Passé par les plus grands clubs d’Europe, Léo Westermann ne cache pas son envie de devenir entraîneur à l’issue de sa carrière. D’ici là, le meneur international souhaite amener Monaco aux playoffs de l’Euroleague et rebondir après les blessures qui ont gâché son début d’exercice prometteur.
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Léo Westermann (1,98 m, 29 ans) est l’un des piliers de l’AS Monaco cette saison. Malgré les blessures et le manque de rythme, il endosse son rôle de capitaine de la Roca Team avec brio. Avant le choc contre l’ASVEL – son club formateur – et après la désillusion monégasque contre Kaunas, l’international français s’est confié à Basket Europe et a notamment livré son ressenti sur Mike James, le remplacement de Zvezdan Mitrovic par Sasa Obradovic en cours de saison, l’arrivée du nouveau propriétaire Alexey Fedorychev ou encore sa volonté de devenir coach après sa carrière, une idée soufflée notamment par son ancien entraîneur Sarunas Jasikevicius. Entretien.
La Roca Team a manqué une belle occasion de recoller dans la course aux playoffs d’Euroleague jeudi soir contre Kaunas. Que vous êtes-vous dit hier dans le vestiaire après la rencontre ?
« On était énervés. C’est quand même le troisième match de l’année où on est devant à domicile et qu’on lâche sur la fin, avec le Barça et la Real. Trois matches, c’est énorme, surtout à domicile. Bien sûr, ça amène de la frustration, de l’énervement, que ce soit le coach ou les joueurs. A chaud, c’est difficile de l’analyser. Quand tu mènes pendant 39 minutes et 40 secondes, ça fait mal. On va continuer à travailler, il n’y a pas le choix, et tant qu’il y aura une chance, on va la jouer à fond. »
Un match important arrive dès dimanche en championnat de France (interview réalisée vendredi) contre l’ASVEL. C’est l’occasion parfaite pour oublier Kaunas ?
« C’est sûr, on remet tout de suite la tête dans le guidon contre l’ASVEL. On n’a vraiment pas le temps de réfléchir dans cette Euroleague, c’est ce qui est bien et aussi contraignant : on n’a pas le temps de tergiverser sur une défaite. Cela dit, il ne faut pas jeter à la poubelle ce qu’on a fait ces dernières semaines. Jusqu’à Kaunas, les attitudes étaient très bonnes en début d’année. Jeudi soir, c’était bien sûr très décevant, mais on a aussi gagné des matches difficiles à l’extérieur avant. Tout n’est pas à jeter. On sait malgré tout que l’équilibre de l’équipe est fragile, que ça peut partir à n’importe quel moment, donc il faut rester ensemble, se concentrer sur la suite et garder le même objectif. On peut battre tout le monde, et on peut aussi perdre contre tout le monde. »
A titre individuel, vous êtes éloigné des terrains depuis mi-janvier. Où en êtes-vous physiquement ?
« J’ai repris les entraînement collectifs. Je serai certainement disponible dimanche contre l’ASVEL. Est-ce que le coach jugera que je peux être dans l’équipe ? Je ne sais pas, mais je suis sur la fin de ma rééducation. On va y aller crescendo, en y allant au fur et à mesure. »
« Mike James est un super gars, quelqu’un d’entier, qui est toujours à 100 % et qui a un caractère bien trempé, ce n’est pas facile pour lui de gérer sa frustration. Mais, d’un autre côté c’est quelqu’un qui est là pour gagner, pour être un leader. Et au-delà de ses talents de joueur qui sont exceptionnels, il a confiance en moi. »
Vous avez manqué les trois premières rencontres de la saison contre l’ASVEL, votre club formateur après l’INSEP. Quels liens gardez-vous avec ce club et de quel oeil voyez-vous leur saison ?
« Forcément un lien particulier, c’est le club qui m’a lancé dans le grand bain, qui m’a fait énormément confiance dès le début, avec des gens que j’apprécie énormément, que ce soit dans les bureaux ou sur le terrain. Jouer à l’Astroballe, ça fait toujours quelque chose. Ils ont fait un très bon début de saison, puis après, c’est vrai que le rouleau compresseur de l’Euroleague, ça ne pardonne pas. Quand on commence à empiler les blessés, perdre un ou deux matches, accumuler de la fatigue, jouer le championnat de France qui est quand même assez difficile à jouer. Ils ont eu une période dure, quand tu perds David Lighty qui est pour moi un joueur clé dans l’équipe, ça a fait extrêmement mal. Mais on sait qu’en fin de saison, quand tout le monde sera en forme, il batailleront pour le titre. T.J. (Parker, coach de l’ASVEL) fait un super job avec eux, et ça sera une belle bataille avec eux pour le titre, même si il y aura aussi d’autres équipes, notamment les Metropolitans qui peuvent jouer dans cette cour. Mais il est vrai que ça faisait très longtemps qu’on n’avait pas vu deux effectifs de cette longueur et cette qualité en championnat de France. »
Comment ressentez-vous cette rivalité naissante entre Monaco et l’ASVEL, d’un côté la puissance internationale et de l’autre ciblée sur les joueurs français ?
« Pour moi, cette rivalité, c’est vraiment ce qui donne envie de jouer un match, de sentir cette tension, ce petit truc en plus qu’on n’a pas forcément quand on joue d’autres équipes. Ça va devenir une affiche de la Betclic Elite pendant quelques années. Quand tu joues cette équipe 4 à 10 fois, entre l’Euroleague, le championnat, la coupe, la Leaders Cup, par saison, contre la même équipes, les mêmes joueurs, ça rajoute de l’animosité. C’est très moteur pour le championnat, et ça nous passionne forcément en tant que joueurs. »
Que pensez-vous de votre équipe à géométrie variable, où chaque joueur peut potentiellement s’asseoir en tribunes du fait de la longueur de l’effectif ?
« C’est sûr que c’est très compliqué pour les joueurs. Après, j’ai toujours fait partie d’effectifs à rallonge, que ce soit au Fenerbahçe, au CSKA Moscou ou à Barcelone, donc ça ne me change pas tellement. A chaque match, il y a quatre bons joueurs qui vont s’asseoir en tribunes. Ça fait partie des aléas d’une équipe de très haut niveau qui essaie d’être performante sur plusieurs tableaux. Pour moi, c’est devenu quelque chose de normal. Même si, dans le championnat de France, on ne connait pas encore ou peu tout ça. En voyageant à droite à gauche, c’est quelque chose d’assez commun. Et c’est difficile pour les joueurs qui ne jouent pas parce que c’est un cercle vicieux : tu ne joues pas, tu manques de rythme, tu ne performes pas, tu joues moins, donc tu as encore moins de rythme… Il faut être capable de garder la confiance. Dans ce genre d’équipe, il faut être très fort, notamment mentalement. Je prends toujours l’exemple de Fabien Causeur à Madrid qui fait un job exceptionnel. Ça lui est arrivé de ne pas jouer pendant deux, trois matches, et derrière, quand un match important arrive, il est toujours là. C’est pour ça qu’il est toujours au Real d’ailleurs, car il a cette capacité à être bon sur le peu de minutes qu’on lui donne. C’est le lot de chaque grande équipe. »
« Tout changement de coach ou de joueur dans une équipe en pleine saison, je le vis un peu comme un échec. On est jamais content de mal jouer, de voir quelqu’un partir, on a une part de responsabilité là-dedans, donc ça nous touche. J’étais assez sensible au fait que Zvezdan (Mitrovic) parte, parce que c’est lui qui m’a choisi ici. »
En dehors des terrains, Mike James est-il est aussi imprévisible que sur le parquet ?
« Il n’est pas si imprévisible qu’on peut le penser. Quand je parle de lui, j’aime bien parler de la globalité de la chose. Quand j’ai appris que Mike James signait à Monaco, j’avais quelques a priori sur lui parce que ce qu’on a entendu à droite à gauche n’était pas forcément positif, on ne va pas se le cacher. Et pourtant, quand j’ai commencé à sonder des joueurs qui ont joué avec lui, Kim Tillie et Adam Hanga à Vitoria notamment à Vitoria, ils m’ont dit qu’ils avaient apprécié l’homme. Donc je me suis dit que je devais me faire ma propre idée avec lui, je pars toujours de ce principe là. Et j’ai rencontré un super gars, quelqu’un d’entier, qui est toujours à 100 % et qui, bien sûr, a un caractère bien trempé, ce n’est pas facile pour lui de gérer sa frustration. Mais, d’un autre côté c’est quelqu’un qui est là pour gagner, pour être un leader. Et au-delà de ses talents de joueur qui sont exceptionnels, on a une relation particulière. J’ai senti qu’il avait beaucoup de confiance en moi, en ce que je disais. On échange beaucoup. Ce n’est pas seulement un gars qui vient jouer au basket, il est vraiment investi dans la vie de l’équipe, et comment elle peut s’améliorer. Il a forcément pas mal d’expérience à ce niveau-là, donc on se rejoint sur pas mal de points. Après, il faut juste savoir le canaliser du mieux possible, c’est ce que Sasa (Obradovic) fait extraordinairement bien depuis qu’il est arrivé. »
Comment le groupe a-t-il vécu le départ de Zvezdan Mitrovic et son remplacement par Sasa Obradovic ?
« Avant tout, tout changement de coach ou de joueur dans une équipe en pleine saison, je le vis un peu comme un échec. On est jamais content de mal jouer, de voir quelqu’un partir, on a une part de responsabilité là-dedans, donc ça nous touche. J’étais assez sensible au fait que Zvezdan parte, parce que c’est lui qui m’a choisi ici. Ensuite, plusieurs coéquipiers ont fait part de leur ressenti aux médias dernièrement en louant la capacité d’adaptation de Sasa, ce qui est logique finalement parce que chaque coach a sa façon de voir le basket, et peut-être que Sasa a tout de suite compris comment faire les choses avec les qualités de certains joueurs. »
Monaco a annoncé l’arrivée du nouveau propriétaire Alexey Fedorychev en milieu de saison. Est-ce que vous le connaissiez ? C’est une bonne nouvelle pour la Roca Team ?
« Cette nomination était un peu dans l’air du temps. C’était un petit secret de polichinelle ici à Monaco, même si rien n’était sûr. Mais c’est quelqu’un qui s’investit énormément. On sent tout son savoir-faire : il a eu une équipe de foot en Russie, il a été international soviétique de football, il connait le sport de très haut niveau, il sait comment gérer une équipe. Ce que j’ai trouvé impressionnant chez lui, c’est qu’il s’agit de quelqu’un de très dévoué, qui a un vrai projet en tête, une vraie vision avec ce club, et ce n’est pas seulement des mots. Il y a une certaine excitation autour de ce projet parce qu’on sait qu’avec Monsieur Fedorychev, le club peut encore franchir un palier. Monaco a de très beaux jours devant lui. »
« Il y a des choses qui ne trompent pas : la façon dont j’aime analyser un match au-delà de mon rôle de joueur, mettre tout ce que j’ai appris des grands coachs à profit. Je pense devenir coach après ma carrière, et ça peut arriver très vite »
Au regard de vos stats, comment expliquez-vous que vous soyez plus à l’aise dans le meilleur championnat d’Europe que dans le championnat de France ?
« En plus, il y a trois matches en coupe d’Europe où je sors au bout de cinq minutes, blessé (rires). Plus sérieusement, je sens que j’ai plus d’importance dans les matches d’Euroleague. Je joue plus en Euroleague qu’en championnat, où je prends plus de plaisir à faire jouer les autres. Je pourrais plus forcer, plus shooter, plus attaquer, mais je ne sais pas… j’ai une vision différente à ce moment-là quand le match démarre. Ça s’en ressent dans les stats. Mais au final, je n’y ai jamais trop pensé non plus. Dans les deux cas, mes stats ne sont pas faramineuses et je suis capable de mieux faire, mais c’est vrai qu’il y a une différence. »
Vous n’êtes pas revenu en équipe de France depuis 2017, avez-vous eu des contacts avec le staff des Bleus dernièrement ?
« Ça faisait pas mal d’années où je n’avais eu aucun contact avec les Bleus. Après un Euro assez décevant en 2017 en Turquie, je n’avais plus eu de nouvelles, l’équipe de France était partie sur un nouveau cycle. Là, depuis mon retour en championnat de France, j’ai beaucoup parlé avec Vincent (Collet). On m’avait convoqué pour la dernière fenêtre internationale. Malheureusement, je revenais de ma première déchirure, j’étais un peu juste. Depuis cette année, je regoûte un peu à tout ça après cinq ans à l’étranger, je revois beaucoup de têtes connues qui gravitent autour de l’équipe de France à tous les matches cette saison. Forcément, ça me fait plaisir. J’aurais bien aimé participer à cette dernière fenêtre, mais à charge de revanche, j’espère qu’il y aura une prochaine fois. »
Vous avez côtoyé les plus grands coachs européens, Zeljko Obradovic, Sarunas Jasikevicius, Dimitris Itoudis. Est-ce un souhait de plus en plus prononcé de devenir coach après votre carrière ?
« Oui, je pense. C’est une idée qui commence à germer dans ma tête depuis 2-3 ans. J’ai eu des confirmations de plusieurs personnes qui me voient dans cette voie après ma carrière. Saras Jasikevicius m’a dit qu’il me verrait vraiment là-dedans. Il y a des choses qui ne trompent pas : la façon dont j’aime analyser un match au-delà de mon rôle de joueur, mettre toute mon expérience, tout ce que j’ai appris des grands coachs, en France où à l’étranger, à profit. Je pense que j’ai vu pas mal de différentes choses. Je pense en faire mon métier après ma fin de carrière, et ça peut arriver très vite (rires). »
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Léo Westermann (1,98 m, 29 ans) est l’un des piliers de l’AS Monaco cette saison. Malgré les blessures et le manque de rythme, il endosse son rôle de capitaine de la Roca Team avec brio. Avant le choc contre l’ASVEL – son club formateur – et après la désillusion monégasque contre Kaunas, l’international français s’est confié à Basket Europe et a notamment livré son ressenti sur Mike James, le remplacement de Zvezdan Mitrovic par Sasa Obradovic en cours de saison, l’arrivée du nouveau propriétaire Alexey Fedorychev ou encore sa volonté de devenir coach après sa carrière, une idée soufflée notamment par son ancien entraîneur Sarunas Jasikevicius. Entretien.
La Roca Team a manqué une belle occasion de recoller dans la course aux playoffs d’Euroleague jeudi soir contre Kaunas. Que vous êtes-vous dit hier dans le vestiaire après la rencontre ?
« On était énervés. C’est quand même le troisième match de l’année où on est devant à domicile et qu’on lâche sur la fin, avec le Barça et la Real. Trois matches, c’est énorme, surtout à domicile. Bien sûr, ça amène de la frustration, de l’énervement, que ce soit le coach ou les joueurs. A chaud, c’est difficile de l’analyser. Quand tu mènes pendant 39 minutes et 40 secondes, ça fait mal. On va continuer à travailler, il n’y a pas le choix, et tant qu’il y aura une chance, on va la jouer à fond. »
Un match important arrive dimanche en championnat de France contre l’ASVEL. C’est l’occasion parfaite pour oublier Kaunas ?
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Photo : Léo Westermann (Euroleague)