À 35 ans, Yannick Zachée a décidé de mettre sa carrière de basketteur sur pause à l’automne dernier le temps de l’aventure Koh-Lanta, le totem maudit. Revenu après quelques semaines de tournage, l’international centrafricain n’a pu empêcher en deuxième partie de saison la descente sportive de son club, Le Cannet, en Nationale 3.
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Celui que la France a appris à connaître tous les mardis soirs sur TF1 sous le prénom de Yannick n’est pas un inconnu de la sphère basket. Formé à Fos, passé pro à la Chorale de Roanne, champion de France Pro B en 2007 avec Vichy, il s’est également fait un nom avec la sélection nationale de la République Centrafricaine. Engagé cette saison en Nationale 2 avec Le Cannet, le Francilien n’a pu empêcher la descente sportive du club en cinquième division, pour une petite défaite (8-18) dans la Poule A.
Si son départ a été accepté d’un commun accord avec les dirigeants du club, Yannick Zachée (1,94 m, 35 ans) sait qu’il a sa part de responsabilité dans la rétrogradation du club en Nationale 3 – bien que Le Cannet conserve une petite chance d’être repêché en quatrième division – mais, comme lors de l’émission, il assume ce choix avec recul et sincérité. Désormais éliminé de Koh-Lanta, Yannick Zachée fait le point sur sa fin d’aventure mais aussi sur ses futurs projets liés au développement de son activité de coach sportif. Entretien.
Après votre élimination, on vous a senti très ému. Comment avez-vous réagi à votre sortie du jeu ?
« J’étais un peu déçu, forcément. Je pense que j’avais la possibilité d’aller beaucoup plus loin. Après, je m’étais mis dans une position compliquée en récupérant un vote contre moi (NDLR : consécutif à sa dernière place lors de son dernier jeu de confort individuel), ce qui accentuait la cible qui était sur moi. Je relativise après coup en me disant que j’avais fait ce que j’avais à faire. Ça ne l’a pas fait, mais c’est le jeu. »
Comment votre famille et vous-même avez-vous vécu la diffusion de l’émission, derrière votre écran ?
« Ma famille était très contente mais ils se sont aussi pris un peu des ondes de choc, à savoir qu’on leur envoyait des messages, des personnes qui les ont notamment sollicité pour avoir des informations, tout ce genre de process. C’était parfois drôle, parfois cocasse. En tout cas, ils étaient fiers de moi, de ce que j’ai pu accomplir et des valeurs que j’ai véhiculées. L’homme que j’étais là-bas, ils savaient que c’était moi et que je ne jouais pas un rôle. De manière générale, les gens sont bienveillants envers moi, et même sur les réseaux sociaux, j’ai reçu beaucoup de bienveillance. Il y a une certaine satisfaction de ce point de vue-là. »
Avez-vous appris certaines choses en regardant TF1 le mardi soir ?
« Forcément, il y a des moments qu’on découvre. Ce qui s’est passé sur l’île de l’équipe adverse, je le découvre, ce qui s’est passé aux ambassadeurs, je le découvre. C’est bien d’avoir certaines explications, c’est drôle. Je regarde aussi cette émission comme un téléspectateur, j’essaie vraiment de prendre du recul, mais ce n’est pas toujours évident. C’est pour ça qu’on aime ce programme. »
« J’étais à l’AfroBasket avec la Centrafrique au mois d’août et j’ai enchaîné tout de suite la préparation de la saison avec Le Cannet au mois de septembre donc je ne me suis pas mis assez en condition pour une aventure telle que Koh-Lanta »
Quel bilan dressez-vous de cette aventure, sur le plan collectif et individuel ?
« Sur le plan collectif, c’était un petit peu deux salles deux ambiances. D’un point de vue comptable, on a été meilleurs que les rouges en termes de victoires puisqu’on a gagné plus d’épreuves qu’eux mais ça ne nous a pas empêchés d’arriver en infériorité à la réunification. Quant à la vie en collectivité, je la connais. A ce niveau-là, le fait que l’aventure soit condensée avec des personnalités totalement différentes, et qu’on ne connait pas, ça rajoute un peu de piment. Et puis ça m’a permis de voir que j’étais capable de m’adapter à tout type de situation, et notamment des situations extrêmes. Ça me servira forcément à l’avenir. Individuellement, je ne suis pas satisfait de ce que j’ai pu faire, je n’ai pas forcément brillé dans les épreuves, c’est peu de le dire. J’aurais pu faire mieux, mais c’est le jeu qui veut ça, il faut être bon à l’instant T et je ne l’ai pas été. »
Qu’est-ce que vous changeriez votre préparation, si vous deviez refaire Koh-Lanta ?
« Je me préparerais (rires). C’est vrai qu’entre la confirmation de ma participation et le départ, je n’ai pas eu le temps nécessaire de préparation. J’étais à l’AfroBasket avec la Centrafrique au mois d’août et j’ai enchaîné tout de suite la préparation de la saison avec Le Cannet au mois de septembre donc je ne me suis pas mis assez en condition pour une aventure telle que Koh-Lanta. »
Repartiriez-vous faire Koh-Lanta si la production vous le reproposait ?
« Direct, je repars cash sans problème (rires). »
Anne-Sophie est la compagne d’Anthony Mounier, Ambre est la copine du volleyeur international Nicolas Le Goff, Pauline la soeur du pilote de Formule 2 Théo Pourchaire (et fan de basket). Parliez-vous de sport et de basket sur le camp ?
« On évitait d’en parler entre guillemets, on était dans le jeu. On échangeait sur nos vies avant tout mais hormis quelques questions sur l’après-aventure, la façon dont j’allais reprendre le basket après l’aventure, ce n’était pas vraiment le sujet. »
« J’ai eu la chance d’être sélectionné parmi 30 000 candidats, je savais aussi que cette aventure pouvait avoir des retombées sur mon avenir, notamment hors basket. Au final, c’est un risque que l’on a pris ensemble »
Le Cannet est relégué en Nationale 3 à l’issue de cette saison. Avec un peu de recul, avez-vous des regrets d’avoir laissé votre équipe pendant ces semaines de tournage ?
« Je dirais non dans un sens où c’était vraiment d’un commun accord avec le président et le coach de pouvoir me laisser partir vivre cette aventure. J’ai eu la chance d’être sélectionné parmi 30 000 candidats, je savais aussi que cette aventure pouvait avoir des retombées sur mon avenir, notamment hors basket. Au final, c’est un risque que l’on a pris ensemble. C’est vrai que j’ai une part de responsabilités dans les résultats de mon équipe, étant un joueur majeur, mais est-ce qu’on aurait dit la même chose si j’avais été blessé ? Une absence pour blessure aurait sûrement eu les mêmes conséquences. Après, en en parlant avec mes coéquipiers, personne ne m’en a tenu rigueur. Ça ne change pas le fait que quand je suis revenu, on aurait pu avoir d’autres résultats. J’étais là pendant toute la deuxième partie de saison et on aurait pu faire mieux collectivement. »
Reste-t-il une possibilité que le club soit repêché en Nationale 2 ?
« Par rapport à tous les relégables dans les quatre poules de Nationale 2, il faut que le club soit le mieux classé parmi les 12 relégués au ranking pour être repêché. Si je ne dis pas de bêtise, nous sommes deuxièmes au ranking. Ce qui signifie que si deux dossiers administratifs ne sont pas conformes aux attentes de la Nationale 2, le club a encore cette possibilité d’être repêché. »
A l’instant T, comment le club vit-il cette descente sportive ?
« C’est compliqué. Le club avait l’objectif, en tout cas avec l’équipe qui était composée, de jouer le haut de tableau. On a montré qu’on était capables de jouer les yeux dans les yeux avec des top équipes. Notamment Hyères-Toulon (NDLR : qui monte en NM1), qu’on a battu sur la phase retour et contre qui on a perdu dans les dernières secondes à l’aller, pour mon premier match après mon retour de Koh-Lanta d’ailleurs. On termine la saison sur une bonne note en dominant Golfe Juan (NDLR : qui termine 6e) dans le derby… On avait vraiment la possibilité de terminer dans le haut du panier. Maintenant, comme à Koh-Lanta, il faut gagner les matches et les épreuves quand c’est impératif et on l’a pas fait. Donc on est dans l’expectative pour savoir si on peut encore rester en Nationale 2 ou non. »
Quelle est la suite pour vous, du moins au niveau basket ?
« J’arrive en fin de contrat avec Le Cannet. Des discussions vont très bientôt être entamées avec mon coach et mon président. La tendance est plus sur un départ qu’à une poursuite avec le club mais on n’est jamais à l’abri d’un revirement de situation. En tout cas, je suis sur le marché et mon agent fait le nécessaire pour moi. »
« Ça ne serait pas judicieux de ma part de ne pas profiter de cette médiatisation pour développer mon business »
Est-ce que la lumière mise sur vous par l’émission Koh-Lanta a ravivé des intérêts de la part de certains clubs ?
« Non, pas du tout, ce sont deux mondes totalement différents. Le monde du basket, c’est avant tout de la performance, cet aspect-là n’est pas rentré en compte. »
L’émission a donc davantage mis la lumière sur vos projets personnels…
« Oui, forcément, je suis coach sportif avec la double casquette de basketteur mais mon but est évidemment de développer mon entreprise, parce que le basket va forcément se terminer un jour. Je ne sais pas dans combien de temps, mais ça ne durera pas éternellement. Ça ne serait pas judicieux de ma part de ne pas profiter de cette médiatisation pour développer mon business. C’est juste une mise en lumière un peu plus importante pour montrer au monde ce que je fais et comment je le fais, dont le but est de convaincre qu’on peut être coaché par moi, tout simplement. »
À 35 ans, allez-vous toujours représenter votre sélection nationale ?
« C’est à voir. Pour l’instant, je me pose la question. C’est vrai que j’ai toujours beaucoup donné pour ma sélection, j’ai toujours eu des étés assez chargés avec l’équipe nationale. Avec l’émission et ce qu’elle entraîne pour moi derrière (NDLR : Yannick Zachée parle ici de sa société de coach sportif), je préfère ne pas me prononcer pour le moment. Je me laisse un temps de réflexion. Il faudra peser le pour et le contre en temps voulu, et on verra si je défendrai les couleurs de la Centrafrique pour la prochaine compétition. »
Allan Dokossi (22 ans) a brillé cette saison en Betclic Elite à Fos. Est-ce le futur de la sélection nationale de la Centrafrique ?
« Oui, c’est le futur de cette sélection. Il fait partie de cette génération qui peut amener la Centrafrique parmi les meilleures nations du continent africain. Il est doué, talentueux, bosseur. C’est l’un des meilleurs prospects actuels de Betclic Elite, il est sur les listes NBA et tout ce qui va avec. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir ce statut-là. Clairement, il est au même titre qu’Axel Wegscheider (né en 2001) l’avenir de la République Centrafricaine. »
Que pensez-vous de la naturalisation en sélection nationale centrafricaine de l’ancien villeurbannais Kevarrius Hayes ?
« Par rapport au profil que nous recherchions, à savoir un poste 5 capable de dissuader les adversaires dans la raquette et actif au niveau des rebonds, il correspondait parfaitement au jeu que l’on voulait prôner. C’est facile de jouer avec lui parce qu’il sait comment se placer, c’est un plaisir d’avoir pu le côtoyer. L’avenir nous dira s’il a vocation à rester de nombreuses années en sélection, il faudrait lui poser directement la question. »
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Celui que la France a appris à connaître tous les mardis soirs sur TF1 sous le prénom de Yannick n’est pas un inconnu de la sphère basket. Formé à Fos, passé pro à la Chorale de Roanne, champion de France Pro B en 2007 avec Vichy, il s’est également fait un nom avec la sélection nationale de la République Centrafricaine. Engagé cette saison en Nationale 2 avec Le Cannet, le Francilien n’a pu empêcher la descente sportive du club en cinquième division, pour une petite défaite (8-18) dans la Poule A.
Si son départ a été accepté d’un commun accord avec les dirigeants du club, Yannick Zachée (1,94 m, 35 ans) sait qu’il a sa part de responsabilité dans la rétrogradation du club en Nationale 3 – bien que Le Cannet conserve une petite chance d’être repêché en quatrième division – mais, comme lors de l’émission, il assume ce choix avec recul et sincérité. Désormais éliminé de Koh-Lanta, Yannick Zachée fait le point sur sa fin d’aventure mais aussi sur ses futurs projets liés au développement de son activité de coach sportif. Entretien.
Après votre élimination, on vous a senti très ému. Comment avez-vous réagi à votre sortie du jeu ?
« J’étais un peu déçu, forcément. Je pense que j’avais la possibilité d’aller beaucoup plus loin. Après, je m’étais mis dans une position compliquée en récupérant un vote contre moi (NDLR : consécutif à sa dernière place lors de son dernier jeu de confort individuel), ce qui accentuait la cible qui était sur moi. Je relativise après coup en me disant que j’avais fait ce que j’avais à faire. Ça ne l’a pas fait, mais c’est le jeu. »
Le Cannet est officiellement relégué en Nationale 3. Avec un peu de recul, avez-vous des regrets d’avoir laissé votre équipe pendant ces semaines de tournage ?
« Je dirais non dans un sens où c’était vraiment d’un commun accord avec le président et le coach de pouvoir me laisser partir vivre cette aventure. J’ai eu la chance d’être sélectionné parmi 30 000 candidats, je savais aussi que cette aventure pouvait avoir des retombées sur mon avenir. Au final, c’est un risque que l’on a pris ensemble. C’est vrai que j’ai une part de responsabilités dans les résultats de mon équipe, étant un joueur majeur, mais est-ce qu’on aurait dit la même chose si j’avais été blessé ?…
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Photo d’ouverture : Yannick Zachée (ALP)