Parmi les seuls joueurs sous contrat à l’intersaison, Giovan Oniangue (1,97 m, 31 ans) est resté fidèle à l’Elan Béarnais malgré les énormes incertitudes qui planaient autour du club. Le capitaine palois revient revanchard, prêt à tourner la page et confirmer la meilleure saison personnelle de sa carrière.
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Comment avez-vous vécu l’intersaison agitée au sein du club ?
« C’était stressant, quand même, car je faisais partie des joueurs encore sous contrat donc j’étais vraiment dans l’impatience. C’était dur pour beaucoup de monde : les salariés, ceux qui investissent, ceux qui ont participé à la construction du club. En tant que joueur, tu essaies de penser à autre chose, de passer du temps en famille. Mais ça reste des vacances stressantes car tu ne peux pas t’empêcher de penser à ton avenir, tu ne sais pas si tu restes dans le club où tu as envie de rester pour la saison d’après. »
Avez-vous émis l’hypothèse de quitter le club ?
« Bien évidemment. Ma priorité était de voir si le club allait rester en première division. Si ce n’était pas le cas, il y avait un plan B, un plan C, un plan D. »
Avez-vous senti les problèmes arriver ?
« On sentait qu’il y avait quelques problèmes en interne. Mais en tant que joueur, on ne regarde pas ça, on essaie de faire abstraction pour nous focaliser sur la saison. C’est ce qu’on a réussi à faire en remportant la Coupe de France et en allant en demi-finale des playoffs. On ne voulait pas prêter attention à ces problèmes internes. Ce qui est fait est fait. Il fallait repartir sur des bonnes bases, c’est ce qui s’est passé. »
En voulez-vous aux investisseurs américains ?
« Non, bien sûr que non. Ils ont essayé de faire leur truc. Ils sont venus avec une vision différente du business et de ce qu’ils pouvaient ramener au club. Ils avaient de bonnes valeurs mais ça n’a pas matché avec la manière dont le club fonctionne ici. C’est comme ça, on ne va pas leur en vouloir. »
Quels ont été vos contacts avec eux durant la saison ?
« D’abord, la première personne qui a voulu me ramener à l’Elan, ce ne sont pas les Américains, c’est Jimmy Vérove (NDLR : assistant), avec lequel j’avais discuté l’été d’avant. C’est à ce moment que j’ai rencontré Taqwa Pinero, contre qui j’avais déjà joué, et Stu Jackson, qui a fait partie du groupe. A ce moment-là, il y avait un beau projet avec une belle fondation. Malheureusement, le projet n’a pas pu aboutir. Au début, on ne le sentait pas venir. On était vraiment excités à l’idée de lancer un projet de moyen terme, raison pour laquelle on a pu compter dans nos rangs des joueurs comme Brandon Jefferson, ou conserver Justin Bibbins ou Hamady Ndiaye. On pensait vraiment que ce projet allait être une plus value pour tout le monde. Ça ne l’a pas fait, on fait avec. »
« Taqwa Pinero a simplement eu envie de redonner à Pau ce que Pau lui a donné »
Que répondez-vous aux gens qui estiment que vous avez gagné un titre à crédit ?
« Je peux comprendre leur frustration. Après, ce que j’ai répondu à Hervé (Beddeleem, le GM de Gravelines-Dunkerque), c’est que c’est la vérité du terrain. Si votre équipe était meilleure que la nôtre, ça serait vu. Nous, joueurs, on a fait notre travail, on s’est focalisés sur le terrain, on a rien à voir avec tout ça. La seule chose que je peux dire, c’est rendez-vous sur le terrain. »
Les salaires et les primes de la saison dernière ont-elles été versées ?
« Tout le monde n’a pas été payé. Ce qui n’a pas été réglé, ce sont les primes, qui peuvent encore être versées pendant plusieurs mois si on en croit la loi. Mais, surtout, ce qui n’a pas été réglé… c’est les tokens (rires). Les fameux tokens qu’on attend toujours aujourd’hui et que je suis certain qu’on ne verra quasiment jamais. On a fait une croix dessus, on sait très bien que ça ne va pas revenir. On avait demandé à ce que ce soit une rémunération en euros, mais ça a été en tokens, et on sait maintenant qu’ils n’existent pas. Ils ont peut-être existé mais il n’existent pas aujourd’hui. »
Quel est le futur de Taqwa Pinero, l’ancien manager général ?
« Je ne pense pas qu’il va rester dans le club, puisqu’il est entré en procédure de rupture de contrat. Il a fait son temps ici en essayant d’aider un maximum l’équipe. Ce n’est pas un mauvais mec. Il a simplement eu envie de redonner à Pau ce que Pau lui a donné. Et ça c’est mal passé, avec beaucoup de frustration au niveau interne, mais je le répète, ce n’est pas un mauvais mec. J’espère qu’il retrouvera un point de chute. »
Audrey Sauret est la nouvelle directrice générale, c’est rare qu’une femme occupe ce poste. Qu’est-ce que ça change ?
« C’est une femme, oui, mais qui a beaucoup d’expérience, je pense. Je ne la connais pas encore très bien personnellement mais, elle connait bien le basket, elle a un passé incroyable avec l’équipe de France. Elle va ramener de son vécu et de sa connaissance au club. Elle est passé par des clubs en reconstruction, par Nantes, qui a évolué d’année en année. Elle va apporter une plus-value dans l’expérience. »
« Comme l’année dernière, on est une super équipe »
Vous êtes-vous investi dans le recrutement de cette année ?
« Oui, j’ai une bonne relation avec Eric (Bartecheky) et Jimmy (Vérove). J’aspirais vraiment à ce qu’on trouve des joueurs qui aient faim, qui aient envie. Garrett Sim, c’est le parfait exemple. Il est descendu avec Chalon l’année précédente, je pense qu’il s’est refait une santé en Turquie, et il est revenu revanchard. Tu peux le sentir dans la manière dont il joue, il veut vraiment montré qu’il est là. J’ai pas mal discuté en vue de la prolongation d’Ada (Landing) Sané aussi, d’autres joueurs qui devaient venir mais pour lesquels cela ne matchait pas niveau finances, comme Darius Johnson-Odom par exemple, que j’avais proposé. »
Allan Dokossi et John Roberson étaient censés venir au club, étiez-vous au courant ?
« Pour Allan, on était au courant de son arrivée, on parlait même des appartements avec lui. C’est dommage qu’on ne l’aie pas. C’est un jeune joueur qui progresse sans cesse, qui aurait pu nous apporter beaucoup de rythme et d’athléticité, qui mérite d’avoir un statut dans une bonne équipe de première division. Je lui souhaite une belle saison avec Fos, en espérant peut-être jouer ensemble un jour. »
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Vous avez perdu Brandon Jefferson, est-ce une grosse perte ?
« Forcément, sachant qu’il avait signé deux ans. Mais aujourd’hui, on a Mike Stockton, on regarde de l’avant. Ce n’est pas le même profil. Il marquera peut-être moins de points mais il fera peut-être plus de passes (rires). »
Le recrutement a été tardif, le budget a baissé et les ambitions qui vont avec aussi…
« Pas forcément. Les ambitions, c’est toi qui te les mets, c’est toi qui provoque ton futur. Il y a de super équipes dans le championnat de France, c’est vrai. Mais j’ai aussi envie de dire qu’on est une super équipe. Et de la même manière que personne ne pensait qu’on pouvait gagner la Coupe de France, que personne pensait qu’on allait faire douter l’AS Monaco en playoffs… Qu’on ne croit pas en nous, et on va faire une belle saison (sourire) ! »
N’est-ce pas une force pour ce groupe, notamment les anciens comme Vitalis (Chikoko) et vous, d’avoir vécu un été pareil ?
« Forcément, quand tu reviens, et que tu passes par ces moments-là, ça te donne juste envie d’être soudés, ensemble. Je suis très heureux de retrouver cette année Vitalis, qui revient en force comme jamais cette année, alors qu’on se plaignait de sa méforme l’an dernier. Vitalis, Ada, moi, les nouvelles recrues… on est tous revenus en forme, revenus prêts. Même si on a commencé la présaison en retard, elle s’est très bien passée. On a tout de suite vu une alchimie entre les joueurs. Je suis reconnaissant envers Mickael Stockton, qui est là et qui ont envie de faire briller leurs coéquipiers. Au-delà de l’année dernière, on aura une équipe différente mais qui va ramener du beau jeu au club. »
« Par dessus tout, les supporters espéraient vraiment qu’on allait avoir de bons mecs »
Qu’est-ce que ça fait d’être capitaine de ce club ?
« C’est une grosse responsabilité. Le capitaine, c’est d’abord un leader qui doit montrer l’exemple en terme de caractère et de travail. Je peux ramener ce que les coachs attendent de moi, c’est-à-dire de parler, d’encourager, de réduire les frustrations des uns et des autres. J’aime bien ce rôle, que j’avais déjà eu à Orléans pendant deux ans. »
Que disent les supporters béarnais de tout ça ?
« Ils sont contents de revoir l’Elan en première division. C’est un club mythique, passionné. Les supporters espèrent qu’on va faire une bonne saison. Et par dessus tout, je pense qu’ils espéraient vraiment qu’on allait avoir de bons mecs. »
Quand tout a failli disparaître comme ça, on est davantage motivés ?
« On est revanchards. Même si nous, en tant que joueurs, on n’a pas besoin d’être revanchards, on a envie de montrer que le club mérite sa place en première division. »
L’avis de Nicolas Lang, en tant que seul respecté du rival limougeaud, sur l’été de l’Elan Béarnais : « J’ai suivi cela d’un peu loin. Tu entends de tout et de n’importe quoi. Je m’intéresse beaucoup à l’économie aussi et j’en ai marre des gens naïfs. L’argent, c’est bien, mais il ne faut pas croire au Père Noël non plus. J’adore Mulhouse mais si un président américain à Mulhouse me contacte pour me faire venir en me disant « on va en faire la huitième merveille du monde », je vais lui dire qu’il me prend pour un débile. Puis, il faut penser aux gens qui ont des emplois grâce au club. Tu as trois gars qui arrivent et qui te sortent ce que tu veux entendre… je déteste ça. Je trouve ça dommage que ça ait mis des gens en péril. Il y a un an déjà, quand j’entendais les dirigeants, je trouvais ça surréaliste. Les Etats-Unis – la France, ce sont deux cultures différentes. »
L’avis d’Allan Dokossi (Fos), qui aurait dû signer un bail au long terme à l’Elan, sur la prochaine saison de Pau : « Le budget de Pau a été coupé. Qui dit budget coupé, dit des joueurs un peu moins réputés, et une longueur d’effectif moins importante, même s’il reste de très bons joueurs comme notamment Giovan Oniangue, qui est comme un grand frère pour moi, et qui n’est pas capitaine pour rien. Je pense qu’ils seront cette année dans le même bateau que nous pour obtenir leur maintien. Je vais suivre leur saison attentivement. »
À Paris.
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Comment avez-vous vécu l’intersaison agitée au sein du club ?
« C’était stressant, quand même, car je faisais partie des joueurs encore sous contrat donc j’étais vraiment dans l’impatience. C’était dur pour beaucoup de monde : les salariés, ceux qui investissent, ceux qui ont participé à la construction du club. En tant que joueur, tu essaies de penser à autre chose, de passer du temps en famille. Mais ça reste des vacances stressantes car tu ne peux pas t’empêcher de penser à ton avenir, tu ne sais pas si tu restes dans le club où tu as envie de rester pour la saison d’après. »
Avez-vous senti les problèmes arriver ?
« On sentait qu’il y avait quelques problèmes en interne. Mais en tant que joueur, on ne regarde pas ça, on essaie de faire abstraction pour nous focaliser sur la saison. C’est ce qu’on a réussi à faire en remportant la Coupe de France et en allant en demi-finale des playoffs. On ne voulait pas…
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Photo : Giovan Oniangue (Media Day LNB)