Le 7 septembre prochain, « Astro ghost, le fantôme de l’Astroballe », un polar inspiré de l’ASVEL, sort en librairie. À l’occasion de la sortie de ce troisième opus des enquêtes du Moineau de Bellecour, Basket Europe a rencontré son auteur, Jean Ducreux.
Non, ce n’est pas une blague. Dans quelques jours, le 7 septembre, vous pourrez avoir entre les mains un roman policier inspiré de l’ASVEL. « Astro ghost, le fantôme de l’Astroballe », publié aux Éditions Héraclite, est l’oeuvre du romancier rhônalpin Jean Ducreux, fan de basket, et particulièrement du club villeurbannais.
Il publie ici son septième roman, le troisième d’une saga, les enquêtes du Moineau de Bellecour. Plus qu’une simple énigme policière, ce récit emmène le lecteur à l’Astroballe, la salle historique de l’ASVEL, et ses abords dans une énigme à la touche humoristique. Jean Ducreux nous dévoile les contours de cet étonnant polar sur fond de balle orange.
Comment l’idée d’écrire un livre inspiré de l’ASVEL est-elle venue ?
« L’idée d’un roman policier sur l’ASVEL, avec l’ASVEL, autour de l’ASVEL, avec des personnages connus de la planète basket, m’a été initialement suggérée par Luc Paganon, journaliste au Progrès, avec qui je partage un amour immodéré du basket en général, et de l’ASVEL en particulier. Luc est également un lecteur attentif du Moineau de Bellecour et il apparaît en caméo dans Tirage gagnant, le Moineau 2, en tant que personnage parlant. Il lui arrive d’ailleurs tout un tas de péripéties dont je ris encore aujourd’hui. Je lui ai demandé pardon, d’autant que ses parents et ses enfants ont lu le roman en question et qu’ils doivent m’en vouloir énormément (sourire).
Ensuite, l’intrigue du Fantôme de l’Astroballe s’est développée autour d’un axe thématique principal, qui est celui de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, un terrain général sur lequel l’ASVEL, homme comme femme, donne un sacré exemple en France, de même que la ville de Villeurbanne, tous champions anti-discrimination. Je ne peux dévoiler plus de détails, sous peine de déflorer mon sujet. On a d’une part la face vertueuse de l’homme – celle du club – qui côtoie le côté sombre de l’âme humaine, des criminels méprisables à tous égards que mon détective privé de la place Bellecour va pourchasser et vaincre. Pas de surprise là-dessus, le Moineau est un être extrêmement positif et bienveillant et c’est lui qui triomphe à la fin.
Enfin, le bouquin se passe aux trois quarts à Villeurbanne, pas seulement à l’Astroballe (et même à Mado Bonnet), mais aussi dans le cœur administratif du club, et puis au cimetière à côté, à la gare routière Laurent-Bonnevay, à l’usine hydroélectrique voisine, au stade nautique, sur le terrain de rugby Georges Lyvet, chez les pompiers en face. Bref, on ne bouge pas du quartier ! »
À partir de quelle documentation avez-vous travaillé ?
« J’ai fait pas mal de recherches sur le web, et je pense que ça se sent, car tous les détails que j’inclus dans le bouquin sont 100 % vérifiés et vérifiables, en dehors du complot criminel qui est bien sûr entièrement inventé. Ensuite, j’ai passé des heures en reconnaissance sur le terrain, la gare, la piscine, le cimetière, le camp de romanichels de la rue de Pierrefrite (disparu depuis), j’ai pris des photos quand j’assistais à un match, intérieur et extérieur de l’Astroballe, jour et nuit. Je ne rate pas un match, quand je décris l’ambiance, la température qui monte dans les tribunes, l’aboyeur qui demande « Faites du bruit ! » ou bien « Debout-debout-debout », c’est du vécu, un ressenti personnel de tous les instants.
Enfin, j’ai bénéficié d’un super coup de bol : par l’entremise de Corinne Ducarre et Alexia Leduc, au siège, j’ai rencontré par deux fois le directeur général adjoint de l’ASVEL, Alain Cloux (NDLR : en partance pour Limoges cet été), un type fantastique, intelligent, fin, plein d’humour, qui a passé des heures avec moi dans les bureaux du club et dans tous les recoins de l’Astroballe, des vestiaires à la salle de muscu, et qui a répondu à une liste interminable de questions. J’avais besoin de tout bien comprendre pour exploiter ces infos efficacement dans le bouquin. Quelle patience il a eue ! On retrouve toutes ses réponses à lui dans le polar. Quand on suit le détective privé Nacho Obispo dans les couloirs du club, dans les loges, dans l’énorme salle des Espaces Atypiques, je ne fais que décrire ce que j’ai vu, en prenant quantité de notes. Comme vous le savez, l’Astroballe est construite principalement en sous-sol – semi enterrée – et organisée en rond, autour du parquet central. Je crois que j’ai baladé Alain trois fois autour de ce terrain, en lui tirant les vers du nez sur les moindres aspects du club, l’organigramme, qui est qui dans le club, qui gère les cintres, le système de la sono, les caméras de surveillance, les bénévoles et j’en passe, jusqu’à la matière des filets utilisée pour les paniers, des heures durant ! Pour le remercier, je lui ai même attribué un rôle parlant dans cette histoire. J’espère là aussi que sa famille me pardonnera (rires). »
Quelle a été la réaction de votre éditeur quand vous lui avez suggéré un livre inspiré de l’ASVEL ?
« Damien Corban, le patron des Éditions Héraclite, est un type fantastique. Il a dit « banco » tout de suite. Et il m’a aussi dit pas plus tard qu’hier qu’Astro Ghost, le Fantôme de l’Astroballe, est pour lui le meilleur des trois Moineaux. Il est difficile pour moi d’en juger, bien sûr. Le Moineau de Bellecour est une collection, chaque enquête est complètement dissociée des autres. Je suis reconnaissant envers Damien d’avoir édité trois volumes du Moineau de Bellecour en dix-huit mois seulement, mais, bon, le succès que rencontre ce détective privé atypique depuis la première enquête semble lui donner raison. »
Dans ce livre, il est question de l’OSVEL, du président Antwan Parcoeur. Vous aimez détourner la réalité, n’est-ce pas ?
« C’est une spécificité majeure de la collection Le Moineau de Bellecour : la caricature, oui, on décolle complètement du réel. Je n’écris pas des polars archi sérieux ou gore, c’est hyper structuré, soit, mais l’humour est la caractéristique première du style que j’utilise dans cette collection. Depuis sa première enquête, Salsa Picante, le détective privé Nacho Obispo – natif d’Ainay, doué d’une empathie peu ordinaire, grenouille de bénitier qui s’ignore, marié à la très catholique Marie-Caroline (surnommée MaCa) et père de six enfants et d’un chihuahua capricieux – évolue dans un univers connu de tous, Bellecour, Perrache, la Part Dieu, etc. Mais c’est bien la seule attache au réel. Les enquêtes du Moineau se déroulent vraiment à un autre niveau, un méta niveau, plutôt marrant, du moins je l’espère. Les relations entre les gens sont souvent déroutantes, jamais habituelles ou attendues, surtout les personnages récurrents, comme le Commissaire Dinandier et son adjoint Mamadou Ndiambour.
Pour revenir à votre question, oui, c’est le président « Parcoeur » qui demande au Moineau d’enquêter sur une ombre fantomatique qui hante les couloirs de l’Astroballe, et non pas Tony Parker. J’ai choisi d’emblée. Effectivement, TP9, il va le rencontrer, mais c’est tout de même plus amusant de l’appeler différemment, puisqu’on est dans la caricature. Imaginez : « Nacho Obispo rencontre le président Tony Parker »… Ce n’est pas drôle (rires) ! Alors, le lecteur va s’amuser à chercher qui se cache derrière des pseudos tels que Michel-Jean Lasso venu en voisin, Kalamaki Adetokunbo, le sponsor Claude de la Bergerie, Elijah O’Kindle (le soleil de Phoenix), Paolo Labomba, le commentateur Jack Montclerc, etc. Les basketteurs de mes amis qui ont eu le bouquin entre les mains s’en sont donné à cœur joie et ont bien rigolé : il y a au moins une cinquantaine de noms cachés, les uns et les autres subissent les longs interrogatoires de la PJ. Les pseudos sont complètement transparents (ou peut-être un peu moins, pour certains), j’en ris encore. Il y a même un joueur natif de Montbrison, comme moi, un dénommé Guilhem Hautvar ! Tout ce monde-là aide le Moineau dans sa quête ! C’est un peu comme un jeu de piste réservé aux aficionados, mais en sous-main. Alors que pour le lecteur lambda, ça ne fait pas de différence : ce ne sont que des noms à l’intérieur d’une intrigue policière solide et complexe. Et j’insiste sur un point : tout ça est très bon enfant, vraiment bien intentionné, je ne me moque pas, j’ai trop de respect pour toutes les personnes que rencontre le Moineau et que le grand public reconnaîtra peut-être. »
Sans en dévoiler davantage, pouvez-vous décrire à nos lecteurs l’histoire de ce livre ?
« Volontiers : le détective privé lyonnais Nacho Obispo assiste à un match d’Euroleague de son club préféré lorsque l’invraisemblable se produit : un acte de vandalisme absolument insensé qui va interdire l’utilisation du parquet pendant de longues semaines. Pendant que la police judiciaire fait son travail, le président du club fait venir le Moineau dans sa loge et le charge d’enquêter en marge de la police sur un pseudo spectre que quatre employées du club seulement ont pu apercevoir de loin. Le fantôme de l’Astroballe a-t-il quelque chose à voir avec les dégradations en cours ? Le Moineau est engagé dans la cellule communication du club, sous les ordres d’Enrique Garcillas, et il est donc idéalement bien placé pour observer les allées et venues des uns et des autres. Selon ses mots, lui, le fan absolu, se sent « comme un gamin pénétrant dans une fabrique de jouets ». Rapidement, notre détective voit pour la première fois l’ectoplasme, en même temps qu’il constate de nouveaux dégâts à l’Astroballe. Puis il découvre le premier cadavre, celui d’un ex-employé récemment congédié par le DGA Alain Pointeix. La police poursuit ses investigations, interroge tous les joueurs, alors que Nacho, stupéfait, se demande si le spectre n’est pas un vrai fantôme, revenu du royaume des morts pour le prévenir chaque fois qu’un mauvais coup se prépare. Son épouse MaCa estime qu’il déraisonne. La situation dérape, ça galope, etc. Et de rebondissements en surprise, on arrive à un dénouement tout à fait inhabituel dans un polar ! »
Finissons sur une question plus personnelle : qu’avez-vous fait avant de devenir écrivain ?
« Alors, j’ai fait mes premières armes dans le scénario, avec des bonheurs très divers, tout en étant prof d’anglais. Mon dernier poste avant la retraite était à l’université Claude-Bernard Lyon 1, campus de la Doua, de 2007 à 2020. Aujourd’hui, je suis écrivain à plein temps… et Astro Ghost est mon septième roman ! »
Astro Ghost, le fantôme de l’Astroballe se trouvera dès le 7 septembre en rayon ou à la commande chez tous les libraires de France et de Navarre, ou par correspondance sur le site des Éditions Héraclite.
Plus de détails sur le site : http://ducreux.us/
Photo d’ouverture : Emmanuel Fradin