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Interview Julie Barennes, 33 ans, coach rookie de Basket Landes

A 33 ans, Julie Barennes va connaître sa première expérience de coach en Ligue Féminine après deux saisons en tant qu’assistante de Cathy Melain. Elle connaît Basket Landes comme sa poche ; elle y a passé neuf saisons dont sept comme joueuse.

A 33 ans, Julie Barennes va connaître sa première expérience de coach en Ligue Féminine après deux saisons en tant qu’assistante de Cathy Melain. Elle connaît Basket Landes comme sa poche ; elle y a passé neuf saisons dont sept comme joueuse.

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Vous avez eu énormément de médailles en équipe de France jeune*. Avez-vous l’impression d’avoir eu une carrière aussi dense que celle qui vous était promise à 20 ans ?

Je ne sais pas car je ne m’étais rien promis à vingt ans (rires). Le basket c’était ma passion, j’éprouvais beaucoup de plaisir mais je n’avais pas les qualités qui me permettraient d’évoluer sur du très haut niveau. Je le voyais bien vis-à-vis de copines comme Florence Lepron qui avait une mentalité différente de la mienne. J’ai très bien vécu cette période-là sans forcément me projeter. Ça a donné la carrière que j’ai eu et j’ai vécu ça de manière plutôt sereine. En plus, à l’époque le basket était différent. On était un peu moins suivi. On ne m’a jamais dit « c’est génial ce que tu fais en jeune, tu vas devenir ceci… » J’ai toujours vécu les choses très librement.

Votre époque en jeune a correspondu au début de la moisson des équipes de France ?

Oui c’était quelque chose d’assez exceptionnel, une jolie performance sur le moment et forcément tu y prends goût derrière. Le basket français n’était pas suivi comme il l’est maintenant y compris les séniors. Les générations qui ont suivi ont eu aussi de très bons résultats.

Pourquoi aviez-vous arrêté votre carrière de joueuse à 31 ans, un âge où on est généralement encore dans son prime ?

Ça dépend des personnes (rires). J’ai arrêté car j’ai eu cette opportunité qui s’est présentée avec le départ d’Olivier (Lafargue) et l’arrivée de Cathy (Melain). Pour moi, tous les voyants étaient au vert pour basculer sur autre chose. J’étais très contente de ce que j’avais accompli en tant que joueuse même si ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel et j’étais allée au bout de ce que je pouvais faire. Je n’avais pas envie de faire une année de trop. J’avais mon dos qui tirait un petit peu.

Vous aviez même envisagé de l’arrêter auparavant ou d’aller jouer en Espagne ?

Oui. J’avais 26 ans et Basket Landes ne m’avait pas gardée au bout de trois ans. J’avais une façon de vivre le basket qui était professionnelle mais un peu moins et je cherchais un épanouissement personnel. Je m’étais posée la question de basculer dans le coaching directement ou de découvrir un autre pays et une autre culture. Mais en 2012 la situation n’était pas terrible pour partir en Espagne avec des clubs qui ont disparu de la circulation. Je me suis rendue compte en novembre que j’avais encore envie de jouer et je suis partie à Angers.

Vous avez effectivement fait sept ans à Basket Landes mais la série avait été interrompue par cette saison à Angers en Ligue 2, pourquoi ?

C’est comme dans les couples, il y a la crise des trois ans et après la crise des sept ans. J’avais besoin de cette pause pour remettre tout à plat, entre guillemets, dans ma vie, comme ils ne m’avaient pas gardée. J’étais vraiment attachée à Basket Landes et c’était pour moi indispensable d’évoluer dans un club qui a des valeurs humaines. J’ai fait ce sport car j’étais contente le matin de mettre mes baskets. Quand ils m’ont redemandé de revenir, je l’ai fait avec plaisir.

Vous aviez votre BE2 et à 28 ans vous vous êtes retrouvée assistante de Cathy Melain en équipe de France U16, vous aviez donc le coaching dans la peau ?

Je ne sais pas… Mes parents m’ont toujours dit « Julie, il faut que tu fasses des études pendant que tu es joueuse, etc. » Aussi toutes mes années en pro, j’ai fait des études qui m’ont plus ou moins plu et quand j’ai passé le BE1 j’ai découvert que c’était bien plus passionnant que ce que ça en avait l’air. J’y ai pris goût en passant des examens. J’ai toujours aimé partager, entraîner, mais je ne m’étais jamais posé vraiment la question.

Vous avez également été la représentante des joueuses auprès de la Ligue Féminine. C’était avant qu’elles soient intégrées au SNB ?

C’était lors de mes deux dernières années de joueuse. Il fallait une référente et c’est Irène Ottenhof (NDLR : alors directrice de la LFB) qui m’a demandée de l’être. Comme je parle un peu à tout le monde c’était facile de le faire.

Aviez-vous l’impression d’être écoutée des instances ?

Ce n’était que les prémices de la convention collective aussi il n’y avait pas beaucoup de sujets à controverse et il y avait beaucoup de réunions pendant la saison où je ne pouvais malheureusement pas aller. Je n’avais pas un rôle très impactant, je faisais le tour des joueuses quand on avait besoin d’un avis comme le font les présidents et les coaches.

Que pensaient les joueuses de cette formule des playoffs qui est plus conventionnelle avec huit équipes et une finale en cinq manches ?

On avait vraiment le désir de faire des playoffs de 1 à 8. Toute joueuse veut avoir une opportunité de jouer le titre et décerner les places de coupes d’Europe en fonction de la saison régulière, c’est plus juste. Et je trouve ça aussi plus passionnant pour les gens qui suivent le basket. Ça assure aussi une certaine sérénité financière pour les clubs de jouer une coupe d’Europe. C’est le bon mixte.

« Les Canadiennes sont des personnes sûres, sérieuses. Tu sais à quoi t’attendre et c’est rassurant »

Etre assistante de Cathy Melain à Basket Landes, c’était donc naturel ?

Oui car c’est quelqu’un que je connaissais avec qui j’avais travaillé en équipe de France, quelqu’un aussi pour qui j’ai énormément de respect et avec qui je m’entends bien. Je savais que c’était quelqu’un qui allait m’apprendre beaucoup de choses. Je ne pouvais pas avoir mieux.

Quand on vous a proposé de prendre sa succession, vous avez hésité ?

J’ai réfléchi et après j’ai accepté. C’était plutôt rapide et si j’avais été assistante de Cathy pendant encore cinq ans ça m’aurait convenu. Le fait que Cathy parte ça a forcément accéléré les choses derrière et je me suis lancée.

Cela aurait été possible de prendre un autre club de Ligue Féminine que Basket Landes ?

Je ne sais pas, je ne me suis jamais posé la question. Franchement, je ne pense pas car j’étais bien où j’étais avec Cathy. Je ne me serais pas dit, « j’ai envie d’être coach, je pars ».

Comment aviez-vous vécu le passage de Saint-Sever à Mont-de-Marsan, du village à la grande ville ?

Ce fut très dur pour les personnes qui étaient dans le club depuis des années. On leur a enlevé un bout d’eux-même. Ce sont des choix politiques qui ont primé. Nous, on n’a pas eu le choix et soit tu t’adaptes soit tu abandonnes et ça s’est bien passé. On a été reçu comme il le fallait à Mont-de-Marsan dans une très belle salle.

Il y a toujours la même ferveur autour de vous ?

Oui même si c’est différent. A Saint-Sever, il y avait 1 200 personnes en en mettant dans les escaliers. La ferveur est toujours importante et il y a davantage de personnes qui nous suivent. Dans cette histoire finalement tout le monde est gagnant à part les gens de Saint-Sever, mais vu que c’était leur choix, tant pis pour eux.

Une femme présidente, deux femmes qui se succèdent au coaching, une nouvelle assistante femme avec Shona Thoburn, Anais Le Gluher comme responsable administrative, Basket Landes est définitivement en train d’écrire l’histoire ?

Ce n’est pas ce que l’on recherche dans le sens que ce que l’on veut c’est être le plus performant possible. Les circonstances font que ça arrive. On aimerait que ça ne soit plus une particularité, qu’il n’y ait pas que des hommes comme coaches, présidents, etc. Un peu des deux, voilà.

Shona Thoburn, vous l’avez côtoyé comme joueuse ? Comment s’est fait sa venue ?

Je la connaissais personnellement. Elle a eu un parcours de joueuse ultra intéressant. Rien que de par sa façon de jouer on sait que c’est quelqu’un qui est vraiment basket, qui a connu les compétitions internationales, qui connait énormément de joueuses, qui est investie dans tout ce qu’elle fait. Je savais aussi que c’était quelqu’un qui pouvait plaire à Basket Landes. Ça s’est fait plutôt naturellement.

Les Canadiennes aiment bien Basket Landes. Vous accueillez aussi Katherine Plouffe ?

Les Canadiennes sont des personnes sûres, sérieuses. Tu sais à quoi t’attendre et c’est rassurant. Ce sont des personnes impliquées qui aiment jouer en France parce qu’elles s’y sentent bien et elles le rendent bien. C’est gagnant-gagnant.

Vous êtes guère plus vieille que certaines de vos joueuses et plus jeune que Céline Dumerc. Cela change la vie de passer d’assistante à coach ?

Je vous le dirai un peu plus tard, on n’a pas repris. Pour moi ça ne change rien, ce n’est pas une problématique.

Photo: Céline Dumerc, FIBA
« Le sport à notre niveau ne fait pas du bien à la santé et plus tu enchaînes et plus ton corps souffre et plus tu as de « chances » d’arrêter tôt »

Quand on voit Laia Palau avec l’Espagne, on se dit que Céline Dumerc aurait pu continuer en équipe de France jusqu’à 40 ans ?

Il faudrait lui demander. Ce n’est pas pareil. Ce sont des compétitions courtes qui demandent énormément physiquement. Le fait d’arrêter en équipe de France lui permet-elle de jouer plus longtemps en club ? J’en suis convaincu. C’est compliquer d’enchaîner avec l’équipe de France, ça fait une saison en plus. Evidemment Cap’s a des qualités qui lui permettent de jouer à l’âge qu’elle a et d’être toujours en forme mais l’accumulation aurait peut-être été difficile pour le corps. Le sport à notre niveau ne fait pas du bien à la santé et plus tu enchaînes et plus ton corps souffre et plus tu as de « chances » d’arrêter tôt.

Vous qui avez arrêté votre carrière, vous souffrez dans votre chair ?

Depuis que je ne fais plus rien ça va super bien ! En fin de carrière, le matin c’est dur, c’est compliqué de réveiller son corps. Maintenant, le matin j’ai mal nulle part même si quand je fais un peu de sport il faut que j’habitue mon genou à s’y remettre. J’ai arrêté tôt. Je n’aurais pas pu jouer jusqu’à quarante ans. J’ai connu des joueuses qui avaient mal tous les matins. Ce sont des choix de vie, il faut savoir à quel point on pousse son corps.

Quel est votre regard sur Marine Johannès qui enchaîne saison en club, équipe de France et WNBA ?

Elle a l’âge pour le faire. Elle le fait pour de bonnes raisons. Elle est profilée WNBA donc elle se régale. Elle n’est pas allée en WNBA pour venir en équipe de France pour repartir. Là, c’est parfait. Après, ne fais pas ça pendant huit ans sinon tu vas te flinguer ! Elle avait envie de ça depuis des années, qu’elle en profite, qu’elle s’amuse. Après, il faudra qu’elle aménage ses temps de travail pendant l’année, il y aura une gestion du corps qui sera différente. L’année des JO, j’aurais plus peur, entre guillemets, mais là ça ne me choque pas, c’est bien pour elle.

Quand on regarde les compétitions de jeune l’été, on se dit que la relève est là, qu’il y a pas mal de joueuses notamment à l’intérieur avec du potentiel ?

D’une manière générale le niveau athlétique de la Ligue Féminine a augmenté depuis deux, trois ans. On a un bon vivier. Il faut aussi prendre le temps avec les jeunes. Il ne faut pas oublier qu’une basketteuse professionnelle commence sa carrière à 17-18 ans et qu’elle peut la finir à 37. Ça fait vingt ans de carrière et il peut se passer énormément de choses. Il faut continuer à les faire travailler, à les intégrer. On a le temps.

*Championne d’Europe Cadettes en 2001 et Espoirs en 2005, médaillée d’argent à l’Euro Espoirs en 2004, de bronze au Mondial Espoirs en 2007 et à l’Euro Espoirs en 2006

Photo d’ouverture: FIBA

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Vous avez eu énormément de médailles en équipe de France jeune*. Avez-vous l’impression d’avoir eu une carrière aussi dense que celle qui vous était promise à 20 ans ?

Je ne sais pas car je ne m’étais rien promis à vingt ans (rires). Le basket c’était ma passion, j’éprouvais beaucoup de plaisir mais je n’avais pas les qualités qui me permettraient d’évoluer sur du très haut niveau. Je le voyais bien vis-à-vis de copines comme Florence Lepron qui avait une mentalité différente de la mienne. J’ai très bien vécu cette période-là sans forcément me projeter. Ça a donné la carrière que j’ai eu et j’ai vécu ça de manière plutôt sereine. En plus, à l’époque le basket était différent. On était un peu moins suivi. On ne m’a jamais dit « c’est génial ce que tu fais en jeune, tu vas devenir ceci… » J’ai toujours vécu les choses très librement.

Votre époque en jeune a correspondu au début de la moisson des équipes de France ?

Oui c’était quelque chose d’assez exceptionnel, une jolie performance sur le moment et forcément tu y prends goût derrière. Le basket français n’était pas suivi comme il l’est maintenant y compris les séniors. Les générations qui ont suivi ont eu aussi de très bons résultats.

Pourquoi aviez-vous arrêté votre carrière de joueuse à 31 ans, un âge où on est généralement encore dans son prime ?

Ça dépend des personnes (rires). J’ai arrêté car j’ai eu cette opportunité qui s’est présentée avec le départ d’Olivier (Lafargue) et l’arrivée de Cathy (Melain). Pour moi, tous les voyants étaient au vert pour basculer sur autre chose. J’étais très contente de ce que j’avais accompli en tant que joueuse même si ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel et j’étais allée au bout de ce que je pouvais faire. Je n’avais pas envie de faire une année de trop. J’avais mon dos qui tirait un petit peu.

Vous aviez même envisagé de l’arrêter auparavant ou d’aller jouer en Espagne ?

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