Grâce à un shoot de légende de Sergio Llull, le Real Madrid s’adjuge sa 11e Euroleague, la deuxième après 2018, au détriment de l’Olympiakos (78-79). Le Français Fabien Causeur, auteur d’un moneytime XXL, raconte « the shot », son rôle majeur dans le moneytime et sa fierté de décrocher un deuxième titre d’Euroleague, à l’Espagnole, dans des conditions particulières, puisque sa femme était à l’hôpital le matin de la finale. Témoignage.
Ce titre, cette fin de match, c’était écrit…
« C’était un super match pour les fans, le basket en général, et évidemment pour nous parce que ça nous a souri. Une finale qui se joue sur un panier de Sergio Llull sur la dernière action… c’est magnifique ! On y a cru, tout simplement. L’Olympiakos était devant, ils ont pris 6-7 points d’avance, quelques coups de sifflets qui nous ont fait très mal. On n’arrivait pas à trouver de solutions. Dans les dernières minutes, ce sont les anciens du Real Madrid sur le terrain et c’était incroyable..
Racontez-nous ce dernier tir de Sergio Llull…
Au temps-mort, on savait très bien qu’on allait jouer un pick and roll, on ne savait juste pas à qui on allait la donner. (Chus) Mateo ne va pas l’avouer mais je lui ai dit de ne pas attaquer (Thomas) Walkup, parce que c’est le meilleur défenseur sur l’homme de la compétition, je pense. Sur une dernière possession, on ne voulait pas le voir. Donc Sergi s’y est collé, et ça nous a souri, comme ça aurait pu ressortir.
Vous souvenez-vous de la dernière action du Final Four de 2018 ?
(Hésitation) Oui ! C’est un contre sur Sloukas (rires)… Quand on met le panier, on sait qu’on est à trois secondes d’un titre européen, alors ça bafouille un peu, qui on met ou ne met pas sur le terrain ? (Chus) Mateo allait mettre Nigel Williams-Goss sur Sloukas, mais il était froid, alors je lui ai dis « mets-moi sur Sloukas ». Au final, il aurait pu mettre le shoot parce que je perds l’équilibre quand il fait sa feinte de corps. S’il le met, je suis sous terre… Mais il a raté, ça m’a souri. Il y a des matches comme ça, quand on y croit jusqu’au bout, il y a des bons signes. Je sentais qu’il y avait un truc à faire. Il y avait des bons signes. Le 3-points de Sergio Rodriguez qui nous laisse dedans, c’est énorme, il fait une fin de saison absolument exceptionnelle.
A titre personnel, vous avez encore confirmé que vous brillez dans les grands matches (11 points à 4/6 aux tirs dont 3/5 à 3-points, 2 rebonds pour 8 d’évaluation en 18 minutes)…
Oui, les gens ne peuvent plus me dire que c’était de la chance. C’était mon cinquième Final Four. Le seul que j’ai raté, c’était le premier, où j’étais blessé au dos et j’avais joué 3 minutes. Mais depuis, j’ai été performant à chaque fois. L’année dernière, j’ai pas eu de réussite en finale, c’est comme ça. Depuis le début de saison, ça a été compliqué, j’ai eu des petites blessures, j’ai perdu un membre important de ma famille, ma femme était à l’hôpital ce matin, elle est enceinte et très malade. J’étais complètement déconnecté, et merci au Real Madrid qui a vraiment bien pris soin d’elle et elle a pu être au match ce soir. Je savais que j’allais tout donner pour elle, je suis un émotionnel. Vous m’avez vu pleurer à la fin du match, c’était pour ma famille… Ca va être un garçon, à coup sûr, parce que ça va être un chieur, parce qu’avec ma fille, ce n’était pas pareil (rires)… Voilà, le voyage a été un peu dur pour elle mais tout va bien maintenant, on va pouvoir rentrer, se reposer et savourer.
Vous revenez de nulle part, vous étiez à 0-2 contre le Partizan Belgrade, vous renverser Barcelone, vous gagnez le titre sur un game winner…
La série des quarts de finale, c’est un tournant. Sans parler de l’épisode de la bagarre, qui était lamentable des deux côtés et qui ont donné lieu à des sanctions -d’ailleurs Guerschon nous a manqués aujourd’hui -, on a mis du coeur et des cojones. C’est notre mentalité, on est comme ça, on y croit tout le temps. Parfois, ça passe, parfois non. Mais il ne faut pas avoir de regrets sur ce genre de matches. Il faut tout donner. Souvent, le basket est généreux quand on a cette mentalité.
Est-ce une victoire à l’Espagnole ?
Je ne sais pas si c’est une victoire à l’Espagnole mais c’est vrai que je les ai vus tellement de fois gagner comme ça, Rudy (Fernandez), Chacho (Rodriguez) et Sergio (Llull)… Je suis bien content d’être dans leur équipe depuis six ans maintenant. J’apporte mon petit grain de sable à l’équipe et ils sont contents de m’avoir aussi.
C’est plus qu’un grain de sable…
Je m’entraîne tous les jours pour ça, je suis quelqu’un de très méticuleux dans mon travail. Ils le voient, c’est pour ça que ça fait six ans que je suis ici, ils ne peuvent pas me reprocher grand-chose parce qu’ils savent que je travaille bien et que je réponds toujours présent dans les grands matches. Je n’étais pas du tout dans la rotation ces dernières semaines et, aujourd’hui, le coach me fait rentrer au bout de 4-5 minutes de jeu. C’est un signe qu’il sait que c’est le genre de matches que j’apprécie. Il n’a aucune peur. Et pourtant, je suis le premier à me plaindre quand le coach ne me fait pas jouer (rires). Je suis vraiment content pour lui (Chus Mateo), il a été très critiqué durant la saison, et il mérité d’avoir ces éloges. Battre Obradovic à 0-2, battre Jasikevicius contre la pleine équipe du Barça, et battre Bartzokas, ce n’est pas donné à tout le monde.
C’est votre 15e titre en carrière, le deuxième en Euroleague. Où le situez-vous ?
En haut, clairement, avec Belgrade (NDLR : en 2018, victoire 85-80 en finale contre Fenerbahçe). Je ne sais pas lequel est le plus beau, mais les deux sont similaires sur la finale, parce que la salle était pleine de supporters du Fener, nous n’étions pas favoris. Sans Gabi Deck, sans Guerschon Yabusele, sans Vincent Poirier, sans Petr Cornelie… c’est quand même pas mal. Allez, aujourd’hui, je vais jouer sur l’émotion, je vais dire que c’est mon plus beau titre ! »
La réaction de Petr Cornelie :
À Kaunas (Lituanie).
https://www.basketeurope.com/une/668991/euroleague-le-real-madrid-realise-le-hold-up-parfait/
Photo : Real Madrid (Euroleague)