Beaucoup s’accordent à dire que l’Equipe de France 2011 est la meilleure de tous les temps en terme d’association de talents, réunis autour d’une superstar en la personne de Tony Parker.
A ses côtés, deux ailiers et un pivot référencés en NBA avec Boris Diaw, Nicolas Batum et Joakim Noah. Des joueurs qui ont fait leurs preuves au haut niveau européen avec Mickaël Gelabale, Nando De Colo, Florent Piétrus et Ali Traoré. Des jeunes prometteurs avec Kevin Séraphin et Andrew Albicy, ainsi que deux éléments représentatifs de la Pro A : Steed Tchicamboud et Charles Kahudi.
Un savant cocktail de stars et de role players qui donne l’impression qu’il s’agit du groupe le plus abouti.
Pour autant, s’agit-il de la meilleure équipe de France de son histoire ?
L’équipe de 2003
Pour nous aider, il y a Tony Parker. Voici ce qu’il déclarait la veille de l’Euro en Lituanie.
« Je pense que cette équipe est la plus forte depuis 2003, elle est très talentueuse, même si c’est dommage qu’on n’ait pas Ronny (Turiaf) et Mike (Pietrus) avec nous ».
L’équipe de 2003, la voici. Elle est synonyme d’un gâchis incroyable. Athlétiquement, elle domine toute l’Europe mais elle se saborde, et manque les Jeux Olympiques bêtement. Sur le papier, cinq joueurs NBA et des pointures sur le plan européen (Sonko et Digbeu). A l’époque, Pau-Orthez et l’ASVEL sont encore des noms sur le plan européen et le trio Foirest-Julian-Piétrus a une grosse influence. Les absences de joueurs comme Sciarra ou Rigaudeau pèsent, et ce manque d’expérience et de leadership sera fatal.
Joueur | Club | Age |
Tony Parker | San Antonio Spurs (NBA) | 21 |
Moustapha Sonko | Unicaja Malaga (Espagne) | 31 |
Tariq Abdul Wahad | Dallas Mavericks (NBA) | 28 |
Alain Digbeu | Real Madrid (Espagne) | 27 |
Boris Diaw | Atlanta Hawks (NBA) | 21 |
Florent Pietrus | Pau-Orthez | 22 |
Laurent Foirest | Pau-Orthez | 29 |
Jérôme Moiso | New Orleans Hornets (NBA) | 25 |
Makan Dioumassi | ASVEL | 29 |
Thierry Rupert | Paris BR | 26 |
Cyril Julian | Pau-Orthez | 29 |
Ronny Turiaf | Gonzaga University (NCAA) | 20 |
L’équipe de 1999
Avant 2003, il y a eu celle de 1999. C’est à dire celle qui va se qualifier pour les Jeux Olympiques pour y remporter la médaille d’argent. C’est la génération qui précède celle de Diaw-Parker-Turiaf. En 2000, à Sydney, Makan Dioumassi et Yann Bonato remplaceront Alain Digbeu et Tariq Abdul-Wahad, tandis que Crawford Palmer prendra la place de Ronnie Smith.
Joueur | Club | Age |
Antoine Rigaudeau | Kinder Bologne | 27 |
Laurent Sciarra | PSG Racing | 25 |
Moustapha Sonko | ASVEL | 26 |
Alain Digbeu | ASVEL | 23 |
Stéphane Risacher | PSG Racing | 26 |
Tariq Abdul-Wahad | Sacramento (NBA) | 24 |
Laurent Foirest | Pau-Orthez | 25 |
Jim Bilba | ASVEL | 30 |
Thierry Gadou | Pau-Orthez | 30 |
Cyril Julian | PSG Racing | 24 |
Ronnie Smith | Pau-Orthez | 36 |
Frédéric Weis | Limoges | 21 |
Pour nous, il s’agit d’une équipe meilleure qu’en 2003 pas forcément au niveau du talent (et encore)… mais bien de la cohérence du groupe. Rappel des joueurs en question.
– Antoine Rigaudeau : ni plus ni moins qu’un des meilleurs joueurs européens à cette époque. Le meilleur Français de l’Histoire après… Parker.
– Laurent Sciarra: pas encore celui qui brilla aux JO mais déjà très solide en France et à l’étranger.
– Mous Sonko: à l’époque, un doux-dingue capable d’exploser en attaque et un des meilleurs défenseurs à son poste.
– Alain Digbeu: un avion polyvalent en attaque, capable de pénétrer, de shooter extérieur et très bon défenseur.
– Stéphane Risacher: avec Foirest, un des joueurs les plus sous-estimés de notre histoire. Le père spirituel de Gelabale, aussi efficace en attaque qu’en défense.
– Laurent Foirest: même schéma que Risacher.
– Tariq Abdul-Wahad: à l’époque, le joueur le plus athétique d’Europe, intenable en pénétration, un tueur en défense à ce niveau.
– Jim Bilba: notre Flo Piétrus des années 90, un roc, un pilier.
– Cyril Julian: modèle du joueur de devoir, aussi capable de rendre de bons services en attaque.
– Fred Weis: malgré des problèmes dorsaux, une force de dissuasion inestimable à ce niveau.
– Ronnie Smith et Thierry Gadou: présents pour leur taille, leur défense et leurs fautes à offrir.
[pub_300] Par les profils différents de ses joueurs et le cocktail entre hommes de devoirs et talents offensifs, elle rappelle la sélection de 2011. A l’époque, Rigaudeau a 2 ans de moins que Parker aujourd’hui, et il n’est pas loin d’être le meilleur meneur d’Europe. Par ailleurs, ce groupe s’appuyait sur des noyaux avec neuf joueurs sélectionnés pour Pau-Orthez, ASVEL et PSG Racing. Forcément, ça joue sur le collectif.
Sur le plan international, cette équipe était dans les mêmes dispositions que celle de 2011. Elle avait, par exemple, battu la Yougoslavie en préparation, et survolé la première phase. En revanche, à l’époque, il n’y avait pas d’épouvantail comme l’Espagne aujourd’hui, ni d’outsiders aussi costauds comme la Lituanie et la Serbie. Championne d’Europe en 1999, l’Italie ne nous semblait pas meilleure que la France.
CONCLUSION
La France 2011 rappelle celle de 1999 par son collectif et l’esprit de groupe. Elle s’appuie sur une génération qui arrive à maturité avec des joueurs qui approchent de la trentaine (Parker, Diaw), mais aussi des jeunes qui ne sont pas loin de devenir des stars (Batum et Noah), et les habituels joueurs de devoir (Piétrus, Gelabale, Kahudi, Séraphin).
Le problème pour cette équipe, c’est que l’adversité est tout autre. L’Euro est passé à 24 équipes, et sans faire injure au générations 99 et 2003, la génération 2011, aussi forte soit-elle, doit affronter des nations bien plus fortes et nombreuses (ex-URSS, ex-Yougoslavie) qu’il y a 8 ou 12 ans.
Aujourd’hui, la France 2011 n’a aucune marge face à ses éventuels adversaires, même… à son meilleur niveau. Certes la France dispose d’un effectif ô combien talentueux mais le niveau européen a progressé comme jamais, comme on a pu le constater aux Jeux Olympiques 2008 avec une Espagne capable de jouer les yeux dans les yeux avec les Etats-Unis de Kobe Bryant et LeBron James. Dans un Euro, les NBAers ne sont pas obligatoirement les meilleurs en compétition FIBA et un douxième homme comme Victor Sada en Espagne pourrait, sans leur faire injure, être titulaire dans toutes nos équipes en Pro A.
Ce rappel n’est pas fait pour détruire l’espoir des nombreux supporters français, mais simplement pour éviter de mettre la charrue avant les boeufs. La France est loin d’avoir son billet pour Londres et il y a de grandes chances qu’elle soit contrainte de passer par le TPO pour l’obtenir. Et détrompez-vous, ce ne serait pas un échec. C’est peut-être le mieux que l’on puisse espérer.
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