Après le succès inaugural de ses joueuses, Jean-Aimé Toupane a ressorti son désormais traditionnel “c’est à la fin de la foire qu'on compte les bouses”. En effet, ce n’est pas une victoire, même de 21 points (75-54) contre le Canada, qui assurera une breloque aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Pour autant, l’équipe de France féminine a véritablement réussi son entrée en matière devant les plus de 20 000 spectateurs du Stade Pierre-Mauroy. Les Bleus ont pris les commandes du groupe B avec autorité, mais l’heure n’est pas à l'enflammade pour le sélectionneur.
“Je ne sais pas si c’est une entame idéale, mais c’est en tout cas une belle entame. Ce dont on a d’abord envie, c’est de défendre avant de penser à l’attaque. Et ce projet-là, on le répète depuis deux mois. Il y a une telle envie dans cette équipe depuis le début… Ce n’est pas la première fois que je les vois comme ça. J’ai la chance d’avoir une très belle équipe de joueuses à l’écoute et qui ont compris l’enjeu de cette compétition. Il y a eu du stress, mais on a réussi à en tirer profit. C’est un stress positif, on l’a vu par l’engagement qu’elles ont eu. Ce sont des filles qui ont de l’expérience, il y en a sept qui ont déjà fait les JO, elles jouent dans des grands clubs. Mais gagner un match aujourd’hui, ça ne garantit rien pour la suite.”
Certes, mais le niveau de jeu affiché en ouverture peut néanmoins nourrir de logiques ambitions.
Un record olympique pour débuter : “On peut être une machine à défendre”
Car, non, vous ne rêvez pas : avec un seul panier et deux points encaissés dans le deuxième quart-temps face au Canada (23-2), l'équipe de France a établi un nouveau record olympique ! Dans toute l’histoire des JO, tournois masculins et féminins confondus, jamais personne n’avait réussi cette performance. Et même si les matches se déroulaient en deux périodes de 10 minutes jusqu’à Sydney 2000, la performance est marquante : la précédente marque était co-détenue par quatre équipes (3 points concédés par le Brésil contre le Japon en 2004, la Turquie contre la France en 2016 et Porto Rico contre la Serbie en 2024 chez les femmes ; la Grèce contre l’Australie chez les hommes en 2004).
Une masterclass mise en lumière par les 9 balles perdues canadiennes sur la période mais aussi leur vilain 1/12 aux tirs dont 0/6 à 3-points. Si l’on ajoute les 57 secondes de la fin du premier acte, les Bleues n’ont pas encaissé de panier pendant 9 minutes et 32 secondes. Une muraille incarnée par Gabby Williams, 5 interceptions dont 3 en première mi-temps, qui n’a même tilté sur le coup la performance tricolore : “Je n’avais même pas réalisé qu’elles n’avaient marqué que deux points au deuxième quart-temps ! J'ai vu ça en regardant la feuille de stats à la mi-temps et j'ai halluciné. Sur le parquet, on prenait possession après possession, on ne s’est rendu compte de rien. Ça vient récompenser tout le travail que l’on fait depuis deux mois. C’est comme ça qu’on veut jouer. La défense, c’est notre identité”, affirme-t-elle, comme bien d’autres de ses coéquipières. Dont Dominique Malonga : “C’était impressionnant. Ce deuxième quart-temps montre qu’on peut réellement atteindre ce niveau où l'on est un rouleau compresseur, où on met la pression à tous les postes… et être une machine à défendre !”