Jose Birioukov fut le premier sportif soviétique a passé à l’Ouest légalement. Il effectua une tournée aux Etats-Unis avec une équipe de l’URSS expérimentale mais c’est sous le maillot espagnol qu’il a participé en 1992 aux Jeux Olympiques de Barcelone.
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Son CV laisse percevoir qu’il fut un grand espoir du basket soviétique mais il a joué onze ans au Real Madrid, remportant notamment l’Euroleague en 1995 et il a été capé 57 fois en équipe d’Espagne. Mais comment est-ce possible ?
Jose Birioukov est le fils d’un chauffeur de taxi moscovite et d’une mère, Clara Aguirregabiria, originaire du Pays Basque, contraint à l’exil en raison de la guerre civile espagnole. Elle quitta son pays avec 4 500 autres enfants sur le paquebot « Habana » à destination de Bordeaux puis de l’Union Soviétique. Les Birioukov ont eu deux enfants, Jose et Yura, qui est pédiatre à Madrid.
Jose est devenu un basketteur par accident préférant enfant le hockey et la natation. Ses parents voyaient d’un mauvais œil son intérêt pour le sport et insistaient pour qu’il se consacre à fond à ses études. C’est son séjour dans un camp près de Moscou qui a fait basculer son destin. Le coût n’était que de 30 roubles et l’aspect financier était fondamental pour les Birioukov qui tiraient le diable par la queue.
Le fiston a joué deux ans pour le CSKA Moscou et il est ensuite passé au Dynamo. Ainsi, sa mère augmentait ses chances d’une émigration ultérieure car au CSKA, Birioukov aurait pris du galon et serait devenu prisonnier des règlements militaires qui interdisaient toute défection à l’ouest. Maxi-Basket révéla qu’au Dynamo, il refusa tous les avantages habituels (voiture, appartement…) et il touchait une bourse mensuelle de 150 roubles soit un peu moins que le salaire moyen alors en vigueur en URSS.
Avec l’équipe junior de l’URSS, il remporta en 1982 l’or à l’Eurobasket en s’imposant en finale à la Yougoslavie de Drazen Petrovic. L’équipe soviétique était pourtant privée d’Arvidas Sabonis, qui était surclassé en équipe première pour participer au championnat du monde à Cali. « On savait que Petrovic marquait toujours des points. Il était important de contrôler les autres joueurs. Petrovic a marqué 42 points mais cela n’a rien coûté. Mes 36 points étaient beaucoup plus importants », s’est souvenu Birioukov dans un entretien avec El Pais. Le jeune talent soviétique se faisait déjà remarquer par sa vitesse et son jump shoot peu orthodoxe mais d’une redoutable efficacité.
A Madrid pour la vie
C’est lors de l’Euro juniors 1982 que les Espagnols ont remarqué Jose Birioukov attirés par son nom et c’est ainsi qu’ils ont découvert ses racines. Un an plus tard, le Real Madrid lui offrait non seulement un contrat mais la possibilité de déménager en Espagne avec toute sa famille. Quelle aubaine ! Un de ses cousins espagnols a contribué à rendre la transaction réalisable. A partir du moment où fut engagée la procédure d’émigration, le Dynamo exigea qu’il rende son maillot. La famille Birioukov a reçu le feu vert des autorités soviétiques avec des conséquences mineures : Jose fut banni du Komsomol (l’organisation de la jeunesse du Parti communiste de l’Union soviétique) et s’est vu privé du titre de « Maître des sports de l’URSS de classe internationale. » « A 20 ans, j’ai déménagé à Madrid. Après la première séance d’entraînement au Real, toute l’équipe est allée au bar. Le coach a demandé : « Que bois-tu? » J’ai commandé un coca. Et l’entraîneur a dit: « Les gars normaux boivent du vin ou de la bière, et ces déchets américains sont interdits au Real Madrid ! » »
En fait, Jose Birioukov n’a pas pu jouer pour le Real la première saison car il n’avait pas encore de passeport espagnol et les postes d’étrangers n’étaient plus vacants. Cela ne l’a pas empêché d’être le centre d’attention : « Bien sûr, on m’a beaucoup posé des questions sur l’URSS. Les Espagnols sont des gens curieux. Ils étaient très surpris que le gars de l’Union soviétique ait signé un contrat avec le Real Madrid, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. Par conséquent, j’étais une personne populaire. De plus, ils connaissaient en quelque sorte le pays, car ils y sont restés pendant un mois lors d’un tournoi. Pour cette raison, ils étaient encore plus intéressés par une opinion de première main. Quand ils sont allés plus tard en URSS avec moi, ils en ont profité pour en apprendre davantage sur la culture locale. Ils avaient avec moi quelqu’un qui la connaissait bien. Je les ai emmenés en tournée pour acheter du caviar dans les endroits les plus reculés du vaste Moscou. Nous avons passé un bon moment. »
De sang, Jose Birioukov était moitié espagnol mais pas de culture. « Je pense que la première année est toujours la plus difficile. De plus, les Russes ne sont pas un peuple d’émigrants. Nous sommes habitués à notre pays, et quoi qu’il en soit, nous le conservons en tête jusqu’au dernier jour. Je suis à moitié russe et la première année a été très difficile. Après tout, je suis venu en Espagne, ne connaissant pas la langue, imaginez ! Mais ici, j’ai appris la langue assez rapidement, parce que je me suis retrouvé avec des joueurs qui ne parlaient que l’espagnol. J’avais aussi des notions d’anglais, mais plutôt faibles. J’ai donc dû apprendre à la volée. »
Outre la langue, le Moscovite ignorait à peu près tout de l’Espagne sinon sa cuisine car sa mère préparait à la maison des plats mixtes russo-espagnols à commencer par un mélange de bortsch, un potage russe avec notamment de la betterave, avec de la tortilla, une omelette espagnole à base d’œufs et de pommes de terre. Mais le plus dur pour Jose fut de laisser au pays sa copine. « J’étais amoureux à ce moment-là, j’ai laissé ma petite amie en Russie, donc vous pouvez imaginer combien de souffrance… De plus, il y avait une vie complètement différente ici. Je me suis retrouvé sans mes amis. Oui, il y avait mes parents, mais honnêtement, cela ne m’a pas aidé. J’ai dû vivre sous le même toit avec mon père, ma mère, mon frère, qui avait une femme et un enfant de trois à quatre ans. De plus, un ami de mon frère vivait avec nous, il était également marié et il avait également un petit enfant. Bref, neuf personnes vivaient dans un appartement. Moi, habitué à la liberté totale, on me donnait une toute petite pièce, et parfois je devais dormir dans la cabine sur un lit pliant, car tous les autres endroits étaient déjà pris. »
Mais Jose Birioukov a très vite apprécié l’hospitalité des Espagnols : « Quand nous sommes arrivés à Madrid, ma mère avait 56 ou 57 ans, mon père avait deux ans de moins qu’elle. Mon père était un bon mécanicien, il a tout de suite trouvé un travail ici. Nous avions un accord avec le club : en plus du contrat qu’ils ont conclu avec moi, de l’appartement et de l’argent, ils se sont engagés à employer mon père et Yura, mon frère. Honnêtement, le Real Madrid nous a magnifiquement traités tout au long de notre vie ici. Encore aujourd’hui, lorsque nous avons besoin d’obtenir des billets pour le football, le basket-ball, pas de problème. Ils ont fait tout leur possible pour que nous nous sentions bien ici, et je leur en suis très reconnaissant », a-t-il déclaré dans une interview à russkie.org.
https://www.youtube.com/watch?v=3YPWOrMdfSQ&ab_channel=S9rgioteca
Aux JO de Barcelone
Au Real, Jose Birioukov a eu comme coachs George Karl, qui a fait une longue carrière en NBA, et Zeljko Obradovic, qui a gagné avec lui sa troisième Euroleague. « Il a apporté le style yougoslave au Real Madrid : vous contrôlez le ballon pendant vingt-quatre secondes, et vous ne tirez qu’à la dernière. Avec Sabonis et Joe Arlauskas, nous marquions juste un peu plus de cinquante points comme une équipe universitaire. »
L’un des moments les plus marquants de la carrière de Birioukov au Real Madrid a fut un panier décisif en quart-de-finale de la Coupe Korac de la saison 1990-1991 contre Caserte. Le Real Madrid avait perdu de 13 points en Italie (79-92) lors du premier match. Lors du match retour, Birioukov a permis à son équipe d’éviter une prolongation, marquant le triples gagnant à la sirène : 74-58.
L’un des souvenirs les plus vifs du Russo-espagnol, ce sont forcément les Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone. Birioukov a eu la chance de jouer la Dream Team, un moment extraordinaire même si la note fut salée : 59-114.
« J’ai rencontré Magic Johnson il y a deux ans lors d’un événement en Espagne. Il m’a reconnu. Nous avons eu une très belle conversation. C’est très cool quand Magic vous reconnaît. Il était l’une des grandes stars de ces Jeux olympiques, il est revenu après avoir été infecté par le SIDA. Il était peut-être le plus grand joueur de la Dream Team. Je peux dire avec fierté : « J’ai joué contre la Dream Team. » C’étaient des dieux. J’en ai touché plusieurs. C’est le match le plus spécial de ma vie, inoubliable. Bref, j’ai marqué quatre points contre la Dream Team. En 1992, l’équipe nationale américaine comptait 11 superstars de la NBA. Dans les tournois suivants, il y en avait 3 à 5, mais jamais en si grand nombre. »
17 ans dans le cinéma
Une fois sa carrière de basketteur terminée, Jose Birioukov a changé radicalement de métier et s’est lancé dans l’industrie cinématographique. Il est devenu un agent, représentant les intérêts d’acteurs et de présentateurs de télévision. Il a travaillé dans le cinéma, le théâtre et la télévision pendant dix-sept ans. Il a connu des hauts et des bas et du stress comme au basket. « Les acteurs et les animateurs de télévision ne sont pas de simples personnalités. Aujourd’hui à l’étage supérieur, demain en bas, maintenant heureux, parfois déprimés. Ils font parfois des caprices. « Je ne veux pas conduire cette voiture. » « Je veux des fleurs et des bonbons dans le dressing ». En règle générale, les plus grandes stars sont des gens absolument normaux. Des difficultés surgissent avec ceux qui ne sont pas tout à fait au top. » Après cette longue expérience, l’ancien basketteur a changé une nouvelle fois de voie. Il a ouvert à Madrid un café-restaurant à son nom.
Jose Birioukov est pour autant toujours demeuré fidèle à Moscou. Il s’y rend chaque été. En 1986, il avait même acheté une Porsche et voulait l’emmener en URSS. Il a fait 4 200 km mais il n’a pas été autorisé à passer la frontière et il a dû rebrousser chemin. Après l’effondrement du pays, il a continué à visiter Moscou régulièrement mais il a eu du mal à se faire au nouvel environnement. « Nous avons séjourné à l’hôtel Cosmos, qui était assez prestigieux à l’époque. Mais dans son restaurant, j’ai vu une telle bagarre que j’ai été horrifié. J’ai été stupéfait de voir des coups de couteau et ils ont jeté des chaises, comme dans les films de cow-boy. En Union soviétique, ça n’aurait certainement jamais été le cas. »
Jose a divorcé de Cristina et il a rencontré une Russe, Inna. Ils ont vécu pendant quatre ans dans différents pays en se rendant plusieurs fois par mois à Moscou. Mais il n’a pas voulu quitter Madrid et le couple s’y est installé définitivement. Pourtant dans ses propos, on sent percer la nostalgie de l’époque soviétique : « Nous avons bien vécu à l’époque de Brejnev. Il y avait des soins de santé et une éducation qui étaient gratuits. Vous pouviez devenir agronome ou médecin gratuitement. Maintenant tout n’est pas gratuit et l’éducation est un vrai désastre. J’ai récemment vu l’état des écoles de Moscou, c’est terrible. Il y a des enfants qui ne savent pas dans quel pays se trouve Rio de Janeiro. Le niveau d’éducation a chuté de façon spectaculaire. L’URSS manquait de beaucoup de choses, il fallait travailler pour manger, mais tout le monde avait un travail, et il n’y avait pas de drogue. Les Russes ont toujours bu, mais l’alcoolisme a maintenant augmenté de façon spectaculaire. Je ne sais pas pourquoi Gorbatchev est si vénéré dans le monde. Sous son règne, il y a eu un désastre. La démocratie est surfaite. Sérieusement, vous devez connaître les coutumes de chaque pays. Vous devez comprendre le fonctionnement de chaque pays avant d’essayer d’introduire la démocratie. Nous le voyons dans l’exemple des pays musulmans, où nous avons essayé de transmettre avec force notre démocratie, sans réaliser qu’il s’agit d’autres coutumes différentes des nôtres, que les non-chrétiens y gouvernent. Qu’est-ce que c’était que le printemps arabe ? Cela n’a fait qu’entraîner le chaos et a conduit à la création de l’Etat islamique. »
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Son CV laisse percevoir qu’il fut un grand espoir du basket soviétique mais il a joué onze ans au Real Madrid, remportant notamment l’Euroleague en 1995 et il a été capé 57 fois en équipe d’Espagne. Mais comment est-ce possible ?
Jose Birioukov est le fils d’un chauffeur de taxi moscovite et d’une mère Clara Aguirregabiria, originaire du Pays Basque, contraint à l’exil en raison de la guerre civile espagnole. Elle quitta son pays avec 4 500 autres enfants sur le paquebot « Habana » à destination de Bordeaux puis de l’Union Soviétique. Les Birioukov ont eu deux enfants, Jose et Yura, qui est pédiatre à Madrid.
Jose est devenu un basketteur par accident préférant enfant le hockey et la natation. Ses parents voyaient d’un mauvais œil son intérêt pour le sport et insistaient pour qu’il se consacre à fond à ses études. C’est son séjour dans un camp près de Moscou qui a fait basculer son destin. Le coût n’était que de 30 roubles et l’aspect financier était fondamental pour les Birioukov qui tiraient le diable par la queue.
Le fiston a joué deux ans pour le CSKA Moscou et il est ensuite passé au Dynamo. Ainsi, sa mère augmentait ainsi ses chances d’une émigration ultérieure car au CSKA, Birioukov aurait pris du galon et serait devenu prisonnier des règlements militaires qui interdisaient toute défection à l’ouest. Maxi-Basket révéla qu’au Dynamo, il refusa tous les avantages habituels (voiture, appartement…) et il touchait une bourse mensuelle de 150 roubles soit un peu moins que le salaire moyen alors en vigueur en URSS.
Avec l’équipe junior de l’URSS, il remporta en 1982 l’or à l’Eurobasket en s’imposant en finale à la Yougoslavie de Drazen Petrovic. L’équipe soviétique était pourtant privée d’Arvidas Sabonis, qui était surclassé en équipe première pour participer au championnat du monde à Cali. « On savait que Petrovic marquait toujours des points. Il était important de contrôler les autres joueurs. Petrovic a marqué 42 points mais cela n’a rien coûté. Mes 36 points étaient beaucoup plus importants », s’est souvenu Birioukov dans un entretien avec El Pais. Le jeune talent soviétique
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