaire lors de la dernière intersaison ? Voyez-vous sur le long terme à l’ASVEL ?
Pour le moment, je me sens très bien dans cette équipe. Lors de ma première année, l’ASVEL voulait que je devienne le meilleur joueur que je pouvais être et je pense que j’ai bien progressé en peu de temps. En faisant ce qu’ils attendaient de moi, je savais que j’allais gagner en temps de jeu, c’est pour cette raison que j’ai prolongé. Nous avons une bonne situation entre la Jeep Elite et l’Euroleague avec la possibilité de gagner des titres, avec aussi la Coupe de France. Après, il faudra regarder année par année, il est trop tôt pour l’envisager. Mais l’an dernier, je savais que j’avais une possibilité de prolonger une année de plus donc je l’ai fait.
Vous faites également partie de l’équipe nationale de Belgique (l’ASVEL l’a libéré le temps de la dernière fenêtre internationale), avec laquelle vous vous êtes qualifié pour l’EuroBasket 2022. C’est un objectif pour vous ?
On a des chances de bien figurer à l’EuroBasket 2022. À l’Euro, ce ne sont pas les individualités qui parlent, c’est l’équipe. Nous, la Belgique, on est un petit pays, tous les joueurs se connaissent très bien. Personnellement, j’ai une bonne connexion avec mes coéquipiers. Si on joue avec l’équipe nationale, ce n’est pas pour marquer 20 points, c’est pour jouer avec la fierté, faire gagner l’équipe. Je pense qu’on peut faire des bonnes choses à l’Euro.
Vous êtes actuellement 5e de Jeep Elite avec Villeurbanne, c’est l’objectif numéro un du club avec la Coupe de France. Comment abordez-vous ce sprint final de 20 matchs en deux mois ?
Maintenant que l’Euroleague est terminée, on peut se focaliser totalement sur la Jeep Elite. On est habitués à avoir un rythme de deux-trois matchs par semaine. Donc, pour nous, il n’y a pas grand-chose qui va changer. Maintenant, on n’a plus à faire des voyages en avion de 10 heures pour aller à Moscou (rires). Donc ça va être un peu plus simple pour nous. Beaucoup d’équipes n’ont pas beaucoup joué pendant des mois, c’est surtout pour elles que le rythme va être plus difficile. Nous, on a pu respirer quelques jours entre les deux compétitions. On sait ce qu’on a à faire en tant qu’équipe, quelles sont nos responsabilités. On va essayer de gagner tous les matchs, notamment la Coupe de France. À partir de maintenant, tout le monde va jouer le même nombre de matchs et ça peut être un avantage pour nous. Il est temps d’attaquer maintenant !
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Vous faites partie des révélations de la saison de l’ASVEL en Euroleague, vous avez augmenté toutes vos statistiques par rapport à l’an dernier au plus haut niveau européen. Qu’est-ce qui a changé entre ces deux saisons ?
La saison dernière, c’était la première fois que j’étais dans une équipe du niveau Euroleague. Je n’avais pas peur d’y jouer mais j’avais besoin d’une période d’adaptation car je venais directement de la Basketball Champions League. Initialement, je pensais passer par l’Eurocup avant de rejoindre une équipe d’Euroleague, que ça allait être un plan de 5-6 ans. Finalement, la transition s’est faite en un an seulement, j’ai du m’adapter très vite. Pour moi, la première année, c’était plus pour apprendre. Et cette saison, malgré un début d’année étrange à cause du Covid, j’ai eu un déclic. Je connais mon rôle, je sais ce que je dois faire, j’ai davantage confiance en moi pour dire que je mérite de jouer dans une équipe d’Euroleague.
Entre les deux saisons, vous avez également engagé un travail physique, notamment à l’aide d’un diététicien que vous avez vous-même souhaité engager, revenant l’été dernier à Villeurbanne avec sept kilos en plus. Vous êtes plus solide que jamais ?
En Euroleague, les pivots sont très costauds (rires). J’ai pris conscience qu’il fallait que je gagne un peu plus de poids parce que c’était nécessaire en défense mais aussi en attaque pour pouvoir poser de bons écrans et être plus fort. J’ai engagé un diététicien en décembre 2019, ça a très bien marché. Et puis, j’ai profité du confinement pour continuer mon travail physique, que je ne pouvais pas faire normalement pendant la saison, donc j’ai pris du poids et ça m’a aidé cette année pour progresser, je pense. Je suis un peu plus costaud sous le panier, un peu plus agressif.
Cette saison, vous avez réalisé plusieurs performances de haut niveau, notamment cette pointe à 14 points, 5 rebonds et 2 contres pour 19 d’évaluation en 19 minutes dans la courte défaite de l’ASVEL contre Fenerbahce le 5 mars. Quel sentiment prédomine à l’issue de cette saison européenne ?
On a fait une bonne saison, même si on a très mal débuté. En janvier, on a eu un déclic collectif et on a commencé à montrer des bonnes choses, on a gagné six fois d’affilée, la plus grande série de victoires pour un coach français en Euroleague. On finit 14e, si on remporte les quatre ou cinq matchs qu’on aurait pu gagner en gérant mieux les fins de rencontres, on aurait réalisé une très bonne saison. On a beaucoup de joueurs pour qui c’est la première année qu’ils jouent l’Euroleague, nous sommes un peu les rookies dans la compétition, on n’a pas beaucoup de joueurs d’expérience donc
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Photo : Ismael Bako (Euroleague)