Quatorze ans après Joakim Noah, sacré avec Florida en 2006 et 2007, le Bordelais Joël Ayayi peut devenir cette nuit le deuxième français à remporter le titre universitaire de NCAA avec Gonzaga. Quatrième meilleur marqueur des Bulldogs, il n’en est pas moins considéré par ses coéquipiers l’élément majeur de son équipe. Au point d’être annoncé de plus en plus haut à la prochaine draft NBA.
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« C’est fou mais Joël est toujours au bon endroit au bon moment. C’est le moteur de notre équipe. » Tels sont les mots de Jalen Suggs, annoncé dans le top 5 de la prochaine draft NBA, pour définir son coéquipier de Gonzaga Joël Ayayi, le rouage devenu essentiel de la seule université à ne pas avoir perdu le moindre match de la saison de NCAA (31-0). Tout simplement un record pour arriver jusqu’à la finale de la March Madness qui aura lieu cette nuit face aux non moins redoutables Bears de Baylor (27-2). S’ils l’emportent, les Bulldogs deviendront les premiers champions invaincus depuis Indiana en 1975-1976.
Pas innocent à cette performance sans équivalent ou presque, le Bordelais (1,95 m, 21 ans) vit une saison de rêve sur le plan collectif mais aussi individuel. Formidable rebondeur, excellent défenseur, scoreur de plus en plus fiable… le combo-guard des Zags sait tout faire (12,2 points à 57,5 %, 39,4 % à 3-points, 7,0 rebonds, 2,8 passes décisives, 1,1 interception en 31 minutes). Il est même devenu le premier joueur de l’histoire de Gonzaga à réaliser un triple-double en janvier dernier. « Je ne veux pas me reposer sur une seule qualité. Je veux faire attention aux détails », lançait le Girondin en début de saison. À tout juste 21 ans, le polyvalent Frenchie est arrivé à maturation. Il est déjà considéré outre-Atlantique comme un glue-guy, un catalyseur incontestable à l’envergure impressionnante, un arrière complet et explosif capable de finir sous le cercle comme shooter longue distance… Rien que ça.
Et pourtant, tout n’était pas écrit pour Joël Ayayi. Le jeune homme a dû faire ses preuves pour faire partie du programme universitaire de Gonzaga, à la faculté de Spokane au nord-ouest des Etats-Unis, l’un des plus renommés du pays… Véritable eldorado des joueurs internationaux. Deux Français, et pas des moindres, Ronny Turiaf (de 2001 à 2005) et Killian Tillie (de 2016 à 2020), le Japonais Rui Hachimura (de 2016 à 2019) et même le Serbe Filip Petrusev (de 2018 à 2020) y ont laissé leur trace. Son coach, Mark Few, avoue tout de même avoir hésité sur son sort à son arrivée.
La première fois qu’il l’a vu, il a décelé en lui un garçon talentueux mais aussi frêle, très jeune, voire un peu dépassé. Au point de ne pas le responsabiliser lors de sa première saison aux Etats-Unis, lui offrant seulement un statut de redshirt (joueur ayant le droit de s’entraîner avec sa nouvelle équipe sans jouer officiellement). Avant de le découvrir et de lui faire confiance, son temps de jeu passant de 5,6 minutes en 2018-2019 à 29,3 minutes en 2019-2020 et 31,3 minutes cette saison. « Au départ, je ne savais pas s’il serait assez bon pour jouer ici, confie le coach à Sports Illustrated. Joël ne possède pas de qualité intrinsèque qui ferait de lui un lottery pick. Mais il aide l’équipe à gagner. » S’il avait des doutes à cette époque, Mark Few a fait confiance à son instinct, mais aussi au passé qui parlait en faveur du jeune Français.
De l’Insep au Mondial 2019, un tsunami sur le Vieux Continent
Car, avant son escapade américaine, Joël Ayayi avait déjà impressionné plus d’une fois en Europe. Le Bordelais a d’abord fait ses preuves au centre de formation de L’Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez avant de rejoindre l’Insep, le temple de la formation à la Française, en 2015, avec un an d’avance. Lors de la saison 2016-2017, sa deuxième saison au centre fédéral, le prometteur Bordelais joue 40 matchs pour 5,7 points, 3,0 rebonds, 2,0 passes décisives en 21 minutes au troisième échelon national.
Lors de cette même période, Joël Ayayi découvre l’Équipe de France. En 2016, il participe à sa première compétition officielle avec les Bleus dans un rôle de titulaire et décroche une sixième place à l’Euro U16. Deux ans plus tard, le Freshman de Gonzaga goûte au bronze à l’Euro U18 avec une ligne statistique ultra-complète : 15,7 points, 3,6 rebonds, 2,3 passes décisives et 1,7 interception qui lui font intégrer le cinq majeur du tournoi. Mais c’est en Grèce, à l’été 2019, que l’histoire internationale du jeune français prend un tournant. Les Bleuets décrochent de nouveau le bronze, cette fois-ci lors du Mondial U19. Et le numéro 11 français montre à la planète basket l’étendue de son talent (20,9 points, 5,6 rebonds, 3,4 passes décisives et 2,0 interceptions à 51 % aux tirs, 30 % à 3-points). Le déclic de sa jeune carrière. Encore une fois, il est élu dans le cinq majeur du tournoi et passe tout près du titre de MVP. Ces trois campagnes en Equipe de France jeune lui apportent la maturité essentielle pour jouer au haut-niveau, un gage de réussite.
Le basket chez les Ayayi, une histoire de famille
Mais avait-il besoin, avec le nom de famille Ayayi inscrit tout en haut de son maillot, de prouver sa maturité ? Car dans cette famille, le basket – et pas n’importe lequel – est une institution. Sur les quatre frères et soeurs, trois évoluent désormais au plus haut niveau. Il y a la grande soeur Valériane (26 ans) – aujourd’hui Vukosavljević du nom de son mari – ailière de l’équipe de France aux 100 sélections sous le maillot bleu et triple championne de Ligue Féminine (Lattes-Montpellier en 2016, Villeneuve-d’Ascq en 2017 et Bourges en 2018). Il y a aussi Joël (21 ans), donc, mais également Gérald (19 ans), qui a décroché son premier contrat professionnel sous le maillot mythique de Pau-Orthez l’été dernier. Sans oublier Laure, soeur jumelle de Gérald, la seule de la fratrie à ne pas avoir choisi de se tourner vers le basket pro… Mais qui a bien sa licence aux JSA Bordeaux. Autant vous dire que le basket rythme la vie des Ayayi de A à Z. Et que le parcours de l’un comme de l’autre permet à chacun de progresser continuellement.
« Il n’y a pas de rivalité entre nous, note l’internationale Valériane dans Basket Le Mag n°47. J’ai fait des tonnes de un-contre-un avec mes frères, j’en fais encore quand on se voit – maintenant, ce n’est plus les mêmes résultats parce qu’ils commencent à être assez costauds physiquement. Mais c’était soit pour se chambrer, soit pour travailler. Gérald a toujours poussé Joël, Joël a toujours poussé son petit-frère. C’était plus des choses comme : « Je vais te montrer un mouvement ». Ou juste pour se chambrer, bien sûr, c’est normal. Et c’était bon enfant. » Nul doute que cette nuit, toute la famille sera devant son écran pour supporter Joël de l’autre côté de l’Atlantique.
La draft NBA dans le viseur
Dans la nuit de lundi à mardi, Gonzaga et Joël Ayayi ont l’occasion de rentrer dans l’histoire en finale du Final Four de la March Madness contre Baylor (3 h 20 heure française). Auteur de sa meilleure performance offensive dans la demi-finale face à UCLA (22 points à 9/12 aux tirs, 2/3 à 3-points, 6 rebonds, 2 passes et 2 interceptions) conclue par un buzzer déjà légendaire de son coéquipier Jalen Suggs, le Français est à n’en pas douter concentré sur sa finale à Indianapolis. Mais il dispute peut-être son dernier match sous le maillot des Bulldogs après 3 saisons collectives d’anthologie (33-4 il y a deux ans, 31-2 l’an passé, 31-0 cette année). Car, même s’il lui reste potentiellement une année à effectuer à Gonzaga – il n’est que junior car il n’a pas joué lors de sa première saison – le Bordelais devrait sans surprise participer à la prochaine draft NBA prévue le 27 juillet prochain.
Sports Illustrated estime que le Bordelais a des chances d’être drafté en fin de premier tour, tout comme le site nbadraft.net ou encore Tankathon. Tandis que d’autres sites spécialisés l’annoncent au deuxième tour. Mais avec cette superbe campagne lors de la March Madness, le Français continue de faire grimper sa cote. Sans se mettre de barrières pour autant : « Je n’aime pas trop me projeter trop loin dans le futur mais je sais qu’en continuant à travailler, ça finira par payer. » Alors, NBA ou pas, victoire ou non… Il pourra à tout jamais se rappeler être devenu le leader spirituel de l’une des équipes universitaires les plus fortes – si ce n’est la meilleure – de l’histoire de la NCAA.
Photo : Joel Ayayi (NCAA)
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« C’est fou mais Joël est toujours au bon endroit au bon moment. C’est le moteur de notre équipe. » Tels sont les mots de Jalen Suggs, annoncé dans le top 5 de la prochaine draft NBA, pour définir son coéquipier de Gonzaga Joël Ayayi, le rouage devenu essentiel de la seule université à ne pas avoir perdu le moindre match de la saison de NCAA (31-0). Tout simplement un record pour arriver jusqu’à la finale de la March Madness qui aura lieu cette nuit face aux non moins redoutables Bears de Baylor (27-2). S’ils l’emportent, les Bulldogs deviendront les premiers champions invaincus depuis Indiana en 1975-1976.
Pas innocent à cette performance sans équivalent ou presque, le Bordelais (1,95 m, 21 ans) vit une saison de rêve sur le plan collectif mais aussi individuel. Formidable rebondeur, excellent défenseur, scoreur de plus en plus fiable… le combo-guard des Zags sait tout faire (12,2 points à 57,5 %, 39,4 % à 3-points, 7,0 rebonds, 2,8 passes décisives, 1,1 interception en 31 minutes). Il est même devenu le premier joueur de l’histoire de Gonzaga à réaliser un triple-double en janvier dernier…
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