Après avoir passé l’essentiel de sa carrière à l’étranger, Kim Tillie (2,10 m, 34 ans) a fait son retour en France cet été à Cholet, dans un championnat qu’il juge « en progrès constant ». Le médaillé de bronze à la Coupe du monde 2014 se voit jouer encore quelques années, et pourquoi pas finir sa carrière dans l’Hexagone avant un retour aux Etats-Unis, où il prépare sans pression sa reconversion dans le coaching.
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Comme Adrien Moerman, Nando De Colo ou Joffrey Lauvergne, Kim Tillie fait partie partie de ces trentenaires expérimentés revenus dans le championnat de France cet été. Pour des raisons personnelles certes, mais sans doute aussi pour le niveau de la Betclic Elite, « tirée vers le haut par les locomotives que sont l’ASVEL et Monaco », les deux représentants français d’Euroleague, deux de ses anciens clubs. Le frère de Killian Tillie espère jouer jusqu’à 40 ans avant de retourner aux Etats-Unis, le pays de sa femme rencontrée pendant son cursus universitaire, et pourquoi pas devenir coach.
L’intérieur réalise un très bon début de saison collectif dans les Mauges entre championnat (6 victoires, 1 défaite) et FIBA Europe Cup. Ses statistiques individuelles ne sont plus celles de ses cinq saisons d’Euroleague (2,6 points, 3,7 rebonds pour 5,9 d’évaluation en 17 minutes sur 7 matches de Betclic Elite) mais son expérience du très haut niveau international y est sans doute pour quelque chose dans la réussite choletaise. Après quinze années à sillonner l’Europe (l’Espagne, la Grèce ou le Monténégro), mais aussi le monde (Etats-Unis, Japon), Kim Tillie dresse le bilan de ses années à l’étranger, loue la progression du championnat de France et se projette sur son avenir dans un entretien à Basket Europe.
Vous avez passé l’essentiel de votre carrière à l’étranger. Que signifie ce retour en France pour vous ?
« C’était le bon moment. J’avais exprimé mon désir de rentrer en France après ma saison en Grèce (NDLR : avec Kolossos Rhodes). Tout s’est bien passé là-bas, on a fait une très bonne saison (3e de saison régulière), j’étais en forme physiquement. Donc j’ai eu plusieurs offres pour revenir en France mais c’est le projet de Cholet qui m’a le plus convaincu suite à ma conversation avec Laurent Vila. Ici, c’est vraiment une terre de basket avec une grosse histoire. Je suis très content d’avoir fait ce choix-là. »
Que vous a dit Laurent Vila par rapport à votre rôle ? Est-il vraiment différent de celui que vous avez ces dernières années ?
« Tout à fait. Je ne cherchais pas à jouer 35 minutes et être le leader offensif de l’équipe, je cherchais plus un rôle dans la rotation. Je suis là pour apporter de l’énergie, de la motivation, de l’expérience et des conseils pour les joueurs plus jeunes. Mon rôle est de m’assurer que tout le monde est à 100 %. À Vitoria, par exemple, il y avait plusieurs capitaines : celui du terrain, du vestiaire, de la défense. Moi j’étais le co-capitaine de la défense, je motivais le groupe. C’est ce rôle qu’on attend de moi à Cholet en complément de Perry Ellis, qui est un poste 4 très fort scoreur. Moi, j’arrive ensuite avec mes qualités de rebond, de défense. C’est un rôle que j’affectionne particulièrement. Le groupe est jeune, talentueux, ambitieux, cette équipe a une grosse marge de progression, c’est exaltant. »
Quelle expérience vous a le plus marquée à l’étranger (États-Unis, Espagne, Monténégro, Japon, Grèce) ?
« Je n’ai vécu que des expériences humaines incroyables mais le Japon est peut-être mon expérience favorite. En terme de basket, je ne sais pas si ça été le meilleur choix de ma carrière (rires), mais ça été un séjour formidable. Quand mon agent m’a dit que j’avais une offre du club d’Okinawa, je suis dit « c’est où ça ? » et je me suis renseigné. J’ai été séduit par ce que j’ai vu. Le club a des infrastructures dignes de la NBA, le basket est un sport très populaire là-bas. Par exemple, j’ai inscrit le shoot de la gagne pour forcer un match 3 lors d’une rencontre de playoffs et la vidéo a fait 50 000 vues sur Twitter en cinq minutes. En France, ça n’aurait sans doute pas eu le même effet. »
Que retenez-vous de vos passages à l’étranger ?
« J’ai fait la plus grosse partie de ma carrière en Espagne. Quand j’étais au pic de ma carrière, le basket espagnol correspondait parfaitement à mon jeu. Ce que je retiens surtout, ce sont mes cinq saisons d’Euroleague (trois à Vitoria, une à l’Olympiakos, une à Gran Canaria). Toutes les semaines, tu joues contre les plus grandes équipes d’Europe. Cette expérience de jouer contre les meilleurs joueurs européens, ça reste. Tu sais à quel point tu dois être concentré sur chaque match, chaque action, sinon tu es puni instantanément. C’est ça que je retiens le plus. J’essaie d’apporter cette expérience aux joueurs français à Cholet. Je partage mes anecdotes, le niveau auquel tu dois te préparer pour jouer au plus haut niveau. »
« L’ASVEL et Monaco sont deux clubs énormes. Ils tirent tout le monde vers le haut parce que tous les clubs autour doivent trouver des solutions pour trouver plus de budget, plus de sponsors, pour se donner une chance de les concurrencer »
Quelles sont les différences entre la France et les pays dans lesquels vous êtes passé, notamment en termes d’infrastructures, sur le plan sportif ?
« Je pense que c’est tout à fait comparable, tous les pays se valent en Europe à mon sens. Ce que je peux dire au niveau du basket, c’est aussi que la France a énormément progressé depuis 10 ans dans tous les aspects : infrastructures, médiatisation – si l’on enlève ce petit couac de droits TV l’année dernière (rires) -, niveau de jeu. Je trouve qu’on a passé un cap. Les budgets de quasiment tous les clubs professionnels ont progressé. On a deux locomotives (NDLR : l’ASVEL et Monaco, deux clubs dans lesquels Kim Tillie a évolué) qui poussent tout le monde vers le haut. On a des projets de nouvelles salles, un engouement général. »
Comment situez-vous l’évolution de l’ASVEL et de Monaco ?
« En Espagne, il y a le Real Madrid et le FC Barcelone qui sont deux clubs ancrés, qui jouent l’Euroleague. Et je me disais souvent « pourquoi » on n’arrive pas à faire pareil ? Et enfin, maintenant, on arrive à avoir deux clubs dans la plus grande compétition européenne – enfin si Monaco arrive à s’implanter durablement (NDLR : le club ne dispose pas encore de licence permanente). L’ASVEL va bientôt avoir sa nouvelle salle, il y a l’académie Tony Parker qui gravite autour, ils sont sur le bon chemin. Pour Monaco, c’est pareil, c’est un club très ambitieux même si dans la structuration, il leur manque encore un vrai centre de formation et une très grande salle à mon sens. J’ai quand même l’impression que c’est un peu argent illimité depuis le changement de président (rires), donc tous ces soucis devraient être corrigés sur le moyen et long terme. Mais c’est génial pour le basket français en tout cas. Aujourd’hui, ce sont deux clubs énormes. Ils tirent tout le monde vers le haut parce que tous les clubs autour doivent trouver des solutions pour trouver plus de budget, plus de sponsors, pour se donner une chance de les concurrencer. C’est vraiment bien. »
Y a-t-il des différences culturelles entre les pays dans lesquels vous êtes passé sur le plan du basket selon vous ?
« Il n’y a pas tant de différences entre les pays dans lesquels je suis passé, sincèrement. En Espagne, ce qui est différent, c’est surtout ce que tu manges au restaurant et comment les gens sont impliqués dans le basket. Quand je regarde mes années à Vitoria, ça rappelle un peu l’atmosphère de Cholet. C’est une petite ville mais on sent dans une ambiance de village où tous les habitants de la ville vont à la salle de basket le weekend. »
« J’ai habité quatre ans aux Etats-Unis. J’aimerais bien retourner là-bas pour coacher au niveau universitaire »
Vous avez 34 ans, vous avez signé une saison à Cholet…
« C’est le début de la fin, ou la fin du début, c’est ça ? (Rires) »
… Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ? Vous voyez-vous jouer jusqu’à 40 ans ?
« C’est une bonne question à laquelle je ne peux pas encore répondre. J’aimerais continuer à jouer le plus longtemps possible mais est-ce que j’en serai capable ? Je ne sais pas encore. Il faut que le corps et la tête marchent bien. Ce que je sais, c’est que je connais mieux mon corps et je sais mieux comment l’utiliser aujourd’hui. Mais il faut se préparer à l’après-basket, c’est sûr, ce serait insensé de ne pas commencer à y penser alors que j’approche mes 35 ans, donc je me prépare « au cas où », mais ça ne veut pas dire que je me prépare à m’arrêter sur le champ. J’adore jouer au basket, je suis encore très motivé, je veux jouer le plus longtemps possible. »
Quels sont vos axes de réflexion pour l’après-carrière ?
« Ma femme est Américaine. J’ai habité quatre ans aux Etats-Unis (NDLR : de 2006 à 2010 lors de son cursus universitaire avec les Utah Utes), c’est pendant ces années que j’ai rencontré ma femme. J’aimerais bien retourner là-bas pour coacher au niveau universitaire, il y a plein d’universités et de lycées, c’est un axe de réflexion que j’ai aujourd’hui. On verra. »
Allez-vous terminer votre carrière en France ?
« C’est possible, mais je ne ferme évidemment aucune porte, je reste un voyageur dans l’âme (sourire). Mais cela sera conditionné à une belle offre. Si un club espagnol veut me signer la saison prochaine, peut-être que je réfléchirai à la proposition (rires). Plus sincèrement, ça fait du bien de rentrer en France, c’est une bonne chose pour mes enfants, j’espère rester le plus longtemps possible ici. Jusqu’à maintenant, mes enfants, qui ont respectivement 4 et 6 ans, n’ont pas trop grandi en France. Je pense que c’est une très bonne chose pour eux qu’ils découvrent la France avant probablement d’aller aux Etats-Unis. »
En parlant des Etats-Unis, votre frère Killian vit son rêve américain. Où en est-il dans sa carrière* ?
« Il avait réalisé un passage incroyable l’année dernière en NBA. Toute son équipe (NDLR : les Memphis Grizzlies) était touchée par le Covid, il était l’un des seuls à ne pas l’avoir été et à la clé, il a eu beaucoup de temps de jeu par moments. Il a ensuite signé un contrat de deux ans garanti. Décrocher un contrat NBA sans avoir été drafté, après être passé par un « two way contract », en ayant de la concurrence devant soi sur son poste avec les trades qui ont été réalisés, c’est quelque chose d’incroyable. En fin de compte, il travaille très dur et je ne suis pas surpris. »
On ne reverra pas votre frère en France, avec vous, dans un futur proche ?
« (Rires) Je ne sais pas, seul l’avenir nous le dira ! »
*Non conservé par les Memphis Grizzlies à l’aube de la saison 2022-2023, Killian Tillie garde en tête l’objectif de rester outre-Atlantique, quitte à passer par la case G-League.
Entretien réalisé à Paris lors du Media Day de la LNB.
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Comme Adrien Moerman, Nando De Colo ou Joffrey Lauvergne, Kim Tillie fait partie partie de ces trentenaires expérimentés revenus dans le championnat de France cet été. Pour des raisons personnelles certes, mais sans doute aussi pour le niveau de la Betclic Elite, « tirée vers le haut par les locomotives que sont l’ASVEL et Monaco », les deux représentants français d’Euroleague, deux de ses anciens clubs. Le frère de Killian Tillie espère jouer jusqu’à 40 ans avant de retourner aux Etats-Unis, le pays de sa femme rencontrée pendant son cursus universitaire, et pourquoi pas devenir coach.
L’intérieur réalise un très bon début de saison collectif dans les Mauges entre championnat (6 victoires, 1 défaite) et FIBA Europe Cup. Ses statistiques individuelles ne sont plus celles de ses cinq saisons d’Euroleague (2,6 points, 3,7 rebonds pour 5,9 d’évaluation en 17 minutes sur 7 matches de Betclic Elite) mais son expérience du très haut niveau international y est sans doute pour quelque chose dans la réussite choletaise. Après quinze années à sillonner l’Europe (l’Espagne, la Grèce ou le Monténégro), mais aussi le monde (Etats-Unis, Japon), Kim Tillie dresse le bilan de ses années à l’étranger, loue la progression du championnat de France et se projette sur son avenir dans un entretien à Basket Europe.
Vous avez passé l’essentiel de votre carrière à l’étranger. Que signifie ce retour en France pour vous ?
« C’était le bon moment. J’avais exprimé mon désir de rentrer en France après ma saison en Grèce (NDLR : avec Kolossos Rhodes). Tout s’est bien passé là-bas, on a fait une très bonne saison (3e de saison régulière), j’étais en forme physiquement. J’ai eu plusieurs offres pour revenir en France mais c’est le projet de Cholet qui m’a le plus convaincu suite à ma conversation avec Laurent Vila. C’est vraiment une terre de basket avec une grosse histoire…
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Photo : Kim Tillie (Tuan Nguyen)