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ITW Pape-Philippe Amagou : Consultant TV, 4 fois champion de France, ancien meilleur espoir français et reconverti dans la finance

Pape-Philippe Amagou (37 ans) a été élu deux fois meilleur espoir de la Pro A, il a été champion de France avec trois clubs différents, et il a joué pour l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire après avoir fréquenté les Bleuets à tous les âges. Il s’est reconverti dans la finance et est devenu parall

Pape-Philippe Amagou (37 ans) a été élu deux fois meilleur espoir de la Pro A, il a été champion de France avec trois clubs différents, et il a joué pour l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire après avoir fréquenté les Bleuets à tous les âges. Il s’est reconverti dans la finance et est devenu parallèlement un consultant pertinent, principalement pour France 3. Entretien.

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Quel a été votre première expérience comme consultant à la télévision ?
C’était il y a deux ans et demi pour France 3, un match de Pro B entre Blois et Fos-sur-Mer. Je suis né en région parisienne mais j’ai grandi à Blois et ma première licence de basket, je l’ai prise à l’ADA Blois. France 3 voulait retransmettre un match et ils avaient besoin d’un consultant sport. C’est Julien Monclar (NDLR : le manager général de l’ADA) qui leur a dit qu’il connaissait quelqu’un qui avait le bon profil, capable d’avoir le niveau d’analyse et de bien s’exprimer. Il leur a dit « vous devriez essayer Pape-Philippe Amagou ». C’est comme ça que j’ai essayé la première fois. Je n’avais jamais pensé faire ça avant. J’ai eu énormément de plaisir à le faire et depuis j’ai fait plus d’une trentaine de matches pour France 3 et 12-15 pour Skweek TV. C’est devenu une belle partie de mon activité.

Comment préparez-vous vos matches ? Vous en visionnez beaucoup ?
Je regarde beaucoup de basket, notamment de l’Euroleague et de l’Eurocup car ce sont des matchs que je suis amené à commenter. Les matches du championnat de France, c’est plutôt facile car je connais pratiquement tous les joueurs, les présidents, les directeurs sportifs et les arbitres. En Euroleague, même si j’y ai joué pendant quatre ans, il y a toujours de nouveaux joueurs, de nouvelles actualités. Je me documente, je vais sur les sites pour être prêt, pour que mes commentaires soient naturels et spontanés.

Photo : Tuan Nguyen

Avez-vous des modèles de journaliste ou de consultant ?
J’aime beaucoup Jacques Monclar, sa personnalité, sa voix, ce charisme quand il commente les matches. Je m’en inspire pour les analyses que je fais pour L’Equipe/Skweek quand je suis en studio à la mi-temps. J’aime bien aussi ce que fait Stephen Brun. C’est cool, décalé, et en même temps très pro, expert. Ce ne sont pas tant des modèles mais des gens que j’aime bien écouter.

Lorsque vous commentez l’un de vos anciens clubs, faites-vous parler votre cœur ou êtes-vous neutre comme pour d’autres matchs ?
On essaye toujours d’être impartial mais ce n’est pas toujours le cas ! Quand je commente sur Skweek et que c’est un club français, l’ASVEL, Monaco, Bourg-en-Bresse ou Paris, je suis complètement chauvin. Si je commente un match d’Euroleague et qu’il y a un Français sur le terrain, comme au Partizan, je vais dire « cocorico ! » s’il y a un gros dunk de Mathias Lessort. Mais c’est vrai que si c’est Le Mans, Blois, Nancy, Roanne ou Limoges, les clubs où je suis passé, il y a toujours un côté un peu attachement et c’est normal. Je ne pense pas que ça m’empêche d’avoir une justesse dans le commentaire.

Vous avez des objectifs dans ce domaine, des ambitions de carrière ?
Bien sûr, j’aimerais que ça soit quelque chose de pérenne. Maintenant, c’est de la télé et on ne sait jamais quels seront les programmes la saison suivante. Mais, oui, j’aimerais que ça s’inscrive dans la durée et continuer à progresser au fur et à mesure des matches. C’est vraiment quelque chose qui me plaît et dans lequel je prends beaucoup de plaisir.

Photo : FIBA

« Je prenais beaucoup de plaisir de passer d’un entraînement de basket à mes cours de micro-économie, plutôt que de regarder des top 10 NBA »

Quelles sont vos autres activités ? Vous êtes co-fondateur de Mediadestock, un magasin de téléphonie au Mans, vous êtes aussi consultant à Capgemini ?
Ma principale activité, c’est d’être salarié chez Capgemini Invent. Je fais du conseil en stratégie et en transformation financial services. Mes clients sont essentiellement des banques et des assurances. J’ai aussi une activité de coach mental. J’ai monté avec un associé Mediadestock en 2011 avec des salariés et un gérant, et ils n’ont pas besoin de moi (sourire). Je prends des décisions stratégiques mais je ne suis pas tous les jours là-bas. Si je ne vais pas à la boutique pendant trois mois, il n’y a pas de problème (rires).

Comment aviez-vous préparé votre reconversion ? Vous aviez fait l’EDHEC Business School* durant vos dernières années de joueur ?
J’ai repris l’école quand j’étais à Limoges à 28 ans. Je me suis inscrit au programme des grandes écoles de l’EDHEC. Je voulais avoir un diplôme dans la finance. Je savais que c’était le top 2 en France pour cette discipline. L’EDHEC Business School avait un programme pour les sportifs de haut niveau ou les gens du cinéma, qui n’étaient pas capables d’être en présentiel. L’ensemble des contenus étaient disponibles à distance avec un tuteur qui te suit pendant ton master comme n’importe quel élève. Et comme n’importe quel élève, tu vas passer tes partiels tous les trois mois en présentiel. C’était complètement adapté à un sportif de haut niveau comme moi, qui jouait en même temps l’Euroleague. Je bossais sur mon ordi avec ma propre discipline à la maison.

Ça demande effectivement une grande discipline quand on joue deux matchs par semaine, les entraînements, les déplacements ?
En effet. Ça demande une certaine charge de travail, un sens des responsabilités, une priorisation des différents évènements sur son agenda. J’ai signé comme professionnel à 17 ans au MSB. A 18 ans, j’ai eu mon bac scientifique et je me suis inscrit en sciences éco au Mans. Là aussi, on jouait l’Euroleague. Tu as un match le samedi à Strasbourg et tu pars en Turquie, puis à l’ASVEL et tu te retrouves ensuite en Grèce. C’était juste impossible de suivre ce programme en présentiel. Ce type de programme proposé par l’EDHEC n’existait pas, en tous les cas, ce n’était pas démocratisé. Je n’ai jamais pu valider mon DEUG en Sciences éco. Ça me manquait un peu, j’avais envie de retrouver cette scolarité. Et quand j’ai voulu reprendre mes études supérieures à 27 ans, à l’EDHEC, ils m’ont dit « coco, ton bac scientifique, il est un peu vieux, il date de 2003, aussi tu vas rentrer sur concours. »
Aussi, à l’époque, à Limoges, j’avais pris un professeur pour me mettre à niveau en mathématiques, m’aider en économie, pour préparer le concours. Une fois que je l’ai eu, l’EDHEC m’a dit, « c’est bien beau, mais on est une école de prestige, comment vas-tu faire ? On sait que tu es professionnel, que tu as deux matches par semaine. Comment vas-tu faire pour gérer ton agenda ? » J’ai eu une réunion avec le directeur du programme pour lui montrer que j’étais motivé, que j’allais trouver les moyens d’atteindre mon ambition, de mener le double projet. Après cet entretien, ils ont eu confiance en moi et j’ai pu mener tout de front.
Quand on y réfléchit bien, on se rend compte qu’il nous reste tout de même beaucoup de temps. Dans une journée, si tu dors 7 heures, il t’en reste 17. Si tu as deux entraînements, tu t’entraînes cinq heures et c’est vraiment large. Un peu de sieste, mais après il reste de la place pour travailler. Je profitais de tous les moments où je pouvais. Le soir, je bossais une heure ou deux, après l’entraînement, parfois le midi, dans le train, dans le bus, en avion. Je prenais beaucoup de plaisir de passer d’un entraînement de basket à mes cours de micro-économie, plutôt que de regarder des top 10 NBA. Et quand j’en avais plein la tête de mes cours de mathématiques appliqués à l’économie, j’étais à l’entraînement et ça me donnait une bouffée d’oxygène. Pour moi, ça a plutôt créé une synergie plutôt que quelque chose de délicat ou de compliqué.

Ce genre de double projet, pas mal de joueuses en ont, et peu de garçons ?
Je pense qu’il y a deux choses. On a souvent des revenus qui sont supérieurs à ceux des filles. Il y a aussi plus cette culture de préparer l’avenir car les filles ont aussi plus de choses à tenir en compte, comme la maternité. Elles n’ont pas forcément des carrières linéaires, il y a parfois des pauses. Ça leur permet d’être plus dans la réflexion que nous. Ce que je dis souvent aux jeunes joueurs qui me le demande, c’est de ne pas hésiter. Il y a beaucoup de choses aujourd’hui qui n’existaient pas quand j’ai commencé ma carrière. Un joueur qui a son bac et qui signe pro à 19 ans, qu’est-ce qui l’empêche de faire son Master en huit ans au lieu de cinq ans ? Tu fais une année en deux ans.
Plein de choses existent aujourd’hui. Il y a souvent la crainte pour un sportif de rester dans l’écosystème du sport. Il se dit qu’après sa carrière, il va être coach ou assistant ou directeur sportif ou agent. C’est noble, c’est très important pour la réussite d’un sport de haut niveau, mais certains font plus ça par dépit car ils ont peur de sortir de l’écosystème classique du sport professionnel. Si tu as un Master, tu as une vraie plus-value car ton CV est différent car tu as vécu des choses en terme de soft skills que d’autres personnes, qui ont fait une prépa, une école de commerce ou d’ingénieur n’ont pas. Tu as joué des matches, tu sais ce qu’est la compétition, l’échec, la résilience, gérer la pression, t’as joué dans des salles de 5, 10, 15 000 personnes, tu es capable d’évoluer au plus haut niveau. Dans mon métier de conseil, ça m’énormément aidé. Il ne faut pas se dire qu’en tant que sportif, plus tard, je ne peux faire que quelque chose lié au sport. Mais il faut être allé jusqu’au bac car si tu t’es arrêté avant, c’est compliqué de mettre le nez à la fenêtre pour faire des études supérieures.

« Le sport, c’est bon pour la santé, mais le sport de haut niveau pas forcément »

L’une de vos caractéristiques est d’avoir été champion avec trois clubs différents. Le Mans deux fois (2006, 18), Nancy (2007) et Limoges (2015). Vous avez choisi les bons clubs au bon moment ?
Un peu des deux. Il faut de la réussite. Je pense aussi que quand tu es bon, les bons clubs avec de bons projets s’intéressent à toi. Oui, il y a le fait de faire de bons choix. Quand ça t’arrive une fois, on peut dire que c’est de la chance, mais plusieurs fois dans ta carrière, j’ose croire qu’il y a un peu des deux. Il y a de la qualité associée aux bons choix et un peu de réussite.

Lors de votre dernier titre en 2018 avec Le Mans, vous avez été blessé, c’est ce qui vous a décidé de mettre fin à votre carrière ?
Oui. J’ai eu une douleur au dos et j’en ai encore aujourd’hui des séquelles cinq ans après. C’était une grosse hernie avec un déchirement du bulbe rachidien avec des débris dans le dos et il y avait des risques de paralysie, etc. Ma carrière était davantage derrière moi que devant, j’ai eu la chance de profiter 15-16 ans de ma passion et de finir sur un titre de champion de France. Je me suis dit que c’était le moment de boucler la boucle, je n’avais pas envie à 40 ans de ne pas pouvoir faire un petit shoot ou du vélo avec mes garçons. Je me suis dit que j’avais la chance que ça ne m’arrive pas à 20 ans. Il fallait aussi que je prépare mon après-carrière. Même si, honnêtement, si je n’avais pas eu ma blessure, j’aurais poursuivi encore deux ans car j’aurais aimé jouer jusqu’à 34-35 ans. C’est arrivé à 32-33 ans, ce n’est pas la fin du monde.

Il y a beaucoup de joueurs qui souffrent physiquement après leur carrière ?
Le sport, c’est bon pour la santé, mais le sport de haut niveau pas forcément. C’est pour ça qu’il faut être capable de faire très attention à son corps. A la différence avec d’autres sports, il y a énormément d’écart entre les gabarits. Je fais 1,86 m et tu peux avoir des contacts avec des mecs de 2,15-2,20 m, qui font 125 ou 130 kg, alors que toi tu en fais 80 ou 85. Le rugby nous ressemble un peu par rapport à ça. Mais, par exemple au football, il n’y aura jamais plus de 15 kilos d’écart entre les joueurs. Il faut prendre ça en compte quand tu fais une carrière de 16-17 ans. Et puis on est un sport de sauts, de parquet, et tu as beaucoup de douleurs aux chevilles, au dos, aux genoux. C’est vrai que les sportifs ne finissent pas souvent en très bon état. Même si la médecine du sport progresse énormément, il y a de plus en plus de prévention. A mon époque, on était déjà très bien suivi et je vois que ça continue d’aller dans le bon sens. C’est très important de faire attention à son hygiène, à son corps. C’est la première source de réussite et de durée dans ce milieu-là.

Vous avez joué en équipe de France jeunes et ensuite en senior avec la Côte d’Ivoire. Comment ça s’était passé ? Vous n’avez jamais fait de stage en équipe de France A ?
J’ai été convoqué une fois dans le groupe élargi A, mais je n’ai jamais été appelé pour un tournoi majeur, une grande compétition. Ça serait différent aujourd’hui car il y a les fenêtres internationales et c’est top car ça permet aux joueurs qui sont en Europe, en France, de jouer pendant la saison. J’avais fait les -16, -17, -18, A’, mais en 2009, j’avais 24 ans, et j’ai pris la décision de jouer pour le pays d’origine de mon père, la Côte d’Ivoire. Ma mère est Sénégalaise et donc j’aurais pu aussi jouer pour le Sénégal. Ce fut un choix murement réfléchi en famille. À l’époque, le Sénégal avait une sélection plus compétitive avec des joueurs en NBA ou en Euroleague. Mais j’ai perdu mon père assez jeune et ma mère m’a dit que ça serait bien de voir le nom Amagou avec la Côte d’Ivoire. Ce fut un super choix. La Côte d’Ivoire ne sortait jamais des poules et on a pu être vice-champion d’Afrique, faire plusieurs demi-finales, participer au championnat du monde, j’ai été élu meilleur meneur africain. Ça m’a permis de redonner un peu au pays d’origine de mes parents, moi qui suis issu de la formation française et qui a joué en jeune pour les équipes de France. S’il y avait eu à l’époque des fenêtres internationales, peut-être que j’aurais joué toute ma carrière pour l’équipe de France et je n’aurais pas vécu ça. C’est vraiment une richesse d’avoir cette double culture.

Vous avez été élu deux fois MVP Espoirs du championnat en 2003 et 2004 en succédant à Tony Parker et Boris Diaw. Avez-vous la sensation d’avoir été au bout de vos possibilités ?
Oui et non. À la base, je n’étais pas un profil très basket. Je me suis mis sérieusement au basket à 10-11 ans. Ce n’était pas forcément mon sport de prédilection. Pas beaucoup de gens auraient misé sur moi à cette époque-là. Tout a été très vite. Je me suis imposé, je suis devenu professionnel, etc. J’ai été rapidement sur le devant de la scène. C’est déjà une belle perf en soi. Honnêtement, je pense que j’aurais pu faire plus. C’était une époque où la NBA était un peu moins démocratisée. Même s’il y a du monde, c’est à mon avis un peu plus facile aujourd’hui…

Il y a davantage de canaux ?
Voilà. C’est plus exposé, plus ouvert pour aller en NBA. Ce qui m’a manqué, c’est tous les trainings que font les jeunes, travailler plus sur leurs skills individuels, avoir des trainers, à l’américaine… L’été, j’étais avec les équipes de France, ce qui est très bien aussi, mais je pense que ce travail individuel en étant très concentré sur soi-même, avec un préparateur physique, un préparateur mental, c’est quelque chose que je recommande à un jeune de faire en plus. Ça m’aurait peut-être permis d’aller au niveau supérieur. Mais je suis très fier de ma carrière, je suis très en paix avec ce que j’ai pu faire.

*L’EDHEC est une grande école de commerce située à Lille, Paris ou Nice mais également dans les grandes villes du monde.

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était il y a deux ans et demi pour France 3, un match de Pro B entre Blois et Fos-sur-Mer. Je suis né en région parisienne mais j’ai grandi à Blois et ma première licence de basket, je l’ai prise à l’ADA Blois. France 3 voulait retransmettre un match et ils avaient besoin d’un consultant sport. C’est Julien Monclar (NDLR : le manager général de l’ADA) qui leur a dit qu’il connaissait quelqu’un qui avait le bon profil, capable d’avoir le niveau d’analyse et de bien s’exprimer. Il leur a dit « vous devriez essayer Pape-Philippe Amagou ». C’est comme ça que j’ai essayé la première fois. Je n’avais jamais pensé faire ça avant. J’ai eu énormément de plaisir à le faire et depuis j’ai fait plus d’une trentaine de matches pour France 3 et 12-15 pour Skweek TV. C’est devenu une belle partie de mon activité.

Comment préparez-vous vos matches ? Vous en visionnez beaucoup ?
Je regarde beaucoup de basket, notamment de l’Euroleague et de l’Eurocup car ce sont des matchs que je suis amené à commenter. Les matches du championnat de France, c’est plutôt facile car je connais pratiquement tous les joueurs, les présidents, les directeurs sportifs et les arbitres. En Euroleague, même si j’y ai joué pendant quatre ans, il y a toujours de nouveaux joueurs, de nouvelles actualités. Je me documente, je vais sur les sites pour être prêt, pour que mes commentaires soient naturels et spontanés.

Photo : Tuan Nguyen

Avez-vous des modèles de journaliste ou de consultant ?
J’aime beaucoup…

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Photo : Pape-Philippe Amagou (Tuan Nguyen)

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