Le championnat turc, la BSL, confirme le redressement entamé la saison dernière en matière de responsabilisation de ses jeunes joueurs. Après avoir été un bon moment dans les championnats les moins ouverts aux U21, la BSL se rapproche aujourd’hui des compétitions les plus intéressantes à ce niveau. Même si le chemin est encore long avant de prétendre rattraper le trio de tête et s’il reste des interrogations.
Pour la quatrième année consécutive, BasketEurope vous propose un dossier complet sur la place qu’occupent les U21 dans les principales compétitions européennes. Aujourd’hui, nous continuons notre analyse par un championnat national « mineur », en suivant l’ordre alphabétique.
Comme chaque année, ce dossier est exclusivement réservé à nos abonnés et il est toujours temps de faire partie de ce cercle de privilégiés qui s’agrandit d’année en année. C’est ICI.
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La Basketbol Süper Ligi, ou BSL, fait partie des championnats nationaux les plus forts du continent, avec notamment deux gros clubs d’Euroleague, l’Anadolu Efes et le Fenerbahçe, tous deux sis à Istanbul. Mais aussi plusieurs écuries de haut niveau, souvent très concurrentielles dans les diverses coupes d’Europe – Bursaspor est ainsi en finale de l’Eurocup cette saison.
Cette densité en haut de tableau serait-elle l’une des explications au fait que les U21 aient longtemps été négligés par les clubs de BSL ? C’est une hypothèse, mais sans doute pas la seule raison. Toujours est-il que, lors des deux premières éditions de notre étude, en 2018-19 et 2019-20, le championnat turc figurait parmi les plus médiocres d’Europe en termes de responsabilisation des U21. Une faible position abandonnée la saison dernière, où la BSL a effectué un spectaculaire redressement, décrochant une belle 4e place à notre classement, grâce notamment à la présence d’Alperen Sengun, rien moins que le co-MVP (avec Filip Petrusev) « all around » de notre dossier (autrement dit, le meilleur U21 d’Europe).
Mais cette saison confirme qu’il ne s’agit pas pour la BSL d’une simple flambée liée à un unique « ovni », même si un autre joueur remplace Sengun au rang de « U21 dominant le championnat de la tête et des épaules ».
À la lecture du tableau ci-dessous, on pourra constater que, s’ils ne sont pas forcément les plus rentables (surtout par rapport à l’année dernière), les U21 2021-22 n’ont jamais été aussi nombreux à entrer en jeu en BSL et à y obtenir des responsabilités. Et le cinq majeur de la saison actuelle, s’il est un peu en retrait de celui de la saison passée, est à des années-lumière plus performant que ceux des deux saisons précédentes.
Les U21 en BSL sur les quatre dernières saisons
Joueurs entrés en jeu | Joueurs responsabilisés | Cinq majeur | ||||||||||
Nombre | Minutes | Points | Evaluation | Nombre | Minutes | Points | Evaluation | Matchs | Minutes | Points | Evaluation | |
21-22 | 63 | 7,94 | 2,25 | 2,31 | 23 | 12,21 | 3,98 | 4,14 | 21,40 | 19,30 | 9,00 | 9,96 |
20-21 | 49 | 6,23 | 2,49 | 2,64 | 18 | 12,89 | 5,19 | 5,57 | 16,00 | 22,18 | 11,40 | 12,94 |
19-20 | 47 | 6,07 | 1,66 | 1,84 | 17 | 9,81 | 3,06 | 3,24 | 20,00 | 13,04 | 4,96 | 5,60 |
18-19 | 41 | 7,79 | 2,33 | 2,41 | 16 | 11,95 | 4,09 | 3,91 | 19,20 | 16,66 | 6,14 | 5,82 |
Un chiffre est évocateur de la bonne tendance connue par la BSL : aucun grand championnat européen, la traditionnelle meilleure compétition de notre étude, la Ligue Adriatique y compris, n’a permis à plus de U21 d’entrer au moins une fois en jeu. Et ce avec un rendement très correct. Les joueurs responsabilisés sont eux aussi en nombre conséquent, mais ils se montrent un peu moins performants à l’aune européenne, signe que créer un socle conséquent d’U21 performants prend du temps. Une élite se dégage, certes, comme le démontrent les bonnes performances du cinq majeur, mais elle reste restreinte. À voir comment elle va évoluer dans les saisons à venir.
Le classement de la BSL face aux autres grands championnats en 2021-22
Total | Responsabilisés | Cinq majeur | ||||||||
Nombre | Minutes | Points | Evaluation | Nombre | Minutes | Points | Evaluation | Minutes | Points | Evaluation |
1 | 4 | 4 | 4 | 4 | 8 | 6 | 6 | 6 | 4 | 4 |
Nous venons de le voir, les U21 responsabilisés sont plutôt nombreux en BSL. Mais leur temps de jeu n’est pas très important, de même que leur rendement : très peu de joueurs présentent des statistiques de haut niveau, un seul dépassant la barre des 10 points et 10 d’évaluation. Pis, si l’on s’intéresse à la formation turque, ce jeune joueur, Filip Petrusev pour ne pas le nommer, est Serbe. En bref, il y a du progrès en Turquie, mais le chemin pour rattraper les championnats les plus prolifiques est encore long.
Le rendement des U21 responsabilisés
Nbr jt | +10mn | Clst | +20mn | Clst | +10 pt | Clst | +5 pt | Clst | +10 ev | Clst | +5 ev | Clst | Etangers | Dans 5M |
23 | 13 | 5 | 1 | 9 | 1 | 5 | 5 | 6 | 1 | 5 | 7 | 5 | 1 | 1 |
Une statistique corrobore ce constat : la proportion de joueurs responsabilisés sur l’ensemble de ceux qui sont entrés en jeu n’est pas bien élevée, 36,5 %, ce qui place la BSL dans la deuxième partie du tableau de notre étude. Autant dire que c’est là l’un des principaux axes de développement de la BSL en matière de formation des jeunes, développer son élite U21.
Le pourcentage de joueurs responsabilisés
Nombre jt | Nbr res | % | Clst jt | Clst R | ¨Clst % |
63 | 23 | 36,5% | 1 | 4 | 6 |
Le classement général de la BSL
Au classement général, la BSL obtient une flatteuse 4e place. Cela étant, elle reste loin du trio de tête et doit principalement sa position au nombre conséquent de ses U21 entrés en jeu et responsabilisés plutôt qu’à leur rendement, qui reste assez faible.
Jouent | Rendement | Global | Clst |
4 | 7 | 6 | 4 |
Toujours est-il que, comme la saison passée, la Turquie se retrouve à une position très appréciable dans le classement de notre étude, en large progrès sur les saisons 2018-19 et 2019-20. Reste à voir si l’embellie va se poursuivre…
L’historique du classement de la BSL
18-19 | 19-20 | 20-21 | 21-22 |
7 | 8 | 4 | 4 |
Le cinq majeur
Le cinq majeur U21 de BSL 2021-22 fait partie des meilleurs en Europe, même s’il reste en-deça des qualités de son prédécesseurs. Mais il faut rappeler que ce cinq majeur 2020-21 avait fière allure : en plus d’Alperen Sengun, co-MVP U21 de notre étude, il comprenait des joueurs tels que Dzanan Musa (1999, ex-NBA, produisant aujourd’hui 20,0 points et 22,7 d’évaluation en 32 minutes à Breogan, en Espagne), Sehmus Hazer (1999, qui vaut cette saison 6,4 points et 7,3 d’évaluation en 16 minutes sur 26 matchs au Fenerbahçe), Tarik Biberovic (2001, 5,0 points et 5,2 d’évaluation en 11 minutes au Fener également) et Furkan Haltali (2002, 4,8 points et 5,7 d’évaluation la saison passée avec Besiktas), seul joueur encore présent dans le cinq majeur.
Il y a effectivement eu un profond renouvellement des cadres d’une saison à l’aute dans ce cinq majeur U21. En premier lieu parce que plusieurs joueurs ont effectué de gros progrès : Bilgehan Diril n’est rentrée qu’une fois en jeu pour une petite minute la saison passée avec Petkim, Sadik Emir Kabaca produisait 4,3 points et 4,8 d’évaluation à Besiktas et Furkan Haltali 4,8 points et 5,7 d’évaluation déjà à Besiktas. Plus étonnant encore, Huseyin Cevirgen sort un peu de nulle part : si l’on en trouve trace entre 2017 et 2020 (à Sakaraya, Istanbul BB ou Belediye), il semble n’avoir pas joué en 2020-21. Ce qui ne l’empêche pas de réaliser une bonne saison. Quant au joueur le plus performant, il s’agit du Serbe Filip Petrusev, évoqué ci-dessous.
Comme l’année passée avec Alperen Sengun (qui valait 19,0 points et 26,4 d’évaluation !), le cinq majeur U21 de BSL est donc dominé par un joueur très au-dessus des autres. Et il est intéressant de constater que, si l’on fait la moyenne des performances des quatre autres membres du cinq majeur de ces deux dernières saisons, ceux de 2020-21 sont largement au-dessus de leurs homologues actuels : 9,5 points et 9,58 d’évaluation contre 7,35 points et 7,58 d’évaluation. Il faut dire que les joueurs actuels de ce cinq majeur U21 émergent, là où ceux de la saison passée faisaient déjà figure de joueurs confirmés (comme Dzanan Musa ou Sehmus Hazer) ou de prospects de haut niveau. L’évolution des joueurs du cinq majeur U21 de cette saison sera intéressante à suivre.
Le cinq majeur U21 de BSL
Joueur | Poste | Club | Nationalité | Année naissance | Matchs | Minutes | Points | Evaluation |
Filip Petrusev | 5 | Anadolu Efes | Serbie | 2000 | 12 | 22,3 | 15,6 | 19,5 |
Bilgehan Diril | Afyon | Turquie | 2001 | 23 | 19,4 | 9,0 | 7,4 | |
Furkan Haltali | 5 | Besiktas | Turquie | 2002 | 26 | 19,0 | 7,7 | 8,9 |
Sadik Emir Kabaca | 4 | Galatasaray | Turquie | 2000 | 28 | 18,5 | 6,6 | 7,7 |
Huseyin Cevirgen | Afyon | Turquie | 2000 | 18 | 17,3 | 6,1 | 6,3 | |
Moyenne | 2000,60 | 21,40 | 19,30 | 9,00 | 9,96 |
Le MVP
Filip Petrusev (Anadolu Efes, Serbie, 2000, 2,11 m, pivot)
Statistiques : 15,2 points (70,4 % à deux-points, 16,7 % à trois-points), 6,2 rebonds, 1,0 passe en 23 minutes pour 19,2 d’évaluation en 13 rencontres
Filip Petrusev n’est pas exactement un inconnu pour les lecteurs qui suivent cette étude depuis au moins l’an dernier : il était le co-MVP du dossier avec Alperen Sengun grâce à ses énormes stats de Ligue Adriatique avec le Mega Mozzart : 23,7 points (61,9 % à deux-points, 41,9 % à trois-points), 7,6 rebonds, 1,6 passe en 32 minutes pour 28,0 d’évaluation en 21 rencontres. Passé par la fac NCAA de Gonzaga entre 2018 et 2020 avant de rejoindre son pays d’origine, il a été drafté en 50e position à l’intersaison par les Sixers de Philadelphie, sans réussir à s’imposer dans l’effectif. Il réussit aujourd’hui de belles prestations en BSL avec l’Anadolu Efes, mais se montre nettement moins productif en Euroleague (5,2 points et 5,2 d’évaluation en 9 minutes), au point que le club, fâché par ses errances défensives, a envisagé de s’en séparer. Mais il reste toutefois une pièce majeure de l’effectif en BSL.
Qu’est devenu le MVP 2020-21 ?
Alperen Sengun (Houston Rockets, 2002, 2,06 m, ailier-fort)
Statistiques 2021-22 : 9,6 points (47,4 % à deux-points, 24,8 % à trois-points), 5,5 rebonds et 2,6 passes en 21 minutes sur 72 matchs
Drafté en 16e position par Oklahoma City Thunder, le natif de Giresun n’était guère considéré à son arrivée en NBA, comme beaucoup de joueurs européens et ce malgré ses très belles performances en BSL et en FIBA Europe Cup (23,0 points et 7,3 rebonds). Mais il a rapidement prouvé qu’il avait sa place à ce niveau, grâce notamment à un jeu dos au panier et à des passes « laser » qui lui ont valu de nombreux highlights. Il a tout pour devenir un joueur dominant en NBA.
En conclusion
Réelle embellie ou trompe-l’œil ? Difficile de répondre à cette question en ce qui concerne la BSL. Derrière quelques brillantes têtes d’affiche, son élite n’est pas encore très performante, alors que le nombre de jeunes responsabilisés augmente au fil du temps. Donnant leur chance à un grand nombre de U21, le championnat turc pourra probablement tirer bénéfice de cette évolution. Reste à voir en combien de temps…
Prochain championnat étudié : la Ligue Adriatique.
Pour retrouver l’article introductif de ce dossier, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la BBL allemande, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la Premijer Liga croate, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la Liga ACB espagnole, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la Betclic Élite française, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur l’Esake grecque, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la Winners League israélienne, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la Lega Basket Serie A italienne, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la Lega Basket Serie A italienne, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la LKL lituanienne, c’est ICI
Pour retrouver l’article sur la KLS serbe, c’est ICI
Photo d’ouverture : Sadik Emir Kabaca – Galatasaray (photo FIBA), Filip Petrusev – Anadolu Efes (photo Fiba), Tarik Biberovic – Fenerbahce (photo BSL) / Montage : Basket Europe
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La Basketbol Süper Ligi, ou BSL, fait partie des championnats nationaux les plus forts du continent, avec notamment deux gros clubs d’Euroleague, l’Anadolu Efes et le Fenerbahçe, tous deux sis à Istanbul. Mais aussi plusieurs écuries de haut niveau, souvent très concurrentielles dans les diverses coupes d’Europe – Bursaspor est ainsi en finale de l’Eurocup cette saison.
Cette densité en haut de tableau serait-elle l’une des explications au fait que les U21 aient longtemps été négligés par les clubs de BSL ? C’est une hypothèse, mais sans doute pas la seule raison. Toujours est-il que, lors des deux premières éditions de notre étude, en 2018-19 et 2019-20, le championnat turc figurait parmi les plus médiocres d’Europe en termes de responsabilisation des U21. Une faible position abandonnée la saison dernière, où la BSL a effectué un spectaculaire redressement, décrochant une belle 4e place à notre classement, grâce notamment à la présence d’Alperen Sengun, rien moins que le co-MVP (avec Filip Petrusev) « all around » de notre dossier (autrement dit, le meilleur U21 d’Europe).
Mais cette saison confirme qu’il ne s’agit pas pour la BSL d’une simple flambée liée à un unique « ovni », même si un autre joueur remplace Sengun au rang de « U21 dominant le championnat de la tête et des épaules ».
À la lecture du tableau ci-dessous,
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