Même si les Turques de Besiktas lui ont bloqué jeudi dernier les portes des huitièmes de finale de l’Eurocup, Roche Vendée est l’une des équipes françaises en pointe depuis deux saisons et fait scintiller le basket dans le département. Interview de son président, Philippe Provost.
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Votre coach Emmanuel Body se demande si votre équipe ne s’est pas vue trop belle après la victoire à l’aller en Turquie. Est-ce votre sentiment également (NDLR: vainqueur 79-83 à l’aller, les Vendéennes ont perdu 73-82 au retour) ?
Moi aussi je pensais que l’on se qualifierait. Ce fut un match plus compliqué que prévu. On n’a pas joué tout à fait comme on le souhaitait notamment défensivement où on n’a pas été tout à fait à la hauteur de l’évènement. J’avais quelques blessées qui n’ont pas été à leur niveau. Ça fait partie du jeu. Je pense aussi que les Turques n’avaient jamais joué à ce niveau-là. Je crois qu’il faut repartir sur autre chose. On est déjà sur le match de Nantes (NDLR : l’interview a eu lieu en fin de semaine dernière avant le derby face au NRB que Roche Vendée a perdu 83-75). Il faut en profiter pour positiver et se demander ce qui n’a pas marché pour être encore meilleur dimanche.
Une victoire à Bourges, une 5e place au classement, une bonne participation à l’Eurocup pour une première expérience en coupe d’Europe : c’était inimaginable lorsque vous êtes montés en Ligue Féminine en 2017 ?
C’est effectivement ce que l’on se dit. Au départ, on aurait signé des deux mains pour arriver là où on en est. C’est vrai que l’on aurait pu passer mais c’est bien pour une première. Déjà, on ne pensait pas terminer cinquième l’an dernier. On s’était donné comme objectif les playoffs. On joue l’Europe et on s’était donné comme objectif de passer le premier tour. C’est fait. Maintenant c’est concentration à mort sur le championnat car on veut absolument rester européen la saison prochaine. Il n’y a que six équipes qui seront européennes et ça reste un championnat difficile.
Vous avez déclaré que l’on peut avoir des filles moins fortes mais quand l’alchimie fonctionne on peut quand même avoir des résultats et aussi que vous recrutez des filles qui correspondent au groupe plus que des individualités. C’est ça le secret de votre réussite sportive ?
C’est tout à fait comme ça. On a eu la chance de constituer un groupe l’an dernier et on a travaillé autour de lui. Il fonctionne aujourd’hui très bien. On a gagné des matches parce que justement il y avait cet esprit d’équipe, de corps, de combattantes qui était là. Puisque (Uju) Ugoka est blessée, on a pris Oumou Touré dans ce cadre-là. J’ai préféré prendre une joueuse peut-être moins forte mais avec un bon état d’esprit d’équipe plutôt qu’une Américaine qui ne va pas s’intégrer au groupe.
Marielle Amant, une ancienne internationale, est la première joueuse française de renom que vous avez recruté ?
C’est vrai. Comme elle revenait de deux années un peu blanches et de blessure, on a fait un pari commun. C’était pour elle une remise en selle et pour nous c’était le fait d’avoir quelqu’un qui a connu l’Europe et différents championnats internationaux, etc. On a fait donnant-donnant et ça se passe très bien.
Emmanuel Body est pour beaucoup dans le succès de votre équipe. Il est natif de Cholet. Prendre un coach des Mauges comme Eric Girard, Laurent Buffard, Valérie Garnier, d’autres, c’est la clé du succès ?
Les Mauges, c’est à 60-70 kilomètres d’ici. On aime bien avoir un régional de l’étape, même parmi les joueuses. Ça fait huit ans que je suis à la présidence et il est arrivé pratiquement en même temps. Il y a une confiance mutuelle qui s’est installée, on travaille main dans la main en se disant les choses.
Des joueuses sont originaires de Vendée ?
Du coin. Caroline Hériaud est nantaise et ça fait cinq ans qu’elle est là. C’est notre jeune meneuse de 23 ans qui j’espère pour elle va faire les JO en 3×3. On a quelques jeunes qui sont en train de pointer dont une en équipe de France des moins de 16 ans et une autre en U17-U18 car notre centre de formation commence à porter ses fruits. J’espère avoir toujours des joueuses qui en sortent. On a (Natalia) Farkasova, qui n’est pas un nom vendéen mais ses parents slovaques sont arrivés là depuis qu’elle est toute petite. Elle est du centre de formation, elle n’a pas un gros temps de jeu mais elle est dans les dix de notre équipe de ligue.
« C’est le maillot de Caroline Hériaud qui est le plus vendu »
Le fait de disputer une Coupe d’Europe a apporté du travail supplémentaire alors que vous avez peu de salariés en dehors du sportif ?
Tout à fait. L’organisation se passe par le biais des bénévoles mais quand vous jouez deux matches par semaine avec un cahier des charges pour ceux de coupe d’Europe qui est assez conséquent, c’est un peu plus difficile. Il faut que l’on améliore notre organisation avec un secrétariat digne de ce nom. Actuellement, hors sportif, on n’a qu’un seul salarié. C’est quelqu’un qui s’occupe des réseaux sociaux, un community manager si on peut l’appeler comme ça et il n’est pas à temps plein.
Combien de salariés ont les clubs qui sont bien structurés ?
A Bourges, c’est huit personnes. L’idéal serait d’avoir trois personnes. Un GM, un bon secrétariat et un community manager ou un directeur de la communication. Ça organiserait bien le club autour du bénévolat.
Vous jouez désormais dans le Parc des expositions des Ouadairies qui fait 2 500 places assises. Ça vous a fait passer un cap ?
Oui car quand on était à la salle omnisports c’était 700 places et on arrivait à mettre 1 200 à 1 300 personnes car on ajoutait des tribunes. Donc on a doublé. On ne savait pas si on allait pouvoir remplir assez rapidement cette salle et on s’est rendu compte qu’avec nos résultats de l’an dernier -puisqu’on a cette salle depuis cette époque- on a une bonne fréquentation et pour le match contre Besiktas on était archicomplet. On avait déjà fait guichets fermés l’an dernier contre Bourges mais là c’était deux jours avant le match. En moyenne, on va être sur la saison à près de 2 000 spectateurs, championnat et coupe d’Europe cumulés. On est bien.
Si vous manquez de places, vous pourriez jouer au Vendespace ?
On a essayé mais c’est très compliqué par rapport à notre calendrier. On préfère rester dans notre chaudron plutôt que de se déplacer pour avoir 500 personnes de plus. Ça demande la manutention d’aller au Vendespace.
Bénéficiez-vous d’une bonne couverture médiatique ? Vous en avez déjà une bonne de Ouest France ?
Une très bonne ! Pour le match contre Besiktas, on avait une première retransmission en direct sur TV Vendée. Il y avait aussi France 3 et une équipe de la Ligue Féminine pour faire une vidéo sur le club. En terme de couverture pour nous c’est pas mal. J’ai senti ce développement, cet engouement cette année. Même sur La Roche, on parle vraiment du basket alors qu’avant ce n’était pas aussi médiatique. Il y a vraiment un engouement. Pour Besiktas, on était archi comble au niveau de notre VIP, nos partenaires sont là, c’est bien.
Emmanuel Body m’a dit que lorsqu’il est arrivé au club il y a huit ans, le budget était de 600 000 euros. Il est aujourd’hui de 1.7-1.8 M€ et qu’il y a une certaine vitalité économique en Vendée. Vous confirmez ? Vous avez dit aussi sur TV Vendée « On est monté plus vite que je croyais. Il ne faut absolument pas tomber donc être vigilant et anticiper encore plus. » et encore « Je sais toujours où je veux aller ». Alors où voulez-vous aller ?
C’était même un peu moins que 600 000 euros. Aujourd’hui, le budget est à 1,8M€ si je tiens compte de certaines choses comme la mise à disposition de la salle par la mairie, etc. Mais ce qui compte pour moi, c’est ce que l’on touche réellement, je suis un peu cartésien (sourire). Oui, il existe une vitalité économique en Vendée et mon objectif est d’arriver très vite à deux millions. Je veux asseoir très vite le club de manière européenne. C’est l’objectif à très court terme. Il faut que l’on soit européen l’année prochaine et que l’on continue de construire le club autour de l’administratif, que l’on consolide tous les postes, et que l’on continue à le développer avec les partenariats privés. Comme on a un secteur économique plutôt porteur, il faut qu’on en profite. Ce sont les budgets qui nous font avoir les joueuses.
Vous aimeriez avoir d’autres Marielle Amant ?
Oui mais pas beaucoup. Des joueuses qui ont envie de rebondir mais pas des joueuses en équipe de France qui viennent pour finir leur carrière, ça ne m’intéresse pas.
Vous avez avec Caroline Hériaud une internationale de 3×3 susceptible de disputer les Jeux Olympiques. C’est important pour la notoriété du club ?
Tout à fait. Le maillot le plus vendu par notre partenaire Intersport qui fait le flocage, c’est celui de Caroline Hériaud.
Le TQO de 3×3 est en plein championnat de Ligue Féminine. Ça va chambouler vos plans ?
Pas du tout car on a pris des accords avec la fédé. Si Caroline Hériaud part au TQO en Inde, les deux matches prévus durant ce temps-là seront reportés et avancés. Donc pour nous ce n’est que du plus.
Lorsque vous avez affronté l’ASVEL, c’était les Lionnes contre les Tigresses. Vous aimez les félines dans la Ligue Féminine. D’où vient ce surnom ?
(Rires) Les Tigresses, c’est notre logo. On voulait des battantes qui ne lâchent jamais rien. Ce sont des filles mais il faut aussi que ce soit des combattantes. On a maintenant cette marque Tigresses sur notre rond central et toute notre communication part de là.
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Votre coach Emmanuel Body se demande si l’équipe ne s’est pas vue trop belle après la victoire à l’aller en Turquie. Est-ce votre sentiment également (NDLR: vainqueur 79-83 à l’aller, les Vendéennes ont perdu 73-82 au retour) ?
Moi aussi je pensais que l’on se qualifierait. Ce fut un match plus compliqué que prévu. On n’a pas joué tout à fait comme on le souhaitait notamment défensivement où on n’a pas été tout à fait à la hauteur de l’évènement. J’avais quelques blessées qui n’ont pas été à leur niveau. Ça fait partie du jeu. Je pense aussi que les Turques n’avaient jamais joué à ce niveau-là. Je crois qu’il faut repartir sur autre chose. On est déjà sur le match de Nantes (NDLR : l’interview a eu lieu en fin de semaine dernière avant le derby face au NRB que Roche Vendée a perdu 83-75). Il faut en profiter pour positiver et se demander ce qui n’a pas marché pour être encore meilleur dimanche.
Une victoire à Bourges, une 4eplace au classement, une bonne participation à l’Eurocup pour une première expérience en coupe d’Europe : c’était inimaginable lorsque vous êtes montés en Ligue Féminine en 2017 ?
C’est effectivement ce que l’on se dit. Au départ, on aurait signé des deux mains pour arriver là où on en est. C’est vrai que l’on aurait pu passer mais c’est bien pour une première. Déjà, on ne pensait pas terminer cinquième l’an dernier. On s’était donné comme objectif les playoffs. On joue l’Europe et on s’était donné comme objectif de passer le premier tour. C’est fait. Maintenant c’est concentration à mort sur le championnat car on veut absolument rester européen la saison prochaine. Il n’y a que six équipes qui seront européennes et ça reste un championnat difficile.
Vous avez déclaré que l’on peut avoir des filles moins fortes mais quand l’alchimie fonctionne on peut quand même avoir des résultats et aussi que vous recrutez des filles qui correspondent au groupe plus que des individualités. C’est ça le secret de votre réussite sportive ?
C’est tout à fait comme ça. On a eu la chance de constituer un groupe l’an dernier et on a travaillé autour de lui. Il fonctionne aujourd’hui très bien. On a gagné des matches parce que justement il y avait cet esprit d’équipe, de corps, de combattantes qui était là. Puisque (Uju) Ugoka est blessée, on a pris Oumou Touré dans ce cadre-là. J’ai préféré prendre une joueuse peut-être moins forte mais avec un bon état d’esprit d’équipe plutôt qu’une Américaine qui ne va pas s’intégrer au groupe.
Marielle Amant, une ancienne internationale, est la première joueuse française de renom que vous avez recruté ?
C’est vrai. Comme elle revenait de deux années un peu blanches et de blessure, on a fait un pari commun.
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Photo: Marielle Amand, Kendra Chery et Océane Monpierre (FIBA)