Le coach de l’équipe de France Vincent Collet a analysé ce matin sa sélection pour les deux matches de qualification à l’EuroBasket 2022, qui vont se tenir fin février au Monténégro, avec le retour en bleu de Thomas Heurtel. Il a aussi évoqué les Jeux Olympiques de Tokyo.
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Quel est le contexte de cette fenêtre pour l’équipe de France ?
Avant de parler de cette liste, je veux repréciser que nous ne sommes pas encore qualifiés. Le fait que les Allemands aient été battus à la fois par les Anglais et les Monténégrins fait que l’on doit encore impérativement gagner un match, sauf si ces mêmes Allemands battaient les Anglais lors de la première rencontre, auquel cas le goal average pourrait être suffisant pour se qualifier. Mais on ne veut pas calculer et l’objectif est clairement de gagner ces dernières rencontres. Le plus vite possible sera le mieux mais comme le premier match est contre le Monténégro, ce sera compliqué car la fenêtre se déroule chez eux. Même si elle est privée de (Nikola) Vucevic et de (Bojan) Dubljevic, l’un jouant en NBA et l’autre en Euroleague, il reste quand même une ossature d’équipe qui peut être performante. On s’attend à un premier match compliqué. En ce qui nous concerne, la sélection est très proche de celle de novembre car, d’une part, elle avait donné satisfaction sur l’état d’esprit et sur ce qu’elle avait produit. C’est ce qui nous a amené à confirmer une grande majorité des joueurs, même quand il y a eu pour certains de petites hésitations avec d’autres joueurs qui pouvaient entrer en compétition. L’autre chose que vous n’aurez pas manqué d’observer, c’est l’arrivée dans le groupe de Thomas Heurtel. C’est une opportunité liée malheureusement à ses difficultés rencontrées avec le club de Barcelone. Il a été mis à l’écart de son équipe et donc on a sauté sur l’occasion. Bien sûr, il est d’accord pour être sélectionné et je me réjouis qu’il puisse renforcer notre équipe pour cette fenêtre. Ça va être pour nous un bon coup de main. L’autre arrivée dans le groupe, c’est Maxime Roos. Déjà, au mois de novembre, j’avais un peu regretté le format de sélection ; on doit l’annoncer un mois avant la fenêtre et c’était mi-octobre alors que les équipes avaient encore à peine joué. On n’avait pas eu le loisir de voir ses progrès en compétition, ce qui était arrivé entre l’annonce de la compétition et la fenêtre elle-même de novembre. Il a confirmé depuis et en plus, derrière Amath Mbaye, on manquait d’un deuxième poste 4 fuyant. C’est un vrai 3 qui peut jouer 4. Depuis le début de la saison, Jurij Zdvoc avec Boulogne l’a beaucoup utilisé sur ce poste-là. On a considéré qu’il pouvait être un véritable apport, surtout contre une équipe monténégrine où les 4 sont souvent des joueurs qui jouent au large, qui tirent à trois-points, comme l’école serbo-croate le fait depuis très longtemps.
Le suiviez-vous depuis longtemps ?
Il était venu, il y a environ dix-huit mois, sur une fenêtre comme partenaire d’entraînement. Depuis qu’il y a des fenêtres FIBA, on a pour habitude d’annoncer une sélection de 12 joueurs que l’on a toujours complétée par des partenaires d’entraînement, qui ne sont pas directement intégrés dans notre processus de sélection. On le suivait mais, pour moi, depuis le début de saison, il a franchi un palier. Ses performances sont répétées avec une belle régularité. Bien sûr, cela a attiré un peu plus notre attention. Cela d’autant plus qu’il a beaucoup plus joué en poste 4. Pour lui, c’est aussi synonyme de plus grande efficacité parce que je trouve qu’en 3, c’est quelqu’un qui n’utilise pas beaucoup le dribble, il ne pose pas beaucoup la balle par terre. C’est beaucoup moins préjudiciable en poste 4 qu’en 3. Même si c’est un gabarit léger, il a une vraie valeur athlétique, il est long, il va vite, il bouge, il a beaucoup d’activité. Je pense qu’il a des qualités qui peuvent nous aider dans la mission qui est la nôtre d’aller gagner des matches au Monténégro.
« On se réjouit d’accueillir Thomas Heurtel, c’est une opportunité pour notre équipe et surtout son profil est très complémentaire de celui d’Andrew »
L’accord de Barcelone a-t-il été nécessaire pour pouvoir intégrer Thomas Heurtel, n’y a-t-il pas des problèmes d’assurance ? Il ne joue plus et sauf à trouver un autre club d’ici là, il sera sans compétition au moment de jouer ces matches avec l’équipe de France. D’une façon générale, craignez-vous un manque de rythme puisque pour les joueurs qui sont en Jeep Elite, on ne sait pas s’il y aura des matches d’ici là ?
C’est une très bonne question. C’est valable pour tous les joueurs, il faut demander l’accord des clubs. C’est pour cela que la sélection est annoncée un certain nombre de jours avant la fenêtre. C’est une obligation FIBA. La Fédération prévient systématiquement les clubs concernés, Barcelone comme tous les autres. Elle prend en charge l’assurance pendant la période de compétition, il n’y a pas de différence par rapport à d’autres joueurs. Pour la deuxième question, c’est effectivement un souci. J’attends avec impatience la décision qui sera, je crois, prise mardi prochain en ce qui concerne la Jeep Elite. Je préférerai clairement que les joueurs continuent à jouer. Ça me paraît essentiel, à la fois pour le basket et pour l’équipe de France. S’il y avait un arrêt total des compétitions, ça serait un vrai souci pour l’équipe de France qui devra jouer les matches en février au Monténégro.
Andrew Albicy est le capitaine et le meneur de jeu titulaire de l’équipe. Le retour de Thomas Heurtel va-t-il changer la donne ?
Je peux vous répondre tout de suite : on ne prévoit pas de changer quoi que ce soit. Andrew Albicy sera capitaine en février comme il l’était au mois de novembre. On se réjouit d’accueillir Thomas Heurtel, c’est une opportunité pour notre équipe et surtout son profil est très complémentaire de celui d’Andrew. On peut même imaginer les associer sachant que le Monténégro joue de très longues minutes avec Justin Cobbs et (Nikola) Ivanovic, qui sont également deux meneurs. Ils peuvent jouer de façon séparée mais ils sont sur le terrain un peu plus d’une mi-temps ensemble.
Mam Jaiteh avait été convoqué pour la fenêtre de novembre, il avait attrapé le COVID-19 et ainsi il n’avait pas pu venir. Vous n’avez pas souhaité le reprendre ?
Il fait partie des cas d’hésitation. La bonne tenue de la fenêtre de novembre a motivé certains de nos choix. Avec mes assistants, quand on a réfléchi sur la liste pour février, il était dans les discussions, mais on a préféré confirmer l’attelage Mathias Lessort-Jerry Boutsiele, sachant que Alex Chassang, que l’on avait utilisé pas mal en 4 en novembre, est quand même davantage à l’aise en poste 5. Il nous a semblé que prendre un quatrième poste 5 est quand même un peu un facteur de déséquilibre dans une sélection. C’était difficile de pouvoir utiliser quatre joueurs sur le même poste. Alex peut bien sûr basculer un peu en 4 mais c’est aussi pour ça que l’on a pris Maxime Roos, pour avoir une autre solution en poste 4 derrière Amath Mbaye. J’ai personnellement regardé des matches parmi les derniers que Mam a pu faire en Turquie et effectivement, il a fait des choses intéressantes comme depuis le début de saison. C’est ce qui nous avait amené à la sélectionner en novembre et là c’est plutôt un choix au profit des joueurs que j’ai cité auparavant, qu’au détriment de Mam Jaiteh. On va dire que l’on a joué la continuité.
Ovie Soko devrait faire partie de cette fenêtre. On voit en Jeep Elite que c’est un très bon joueur et il a été très efficace lors des deux premiers matches avec la Grande-Bretagne. N’est-ce pas une raison supplémentaire de se méfier des Britanniques ? On suppose que vous allez prévenir les joueurs que ce n’est pas parce que vous leur avez mis un carton au premier match que c’est dans la poche pour celui-ci ?
Tout à fait. Déjà, dans un premier temps, notre objectif est de battre le Monténégro pour assurer cette qualification, mais si d’aventure ce n’était pas le cas, on sait que ce sera plus compliqué contre la Grande-Bretagne. Déjà, on a fait un très bon match contre eux à Pau, ils étaient diminués et ils ont montré deux jours plus tard, en battant assez largement le Monténégro, qu’ils avaient du répondant. C’est une équipe qui est très agressive. Au-delà du basket, quand on joue la Grande-Bretagne, il y a cette notion de combat. C’est une équipe qui joue dur. Dès que l’on avait baissé un peu notre niveau d’agressivité, en deuxième mi-temps, on n’avait plus dominé comme en première. Et ça sans Ovie Soko, qui est le meilleur joueur de cette équipe. On sait qu’il faudra de la vigilance. Mais on espère que l’on aura déjà assuré notre qualification.
« Pour moi, il y aura les JO cet été »
Etes-vous inquiet sur la tenue des Jeux Olympiques cet été au Japon ? Et avec la saison NBA qui se terminera très tard, est-ce que ce sera un problème pour l’équipe de France ou un avantage vis-à-vis des Etats-Unis ou d’autres pays, qui pourraient aussi avoir une préparation très raccourcie ?
Les nouvelles que l’on peut avoir ne m’affolent pas quant à la tenue des JO. On a plutôt la confirmation de leur tenue, même si on sait qu’avec la pandémie, il faut toujours être prudent car il y a des évolutions quasi permanentes. Il ne faut pas trop s’attarder dessus. Pour moi, il y aura les JO cet été. C’est une situation avec la pandémie qui est plus compliquée qu’à l’habitude pour préparer. Les calendriers ne sont même pas connus aujourd’hui. On voit dans le championnat de France la difficulté pour tenir le rythme de la compétition. C’est vraiment très dur pour tout le monde. On sera forcément obligé de s’adapter. Pour les joueurs NBA, on sait que le Match 7 d’une éventuelle finale pourrait se jouer la veille de la cérémonie d’ouverture. On n’est pas sûr d’avoir des joueurs français dans cette finale ! Ca peut arriver, on a quelques joueurs dans de très bonnes équipes et en particulier parmi nos joueurs majeurs. En fonction de ça, on avisera. Avec Patrick (NDLR : Beesley, le directeur de l’équipe de France), on travaille déjà depuis pas mal de temps sur cette préparation et on sait que, un, deux, voire trois joueurs pourraient ne la prendre qu’en cours. On s’adaptera à ça mais on commencera la préparation bien en amont des Jeux. Une équipe, ce n’est pas deux ou trois joueurs mais tout un groupe. Si l’un ou l’autre de nos joueurs est en finale NBA, il sera en train de jouer et il arrivera en forme et les joueurs en question sont en équipe de France depuis de nombreuses années, ils connaissent parfaitement l’équipe et ils ont davantage de facilités pour s’intégrer très vite.
Que pensez-vous du début de saison de Timothé Luwawu-Cabarrot dans une équipe à fort potentiel ?
Quand on voyait l’équipe de Brooklyn en début de saison, il n’était pas évident qu’il puisse se faire sa place comme ceci. Sur les derniers matches, il est régulier entre 10 et 14 points, il joue une bonne vingtaine de minutes à chaque match. J’avoue que le trade d’il y a deux jours m’inquiète un peu. L’arrivée de James Harden n’est pas forcément une très bonne nouvelle. Mais comme il a été régulier et performant depuis le début de saison, j’espère qu’il aura convaincu son coach de continuer à l’utiliser. Pour nous, c’est forcément une bonne nouvelle. En plus, il a un profil qui peut être complémentaire, par exemple, d’Evan (Fournier). Même si souvent il joue 2, dans le basket international, il peut très bien tenir le poste 3. Il est physique, athlétique. C’est d’autant plus intéressant que depuis le début de saison, Nicolas Batum est systématiquement utilisé sur le poste 4.
Malgré la pandémie, êtes-vous déjà allé visiter des joueurs en Europe ou en NBA, et de façon pratique, le coach de l’équipe de France a-t-il accès aux matches d’Euroleague et de NBA qui sont à huis-clos ?
Pour l’instant, on ne l’a pas fait. On en a parlé avec Boris (NDLR : Diaw. Le manager général adjoint des Bleus) et on situe ça après la fenêtre du Monténégro, probablement à partir du début mars, en espérant que les conditions de déplacement soient davantage facilitées. Pour ce qui est d’accéder dans les salles, c’est de la négociation mais en général ça se passe plutôt bien. Même si c’est du huis-clos, on peut apercevoir lors des matches d’Euroleague ou de NBA quelques personnes derrière. Je pense que l’on pourrait en faire partie avec bien sûr le port du masque obligatoire. Pour l’instant, je suis les joueurs à travers les matches que je peux regarder de façon régulière. La saison NBA ne vient que de démarrer, on n’est qu’à quatre semaines de compétition, il n’y a pas d’urgence. Pour l’Euroleague, c’est un peu différent. On va le faire bien entendu le plus vite possible et quoi qu’il en soit, il n’y a pas de retard. Les Jeux sont au mois de juillet et le contact présentiel avec les joueurs, c’est quand même mieux quand il est plus proche de la compétition. Quand on ira les voir, on rentrera déjà dans le vif du sujet, on ira jusqu’à parler de jeu, de ce que l’on veut mettre en place, on en discutera avec eux.
*TLC fait 2,01m et a 25 ans. Ses stats avec les Brooklyn Nets cette saison : 9,2 points (36,5% à trois-points), 2,2 rebonds et 1,2 passe en 21 de temps de jeu moyen sur 13 matches.
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Quel est le contexte de cette fenêtre pour l’équipe de France ?
Avant de parler de cette liste, je veux repréciser que nous ne sommes pas encore qualifiés. Le fait que les Allemands aient été battus à la fois par les Anglais et les Monténégrins fait que l’on doit encore impérativement gagner un match, sauf si ces mêmes Allemands battaient les Anglais lors de la première rencontre, auquel cas le goal average pourrait être suffisant pour se qualifier. Mais on ne veut pas calculer et l’objectif est clairement de gagner ces dernières rencontres. Le plus vite possible sera le mieux mais comme le premier match est contre le Monténégro, ce sera compliqué car la fenêtre se déroule chez eux. Même si elle est privée de (Nikola) Vucevic et de (Bojan) Dubljevic, l’un jouant en NBA et l’autre en Euroleague, il reste quand même une ossature d’équipe qui peut être performante. On s’attend à un premier match compliqué. En ce qui nous concerne, la sélection est très proche de celle de novembre car, d’une part, elle avait donné satisfaction sur l’état d’esprit et sur ce qu’elle avait produit. C’est ce qui nous a amené à confirmer une grande majorité des joueurs, même quand il y a eu pour certains de petites hésitations avec d’autres joueurs qui pouvaient entrer en compétition. L’autre chose que vous n’aurez pas manqué d’observer, c’est l’arrivée dans le groupe de Thomas Heurtel. C’est une opportunité liée malheureusement à ses difficultés rencontrées avec le club de Barcelone. Il a été mis à l’écart de son équipe et donc on a sauté sur l’occasion. Bien sûr, il est d’accord pour être sélectionné et je me réjouis qu’il puisse renforcer notre équipe pour cette fenêtre. Ça va être pour nous un bon coup de main. L’autre arrivée dans le groupe, c’est Maxime Roos. Déjà, au mois de novembre, j’avais un peu regretté le format de sélection ; on doit l’annoncer un mois avant la fenêtre et c’était mi-octobre alors que les équipes avaient encore à peine joué. On n’avait pas eu le loisir de voir ses progrès en compétition, ce qui était arrivé entre l’annonce de la compétition et la fenêtre elle-même de novembre. Il a confirmé depuis et en plus, derrière Amath Mbaye, on manquait d’un deuxième poste 4 fuyant. C’est un vrai 3 qui peut jouer 4. Depuis le début de la saison, Jurij Zdvoc avec Boulogne l’a beaucoup utilisé sur ce poste-là. On a considéré qu’il pouvait être un véritable apport, surtout contre une équipe monténégrine où les 4 sont souvent des joueurs qui jouent au large, qui tirent à trois-points, comme l’école serbo-croate le fait depuis très longtemps.
Le suiviez-vous depuis longtemps ?
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Photo d’ouverture: Jerry Boutsiele (FIBA)