Photo d’ouverture : Abdoulaye Ndoye – Cholet (photo : Cholet Basket)
« Les clubs de Jeep Élite ne font pas confiance à leurs jeunes joueurs ». Une idée reçue que les chiffres infirment : aucune grande ligue en Europe ne fait jouer plus de U21 que la première division française. Qui est aussi celle qui fait jouer, et de loin, le plus de très jeunes joueurs (nés en 2001 ou après). Donc, tout va bien ? Non. Explications…
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Le championnat français de première division de basket-ball, la Jeep Élite, est plutôt constante dans sa manière de traiter les jeunes joueurs, les U21. La saison passée, lors de notre précédente enquête, 60 U21 avaient foulé au moins une fois le parquet, 21 avaient un véritable temps de jeu (au moins un tiers des matchs joués et au moins 5 minutes/match). Ce qui mettait la Jeep Élite en première et en deuxième position des grandes ligues européennes sur ces deux critères. Cette saison, ils ont été 62 à jouer et 21 à avoir de véritables responsabilités. De cette continuité ressort un classement tout aussi flatteur que l’an dernier : la France se classe première des grandes ligues dans les deux catégories. Autrement dit, il n’y a pas un championnat de basket (de haut niveau) en Europe où l’on trouve plus de U21 qui jouent. Et la Jeep Élite décroche aussi le pompon dans une autre catégorie : ils sont 8 joueurs nés en 2001 ou après à avoir du temps de jeu, loin devant toutes les autres grandes ligues (5 en Turquie, 4 en Allemagne et en Belgique). Et l’on peut aussi voir un Matthew Strazel (2002, LDLC Asvel) s’ébattre 14 mn par match en Euroleague (16 matchs, 4,0 points, 2,3 d’éval) ! Nous pouvons donc le répéter : la Jeep Élite fait jouer ses jeunes et très jeunes joueurs.
Mais, car il y a un « mais » (et même plusieurs), cette rutilante médaille a un revers. Si nos jeunes U21 jouent, ils sont moins longtemps sur le parquet que pas mal de leurs homologues européens. Avec 11,0 minutes en moyenne sur le terrain pour les joueurs responsabilisés, la Jeep Élite ne devance que la Turquie en la matière (9,8 minutes), soit la 10e place sur 11 ligues étudiées. Et la rentabilité de ces U21 s’en ressent : avec 3,1 points et 3,8 d’éval en moyenne pour ces 21 jeunes responsabilisés, la Jeep Élite prend respectivement la 10e et la 8e place de ces ligues (en prenant en compte, qui plus est, le calcul différent de l’évaluation en France, qui ne comptabilise par exemple pas les fautes provoquées et les contres subis, au contraire de la plupart des autres ligues). Des chiffres guère différents (et même un peu en retrait) de ceux de la saison passée : 11,1 mn, 3,6 points, 4,1 d’éval, ce qui valait à la Jeep Élite des positions en fond de classe pour ces critères. Une forme de stabilité, là aussi, mais moins appréciable… Et que l’on retrouve au niveau du rendement des cinq majeur, comme nous le verrons un peu plus loin.
Autre aspect sur lequel la Jeep Élite fait preuve de stabilité, celui du nombre de joueurs étrangers parmi les U21 : ils sont 6 à être entrés en jeu cette saison (5 l’an dernier), 3 ont des responsabilités (2 en 2018-19), 1 fait partie de notre cinq majeur (0 la saison passée). Autant dire que l’évolution est ténue.
En revanche, là où la Jeep Élite progresse, c’est au niveau du nombre de joueurs qui passent plus de 10 mn/match sur le terrain. La saison passée, ils n’étaient que 9 en France, 7e pays sur 8 en la matière. Cette saison, ils sont 11, ce qui place la Jeep Élite en 4e position (derrière la Ligue Adriatique, la Lituanie et la Belgique, mais devant l’Allemagne ou l’Espagne). À l’inverse, une série de chiffres est un peu inquiétante, celle qui concerne le rendement de l’ensemble des joueurs ayant mis les pieds sur le parquet. La saison passée, ils jouaient 8,7 mn, marquaient 1,7 point et valaient 1,9 d’éval. Cette saison, ces chiffres sont respectivement de 5,2 mn, 1,3 point et 1,4 d’éval.
Ce qui indique assez clairement une baisse du niveau global de ces U21, les 1997 devenus trop vieux (notamment Amine Noua ou Jean-Marc Pansa) n’ayant pas vu leur départ compensé par une progression suffisante des 1998 et 1999, même si Abdoulaye Ndoye (1998, Cholet) et Ludovic Beyhurst (1999, Strasbourg puis Limoges) sont le parfait contre-exemple de ce constat. À cela s’ajoute le fait que deux « têtes d’affiche », Sekou Doumbouya (2000) et Killian Hayes (2001), ont émigré sous d’autres cieux. Plus encore que la saison passée, l’élite des U21 de France est numériquement réduite. Ce que démontre notre cinq majeur.
Le cinq majeur
Seuls deux joueurs ayant figuré dans le cinq majeur des U21 de Jeep Élite de la saison passée se retrouvent dans cette nouvelle édition : Théo Maledon (2001, LDLC Asvel) et Abdoulaye Ndoye (1998, Cholet). Les statistiques du premier sont un peu en retrait par rapport à la saison passée (16,9 minutes, 7,2 points, 8,1 d’éval la saison passée), la faute principalement à une concurrence accrue dans l’équipe, aux efforts consentis en Euroleague et à diverses blessures. Mais le meneur villeurbannais a montré qu’il avait sa place au plus haut niveau, même s’il manque encore de régularité. Le Choletais, lui, a connu une belle progression, nous y revenons plus bas. Pour sa part, Ludovic Beyhurst a connu une véritable explosion en quittant son cocon strasbourgeois pour la pression limougeaude : il s’y est épanoui au point de doubler ou tripler ses stats (12,1 minutes, 3,1 points, 4,0 d’éval en Alsace, les chiffres ci-dessous sont ceux réalisés en Haute-Vienne). Son coéquipier sénégalais du CSP, Atoumane Diagne, y a montré quelques belles choses par intermittence, alors que Digué Diawara semble plafonner, ou tout du moins connaître un plateau dans son évolution (15,9 mn, 6,1 points et 4,8 d’éval la saison dernière).
Le départ de jeunes de haut niveau comme Amine Noua (22 ans désormais), Sekou Doumbouya et Killian Hayes se traduit évidemment par une baisse du rendement global de ce cinq majeur, que ne compense pas la progression d’Abdou Ndoye. Là où le cinq de la saison passée jouait 20,7 mn, marquait 7,4 points et générait 8,5 d’éval, on est passé à 18,2 mn, 6,4 points et 8,6 d’éval (ce dernier critère étant impacté par le jeu complet de Ndoye et les 4,3 passes du meneur de poche de Limoges, qui font grimper l’éval globale – mais les cinq membres sélectionnés la saison passée valaient entre 7,1 et 10,4 d’éval, alors que trois de celui d’aujourd’hui sont sous les 7,0 d’éval).
Même s’il ne figure pas dans ce cinq majeur, on accordera une mention particulière à Hugo Benitez, le meneur de Bourg-en-Bresse, peu ou pas utilisé en début de saison avant d’être largement responsabilisé lors des derniers matchs (4 fois dans le cinq majeur sur six) suite aux blessures ayant immobilisé Garrett Sim ou Zack Wright. Des responsabilités parfaitement assumées : 9,2 d’éval en 17,2 minutes !
Nom | Pays | Club | Année naissance | Poste | Matchs joués | Minutes | Points | Eval |
Abdoulaye Ndoye | France | Cholet | 1998 | 1 | 24 | 30,3 | 10,0 | 13,9 |
Ludovic Beyhurst | France | Limoges/Strasbourg | 1999 | 1 | 11 | 19,2 | 6,8 | 10,7 |
Théo Maledon | France | Asvel | 2001 | 1 | 19 | 16,3 | 6,8 | 6,7 |
Atoumane Diagne | Sénégal | Limoges | 1998 | 5 | 18 | 10,2 | 3,9 | 6,5 |
Digué Diawara | France | Pau | 1998 | 3 | 24 | 14,8 | 4,4 | 5,1 |
1998,8 | Moyennes | 19,2 | 18,2 | 6,4 | 8,6 |
Le MVP : Abdoulaye Ndoye
Déjà très présent l’an dernier, au point de figurer dans le cinq majeur U21 de la saison 2018-19, l’arrière maugeois a vu ses stats connaître une flambée, grâce notamment à sa prise de responsabilités offensives et à une adresse en très nette progression : en une saison, il est passé de 6,1 points (2,3 tirs réussis sur 5,0, 46,1 % aux tirs dont 38,4 % à trois-points) à 10,0 points (3,6/6,9 tirs, 52,3 % aux tirs, 44,1 % à trois-points), auxquels s’ajoutent des stats en progrès dans tous les domaines (de 52,8 % aux lancers francs à 75,3 % !) liés à un temps de jeu en hausse : 30,3 mn contre 26,2. Abdou Ndoye s’est ainsi imposé comme l’un des joueurs majeurs de l’équipe surprise de la saison, au point d’attirer la convoitise de clubs plus fortunés. Un beau joueur qui fait un beau MVP !
En conclusion
La Jeep Élite se montre généreuse en matière de place accordée sur le parquet à ses U21. Mais le problème est que ceux-ci peinent à se mettre au diapason de l’élite du basket-ball français, soulignant l’écart de niveau qui existe entre le championnat Espoirs et la Jeep Élite. Ce n’est du reste pas pour rien que des joueurs en mal de temps de jeu (et n’arrivant pas toujours à se faire leur place) sont descendus en Pro B grappiller des minutes, comme Louis Marnette, Mathis Dossou-Yovo ou Jean-Marc Pansa.
Le constat est que la Jeep Élite s’appuie sur une « élite » de jeunes joueurs relativement restreinte, peu de joueurs arrivant ensuite à se hisser à un niveau intermédiaire (capables de devenir de bons joueurs de Jeep Élite). On le voit en mesurant l’évolution des stats du cinq majeur après le départ de prospects de haut niveau comme Sekou Doumbouya et Killian Hayes : personne en Europe n’avait la saison passée un cinq majeur passant plus de temps sur le terrain qu’en France – cette saison, la Jeep Élite est 6e dans ce domaine. Idem en ce qui concerne les points marqués et l’éval : deuxième sur ces deux critères la saison passée, le cinq majeur 2019-20 est respectivement 7e et 5ecette année.
Il y a encore du travail (dans les aspects formation et de la part des jeunes joueurs) pour que la Jeep Élite progresse encore et arrive au niveau des toutes meilleures ligues en matière de U21, même si elle n’a rien à envier à une bonne partie des grands championnats en Europe.
Prochain championnat étudié : l’A1 League grecque.
Pour retrouver l’article introductif de ce dossier, c’est ICI
Pour l’article sur la BBL allemande , c’est ICI
Pour l’article sur l’EBL belge, c’est ICI
Pour l’article sur l’EBL belge, c’est ICI
Pour l’article sur la Liga ACB espagnole, c’est ICI
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Le championnat français de première division de basket-ball, la Jeep Élite, est plutôt constante dans sa manière de traiter les jeunes joueurs, les U21. La saison passée, lors de notre précédente enquête, 60 U21 avaient foulé au moins une fois le parquet, 21 avaient un véritable temps de jeu (au moins un tiers des matchs joués et au moins 5 minutes/match). Ce qui mettait la Jeep Élite en première et en deuxième position des grandes ligues européennes sur ces deux critères. Cette saison, ils ont été 62 à jouer et 21 à avoir de véritables responsabilités. De cette continuité ressort un classement tout aussi flatteur que l’an dernier : la France se classe première des grandes ligues dans les deux catégories. Autrement dit, il n’y a pas un championnat de basket (de haut niveau) en Europe où l’on trouve plus de U21 qui jouent. Et la Jeep Élite décroche aussi le pompon dans une autre catégorie : ils sont 8 joueurs nés en 2001 ou après à avoir du temps de jeu, loin devant toutes les autres grandes ligues (5 en Turquie, 4 en Allemagne et en Belgique). Et l’on peut aussi voir un Matthew Strazel (2002, LDLC Asvel) s’ébattre 14 mn par match en Euroleague (16 matchs, 4,0 points, 2,3 d’éval) ! Nous pouvons donc le répéter : la Jeep Élite fait jouer ses jeunes et très jeunes joueurs.
Mais, car il y a un « mais » (et même plusieurs), cette rutilante médaille a un revers.
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