Le patron de la BCL a profité du Final 8 de la compétition à Athènes pour rencontrer les journalistes européens lors d’une table ronde. L’occasion de faire le point sur l’événement et plus globalement sur la saison à venir, déjà remaniée, qui s’annonce compliquée.
– Quelles leçons tirez-vous de cette expérience du Final 8 ?
Le mot clé, c’est « unique ». Les conditions qui nous ont amenées ici sont uniques. On ne vit ça qu’une fois, en raison de la pandémie. Je l’espère. Nous, en tout cas, c’est comme ça que nous avons approché cet événement. Nous nous sommes engagés pour offrir aux clubs la chance d’être couronnés champions. D’ici lundi, nous espérons que nous pourrons parler du caractère exceptionnel de cet événement, pas seulement pour les conditions extérieures au F8, mais en raison de la bonne organisation des matches. Jusqu’à présent, les retours des clubs et de nos actionnaires ont été très positifs. Mais nous savons que les deux matches de demain (dimanche) seront très importants.
– L’équipe espagnole de Burgos est-elle un symbole de ce que la BCL entend défendre ?
C’est la première fois qu’une équipe issue des qualifications rejoint la finale. De notre point de vie, Burgos fait la démonstration de ce que nous entendons incarner : tout le monde a une chance d’aller au bout. Je suis impressionné par l’engagement de toute la communauté derrière cette équipe à Burgos, le soutien dont bénéficie cette équipe. N’oublions pas que le club détient le record de fans présents sur un match de saison régulière. Ils s’inscrivent parfaitement dans notre philosophie.
La Liga ACB en Espagne offre un bon exemple de la croissance qu’a connu la BCL. L’ACB est sans débat possible la meilleure ligue nationale en Europe. A la naissance de la BCL, une seule équipe espagnole était engagée. Cette saison, huit équipes se sont inscrites pour nous rejoindre. Ces équipes ont compris l’opportunité que nous offrons de jouer au niveau européen. Burgos a grandi dans la hiérarchie de sa ligue nationale – et leur réussite à l’échelon espagnol leur permet d’être en finale de la BCL aujourd’hui. C’est notre raison d’être d’offrir des opportunités à des clubs comme ça. Evidemment, nous souhaitons jouer dans de bonnes arénas – mais avant tout, nous voulons donner l’opportunité aux clubs de grandir en jouant la BCL. En fait, chacun permet à l’autre de grandir.
– Où en est la croissance de la BCL et comment cette croissance s’ajuste-elle à votre philosophie ?
La mission de la BCL est de continuer à grandir et de continuer à représenter le plus de ligues possibles en Europe. N’oublions pas que nous venons d’établir un record avec 18 pays différents sur la ligne de départ de la prochaine saison en BCL. Je crois que cela n’a jamais été fait en basket européen depuis un siècle. Cela nous donne l’opportunité de toucher plus de fans partout sur le continent. Le basket ne se limite pas à quelques clubs. On se concentre sur notre futur, pas sur les autres compétitions. Nos amis d’ECA ont une philosophie différente. Sans dire que l’une est meilleure que l’autre, elles sont différentes. Nous croyons à la croissance du basket européen. Nous offrons à de nombreux joueurs et clubs partout sur le continent de jouer à haut niveau. On veut aider les ligues nationales et les clubs à grandir. Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les marques, les grands noms, ce sont les résultats sur le terrain. Nous respectons totalement que d’autres ne pensent pas comme nous. Tout dépend de votre approche de la compétition de clubs. Mais on se rend compte que notre philosophie, notre ADN, gagne chaque saison en crédibilité.
– A quoi va ressembler la prochaine saison de BCL et disposez-vous d’un plan B si la situation sanitaire tourne mal ?
Nous avons déjà mis à exécution notre plan B la semaine dernière quand nous avons annoncé un changement de format de notre compétition. En passant à un nouveau modèle de 8 groupes de 4 équipes, nous avons fait le choix de donner de la souplesse aux équipes. On passe de 224 matches de saison régulière à 96. Moins de matches, moins de déplacements, moins de challenges logistiques. Plus de flexibilité, plus d’optimisme. Je le répète depuis longtemps : l’important, c’est moins comment on commence la saison que comment on la termine. Après, personne ne possède de boule de cristal mais nous avons le sentiment que ce Plan B nous rapproche de notre objectif : mener une saison à son terme. Il faut comprendre que tous les clubs vivent une période difficile. Nous sommes pleinement conscients que ce changement était essentiel. On discute en ce moment même des phases qui vont suivre la saison régulière. On va prendre notre temps pour trouver la meilleure solution. Peut-être que là-encore, on va tester une formule différente, peut-être pour essayer de compenser des matches supprimés en saison régulière.
– Vous avez annoncé l’arrivée la saison dernière d’un partenaire d’envergue, investisseurs et porteur de compétences dans le marketing sportif, GBCH. Quel va être son rôle ?
Nous avons trouvé un partenaire, un investisseur, un actionnaire. Ils possèdent un pourcentage dans la BCL – ils ont une vision de la croissance de la ligue à partir de ce que nous avons construit. C’est un engagement à long terme. On ne parle d’ailleurs pas uniquement de la BCL mais d’un partenariat avec la FIBA, un engagement pour renforcer et refondre l’environnement global de la compétition de clubs. Il s’agit d’un des piliers stratégiques majeurs de la FIBA pour les années à venir. Depuis le départ, nous avons un plan qui repose sur la croissance de notre compétition. Sur les trois premières saisons, nous voulions gagner de la crédibilité. C’est fait. Le partenariat stratégique avec GCBH nous permet de passer à l’étape suivante et de relever un nouveau challenge. On entend solidifier la BCL et générer de la valeur qui sera bénéfique pour l’environnement concurrentiel que l’on connait dans le basket européen.
– Quelle est la santé économique de la BCL après cette saison 2019-20 écourtée ?
Dimanche, le vainqueur rentrera à la maison avec 1 million d’euros. On tient la promesse du début de saison. Nous n’avons pas rogné d’un euro les promesses faites au départ. Dans le monde actuel, il s’agit presque d’une progression. Notre engagement auprès des clubs sera le même pour la saison 2020-21. Nous voulons aider les clubs à devenir plus costauds. Le fait de jouer une compétition européenne ne doit pas être un fardeau, ce doit être un atout. On ne va rien changer. On veut prouver aux clubs qu’on a une vision et qu’on s’y tient.
– Que pensez-vous du modèle économique actuelle du basket européen ?
Je suis toujours stupéfait par le fait que tant que des clubs en Europe continue de perdre des sommes d’argent très conséquentes chaque année. Au niveau commercial, ça n’a aucun sens et ce n’est pas un modèle viable. Selon moi, c’est un avertissement que la structure du business autour du basket européen nécessite une remise à plat. C’est très clair.
Photo: FIBA