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Interview : Jean-Pierre Siutat (président de la FFBB) et le sport féminin : « Tout est centralisé autour du foot »

Alors que la Ligue Féminine fête ce soir officiellement ses 20 ans, nous avons demandé à Jean-Pierre Siutat, qui en fut son président de 2001 à 2009 avant de devenir celui de la FFFB, ce qu’il pense de l’évolution des mœurs quant au sport féminin et en particulier le basket au XXIe siècle.

Alors que la Ligue Féminine fête ce soir officiellement ses 20 ans, nous avons demandé à Jean-Pierre Siutat, qui en fut son président de 2001 à 2009 avant de devenir celui de la FFFB, ce qu’il pense de l’évolution des mœurs quant au sport féminin et en particulier le basket au XXIe siècle.

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« A l’époque, c’était très difficile. A Tarbes, on a fusionné un club masculin et un club féminin et il n’y en n’avait que pour les garçons. On était en Nationale IV -c’était mon niveau- et les filles en Pré-Nationale. Lorsque je me suis sorti du basket masculin car j’ai eu l’opportunité d’entraîner les filles, je me suis aperçu que tout était fait pour les garçons. Il a fallu que je me bagarre seul ! J’ai prouvé parce que j’ai eu des résultats et que j’avais déjà localement une image positive qui m’a permis d’être crédible. J’ai vite compris le combat par rapport au rugby, au foot, au basket local, qu’il fallait mener rien que pour exister. On a réussi à être réellement reconnu quand on est monté en deuxième division, la LFB2 de l’époque.

Quand je me suis retrouvé à m’occuper du basket féminin, je me suis retrouvé seul à vouloir me sortir du sous-produit basket féminin. C’était très compliqué à l’époque pour trouver des financements et même des gens qui acceptent de nous recevoir pour discuter. La télé, je n’en parle même pas. C’est pour ça que j’ai voulu faire des stats, les premières live, LFBTV. Les premières caméras, c’est moi qui les ai achetées. A l’époque, il fallait être sur le champ de l’innovation, sur les niches. Qui a-t-il eu depuis ? Un, quand Bourges a fait son travail (NDLR : Les États Généraux du sport féminin en 2013), qui a amené 60 propositions, je les avais aidés. J’avais dit que si on voulait s’en sortir, il faut compenser les difficultés que l’on a. Il y a certaines collectivités territoriales qui, à juste titre, compensent le fait que c’est difficile pour un club de trouver des partenaires privés. Ils se disent que s’ils donnent 10 pour un club masculin, à niveau égal, ils vont donner 10 + 10% pour un club féminin. Je trouvais ce phénomène de compensation intéressant. J’ai dit qu’il faut faire la même chose sur les dépenses, les coups de production. Il faut que l’on aide à amorcer la pompe sur les images de télévision. J’avais proposé que l’on créé un fond afin de pouvoir payer une partie des coûts de production télévisuelle. Le CNDS a voté un million d’euros pour pouvoir produire des images sur le handicap et le sport féminin.

« En deux ans, on est passé de 7 à 15% de couverture télévisuelle de sport féminin »

Après, il y a eu une vague de féminisme qui fait que la société évolue vers plus de mixité et, à partir du moment où on le dit partout, des gens se sont accaparés ce phénomène au niveau du sport. Je prends l’exemple de Christine Kelly et des 24 Heures du sport féminin. Je suis très amie avec elle, je l’ai aidée à monter ça. En deux ans, on est passé de 7 à 15% de couverture télévisuelle de sport féminin. C’est quand même important même si on est encore loin de la mixité. Ça veut dire qu’il y a une prise de conscience car les télévisions ont été globalement obligées d’y passer à travers le CSA et ils se sont pris au jeu.

Là où je condamne quelque chose, même si je n’ai rien contre le foot, c’est que les médias, les pouvoirs publics pour aider le sport féminin font des focus sur le foot féminin. Quand on aide le foot féminin, on a l’impression d’avoir fait le boulot. Mais nous, on existe depuis toujours. On a une légitimité alors pourquoi faire un focus énorme sur le foot féminin ? Quand il y a eu la Coupe du monde de foot féminin ont été nommés des ambassadeurs pour s’occuper du foot féminin. Sport féminin, ça été foot féminin. La fédération de foot, la FFF, va organiser la Coupe du monde foot et va toucher des financements pour ça mais va aussi en toucher pour travailler sur la médiatisation et le développement du sport féminin. Mais en fait, pas du sport féminin mais du foot féminin. Tout est centralisé autour du foot et tout le monde s’y met : l’Etat, les collectivités territoriales, les médias, etc. Ce n’est pas un phénomène de jalousie mais ça fait tellement de temps que je suis au combat sur le basket féminin sans être vraiment aidé. Ce que l’on a fait avec l’Open, c’est méritant même si c’est devenu banal mais c’était des combats pour faire démarrer ça. Tout est plus facile maintenant. Il reste des tas de choses à faire. Les réseaux sociaux ont par exemple permis une égalité puisqu’il y autant de femmes que d’hommes qui sont dessus. »

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« A l’époque, c’était très difficile. A Tarbes, on a fusionné un club masculin et un club féminin et il n’y en n’avait que pour les garçons. On était en Nationale IV -c’était mon niveau- et les filles en Pré-Nationale. Lorsque je me suis sorti du basket masculin car j’ai eu l’opportunité d’entraîner les filles, je me suis aperçu que tout était fait pour les garçons. Il a fallu que je me bagarre seul ! J’ai prouvé parce que j’ai eu des résultats et que j’avais déjà localement une image positive qui m’a permis d’être crédible. J’ai vite compris le combat par rapport au rugby, au foot, au basket local, qu’il fallait mener rien que pour exister. On a réussi à être réellement reconnu quand on est monté en deuxième division, la LFB2 de l’époque.

Quand je me suis retrouvé à m’occuper du basket féminin, je me suis retrouvé seul à vouloir me sortir du sous-produit basket féminin.

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Photo: Jean-Pierre Siutat avec la Ministre des Sports, Laura Flessel (FFBB/Hervé Bellenger)

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