Jonquel Jones (1,98m, 27 ans) a été élue MVP de la WNBA. Sa technique, sa mobilité sont époustouflantes pour une big women. La Bahaméenne a une autre particularité: elle porte le maillot de la Bosnie-Herzégovine et on a pu la voir à l’oeuvre à Strasbourg, à l’occasion de l’EuroBasket, notamment contre la France.
Jonquel Jones a donné une interview complète au site swish-swish où elle parle librement de son engagement avec le petit pays de l’ancienne Yougoslavie, qui lui a délivré un passeport aussi facilement que l’on obtient un ticket de métro.
« C’est mon agent qui m’a parlé de cette opportunité », dit-elle sans que ce point soit une surprise. « On avait discuté de la possibilité d’avoir un autre passeport parce que je n’avais pas représenté les Bahamas en match officiel et ça n’avait de toute façon pas été une bonne expérience pour moi. Je n’avais donc pas vraiment d’attentes de ce côté-là pour le futur. On a donc discuté avec mon agent parce que c’était une belle opportunité pour moi sur le plan financier et pour pouvoir jouer n’importe où en Europe, être vue par les fans européens et être présente sur ce marché et dans cette atmosphère. J’ai eu la possibilité d’avoir un passeport avec un autre pays dans un premier temps, mais je n’étais pas assez à l’aise avec cette idée. Je ne peux pas dire de quel pays il s’agit, par respect. J’ai donc eu la chance de pouvoir discuter au téléphone avec le head coach bosnien, Goran Lojo. Je suis ensuite allée en Bosnie pour visiter et voir comment les choses se passent là-bas. Il m’a traitée comme un membre de sa famille, m’a emmenée partout et les gens étaient hyper accueillants et gentils. Personne ne m’a fait sentir que je n’étais pas à ma place. Donc j’ai décidé de le faire. J’ai rencontré l’équipe pour la première fois à Orenburg, en Russie, quand je jouais avec Ekat. La Bosnie avait un match contre la Russie pendant une trêve internationale, donc j’ai pris l’avion jusqu’à Orenburg pour jouer avec les filles. L’ambiance était bonne, personne ne m’a fait sentir que ma présence était un problème. Je pense être une personne avec laquelle il est facile de s’entendre, mais je n’ai pas cherché à en faire trop et n’ai pas demandé le moindre traitement de faveur. Je voulais juste faire partie de l’équipe. L’ambiance était bonne et le fait qu’on ait battu la Russie pour la première fois depuis une vingtaine d’années a aidé et les gens se sont montrés très enthousiastes pour l’avenir de l’équipe et ce qu’on pourrait faire ensemble. C’était un bon point de départ. Depuis ce jour-là, j’ai toujours senti qu’on avait une bonne relation avec l’équipe et le staff. Tout le monde a compris que l’on pouvait faire quelque chose de spécial. »
Cette naturalisation de complaisance offerte à Jonquel Jones n’est évidemment -et malheureusement- pas un cas unique dans le basket européen. Mais probablement qu’aucun joueur ou aucune joueuse ne bonifie autant une sélection nationale que la native de Freeport, au Bahamas.
Photo : FIBA