Aller au contenu

Interview – Patrick Koller (Directeur de la Communication de la FIBA): « On a bon espoir d’avoir l’année prochaine les meilleurs clubs français »

Patrick Koller est le directeur de la communication de la Fédération internationale. On a profité de sa venue à Paris pour évoquer le sujet toujours aussi brûlant : le conflit entre la FIBA et l’Euroleague qui perturbe à la fois les coupes européennes et les qualifications des équipes nationales à l

©BCL

Patrick Koller est le directeur de la communication de la Fédération internationale. On a profité de sa venue à Paris pour évoquer le sujet toujours aussi brûlant : le conflit entre la FIBA et l’Euroleague qui perturbe à la fois les coupes européennes et les qualifications des équipes nationales à la Coupe du Monde 2019.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Comment est défini le nombre d’équipes par pays pour la Basketball Champions League ?

Il y a un ranking qui est établi à partir des résultats en BCL des années précédentes pour définir le nombre de places attribué à la France, l’Allemagne, l’Italie, etc. C’est donc basé sur des résultats concrets et ça peut évoluer suivant que les pays ont des séries avec de bons résultats ou de moins bons. Par exemple, pour la France, on en est à trois équipes directement qualifiées en saison régulière et une équipe qui doit passer par les qualifications. Il s’agit du meilleur ranking possible. Actuellement, on n’a que deux années d’existence mais après ce sera un système qui sera basé sur les trois dernières années.

Combien de pays ont trois équipes comme la France ?

Pour la saison qui vient de s’achever 2017-18, la Turquie et l’Italie avaient également trois places plus une quatrième pour les qualifications. C’est susceptible d’évoluer pour la saison prochaine.

Ensuite, chaque ligue est maîtresse pour désigner ses équipes ?

Chaque ligue ne va pas avoir le choix des équipes mais c’est elle qui va déterminer les critères qui sont pris en compte pour la qualification. La première place est pour le champion. Elle peut décider si la seconde est pour le finaliste ou le vainqueur de la saison régulière, si une coupe est qualificative.

Et si une équipe refuse de participer à la BCL préférant aller en Eurocup, ça supprime une place pour le pays concerné ?

Pour la France, il y a donc trois places + une pour la Champions League dans le top 5 national. Si une équipe ne veut pas jouer ou veut jouer une autre compétition européenne, c’est un choix du bureau de la BCL de savoir si on accorde tout de même une place à la sixième classée. Ce n’est donc pas définitif mais ça veut dire que cette place n’est pas assurée.

Aujourd’hui, il y a une lutte entre la BCL et l’Eurocup pour savoir qui est la deuxième compétition européenne derrière l’Euroleague. Financièrement, est-ce plus intéressant aujourd’hui pour un club de disputer la BCL ? Avez-vous à la FIBA tous les chiffres donnés en amont par l’Eurocup ?

Le problème, c’est exactement ça. Nos chiffres sont publics. Chaque équipe sait exactement ce qu’elle va toucher au minimum. C’est 50 000 euros. Et ensuite suivant son parcours et sa qualification, elle peut toucher jusqu’à un million pour le vainqueur. C’est transparent comme le ranking pour le nombre d’équipes, etc. Le problème, c’est que pour l’Eurocup, on ne connaît pas les règles, ce n’est pas clair. Apparemment, il y a un pool marketing pour distribuer de l’argent en fonction des droits TV mais on ne sait pas qui, comment. On sait ce qui s’est passé pour la saison passée mais on a eu des informations d’une équipe qui ne sait pas encore combien elle va toucher de ses droits marketing par rapport à la TV.

Donc aujourd’hui, un club ne peut pas choisir entre la BCL et l’Eurocup pour l’argent en toute connaissance de cause ?

L’Eurocup propose probablement différentes choses à différents clubs. C’est un business privé et ils rencontrent des clubs indépendamment des critères sportifs. Et à mon avis ce qu’ils donnent change suivant le club et le pays.

[table id=133 /]

A la BCL, vous prenez en charge toute la production TV ?

Oui car on a centralisé pour avoir une uniformité dans les standards TV et pour aussi diminuer les frais pour les clubs.

Vous avez bon espoir d’avoir cette saison en BCL les trois meilleurs clubs français soit Monaco, Le Mans et Strasbourg ?

C’est la troisième année qu’existe la BCL et on a pratiquement tous les clubs qui se sont qualifiés puisqu’il ne faut pas oublier qu’il faut se qualifier sportivement, qui sont revenus. Si je me souviens bien, le seul qui n’est pas revenu, c’est le Partizan (Belgrade).

Le Partizan a eu des problèmes financiers ?

Oui, je crois que c’est lié à ça. Mais tous les autres clubs de tous les pays sont revenus jouer la BCL. Donc on a bon espoir d’avoir l’année prochaine les meilleurs clubs français comme on les a eu jusqu’à maintenant (NDLR:Le Mans a déjà donné son accord pour disputer la BCL. D’après le journaliste de L’Equipe, Arnaud Lecomte, Monaco hésite. Limoges et Villeurbanne préfèrent l’Eurocup.)

Patrick Koller

« Il y a eu une position assez claire contre les ligues fermées dans le contexte européen. C’est ce qui est véritablement ressorti des interventions de tous les ministres »

Discutez-vous avec la ligue française ou avec les clubs ?

Avec la ligue, c’est clair puisque c’est elle qui détermine les places, comment elles sont attribuées, etc. Chaque club est ensuite libre de s’inscrire d’ici le 22 juin et le 27, il y a une séance du board qui va décider qui participe.

Vous n’appelez pas les clubs pour les inciter à venir chez vous ?

Il est normal de discuter avec des partenaires avec qui on a travaillé, on a des contacts avec eux pour savoir quels sont leurs plans pour le futur. Mais ce que l’on offre est clair par rapport à l’environnement, des critères sportifs, de la ligue, des critères financiers, tout est transparent.

Etes-vous satisfait du contrat TV avec Canal+, de la diffusion des matches et aussi du nombre de spectateurs dans les salles ?

La couverture de Canal sur la BCL est très positive. Ils retransmettent tous les matches des clubs français, ils font un studio qui est dédié à la BCL, on a des gens qui connaissent le basket, qui comprennent l’importance de cette compétition. On ne peut pas espérer mieux. Les clubs français ont fait de bons résultats, Monaco a été présent deux fois au Final Four. En ce qui concerne les spectateurs et considérant que c’est un produit très nouveau, dans un environnement pas facile à comprendre pour les fans puisqu’il y a plusieurs compétitions, je pense que l’on a réussi à fidéliser, à pousser cette marque, à la faire monter. Ça ne peut pas se faire en un coup de baguette magique, on a besoin d’un peu de temps, mais les chiffres que l’on a sont prometteurs. Au niveau français, le public répond présent. Bien entendu, plus la compétition avance et plus c’est le cas.

Il semble qu’il y ait eu une petite avancée dans le conflit FIBA-Euroleague dans le sens que ECA fait débuter l’Eurocup plus tôt et cela va libérer une date dans le calendrier pour la fenêtre des équipes nationales en novembre. Est-ce un indice qui démontre que l’on va vers un arrangement où est-ce seulement un fait qui coïncide avec les intérêts des clubs d’Eurocup et ceux des équipes nationales ?

C’est très difficile à évaluer. Je rêverais qu’il le fasse aussi pour l’Euroleague puisqu’on sait très bien que l’on ne parle que de deux semaines sur la durée d’un championnat entier. On rêve donc que ça soit le cas mais aujourd’hui rien n’indique que l’Euroleague va adapter ses dates pour les équipes nationales.

Patrick Baumann, le secrétaire-général de la FIBA, est un membre important du CIO. C’est lui qui avait présidé le comité d’évaluation des sites pour la désignation des pays hôtes pour les Jeux de 2024 et 2028. Avait-il en amont consulté le CIO et les politiques en Europe afin d’être certain que la fédération internationale avait toute latitude pour organiser une compétition pour les équipes nationales qui superposerait le calendrier d’une ligue privée, en l’occurrence celui de l’Euroleague ?

En amont, on avait approché toutes les ligues en Europe y compris l’Euroleague dès les prémices des calendriers, en 2011. On les a tenus au courant de toutes les évolutions et on a publié les dates finales des calendriers en 2015. En novembre 2016, on a reçu une lettre de l’Euroleague qui confirmait qu’elle n’allait pas empêcher les fenêtres et les joueurs de rejoindre leurs équipes nationales. C’était un sous-entendu clair qu’ils allaient respecter ces fenêtres. Tous les indicateurs étaient au vert et c’est pour ça que l’on a été très étonné lors de l’été 2017 lorsqu’ils ont annoncé tout à coup qu’ils allaient jouer pendant les fenêtres. Au niveau préparatifs, discussions qui ont commencé en 2011, on a vraiment fait tout ce que l’on pouvait pour informer et laisser le temps aux ligues nationales et internationales de se préparer. Je le rappelle, c’est un championnat qui commence en octobre et qui se finit en mai et on ne parle que de déplacer deux journées. C’est un détail. Avec toutes les informations que l’on avait à ce moment-là, on était persuadé que l’Euroleague allait faire comme toutes les autres ligues qui sont dans l’écosystème FIBA, ne pas jouer pendant les fenêtres.

Outre le fait que chaque partie a déposé plainte, l’une contre l’autre, il y a eu une réunion des ministres des sports des pays de l’Union Européenne. Au terme de celle-ci, il y a eu un communiqué commun qui démontre qu’ils ont envie de pérenniser le modèle européen du sport. La question de fond est là : peut-on en Europe constituer une ligue privée qui sorte complètement des schémas séculaires? Cette prise de position peut-elle avoir un poids ? Peut-on contraindre un organisme privé à se plier aux directives de la fédération internationale, en l’occurrence de libérer les joueurs pour les fenêtres ?

Il y a eu effectivement un consensus assez fort de la part de tous les ministres pour dire deux choses importantes. La première, c’est que le système tel qu’il est, pyramidal, avec les clubs qui sont la base avec les championnats nationaux, les qualifications pour les coupes d’Europe, doit être respecté. Ce modèle doit être respecté en Europe avec des conditions cadres qui doivent être revues avec l’évolution du sport. Deuxièmement, il y a eu une position assez claire contre les ligues fermées dans le contexte européen. C’est ce qui est véritablement ressorti des interventions de tous les ministres. Cela prouve que c’est un sujet qui interpelle. La France et l’Allemagne étaient des leaders dans cette position-là. Le sentiment, c’est que l’Europe veut renforcer ce système, mettre en place un cadre qui puisse permettre de respecter ça. Il est difficile de savoir combien de temps il faut pour que ce cadre soit mis en place et dans quelle mesure. Il y a une possibilité pour que ces ministres mettent une certaine pression pour que le cas qui nous occupe soit résolu et oblige l’Euroleague a bougé ses pions et à libérer ses joueurs pendant ces fenêtres. Cela pose actuellement des problèmes quand on sait que Barcelone pour un match qui a concerné deux de ses joueurs, a décidé de laisser jouer le capitaine de la Bulgarie Sasha Vezenkov mais pas le capitaine de la Finlande Petteri Koponen. Cela pose des problèmes d’équité sportive. Il y a des possibilités par rapport à la plainte qui a été déposée qu’elle soit activée et que cela pousse l’Euroleague à libérer son calendrier et à permettre aux joueurs d’y participer.

Darion Atkins

« On a tellement d’exemples comme Galatasaray qui ont rencontré des problèmes financiers. Ils ont joué au-dessus de leurs moyens pendant une saison »

Certains pays qui ont un club d’Euroleague, la Russie, Israël, la Turquie, n’appartiennent pas à l’Union Européenne. Celle-ci aurait quand même le pouvoir d’imposer ses vues ?

Je ne suis pas un spécialiste du droit européen mais je ne pense pas que cela puisse se faire par rapport à l’Union Européenne en elle-même. C’est par rapport à la Commission Européenne et à la plainte qui a été déposée. C’est la Commission de la Concurrence qui doit statuer sur ce cas-là.

Les ministres n’ont donc fait que montrer leur position vis-à-vis de ce dossier ?

Voilà. Il y a deux choses. La mise en place de ce cadre légal va prendre du temps. Mais il y a des choses qui peuvent se faire plus rapidement car il y a des plaintes déposées par l’Euroleague et l’autre par la FIBA. Il n’y a eu aucune action, aucune enquête envers les deux organismes. Si on ouvrait une action contre l’Euroleague, ça pourrait faire bouger les pions.

Ce que vous voulez en définitive c’est que participer à la Basketball Champions League soit rentable pour vos clubs alors que participer à l’Euroleague coûte énormément d’argent et ne peut être réalisé que par des mécènes ou des clubs de football qui subventionnent la section basket comme le Real ou le Barça ?

L’idée est d’avoir un modèle sain. On a besoin de créer un environnement de stabilité. Il faut que les ligues soient rentables, qu’il y ait du monde dans les salles, qui suit le championnat, etc. Comment faire ça ? En instaurant un système qui permet de rendre les matches plus attractifs. Vous avez que vous terminez quatrième, vous allez jouer une coupe d’Europe. Alors que si vous avez un contrat pour dix ans et que vous êtes huitième et que vous voyez que vous ne pouvez plus gagner, vous arrêtez de jouer. Les gens n’ont pas vraiment la possibilité d’avoir une motivation pour investir dans le sport. C’est un tout. C’est renforcer les ligues nationales et permettre la possibilité aux meilleurs clubs de jouer une coupe d’Europe avec un environnement stable. Vous savez que si vous terminez troisième du championnat de France, que vous faites la demi-finale, vous jouez la Basketball Champions League. Vous connaissez les règles en début de saison et si vous voulez atteindre ces objectifs, vous savez que vous pouvez investir. Si vous jouez la BCL, on ne va pas vous demander d’investir 10M€ de plus comme le Bayern qui va jouer l’Euroleague… On a tellement d’exemples comme Galatasaray qui ont rencontré des problèmes financiers. Ils ont joué au-dessus de leurs moyens pendant une saison. On veut de la stabilité sur du long terme. On ne demande pas un minimum de budget. Si vous vous qualifiez pour la BCL avec un budget qui est la moitié de celui des autres, c’est bon. Il y a effectivement un minimum de capacité de salle pour que le produit soit vendable, c’est normal. Le champion de Tchéquie peut jouer la BCL même si la Tchéquie n’est pas un pays de basket comme la Grèce. Il ne faut pas oublier que la BCL c’est 50% de la FIBA mais aussi 50% des ligues. C’est une compétition qui doit servir les ligues, à se développer, à générer plus d’argent, de visibilité, etc.

Peut-on dire que les clubs d’Euroleague vivent au-dessus de leurs moyens ? Qu’il ne devrait pas y avoir de joueurs à un million de dollars et plus ?

Je pense que c’est une réalité de dire que économiquement, ce n’est pas viable. Que tout ça est finalement dû à certaines personnes qui sont prêts à investir à perte dans un produit (NDLR : selon certaines sources, seul le Maccabi Tel-Aviv des 16 clubs d’Euroleague serait économiquement positif).

[armelse]

Comment est défini le nombre d’équipes par pays pour la Basketball Champions League ?

Il y a un ranking qui est établi à partir des résultats en BCL des années précédentes pour définir le nombre de places attribué à la France, l’Allemagne, l’Italie, etc. C’est donc basé sur des résultats concrets et ça peut évoluer suivant que les pays ont des séries avec de bons résultats ou de moins bons. Par exemple, pour la France, on en est à trois équipes directement qualifiées en saison régulière et une équipe qui doit passer par les qualifications. Il s’agit du meilleur ranking possible. Actuellement, on n’a que deux années d’existence mais après ce sera un système qui sera basé sur les trois dernières années.

Combien de pays ont trois équipes comme la France ?

Pour la saison qui vient de s’achever 2017-18, la Turquie et l’Italie avaient également trois places plus une quatrième pour les qualifications. C’est susceptible d’évoluer pour la saison prochaine.

Ensuite, chaque ligue est maîtresse pour désigner ses équipes ?

Chaque ligue ne va pas avoir le choix des équipes mais c’est elle qui va déterminer les critères qui sont pris en compte pour la qualification. La première place est pour le champion. Elle peut décider si la seconde est pour le finaliste ou le vainqueur de la saison régulière, si une coupe est qualificative.

Et si une équipe refuse de participer à la BCL préférant aller en Eurocup, ça supprime une place pour le pays concerné ?

[/arm_restrict_content]

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Photo d’ouverture: Elmedin Kikanovic (Monaco – FIBA)

Commentaires

Fil d'actualité