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ITW Pascal Donnadieu : “Nanterre doit retrouver la Coupe d’Europe”

Pascal Donnadieu aborde sa 8e et dernière Leaders Cup avec légèreté, avant d'affronter l'ASVEL en quarts ce vendredi à 15h30. Le coach de 59 ans savoure surtout le retour de Nanterre au premier plan et vise le top 6 en saison régulière pour faciliter son retour en coupe d’Europe.

Pascal Donnadieu © Tuan Nguyen

C’est votre dernière Leaders Cup comme coach de Nanterre. On imagine que votre envie est décuplée ?
“C’est sûr qu’il ne me reste plus beaucoup de semaines à coacher. Vous devez savoir que la Leaders Cup est le seul titre qui manque à mon palmarès en France. Mais il faut rester lucide. La Leaders Cup, c’est peut-être plus abordable que les playoffs, certes, mais on ne peut pas calculer pour autant. On ne s’appelle pas l’ASVEL ou Monaco. Ce match-là, on va le jouer comme si c’était le dernier. On ne peut pas être dans la gestion des rotations. 
Ce n’est pas un hasard si Nanterre n’a jamais gagné la Leaders Cup. Il faut une profondeur de banc, il faut récupérer rapidement et il faut enchaîner trois matches de haut niveau. Ce sont souvent les équipes avec beaucoup de rotation - 10, 12 voire 14 joueurs - qui gagnent. C’est déjà une grande fierté d’être là avec ce groupe de jeunes joueurs et seulement 2 Américains. On savoure. On est des outsiders, on n'a pas de pression. Ça veut pas dire qu'on a pas envie de gagner, on va tout faire pour essayer de bousculer la hiérarchie.

Quels sont les objectifs de Nanterre cette saison ?
Nos deux objectifs majeurs, c’est de finir la saison régulière le mieux placé possible pour retrouver la coupe d’Europe. Si on peut accrocher une place dans le top 6, je pense que ça nous ouvrirait des perspectives européennes intéressantes. Après, je trouve que le format de la Coupe de France peut être un peu plus favorable pour un outsider, surtout après les derniers résultats (NDLR : l’ASVEL, Bourg et Paris éliminés). Ça ne veut pas dire qu'on est favoris, bien évidemment, mais c'est plus facile. La Leaders Cup, c'est vraiment un format qui doit normalement privilégier des équipes comme Monaco, Villeurbanne, Paris ou Bourg, les quatre équipes qui ont beaucoup de rotations.

Pour vous, y a-t-il un vrai écart entre ce top 4 et le reste du championnat ?
En termes de jeu, j'espère qu'on s'en rapproche un petit peu (rires). Mais ces quatre équipes-là, de par leur effectif, sont très armées pour durer dans une saison. Nous, on est un peu en tête du peloton pour essayer de chatouiller ce top 4. En toute modestie, c'est ce qu'on essaye de faire. 

"À ne pas progresser, on régresse"

Comment expliquez-vous le retour en force de Nanterre cette saison, après quelques années moins couronnées de succès ?
Déjà, l'année dernière était une saison cauchemardesque et à oublier parce qu'on a eu quatre fractures de la main au mois de décembre : Halilovic, Bibbins, Brown et Pinault. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. La saison dernière, je la mets entre parenthèses. On avait déjà la capacité de faire une bonne saison. Ce qui nous est arrivé, c'était pire que de la malchance.
Cette année, j'ai un petit peu changé mon fusil d'épaule. La Betclic Elite, c’est un championnat très athlétique, très physique. Peut-être que sur les dernières années, je voulais un petit peu trop rester sur notre ADN qui était faite de beaucoup de mobilité de vitesse et de tir extérieur. On a vraiment voulu densifier l'équipe sur les aspects physiques. Une preuve : on a toujours considéré que Nanterre était une équipe d’artilleurs. Pourtant, on n’est que la 14e ou 15e équipe la plus adroite à 3-points cette année (NDLR : 14e avec 32,1 %). Mais on est aussi l’équipe qui prend le plus de tirs à deux-points et qui en marque le plus. C'est une évolution.
Nous avons des joueurs athlétiques à l'image de notre poste 4 Desi Rodriguez, d’Ibou (Fall Faye) qui fait une très grosse saison - et qui a d'autant plus de mérite que revenir comme il est revenu après une opération du genou, c'est formidable. L’alchimie a pris. Je touche du bois pour que ça continue. La malchance, on l’a eu l’année dernière. Cette année, Juhann Begarin a raté le premier match de la saison à Strasbourg. Depuis, tous nos joueurs ont disputé tous les matches. Il y a le travail, l'alchimie et la bonne santé.

Juhann Begarin © Jacques Cormarèche

Derrière Monaco, l’ASVEL et Paris, quelle place reste-t-il pour les autres, comme Nanterre ?
C’est une très bonne question. Je pense qu’il faut qu'on garde notre identité. Mais à ne pas progresser, on régresse. Je pense qu’on est à côté du quartier de la Défense. Il faut qu’on arrive à développer nos partenariats là-bas. C’est aussi pour ça que je fais tout pour retrouver la scène européenne cette année, ça peut nous aider à nous donner une autre identité. Après, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. C’est ce qui fait la richesse du basket français. Monaco, Villeurbanne et Paris ont un modèle économique qui leur permet d’avoir de gros moyens. Un club comme Nanterre ne doit pas être frustré ou aigri de ses moyens. Au contraire, ce sont des locomotives pour le basket français. Je pense qu'on est tous fiers de voir Monaco briller en Euroleague.
Après, il y a le basket que j'appelle de province, dans des salles qui respirent bien le basket comme à Cholet, Saint-Quentin… Nous on essaie de trouver notre identité en étant le club de la banlieue parisienne. Ce n'est pas pour ça qu'on manque d'ambition mais peut-être que ce qui était possible en 2013 quand on a été champion de France est moins accessible aujourd’hui pour des clubs moyens. Pour que ce basket français se développe, il faut de tout, et que tout le monde puisse exister. C’est un mélange de tout qui fera le charme du basket français.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de la Leaders Cup ?
On a disputé une finale contre Le Mans (2014). De mémoire, c’est JP Batista qui nous avait fait des misères. On a perdu une ou deux fois de très peu contre Monaco. C’est le premier trophée de l’année. Être là, ça donne déjà du crédit. Si on est là, c’est qu’on a parfaitement réussi notre première partie de saison. Et puis tout ce qui était festif autour de Disney, c'était plutôt sympa, mais c'est aussi bien de pouvoir disputer des matches ici dans cette belle Arena. Saint-Chamond, que j'ai eu l'occasion de rencontrer quand on était à l'époque en NM1, c'est un bastion de province du basket français. C'est une belle fête du basket et je suis sûr que les affiches seront dignes du niveau de la Pro A, qui se densifie d'année en année et s'améliore, je trouve. 

"C’est une grande probabilité (que je devienne directeur sportif de Nanterre)"

Vous avez annoncé que c’est votre dernière saison à Nanterre comme coach mais en serez-vous le directeur sportif ?
Ce qui est acté, c’est que Philippe Da Silva me remplacera (sur le banc). Après, bien évidemment, c’est dans les tuyaux, on l’a évoqué avec la direction du club. C’est une grande probabilité (de devenir directeur sportif). Mais je veux surtout profiter de cette dernière saison sans trop regarder ce qu’il se passera la saison prochaine. A la fin de saison, quand tout sera fini, on se mettra autour de la table et on verra quelle est la meilleure solution. Le plus important, ce n’est pas mon avenir personnel, c’est que le club continue à se développer. Si je peux participer à ce développement d'une autre manière que de coacher, bien évidemment que je le ferai.

Y’a-t-il un pincement au cœur à chaque match qui passe ?
J’y pense un peu plus maintenant qu’au début de saison, c’est sûr. Mais ce qui me fait plaisir et qui me rend le plus fier - et je ne me prends pas pour une rock star - ce sont surtout les témoignages des publics adverses. J’ai pu passer un moment avec les supporters de Cholet ou de Nancy. Ce sont des témoignages qui me font plaisir. J’ai toujours considéré que j'avais eu un parcours atypique parce que j'ai tout connu, du niveau départemental à l'Euroleague. J’ai la faiblesse de croire que, à travers mon histoire et celle de Nanterre, il y a beaucoup de gens qui se retrouvent dans mon parcours. Maintenant, il ne faut pas non plus que tout tourne autour de ma personne. Au-delà de ma dernière saison, je souligne que Nanterre revient dans le top 8 avec une équipe attrayante et de jeunes joueurs français. C’est un projet sympa, et il vaut mieux parler de ça que de moi ! 

Quel regard portez-vous sur l’ascension de Skweek au sein du championnat ?
D’abord, c’est une visibilité pour nous, les techniciens. Ça permet de tout balayer, même s’il y a toujours eu des plateformes. Aujourd’hui, le basket français mérite plus de place au niveau médiatique. On voit des salles remplies, des gens qui se passionnent pour leurs clubs. A travers Skweek, mais pas que, le basket français mérite une plus grande importance médiatique par rapport à d’autres sports. Le spectacle en vaut le coup. Les clubs progressent au niveau sportif, dans leur développement. On mérite une exposition. La Ligue travaille beaucoup là-dessus. Cette année, on s’aperçoit que c’est en train de prendre. Quand on a un partenaire privilégié comme eux, c’est toujours un atout supplémentaire pour nous.
Les autres années, c’était un coup BeIN, un coup L’Equipe, un coup autre chose… Là, au moins, c’est clair et net avec tous les matches sur Skweek et une affiche par semaine sur L’Equipe. J’ai l’impression que c’est plus clair pour les amateurs de basket. Et l’abonnement me semble tout à fait abordable pour voir tous les matches donc c’est plus lisible pour tout le monde. En termes de visibilité, on a franchi une étape. Maintenant, je pense que si ça doit perdurer, il faut que les clubs s’y retrouvent financièrement. Les sports médiatiques ont des droits TV assez importants et les clubs doivent s’y retrouver."


Son regard sur Zaccharie Risacher, convoqué en équipe de France :
"Il fait une saison aboutie. C’est un joueur qui a un énorme potentiel. À travers ce qui peut se passer dans certains pays européens, il ne faut pas qu’on soit pas frileux sur des joueurs comme lui. C'est un ailier de grande taille qui a des fondamentaux importants. C'est l’avenir du basket français. Je considère sa sélection comme une bonne nouvelle. Ça démontre aussi la richesse du basket français, en tout cas. C’est un joueur que j'apprécie énormément par sa qualité de jeu. Surtout, j'aime beaucoup sa personnalité, ce qu'il dégage sur le terrain. Mais c’est plus le coach de Nanterre que l’assistant de l'équipe de France qui vous parle."

À Saint-Chamond (Loire).

Zaccharie Risacher (Bourg) : « Ce serait faux de dire que je ne regarde pas les mocks drafts »
Vainqueur de l’édition 2023 avec l’ASVEL, Zaccharie Risacher se lance dans la quête d’une nouvelle Leaders Cup, cette fois avec la JL Bourg. Avec un tout nouveau statut puisque le futur international endosse désormais le costume de top-prospect mondial, en tant que numéro 1 de la mock draft d’ESPN.

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