Ce n’est pas donné à toute les équipes françaises d’aligner un quatuor d’arrières comme Juice Thompson, Antoine Eito, Jonathan Tabu et Kendrick Ray. Un carré d’as qui est désormais la propriété du Mans Sarthe Basket.
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Michael « Juice » Thompson fut avec Pau le meilleur marqueur de la Pro A lors de la saison 2015-16 et aussi considéré par ses pairs comme le meneur numéro 1 du championnat. Après avoir été plusieurs longues semaines en souffrance avec son tir, il a retrouvé subitement sa « patte » avec principalement un shoot à trois-points et un floater qu’il téléguide jusque dans le cercle. Antoine Eito, joueur de fort caractère, qui a dû avaler des bols d’adrénaline au petit-déjeuner quand il était gosse, est devenu le symbole du MSB avec qui il est désormais sous contrat jusqu’en 2022. Jonatan Tabu, natif de la République Démocratique du Congo, meneur titulaire de l’équipe de Belgique, a transité par Berlin, Cantu, Milan et l’Espagne. Kendrick Ray est une bombe ambulante qui a épaté la galerie en Champions League avec les Tchèques de Nymburk et que le Maccabi Tel-Aviv a prêté au Mans.
Ce qu’il faut souligner, c’est que le MSB a débuté sa saison avec la seule paire Thompson-Eito -ce qui était très juste considérant qu’aucun autre joueur y compris espoir ne pouvait assurer la mène en cas de pépin- et qu’il a ajouté à son effectif Tabu qui un temps a suppléé Eito (adducteurs) avant lui-même de se blesser fin janvier (ischio-jambier). Ray est arrivé ensuite deux jours avant la date butoir du 28 février.
Il n’est évidemment pas toujours aisé de convaincre des joueurs de partager du temps de jeu pour le bien commun. En l’occurrence, se qualifier pour les quarts-de-finale de la BCL (c’est raté), la finale de la Coupe de France (c’est réussi) et les playoffs de Jeep Elite (c’est à voir).
Jonatan Tabu : 17 points en une mi-temps
Prenons Jonathan Tabu. Malgré son pedigree, le combo guard belge n’est apparu que 5 fois dans le starting five en 12 matches. De quoi froisser sa susceptibilité ? Etait-il habitué à un rôle de backup à Fuenlabrada et Bilbao ?
« Pas du tout ! » répond-il. « Ces trois dernières années, j’étais à chaque fois titulaire. Par le passé, j’ai eu ce rôle-là notamment quand j’étais à Berlin avec le coach de Monaco (Sasa Obradovic). Je suis sorti parfois du banc. C’était pareil aussi à Cantu. Le plus important ce n’est pas de commencer les matches, le plus important c’est surtout comment on termine les matches. Aujourd’hui, j’ai pu apporter en venant du banc et si ça va bien pour l’équipe comme ça, on va continuer comme ça. »
Jonathan Tabu est donc sorti du banc samedi dernier face à la JDA Dijon en quart-de-finale de Coupe de France et… on n’a vu que lui en première mi-temps. Boum ! Boum ! Boum ! 17 points avec un parfait 6/6 aux shoots.
« Dijon a très bien commencé et nous on était un peu soft. Quand je suis rentré, j’ai mis des tirs ouverts. Ça a permis un petit peu d’ouvrir la défense. A côté de ça, on a pu apporter un basket beaucoup plus collectif, le ballon a bougé. Et puis il fallait faire aussi le boulot défensivement. »
C’est simple en fait. Pas comme à Bologne où le MSB a pris un bouillon (81-58). Le fameux quatuor a cumulé un épouvantable 8 sur 34 aux shoots et un bien maigre 15 à l’évaluation.
« Je pense qu’en fait on ne s’est pas rendu compte de l’enjeu. C’est comme si on avait encore un autre match au Mans la semaine d’après mais en fait, non, c’était une finale et il fallait tout donner. Bologne, eux, ils ont répondu présents dès le début. On n’a jamais pu réagir même si on a essayé en faisant un petit run en revenant à un moment donné à dix points dans le deuxième quart-temps. Je pense que physiquement, mentalement, on n’a tout simplement pas répondu présent. Il faut dire aussi que Bologne nous a un petit peu déjoué. Ils étaient très bien préparés. Il va falloir apprendre de ce genre de match. »
C’était donc comme s’ils pensaient qu’il y aurait un Match 3 au Mans… Curieux, n’est-ce pas ? Le MSB pris au piège de cette formule de matches aller-retour qui, il est vrai, fait très XXe siècle.
« Je préfère avoir une série. En Eurocup, ils ont changé puisqu’avant ils avaient ce format-là en jouant sur la différence de points. Ça montre vraiment quelle équipe est la meilleure à la fin. Mais il peut y avoir des scénarios intéressants comme on l’a vu avec Nanterre qui s’est qualifié à Besiktas. Nous, on n’a pas su saisir notre chance en espérant que l’on va apprendre dans le futur. »
Cette performance va-t-elle permettre à Jonathan Tabu (7,9 points à 38,3% à trois-points et 3,5 passes en Jeep Elite) de repartir du bon pied ?
« J’espère que je vais pouvoir continuer sur cette lancée. On sait bien que l’adresse c’est quelque chose qui vient et qui part. Il faut continuer à travailler là-dessus, essayer de construire des shoots ouverts. Ce fut le cas aujourd’hui. Je pense que les défenses vont s’ajuster par rapport à ça. C’est vrai que ça fait du bien sur le plan personnel pour la confiance d’autant plus que je reviens d’une blessure. J’ai été out pendant un mois et l’équipe a très bien joué sans moi. »
En tous les cas, le Belge n’a pas l’air de voir la venue de Kendrick Ray d’un mauvais œil :
« Ça fait 14 ans que je suis professionnel, j’ai pas mal d’expérience. Quand j’ai commencé à jouer, j’étais le troisième meneur à Charleroi et ça ne m’a pas empêché de donner le meilleur. La vérité est sur le terrain. Si on apporte sur le terrain, on jouera. Tout le monde doit avoir cet état d’esprit. Kendrick va nous apporter pas mal de choses. On l’a vu à Strasbourg et lors du premier match contre Bologne, c’est un joueur dynamique. Je ne pense pas qu’il soit là pour me mettre des bâtons dans les roues. Il est là pour l’équipe et moi je suis un joueur d’équipe donc je ne vais pas me prendre la tête avec ça. »
Antoine Eito des deux côtés du terrain
Le lendemain, face à Levallois, Jonathan Tabu a été beaucoup plus discret (2 points en 17’) et c’est Antoine Eito qui a revêtu son habit de gala et… son bleu de chauffe car sa production défensive a été phénoménale tout autant que son 7/7 aux shoots dont 6/6 à trois-points pour 20 points en 32’.
Pour Antoine Eito, la clé, c’était justement la défense :
« L’état d’esprit avec lequel on est revenu en deuxième mi-temps. C’est ça qui a donné des stops, des paniers faciles, de la confiance et après de l’adresse. Le rythme, on le prend en défense. C’est à l’image de Juice (Thompson) qui a défendu. Il a pris une ou deux balles dans les mains. Tout le monde s’est mis le cul par terre. »
Question au coach : est-ce l’adversaire du jour, les choix tactiques qui font la répartition des tâches et du temps de jeu ou plutôt le cours du match ?
« C’est le match », répond Eric Bartecheky. « C’est ça justement la force d’une équipe de pouvoir être toujours dans l’engagement défensif, de pouvoir accepter de voir les choses à un peu plus long terme. Effectivement, une fois c’est un joueur qui va briller, sur un autre match, un autre. C’est un bon exemple avec Jo hier et Antoine aujourd’hui. Tant que l’on comprend que défensivement il faut être intense et solidaire, et qu’en attaque il faut partager la balle… On a vu des actions aujourd’hui que l’on n’a pas toujours vu dans notre équipe, c’est la direction dans laquelle on doit aller. »
Face à Levallois, Antoine Eito était comme sublimé. Est-ce d’être au plus près du short de son vis-à-vis et de se jeter sur chaque balle, qui fait monter son adrénaline et qui, de l’autre côté du terrain, lui permet de mettre ses fameux « big shoots » ?
« C’est surtout ce qu’il y a devant : une finale avec ce maillot. Bien sûr qu’après c’est la défense. J’étais furax à la mi-temps pour des raisons, hé !, qui sont les miennes et les nôtres. Moi, ma frustration, je la mets sur l’intensité. Derrière, c’est cool, il y a eu les shoots. J’ai dit en rigolant que c’est la première fois de ma vie où je ne rate pas un shoot dans un match ! Mais comme on a pu le constater, hier c’est Jo, aujourd’hui c’est moi. Valentin (Bigote) a mis 30 points contre Boulazac en coupe de France. Ça peut être n’importe qui. Il manque aussi Terry (NDLR : Tarpey, victime d’une déchirure du quadriceps). Il peut apporter quelque chose sur certains matches. Je pense à l’ASVEL où il y a Charles Kahudi. Aujourd’hui il y a Cyrille Eliezer-Vanerot qui nous a embêtés parce qu’il était plus grand. »
Kendrick Ray, doué mais gourmand
Donc, quatre joueurs majeurs pour deux postes, c’est parfait sur le papier mais ça peut entraîner des frustrations, des incompréhensions, des jalousies. Surtout que Kendrick Ray est un joueur qui aime la gonfle et qui peut se transformer en trou noir, c’est-à-dire qu’on ne revoit pas les balles qu’on lui donne. Cependant, il est apparu moins gourmand sur le week-end de Trélazé.
« Il y a toujours un dilemme dans un groupe de vouloir le renforcer pour être meilleur », résume Antoine Eito. « Je pense que Kendrick s’est adapté assez rapidement sur certaines choses. C’est un attaquant, un joueur talentueux, un avion de chasse qui peut être utilisé en défense. Je pense que depuis le match où l’on a été à égalité contre Bologne (74-74), il est beaucoup mieux dans le fait de partager la balle et il a tellement de talent qu’il marquera, il sera bon de toutes façons. Je le répète, Juice, le voir défendre comme ça, ce n’est pas tous les jours. Franchement, c’est cool. Et si l’on retrouve le Cameron (Clark) de Chalon sur Saône, ça ne va pas être pareil. Ca fait déjà un petit moment qu’il est comme ça ! Il n’a pas joué pendant un an, il retrouve du jeu. Aux entraînements, on le voit faire des alley-hoops, mettre des gros dunks. »
C’est au coach de réaliser le savant dosage entre ses joueurs. Alors que le MSB avait deux matches par semaine, il n’avait qu’un effectif de neuf pros. Un peu juste car des blessés, des méformes, il y en a toujours dans une saison. A dix, le champion de France en titre est mieux armé pour être compétitif, mais il n’y a plus désormais que le championnat national -et la finale de la Coupe- pour contenter tout le monde.
« Il y a des choses qui n’apparaissent pas dans les stats », faisait remarquer Eric Bartecheky en évoquant lui aussi la défense de Juice Thompson face à Levallois. « C’est à nous, le staff, de montrer ça, comme le partage du ballon. J’estime avoir fait une erreur quand il (Kendrick Ray) est arrivé. C’était juste après le break (NDLA : la fenêtre internationale de février) et je l’ai injecté rapidement. Il a fallu un phase d’adaptation mais le groupe a fait un effort et lui aussi de son côté. Certains joueurs ont moins joué (10’ pour Valentin Bigote, 8’ pour Petr Cornelie) car à Levallois ils ont un style défensif qui est difficile à appréhender. Ils ont de grands joueurs sur le poste extérieur, ça switchait partout, j’ai estimé que Antoine, Juice, Kendrick, Cameron, qui ont une certaine expérience de tout ça, ça allait nous permettre de gérer ce genre de situation. C’est un choix. »
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Michael « Juice » Thompson fut avec Pau le meilleur marqueur de la Pro A lors de la saison 2015-16 et aussi considéré par ses pairs comme le meneur numéro 1 du championnat. Après avoir été plusieurs longues semaines en souffrance avec son tir, il a retrouvé subitement sa « patte » avec principalement un shoot à trois-points et un floater qu’il téléguide jusque dans le cercle. Antoine Eito, joueur de fort caractère, qui a dû avaler des bols d’adrénaline au petit-déjeuner quand il était gosse, est devenu le symbole du MSB avec qui il est désormais sous contrat jusqu’en 2022. Jonatan Tabu, natif de la République Démocratique du Congo, meneur titulaire de l’équipe de Belgique, a transité par Berlin, Cantu, Milan et l’Espagne. Kendrick Ray est une bombe ambulante qui a épaté la galerie en Champions League avec les Tchèques de Nymburk et que le Maccabi Tel-Aviv a prêté au Mans.
Ce qu’il faut souligner, c’est que le MSB a débuté sa saison avec la seule paire Thompson-Eito -ce qui était très juste considérant qu’aucun autre joueur y compris espoir ne pouvait assurer la mène en cas de pépin- et qu’il a ajouté à son effectif Tabu qui un temps a suppléé Eito (adducteurs) avant lui-même de se blesser fin janvier (ischio-jambier). Ray est arrivé ensuite deux jours avant la date butoir du 28 février.
Il n’est évidemment pas toujours aisé de convaincre des joueurs de partager du temps de jeu pour le bien commun. En l’occurrence, se qualifier pour les quarts-de-finale de la BCL (c’est raté), la finale de la Coupe de France (c’est réussi) et les playoffs de Jeep Elite (c’est à voir).
Jonatan Tabu : 17 points en une mi-temps
Prenons Jonathan Tabu. Malgré son pedigree, le combo guard belge n’est apparu que 5 fois dans le starting five en 12 matches. De quoi froisser sa susceptibilité ? Etait-il habitué à un rôle de backup à Fuenlabrada et Bilbao ?
« Pas du tout ! » répond-il. « Ces trois dernières années, j’étais à chaque fois titulaire. Par le passé, j’ai eu ce rôle-là notamment quand j’étais à Berlin avec le coach de Monaco (Sasa Obradovic). Je suis sorti parfois du banc. C’était pareil aussi à Cantu. Le plus important ce n’est pas de commencer les matches, le plus important c’est surtout comment on termine les matches. Aujourd’hui, j’ai pu apporter en venant du banc et si ça va bien pour l’équipe comme ça, on va continuer comme ça. »
Jonathan Tabu est donc sorti du banc samedi dernier face à la JDA Dijon en quart-de-finale de Coupe de France et… on n’a vu que lui en première mi-temps. Boum ! Boum ! Boum ! 17 points avec un parfait 6/6 aux shoots.
« Dijon a très bien commencé et nous on était un peu soft.
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