Avant de défier l’Olympiakos (ce vendredi à 20h), le general manager de l’AS Monaco Oleksiy Yefimov revient sur le début de saison de la Roca Team. Sans filtre, le dirigeant ukrainien s’est confié sur l’autorisation de jouer à Gaston-Médecin, la future rénovation de la salle, la gestion de Mike James ou encore le soutien financier du gouvernement monégasque. Entretien.
[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]
Cette année, vous alternez entre Betclic Elite et Euroleague avec jusqu’à trois matches par semaine. C’est un vrai marathon…
« Bien sûr. Tout le monde sait que c’est un marathon incessant, c’est pour cela que nous avons pris la décision d’avoir un effectif aussi large et que nous avons décidé d’avoir plus de six étrangers dans l’équipe. Avec un calendrier aussi chargé, on a besoin de donner du repos à chacun des joueurs. Sinon, le risque de blessure est très élevé. Nous savions tout ça avant de nous engager dans ce projet, que ça serait difficile, que les temps de repos allaient être courts. Mais, dans le même temps, on essaie de réduire les temps de déplacements en utilisant de vols charters (NDLR : que l’ASVEL n’utilise pas encore) parce que je pense sincèrement que nous sommes obligés de passer par là pour performer avec ce type de calendrier serré. »
Avoir recruté 10 étrangers, dont 7 Américains, est-ce la preuve que vous donnez la priorité à l’Euroleague ?
« Non, notre priorité est d’être compétitifs dans deux compétitions en même temps. Il n’y a pas de limite de joueurs étrangers en Euroleague et nous croyons que les joueurs étrangers sont d’abord des joueurs d’Euroleague avant d’être d’être des joueurs du championnat domestique. C’est pour cela que nous avons décidé d’étendre notre effectif global à 15/16 joueurs. »
N’est-ce pas un problème de gérer les matches de Betclic Elite avec ce surnombre ?
« Il y a tellement de matches qu’aucun joueur ne peut se plaindre de ne pas avoir de temps de jeu. D’autant que nous avons beaucoup de joueurs expérimentés, ils n’ont pas besoin de jouer chaque match, ils connaissent la longueur et l’exigence d’une saison. En termes d’alchimie, je ne pense pas que ça soit un problème non plus. Vous pouvez jeter un oeil au nombre de blessés que chaque équipe d’Euroleague doit gérer… Rien qu’en ce moment, Brock (Motum) est out, Leo (Westermann) aussi, Will (Thomas) est questionnable, on ne sait pas encore s’il pourra tenir sa place contre l’Olympiakos. Nous avons 15, 16 joueurs sur le papier mais en réalité, c’est toujours moins compte tenu des joueurs indisponibles. »
A Monaco, tout le monde parle d’objectif playoffs en Euroleague. Mais que se passe-t-il si l’ASM ne se qualifie pas pour le top 8 ?
« Je ne peux pas répondre à cette question aujourd’hui. Nous essayons simplement de montrer que l’Euroleague peut être tirée vers le haut grâce à Monaco. A Monaco, l’organisation peut bénéficier de plein d’avantages. Par exemple, la situation avec les droits TV qui a été résolue à Monaco, ce qui n’est pas encore le cas en France. C’est un exemple, mais il y en a d’autres. »
« Les matches contre Barcelone et le CSKA Moscou se sont joués à guichets fermés. Pour le CSKA, nous avons eu plus de 1 000 demandes qui n’ont pu être satisfaites. Il y a un intérêt énorme. Avant la fin du mois, le gouvernement monégasque présentera à l’Euroleague le plan de reconstruction de la salle pour l’été 2022 avec une capacité accrue qui dépassera les 5 000 sièges. Ce qui signifie que la saison prochaine, notre situation sera bien meilleure que cette année »
Quel est exactement le deal avec l’Euroleague pour continuer de jouer à Gaston-Médecin en deuxième partie de saison, après le 31 décembre 2021 ?
« En première partie de saison, l’organisation veut voir s’il n’y a aucun manquement supplémentaire, à l’exception de la capacité de la salle, ou dommage à l’image de la compétition. Pour le moment, l’Euroleague ne nous a pas signalé le moindre manquement ou problème. C’est pour cela que je pense que nous avons toutes nos chances de continuer d’accueillir les matches à Gaston-Médecin en deuxième partie de saison. »
Vous mettez toutes les chances de votre côté…
« Tout à fait, le club a rénové complètement les vestiaires des équipes et des arbitres, la salle de conférence de presse, a créé un salon VIP supplémentaire. Dans un futur très proche, tous les sièges de Gaston-Médecin seront équipés de housses de haut niveau afin d’améliorer l’expérience des fans. Je crois sincèrement que toutes les parties prenantes sont heureuses de jouer à Monaco, autant pour le confort et l’accueil des équipes adverses que l’ambiance pendant les matches. »
Combien y’a-t-il de spectateurs en Euroleague depuis le début de saison ? Et quelle part d’abonnés ?
« Je ne connais pas les chiffres exacts mais je vous répondrai comme ceci : les matches contre Barcelone et le CSKA Moscou se sont joués à guichets fermés (NDLR : plus de 3 900 spectateurs dans les deux cas). Pour le CSKA, nous avons eu plus de 1 000 demandes qui n’ont pu être satisfaites. Il y a un intérêt énorme. Avant la fin du mois, le gouvernement monégasque présentera à l’Euroleague le plan de reconstruction de la salle pour l’été 2022 avec une capacité accrue qui dépassera les 5 000 sièges. Ce qui signifie que la saison prochaine, notre situation sera bien meilleure que cette année. Avant le début de saison, ce n’était pas certain que nous allions pouvoir jouer ici à cause de cette jauge de 5 000 places qui est nécessaire. »
Cela signifie qu’édifier une nouvelle salle n’est plus dans les plans ?
« Si, c’est toujours dans les plans. Nous continuons d’étudier ce projet bien sûr. Mais, vous savez, il y a les objectifs à court terme, moyen terme, et long terme. À court terme, l’objectif est d’avoir l’autorisation de jouer l’Euroleague à domicile et d’étendre la capacité de Gaston-Médecin. A moyen terme, c’est d’augmenter la capacité de la salle l’été prochain à plus de 5 000 places. A long terme, c’est la création d’une nouvelle salle. Mais c’est un projet de long terme. On travaille dessus mais je n’ai pas d’élément concret à vous donner pour le moment. »
« Mike James est extrêmement positif dans le vestiaire, c’est un mentor pour ses coéquipiers, un leader. De mon point de vue, il suffit de regarder comment il défend ici. Il n’a jamais été aussi fort en défense, c’est le symbole que tout va bien »
Comment se passe la gestion de Mike James au quotidien ?
« Il n’y a aucun problème, pas le moindre problème. Vous pouvez poser la question à ses coéquipiers mais je sais qu’il est extrêmement positif dans le vestiaire, c’est un mentor pour ses coéquipiers, un leader. De mon point de vue, il suffit de regarder comment Mike James défend ici. Il n’a jamais été aussi fort en défense, c’est le symbole que tout va bien. »
Ça vous surprend ?
« Je suis vraiment heureux et reconnaissant qu’il soit autant impliqué dans le projet. Il donne des deux côtés du terrains. Toute l’Europe connait ses capacités offensives mais je suis très heureux qu’il montre son envie de jouer dur en défense. »
Il se fait à la vie monégasque…
« C’est difficile de ne pas aimer la vie sur la Côte d’Azur (rires). »
Donatas Motiejunas, Paris Lee, Danilo Andjusic, Donta Hall, Alpha Diallo. Pour le moment, ça ressemble à un mercato sans-faute. On a l’impression que le danger peut venir de partout…
« C’était notre idée, bien sûr. Nous ne voulions pas que tout tourne autour d’un ou deux joueurs. Evidemment, nous avons eu l’opportunité de signer Mike James, qui est un leader offensif incroyable, mais nous ne voulions pas dépendre que d’un seul joueur. Paris Lee et Brock Motum ont été les facteurs X contre le CSKA, Will Thomas l’a été contre Madrid et Barcelone, Alpha Diallo a été parfait contre l’Etoile Rouge, Donatas Motiejunas a bien défendu contre Moscou, Donta Hall est un des meilleurs rookies de la compétition jusqu’à présent… Tout le monde joue sa partition. »
« A la fin, ce qui importe est le résultat d’équipe. Si les gens regrettaient l’implication de joueurs français à Monaco, il n’y aurait pas de matches à guichets fermés, il n’y aurait pas autant de discussions autour de l’impossibilité de regarder des matches d’Euroleague à la télévision »
Regrettez-vous de ne plus avoir que deux joueurs, Rob Gray et le jeune Rudy Demahis-Ballou, qui étaient là pour le titre d’Eurocup ?
« Un de vos collègues journalistes m’a posé la même question cette année, et l’année encore d’avant. Je lui ai répondu « Oui, bien sûr, mais c’est toujours important de penser au futur ». Parfois, si vous prenez certaines décisions avec votre coeur, vous le ferez différemment. Mais, dans le même temps, notre objectif reste toujours d’être plus compétitif et d’atteindre un niveau jamais atteint jusqu’à présent. C’est pour cela qu’on travaille de cette manière. On savait que l’Euroleague était un niveau totalement supérieur à celui dans lequel nous avions joué jusqu’à maintenant. Cela dit, nous avons gardé trois joueurs par rapport à la saison dernière (NLDR : arrivé en cours de saison, Ibrahima Fall Faye n’avait pas disputé l’Eurocup), et nous aurions pu en garder un quatrième si Marcos Knight n’avait pas eu de problèmes administratifs. »
Avez-vous le sentiment d’être soutenu par le milieu du basket français, que le regard porté sur son club est différent ?
« Nous avons toujours été acteurs du basket français. Je pense que ce que nous faisons aide aussi le championnat de France à grandir. Par exemple, l’arrivée d’une superstar comme Mike James, tout le monde en profite. Et je parle de superstar en termes de show, de marketing. Tout ça ne peut que faire augmenter l’intérêt autour de la ligue dans son entièreté. C’est la même chose que d’avoir deux équipes qualifiées pour l’Euroleague. Tout ça fait que nous faisons partie du basket français, et que nous voulons être considérés comme égaux par rapport aux autres membres de Betclic Elite. »
Hormis Leo Westermann, vos huit plus gros temps de jeu sont des joueurs étrangers en Euroleague, c’est quasiment la même chose en Betclic Élite. Comprenez-vous que certains puissent regretter l’implication de joueurs français dans votre effectif ?
« Je ne pense pas que ça soit le cas, très honnêtement. A la fin, ce qui importe est le résultat d’équipe. Si les gens le regrettaient, il n’y aurait pas de matches à guichets fermés, il n’y aurait pas autant de discussions autour de l’impossibilité de regarder des matches d’Euroleague à la télévision. »
Quel regard portez-vous sur l’incroyable départ de l’autre club français en Euroleague, l’ASVEL (qui a décroché jeudi soir sa sixième victoire en huit rencontres) ?
« C’est fantastique. Je suis vraiment très heureux pour eux, sincèrement. Leur début de saison est bien au-dessus de leurs attentes, ce qu’ils font est vraiment impressionnant. »
C’est aussi bénéfique pour vous, dans un sens où le championnat de France prouve sa valeur…
« Bien sûr. C’est toujours important d’avoir de la concurrence, d’avoir un club ultra compétitif en face de vous. C’est de cette manière que vous pouvez vous améliorer. C’est en affrontant les meilleurs qu’on le devient. Et c’est bien sûr bénéfique pour le championnat de France parce que c’est mieux d’avoir deux locomotives qui tirent vers le haut. »
« Je crois sincèrement que la Roca Team est complètement considérée aujourd’hui comme une partie intégrante de l’image de la Principauté. De la même manière que le Grand Prix de Formule 1, le tournoi de Monte-Carlo ou l’équipe de football. Le fait que nos matches soient retransmis en direct et gratuitement à la TV de Monaco, c’est un signal très fort. »
Quelle est la portée de la chaîne de TV monégasque, Monaco Info, qui retransmet l’Euroleague ?
« Je n’ai pas les chiffres exacts mais je sais que les retombées sont bonnes et au-dessus des attentes. Nous avons déjà des matches déplacés pour des raisons de diffusion, c’est que le public répond présent et a envie de voir les matches. Habituellement, les matches à domicile ont lieu à 20h et ils nous ont fait la demande de pouvoir jouer à 21h, ce qui signifie que l’intérêt est tellement important qu’ils veulent retransmettre en prime time. »
Que pensez-vous de l’absence de diffuseur classique en France ?
« J’espère sincèrement que ça va changer et que le problème sera réglé. Quand vous avez un beau produit – et cette année, c’est le cas car les effectifs et le niveau global des équipes sont forts, le meilleur niveau depuis que je suis arrivé ici (NDLR : il y a huit saisons) – vous vous devez de le rendre accessible. Pour moi, c’est quelque chose qui est très important. Nous vivons dans un monde digital, nous nous devons d’être visibles et vus. »
Pensez-vous que les performances de l’équipe en Euroleague sont bénéfiques pour la Principauté au même titre que le Grand Prix de Formule 1, le Tournoi de Tennis ou le Festival International du Cirque ?
« Evidemment. Je crois sincèrement que la Roca Team est complètement considérée aujourd’hui comme une partie intégrante de l’image de la Principauté. De la même manière que le Grand Prix de Formule 1, le tournoi de Monte-Carlo, l’équipe de football. Le fait que nos matches soient retransmis en direct et gratuitement à la TV de Monaco, c’est un signal très fort. »
Comment se fait la répartition du budget entre sponsoring, aide de la Principauté, etc. ?
« Là encore, je ne peux pas vous donner les chiffres exacts. Nous recevons une aide financière du gouvernement monégasque, qui est un actionnaire majeur du club qui détient un tiers du capital du club. Mais, dans le même temps, le gouvernement fait de nombreux investissements qui ne sont pas inclus dans notre budget. Par exemple, la rénovation de la salle cet été mais aussi celle de l’été prochain, les droits TV… Il y a de nombreux investissements indirects que nous apprécions grandement. En tout cas, l’investissement du gouvernement monégasque a grimpé de manière significative cette année. »
Vous êtes arrivé il y a plus de 7 ans à Monaco, quand le club n’était pas encore en première division française. Quel sentiment vous procure de battre le CSKA Moscou, l’Etoile Rouge ou le Panathinaïkos ?
« C’est incroyable. Je revois encore l’atmosphère dans laquelle nous avons gagné ces victoires à domicile. C’est bien au-dessus de ce qu’on aurait pu imaginer il y a quelques années mais c’est aussi le résultat de la réussite du coaching staff ainsi que du front office. Ça nous donne de la motivation pour rester au niveau jusqu’à la fin de la saison. »
.
.
[armelse]
Cette année, vous alternez entre Betclic Elite et Euroleague avec jusqu’à trois matches par semaine. C’est un vrai marathon…
« Bien sûr. Tout le monde sait que c’est un marathon incessant, c’est pour cela que nous avons pris la décision d’avoir un effectif aussi large et que nous avons décidé d’avoir plus de six étrangers dans l’équipe. Avec un calendrier aussi chargé, on a besoin de donner du repos à chacun des joueurs. Sinon, le risque de blessure est très élevé. Nous savions tout ça avant de nous engager dans ce projet, que ça serait difficile, que les temps de repos allaient être courts. Mais, dans le même temps, on essaie de réduire les temps de déplacements en utilisant de vols charters (NDLR : que l’ASVEL n’utilise pas encore) parce que je pense sincèrement que nous sommes obligés de passer par là pour performer avec ce type de calendrier serré. »
Avoir recruté 10 étrangers, dont 7 Américains, est-ce la preuve que vous donnez la priorité à l’Euroleague ?
« Non, notre priorité est d’être compétitifs dans deux compétitions en même temps. Il n’y a pas de limite de joueurs étrangers en Euroleague et nous croyons que les joueurs étrangers sont d’abord des joueurs d’Euroleague avant d’être d’être des joueurs du championnat domestique. C’est pour cela que nous avons décidé d’étendre notre effectif global à 15/16 joueurs. »
N’est-ce pas un problème de gérer les matches de Betclic Elite avec ce surnombre ?
« Il y a tellement de matches qu’aucun joueur ne peut se plaindre de ne pas avoir de temps de jeu. D’autant que nous avons beaucoup de joueurs expérimentés, ils n’ont pas besoin de jouer chaque match, ils connaissent la longueur et l’exigence d’une saison. En termes d’alchimie, je ne pense pas que ça soit un problème non plus. Vous pouvez jeter un oeil au nombre de blessés que chaque équipe d’Euroleague doit gérer… Rien qu’en ce moment, Brock (Motum) est out, Leo (Westermann) aussi, Will (Thomas) est questionnable, on ne sait pas encore s’il pourra tenir sa place contre l’Olympiakos. Nous avons 15, 16 joueurs sur le papier mais en réalité, c’est toujours moins compte tenu des joueurs indisponibles. »
A Monaco, tout le monde parle d’objectif playoffs en Euroleague. Mais que se passe-t-il si l’ASM ne se qualifie pas pour le top 8 ?
« Je ne peux pas répondre à cette question aujourd’hui. Nous essayons simplement de montrer que l’Euroleague peut être tirée vers le haut grâce à Monaco. A Monaco, l’organisation peut bénéficier de plein d’avantages. Par exemple, la situation avec les droits TV qui a été résolue à Monaco, ce qui n’est pas encore le cas en France. C’est un exemple, mais il y en a d’autres. »
« Les matches contre Barcelone et le CSKA Moscou se sont joués à guichets fermés. Pour le CSKA, nous avons eu plus de 1 000 demandes qui n’ont pu être satisfaites. Il y a un intérêt énorme. Avant la fin du mois, le gouvernement monégasque présentera à l’Euroleague le plan de reconstruction de la salle pour l’été 2022 avec une capacité accrue qui dépassera les 5 000 sièges. Ce qui signifie que la saison prochaine, notre situation sera bien meilleure que cette année »
Quel est exactement le deal avec l’Euroleague pour continuer de jouer à Gaston-Médecin en deuxième partie de saison, après le 31 décembre 2021 ?
« En première partie de saison, l’organisation veut voir s’il n’y a aucun manquement supplémentaire, à l’exception de la capacité de la salle, ou dommage à l’image de la compétition. Pour le moment, l’Euroleague… »
[/arm_restrict_content] [arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]
Photos : Manuel Vitali (AS Monaco)