Il était 14h hier lorsque Romane Bernies (1,70m, 26 ans en juin) a répondu à nos questions. Avec allant et pertinence. La meneuse internationale a du mérite car la soirée précédente avec son équipe de Lattes-Montpellier, elle a perdu une finale d’Eurocup à la maison face à Orenbourg (57-75) alors que le BLMA semblait avoir fait le plus dur à l’aller en Russie (71-75). Romane et ses copines vont avoir l’occasion de rebondir très vite en playoffs de Ligue Féminine où elles font partie des favorites avec Lyon et Bourges. Et il y a déjà en filigrane l’équipe de France et un championnat d’Europe pour lequel les Bleues nourrissent de grosses ambitions.
[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]
C’est difficile de passer une bonne nuit après une défaite comme ça ?
(Sourire) C’est très difficile. Je n’ai d’ailleurs pratiquement pas dormi. C’est extrêmement dur. On se refait tout le match. On a envie que ça recommence, de repartir à zéro. Pour en avoir parlé avec les filles, personne n’a bien dormi. C’est difficile mais j’ai envie de dire qu’il faut avancer et c’est ce que l’on va essayer de faire malgré tout.
Vous avez été surprises par l’agressivité et le physique d’Orenbourg ?
Oui et non. Ce n’est pas une équipe spécialement agressive mais elle jouait une finale, un dernier match couperet. Elles ont joué leur vie, c’est beau, il n’y a rien à dire, elles ont fait ce qu’elles avaient à faire. On devait s’attendre à ça et être capable de s’adapter et on n’a pas forcément réussi à le faire. C’est quand même très frustrant.
Vous étiez fatiguées par le déplacement dans l’Oural et le match contre Bourges ?
Ça a impacté, le déplacement, mais en aucun cas ce n’est une excuse car elles ont fait exactement le même de leur côté. Le match de Bourges, oui, de par l’intensité, la qualité, on y a laissé des plumes. De par aussi le dénouement à la fin (NDLR: 74-75 sur un panier contre son camp au buzzer de Héléna Ciak, ce qui prive le BLMA de la deuxième place de la saison régulière). C’est dur, on a pris un coup sur la tête. Mais encore une fois, je ne veux pas me servir de ça comme excuse car ça serait, entre guillemets, s’échapper. Ça n’a pas aidé, mais quoiqu’il arrive sur une finale de 40 minutes, quelque-soit les circonstances, on doit donner sa vie.
L’entourage n’est-il pas aussi un peu trop confiant, ça devait être le couronnement à la maison après la victoire du match aller ?
Pour être complètement honnête avec vous, je pense. Je n’en veux à personne. C’est complètement humain. Je pense que les personnes derrière nous étaient forcément confiantes au vue du match aller, de tout ce que l’on avait pu produire lors des matches précédents. Forcément, on était un peu confiant et sans doute que tout ça inconsciemment ça nous a fait sentir un peu supérieur même si on avait conscience, mes coéquipières et moi, que ça n’allait pas être facile. Tous ces gens autour… On n’a pas envie de lire mais on lit tout ça. C’est compliqué à gérer et je pense que l’on a énormément à apprendre de ça car on s’est peut-être senti trop beau trop tôt.
Vous allez vous méfier plus que jamais de Basket Landes en quart-de-finale des playoffs ?
Complètement. Si j’arrive à positiver ce qui est arrivé hier par rapport au quart-de-finale, c’est bien. Ça va justement permettre de ne pas se sentir trop beau et de ne pas se voir déjà en finale alors qu’à l’heure qu’il est, on doit d’abord passer les quart-de-finale. On va jouer contre une équipe de Basket Landes qui a prouvé de belles choses, qui n’a rien à perdre. On a galéré deux fois contre elle en championnat et gagné de justesse. Il faut garder les pieds sur terre, se dire que rien n’est acquis. Je pense que cette défaite va nous aider pour le futur. J’ai envie d’y croire car si on n’apprend pas de ce genre de défaite, c’est que l’on est clairement un peu bête !
C’est toujours un peu spécial d’être face à Basket Landes, à Céline Dumerc avec qui vous étiez coéquipières à Bourges ?
Oui. Basket Landes, c’est un peu chez moi (NDLR : Romane est née à Agen dans le Lot-et-Garonne), j’ai ma famille qui vient toujours là-bas. Ça a une saveur particulière pour moi et puis aussi d’être face à Cap’s. Ce n’est pas un adversaire commun. C’est toujours un plaisir de me confronter à elle, qui est encore à l’heure actuelle l’une des meilleures joueuses françaises, européennes, mondiales.
« Rachid (Méziane), c’est quelqu’un que l’on apprécie énormément. Il y a aussi des filles qui sont venues grâce à lui et pour lui »
Revenons tout de même à votre bon parcours jusqu’ici avec le BLMA : l’une des clés c’est que le noyau de joueuses françaises joue toute l’année ensemble avec l’équipe de France ?
Forcément, ça aide. En arrivant ici, on se connaissait presque toutes. Il y a une alchimie qui a pris dès les premiers jours. On a réussi à intégrer toutes les nouvelles joueuses. Ça nous a pris très peu de temps pour construire un groupe. Le fait que l’on se connaisse, que l’on se côtoie en équipe de France, que l’on soit amies dans la vie, quoiqu’on en dise, c’est vraiment un avantage.
Comment aviez-vous réagi, les joueuses, au changement de coach, Rachid Méziane/Thibaut Petit ?
Ça a été très compliqué, je ne vais pas le cacher, car le projet de base était avec Rachid Méziane. Rachid, c’est quelqu’un que l’on apprécie énormément. Il y a aussi des filles qui sont venues grâce à lui et pour lui. Ça nous a pris du temps mais on est professionnelle et il a fallu avancer malgré tout.
Que pensez-vous de votre équipière Ornella Bankole, qui s’est rompue deux fois les ligaments du genou alors qu’elle n’a que 21 ans, et qui a montré qu’elle pouvait être très tranchante ?
Je n’ai pas beaucoup d’autres mots que « whaoh ! » pour qualifier Orné. Je suis vraiment très heureuse pour elle et très fière. Je l’ai découvert l’an dernier. Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était contre Bourges et elle s’est fait une deuxième fois les ligaments croisés. Ça a été très dur pour elle, mentalement, physiquement. J’étais là plus ou moins pour sa rééducation, je l’ai vu revenir, et en début d’année elle en chiait. Tous les jours c’était un sacré combat pour elle. Et la voir aujourd’hui à ce niveau-là, c’est une magnifique récompense. Elle a travaillé pour. Je pense qu’elle n’a pas fini de nous étonner. Elle a un talent monstre et c’est une super gamine. On entendra parler d’elle dans le futur, du moins je l’espère.
« On veut être championnes d’Europe ! »
Faire une saison à Angers dans un club moins huppé c’était un bon plan pour être titulaire et rebondir ensuite à Montpellier ?
Ça a été deux années compliquées à Angers. On a joué deux années de suite les playdowns pour se sauver à chaque fois à la dernière journée. Honnêtement, je suis heureuse d’avoir vécu ça et j’en tire vraiment du positif. Ça m’a permis d’évoluer, d’avancer. J’ai pu me développer comme joueuse et comme personne. Si j’ai autant appris et que je me sens bien à l’heure actuelle, c’est grâce à cette expérience-là.
Vous avez gagné en densité musculaire ces dernières années ?
Un peu, forcément. Il n’y a pas de secret, je travaille pour. J’ai grandi mentalement et physiquement.
Votre spécialité c’est la défense. C’est un peu votre gagne-pain ?
Complètement. Depuis mes débuts, c’est quelque chose que j’affectionne. Je ne saurais pas l’expliquer mais j’aime ça. J’aime les challenges quand on me donne des missions plutôt défensives. Je sais que c’est important pour faire gagner l’équipe. C’est un moteur. J’aime bien entraîner les gens derrière moi.
Vous avez aussi progressé dans le tir extérieur* ?
Forcément, même s’il y a encore beaucoup de choses à perfectionner. Le tir, ce n’est pas ma qualité première, ça ne l’est pas encore forcément mais c’est quelque chose que je travaille énormément car je peux encore progresser là-dessus. Je m’y attèle tous les jours à l’entraînement. Cette année c’est un peu moyen avec des hauts et des bas mais je suis contente de voir que ça évolue dans le bon sens.
Comment avez-vous réagi à la venue de Bria Harley en équipe de France ?
Quoiqu’il arrive positivement. Ce sont des choix qui ne m’appartiennent pas et je n’ai pas mon mot à dire là-dessus. Ce sont des choix fédéraux. Bria est une super joueuse, une super fille aussi. Je me suis très bien entendue avec elle. C’est bien pour le futur, pour la France. Elle a déjà démontré qu’elle est capable de faire de belles choses. J’espère qu’on ira loin.
Vous êtes habituée à la concurrence avec les Bleues ?
Oui, oui (sourire). Rien n’est acquis avec l’équipe de France, elle n’appartient à personne. Il faut se battre chaque année, chaque été, à chaque campagne pour avoir sa place. J’ai envie de dire que ça ne change pas grand-chose des années précédentes, que ce soit Bria ou une autre Française. Dans la bonne humeur et le respect, je me battrai pour avoir ma place dans cette équipe.
Votre ambition est d’être championne d’Europe comme l’a déclaré le président fédéral Jean-Pierre Siutat ?
Clairement. On veut être championnes d’Europe et je pense qu’on a l’équipe pour. A nous de le prouver.
*11/41 à trois-points cette saison contre 7/73 sur ses 4 premières années en pro.
[armelse]
C’est difficile de passer une bonne nuit après une défaite comme ça ?
(Sourire) C’est très difficile. Je n’ai d’ailleurs pratiquement pas dormi. C’est extrêmement dur. On se refait tout le match. On a envie que ça recommence, de repartir à zéro. Pour en avoir parlé avec les filles, personne n’a bien dormi. C’est difficile mais j’ai envie de dire qu’il faut avancer et c’est ce que l’on va essayer de faire malgré tout.
Vous avez été surprises par l’agressivité et le physique d’Orenbourg ?
Oui et non. Ce n’est pas une équipe spécialement agressive mais elle jouait une finale, un dernier match couperet. Elles ont joué leur vie, c’est beau, il n’y a rien à dire, elles ont fait ce qu’elles avaient à faire. On devait s’attendre à ça et être capable de s’adapter et on n’a pas forcément réussi à le faire. C’est quand même très frustrant.
Vous étiez fatiguées par le déplacement dans l’Oural et le match contre Bourges ?
Ça a impacté, le déplacement, mais en aucun cas ce n’est une excuse car elles ont fait exactement le même de leur côté. Le match de Bourges, oui, de par l’intensité, la qualité, on y a laissé des plumes. De par aussi le dénouement à la fin (NDLR: 74-75 sur un panier contre son camp au buzzer de Héléna Ciak, ce qui prive le BLMA de la deuxième place). C’est dur, on a pris un coup sur la tête. Mais encore une fois, je ne veux pas me servir de ça comme excuse car ça serait, entre guillemets, s’échapper. Ça n’a pas aidé, mais quoiqu’il arrive sur une finale de 40 minutes, quelque-soit les circonstances, on doit donner sa vie.
L’entourage n’est-il pas aussi un peu trop confiant, ça devait être le couronnement à la maison après la victoire du match aller ?
Pour être complètement honnête avec vous, je pense. Je n’en veux à personne.
[/arm_restrict_content]
[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]
Photo: FIBA