L’impact du meneur de jeu Jean-Baptiste Maille (1,90 m, 29 ans) s’apprécie au-delà de ses statistiques sèches. C’est ce que considère la SIG Strasbourg, qui lui a fait signer un contrat longue durée. Dans cet entretien réalisé lors du Media Day à Paris, il nous parle du club, du Mans dont il est originaire, et de son ambition de rejoindre, pourquoi pas, l’équipe de France des fenêtres internationales.
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Vous avez signé un contrat de très longue durée à Strasbourg, jusqu’en 2026. Ce n’est pas loin d’être un record du genre ?
J’avais un contrat de trois ans et j’ai re-signé pour quatre ans au bout de la deuxième année. C’est une marque de confiance du club et ça, j’en suis vraiment reconnaissant. Je m’inscris dans un projet, de vie, de club et j’en suis très content.
C’est un confort d’avoir un contrat longue durée dans une profession où l’on est souvent amené à changer de club tous les ans ou au moins tous les deux ans ?
Il faut voir ça à mon avis sous plusieurs angles. Oui, sous un certain angle, c’est un confort car on a une certaine stabilité, mais je n’ai pas envie de dire ça car chaque saison est différente. Il faut savoir se mettre en danger chaque année. Je vois ça comme un an, un an, un an. Je prends chaque année les unes après les autres, je ne me projette pas plus que ça. Pour moi, être dans le confort, c’est ne plus aller travailler, ne plus se donner à 100 %. Au contraire, avec ce contrat-là, ils m’ont montré leur confiance et je dois leur montrer un retour.
C’est agréable de se retrouver dans l’un des meilleurs clubs français, qui fait chaque année la Basketball Champions League, qui a un projet d’arena ?
Totalement. C’est un vrai projet. Il y a quelque chose qui est en train de se construire à Strasbourg depuis maintenant quelques années avec un renouveau depuis l’arrivée de Nicola Alberani (NDLR : le directeur sportif) et de Lassi Tuovi (le coach). Après le départ de Vincent Collet, il y a eu la volonté de repartir sur un nouveau projet avec la même ossature de joueurs depuis maintenant trois ans. C’est hyper intéressant, cette continuité me plaît et j’ai envie de m’inscrire là-dedans.
Sentez-vous la différence avec un coach finlandais et un directeur sportif italien ?
Non. Je vois juste qu’ils travaillent très bien dans tous les domaines. Peu importe la nationalité. On a très peu l’occasion de voir des staffs étrangers en France, et ce qui se passe à Strasbourg depuis trois ans, c’est vraiment génial. On voit la qualité de notre effectif et comment il évolue au fur et à mesure de l’année. Je pense que notre basket est plaisant à voir pour tout le monde et il est plaisant aussi à jouer.
« C’est un critère hyper important pour moi de me sentir bien dans une ville. Je ne me vois pas rester longtemps encore dans une ville où je ne me plairais pas »
Vous avez certainement suivi avec attention le parcours de la Finlande à l’EuroBasket, dont Lassi Tuovi est le coach. Qu’en avez-vous pensé ? C’est une équipe nationale en pleine progression ?
Pour faire le parallèle, c’est à l’image de notre équipe. Lassi a réussi à créer une identité de jeu très prononcée hyper rapidement car il n’a pas repris l’équipe depuis très longtemps. Les résultats qu’ils ont eu ont été très prometteurs. Ils sont déjà qualifiés pour la Coupe du monde de l’année prochaine. Ils craquent un peu en deuxième mi-temps contre l’Espagne, mais ils n’étaient pas si loin de passer. C’est un effectif jeune avec Lauri Markkanen, qui est déjà une star mais qui n’a que 25 ans.
Vous avez retrouvé chez eux le même fonds de jeu qu’à la SIG ?
Oui, il y a des choses qui se ressemblent. Après, quand on a un joueur aussi dominant que Markkanen, forcément on doit s’ajuster à ses qualités. Mais, à mon avis, un coach ne peut pas totalement se transformer d’une équipe à une autre, et forcément il y a des choses que l’on retrouve à Strasbourg.
Parle-t-il un peu français désormais ?
Un peu. Pas autant que Nicola Alberani, qui parlait déjà un peu français avant d’arriver ici. Lui parle le français couramment. Par contre, Lassi Tuovi parle nickel anglais.
Et vous, avec toutes ces années à côtoyer des Américains, vous avez dû progresser aussi en anglais ?
Oui. On commence à dix ans à l’école et en côtoyant ensuite des étrangers, en entendant et en parlant anglais chaque jour, forcément des progrès se font. Et en plus, la communication se fait en anglais avec le coach, on est amené à progresser naturellement.
Vous plaisez-vous à Strasbourg ?
Totalement. C’est un critère hyper important pour moi de me sentir bien dans une ville. Je ne me vois pas rester longtemps encore dans une ville où je ne me plairais pas.
Ça vous amènerait, par exemple, à acheter une maison, un appartement, en vous disant « je pourrai vivre ici après ma carrière » ?
Je ne sais pas. Je l’ai fait au préalable dans certaines villes où je suis passé. L’immobilier est cher à Strasbourg ! (rires) Je ne suis pas non plus le seul à entrer dans l’équation, il y a aussi ma compagne, aussi se voir plus tard toujours à Strasbourg, je ne sais pas.
« J’ai grandi avec le MSB, j’allais voir les matches à Antarès depuis que j’ai cinq ans »
Vous êtes natif du Mans. Avez-vous joué dans l’équipe professionnelle ?
Jamais. Je n’ai jamais fait ne serait-ce qu’un banc de pro. J’ai fait des entraînements mais je n’étais pas dans le groupe.
C’est une frustration de ne pas avoir joué dans le club pro de sa ville ?
Ce n’est pas une frustration. Si je n’étais pas dans le groupe à cette époque-là, c’est que le club estimait que je n’avais pas le niveau, c’est pour ça que je n’ai pas eu l’opportunité. C’est plus une petite déception car ça aurait été sympa vis-à-vis de la famille et même par rapport à moi-même. J’ai grandi avec le MSB, j’allais voir les matches à Antarès depuis que j’ai cinq ans, à l’époque de Shanwta Rogers. J’allais taper dans les mains des pros. Alors, oui, être sur le banc au Mans à l’époque où j’y étais, c’est quelque chose qui m’aurait plu. Maintenant, avec le recul, ce n’est pas une frustration car c’est aussi ce qui m’a permis de grandir, de travailler encore plus, d’aller chercher autre chose. Lorsque je suis revenu à Antarès avec Châlons-Reims pour jouer la première fois, c’était un moment fort en émotions et j’ai fait plutôt un très bon match. Mais, non, pas d’amertume. S’ils ont estimé ça à l’époque, c’est qu’ils avaient leurs raisons et ils ont eu certainement raison de miser sur un autre joueur. Je n’étais pas prêt.
Jérémy Leloup est aussi natif du Mans et il a peu joué avec le MSB. Il avait déclaré souhaité revenir au MSB mais ça ne s’est jamais fait ?
Non, car les carrières font que. Je ne vais pas me prononcer par rapport à Jérémy, mais on a discuté pas mal ensemble, on grandit, on évolue, mais Le Mans ça restera une place particulière parce qu’on est de là-bas. C’est un club familial, particulier et on a grandi avec ça. Toute ma famille est dans le basket au Mans, de l’époque des Beugnot au SCM (NDLR : Eric et Greg). Mes sœurs ont joué à Gouloumès comme moi (NDLR : la salle du club avant La Rotonde et Antarès). J’ai commencé le basket à Gouloumès. Cette salle était mythique, j’ai plein de souvenirs. Après, il faut savoir évoluer, ça ne s’est pas passé et tans pis. Qui sait plus tard ce qui se passera.
« Une équipe est faite de joueurs de rôle qui font leur job à un moment donné »
Avez-vous l’ambition de faire partie de l’équipe de France des fenêtres ?
Tous les joueurs à qui vous poserez cette question diront qu’ils ont l’ambition d’être en équipe de France. Il y en a déjà beaucoup qui y sont ! Oui, après ce que je montre depuis plusieurs années, le niveau que l’on a avec Strasbourg, pour moi ce n’est pas inenvisageable de pouvoir prétendre à ces fenêtres. Après entre l’ambition, la volonté, et les choix du sélectionneur, ce sont des choses différentes. En tous les cas, ça serait une fierté immense de pouvoir participer à ces fenêtres. Je me donnerais à 200 % pour pouvoir les faire.
Quand on voit Terry Tarpey, qui vient de la Betclic Elite, qui est désormais en passe de réaliser son objectif de faire les Jeux de Paris 2024, on se dit que tout est possible ?
Oui. On voit qu’il a un profil qui pour une équipe est un régal. Tout le monde s’accorde à dire que c’est génial d’avoir un mec comme ça. Peut-être que je m’identifie beaucoup à ce profil de jeu là parce que ça me ressemble. Que Terry Tarpey puisse le montrer à ce niveau-là, c’est…
Une surprise…
Oui, mais c’est génial et j’en suis vraiment heureux pour lui. Ça montre qu’il y a de la place pour tout le monde. Une équipe est faite de joueurs de rôle qui font leur job à un moment donné.
Comment justement vous définissez vous comme joueur ?
Oui. Mon jeu ne se fait pas que sur les statistiques. Il y a la défense, l’envie. Pour moi, un meneur doit d’abord penser aux autres avant de penser à soi.
Dans le championnat de France, il y a beaucoup de meneurs américains qui sont des meneurs scoreurs ?
Il y en a et il y en aura toujours, mais encore une fois, il faut de tout dans une équipe. C’est une question d’ajustements, de rôles, de complémentarité entre chaque joueur.
Vous avez toujours joué meneur dans vos débuts dans le basket ?
Non, mais je suis arrivé très vite à ce poste. J’ai fait un an au SCM en poussins puis la JALT (NDLR : un autre club du Mans) jusqu’en minimes France et ensuite je suis retourné au SCM. A l’âge de 13-14 ans, je n’étais pas très grand, très physique. Peut-être parce que j’avais un physique un peu moindre au départ et un talent aussi moindre que les autres, j’avais la volonté de travailler tous les aspects autour pour pouvoir prétendre au plus haut niveau.
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Vous avez signé un contrat de très longue durée à Strasbourg, jusqu’en 2026. Ce n’est pas loin d’être un record du genre ?
J’avais un contrat de trois ans et j’ai re-signé pour quatre ans au bout de la deuxième année. C’est une marque de confiance du club et ça, j’en suis vraiment reconnaissant. Je m’inscris dans un projet, de vie, de club et j’en suis très content.
C’est un confort d’avoir un contrat longue durée dans une profession où l’on est souvent amené à changer de club tous les ans ou au moins tous les deux ans ?
Il faut voir ça à mon avis sous plusieurs angles. Oui, sous un certain angle, c’est un confort car on a une certaine stabilité, mais je n’ai pas envie de dire ça car chaque saison est différente. Il faut savoir se mettre en danger chaque année. Je prends chaque année les unes après les autres, je ne me projette pas plus que ça. Pour moi, être dans le confort, c’est ne plus aller travailler, ne plus se donner à 100 %. Au contraire, avec ce contrat-là, ils m’ont montré leur confiance et je dois leur montrer un retour…
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Photo : JB Maille (FIBA)