Julien Cortey a vécu une saison de rêve à La Rochelle. Pilote de la meilleure défense de Pro B, il a été récompensé du trophée de coach de l’année et surtout du sacre jeudi 6 juin à Boulazac, synonyme d’accession à l’élite du basket français.
Le technicien originaire de Neulise, un village de la Loire coincé entre Roanne et Feurs dans un territoire qui vit basket, dresse le bilan pour Sud-Ouest. Lui qui avait pourtant connu des débuts difficiles dans l’antichambre au dernier trimestre 2022, quand le promu rochelais n’arrivait pas à enchaîner les victoires.
“Je suis reconnaissant envers Aymeric (Jeanneau, DG) et Charles (Kloboukoff, président) pour leur confiance. Ce qui nous est arrivé l’année dernière nous a servi (NDLR : 1-8 pour débuter la saison de Pro B), c’étaient les fondements de notre réussite actuelle. Je pense que ça a été fédérateur et la confiance est totale entre les uns et les autres. On a une vision similaire, on sait où on veut aller. Avec Aymeric, je suis moi. Et j’ai gagné en compétence aussi, j’ai pu gérer différemment, j’ai été sous stress, j’ai pu progresser, analyser ce qui allait, ce qui n’allait pas. Je ne remets pas tout en question. Si on me voit depuis jeudi (6 juin), je savoure mais je ne suis pas dans une euphorie de fou. Quand on était à 1-8, je n’étais pas dans un précipice. Je suis sûr de moi, de ce que je propose, de ma capacité à m’adapter. Mais on le sait, c’est fragile, l’année prochaine on sera en Betclic Elite et tout le monde aura oublié. Tu es amené à perdre contre Monaco et ‘Cortey il est plus bon à rien’. Ce qui m’importe, c’est l’avis d’Aymeric. Le reste, aujourd’hui on gagne on est les plus forts, demain on perd… J’essaye de me détacher de ça.”
Après avoir coaché en NM2, en NM1 puis en Pro B, l’entraîneur ligérien, sous contrat jusqu’en 2029, va connaître la Betclic Elite à la rentrée. Une belle ascension.
“Je me rapproche de ce qui se fait de mieux dans le basket français. Il y a de la fierté, c’est chouette. (...) La Betclic Elite sera un sacré challenge. Les qualités collectives et individuelles seront bien supérieures à la Pro B, il va falloir en prendre la mesure. Bien évidemment qu’il y aura des évolutions au projet défensif - forcément, on ne défend pas les arrières de Betclic comme les arrières de Pro B -, offensivement aussi. Mais le socle ne va pas bouger, les bases non plus. On fait le même métier mais il n’y a pas de routine. On remet tout en perspective et on repart. (...) Cette saison, on a eu un très haut niveau de cohésion, une équipe qui a fait corps et pris tout le sens du mot « équipe ». Avec des gars totalement différents, culturellement et socialement parlant. Il y avait une vraie mixité, une vraie tolérance des différences de chacun. Ça, c’est rare. Il y avait une vraie forme de respect, de politesse, d’humilité. Ce qui leur a permis de se dépasser pour les autres.”
Avec un peu plus de 3 millions d’euros de budget prévisionnel, La Rochelle devrait avoir les finances les plus serrées de l’élite jusqu’à l’arrivée de la nouvelle salle, pas prévue avant au moins deux ans. D’ici là, il faudra se contenter de la chaude ambiance de Gaston-Neveur où le Stade Rochelais peut encore faire des miracles, mais avec un groupe sensiblement différent - seuls Gaétan Clerc, Jérôme Sanchez et Lucas Hergott sont sous contrat.
“Oui, le groupe va être remanié, il y a un gros, gros gap, entre la Pro B et la Pro A. C’est la pire partie de mon travail, l’annoncer, prendre cette responsabilité. Il faut enlever l’affect, au-dessus il y a le projet club. Il y a des années où c’est plus simple ! Ce qui est compliqué, c’est qu’on fait une saison quasiment parfaite avec des joueurs irréprochables… mais qu’on ne peut pas continuer ensemble ! (...) C’est injuste ? Clairement. Même s’ils le comprennent, ils savent que le niveau n’est pas le même. Et ce ne sont pas de bons moments.”