Photo d’ouverture : Usman Garuba – Real Madrid (Photo : Real Madrid)
Bon an, mal an, les clubs de la Liga Endesa (ou Liga ACB) espagnole poursuivent toujours la même politique en matière de formation, tout du moins en ce qui concerne le temps de jeu accordé aux U21 dans l’élite : sont privilégiés les jeunes à très fort potentiel venant de l’étranger aux autochtones. Et pourtant…
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Dans les principales ligues de basket européennes, une écrasante majorité des jeunes amenés à se produire sur les parquets de ces championnats sont « d’origine locale », des enfants du pays (6 U21 étrangers sur 54 en Belgique, 6 sur 62 en France au maximum). Avec une exception : l’Espagne.
Et ce n’est pas nouveau. En 2015, la Liga ACB (son nom « officiel », celui de Liga Endesa étant son nom « commercial ») comptait 14 U21 dotés d’un temps de jeu minimal (5 mn/match sur un tiers des rencontres de la saison), dont 6 étrangers. Qui, de surcroît, valaient 6,1 points et 6,1 d’éval en 18,5 mn contre 3,3 points et autant d’éval en 11,9 mn pour les Espagnols. Quelques noms de ces jeunes, afin de situer le niveau de ces U21 : Mario Hezonja, Kristaps Porzingis ou Marius Grigonis pour les étrangers, Juancho et Willy Hernangomez pour les Espagnols. Autant dire qu’il s’agissait de jeunes de « gros calibre ».
La saison dernière, le constat était le même : les jeunes non-Espagnols représentaient 25 des 50 U21 entrés au moins une fois sur le parquet et 8 des 16 U21 ayant un vrai rôle. Et quatre d’entre-eux figuraient même dans le cinq majeur que nous avions établi. Comme en 2015, les 8 U21 étrangers dominaient leurs homologues locaux : 5,5 points et 5,7 d’éval en 15,7 mn contre 3,4 points et 3,4 d’éval en 11,0 mn. Et les cinq étrangers les plus performants étaient au dessus de 5 points et 5 d’éval alors que seuls deux Espagnols étaient dans le même cas.
Fort déclin
Et cette saison ? Si les proportions restent à peu près identiques, on est en revanche frappé par la décrue des U21 en Liga ACB. De 50, on est passé en un an à 39 U21 entrés en jeu et de 16 à 14 ayant un véritable temps de jeu. Et cela concerne aussi bien les Espagnols que les étrangers : 19 locaux et 20 étrangers (de 16 nationalités différentes, dont le Chili et Saint-Kitts et Nevis) ont foulé un parquet cette saison (25 et 25 en 2018-19), 6 Espagnols et 8 étrangers ont eu du temps de jeu (8 et 8 l’an passé).
En s’intéressant au rendement (des U21 ayant eu du temps de jeu), on constate que si les Espagnols connaissent une petite hausse (3,6 points et 3,8 d’éval en 12,0 mn cette saison contre 3,4 et 3,4 en 11,0 mn la précédente), les chiffres des non-Espagnols sont en déclin : 4,8 pts et 3,7 d’éval en 14,0 mn cette année contre 5,5 et 5,7 en 15,7 mn la saison passée (et même 6,1 pts et 6,1 d’éval en 16,5 mn en 2014-15). Une tendance qui s’amplifie sur les chiffres des cinq majeurs – local et étranger (cités plus bas) : 5,2 points et 3,9 d’éval en 14,0 mn contre 7,0 pts et 7,6 d’éval en 18,2 mn l’an dernier pour les étrangers, 4,2 pts et 4,6 d’éval en 13,4 mn contre 4,5 pts et 4,7 d’éval en 14,2 mn la saison passée pour les Espagnols.
L’une des principales raisons de cette évolution tient au fait que 12 des 16 U21 qui avaient un véritable temps de jeu la saison passée étaient de 1997, donc trop vieux pour faire encore partie de l’étude aujourd’hui. Et le seul membre du cinq majeur de la saison passée à encore figurer dans notre étude est le Macédonien Nenad Dimitrijevic. Conséquence : un fort rajeunissement des joueurs qui se distinguent, comme nous allons le voir dans les divers cinq majeur.
Les cinq majeur
Pour la Liga ACB, et compte-tenu de tout ce qui précède, nous avons estimé logique de dresser trois cinq majeur différents : un des U21 étrangers, un deuxième des Espagnols et un dernier « all around ».
Où l’on s’aperçoit, pour reprendre notre précédente réflexion, un important rajeunissement de ces joueurs. Prenons le cinq majeur des non-Espagnols :
Poste | Club | Nationalité | Année de naissance | Matchs | Minutes | Points | Evaluation | |
Nenad Dimitrijevic | 1 | Badalone | Macédoine | 1998 | 21 | 17,4 | 8,0 | 6,8 |
Leandro Bolmaro | 2 | Barcelone | Argentine | 2000 | 7 | 13,0 | 4,4 | 3,7 |
Arnoldas Kulbolka | 4 | Bilbao | Lituanie | 1998 | 23 | 21,3 | 8,5 | 6,7 |
Arturs Zagars | 1 | Badalone | Lettonie | 2000 | 21 | 9,1 | 2,5 | 1,0 |
Mario Nakic | 3 | Real Madrid | Croatie | 2001 | 9 | 9,1 | 2,8 | 1,3 |
Moyenne | 1999,40 | 16,2 | 14,0 | 5,2 | 3,9 |
Alors que la saison passée figuraient trois 1997 dans ce cinq, ils ne sont que deux 1998 (et donc dans leur dernière année U21) cette année, accompagnés qui plus est de trois joueurs de 20 ans et moins.
De la même manière, voyons ce que donne le cinq majeur espagnol :
Poste | Club | Nationalité | Année de naissance | Matchs | Minutes | Points | Evaluation | |
Usman Garuba | 5 | Real Madrid | Espagne | 2002 | 22 | 17,3 | 4,7 | 7,9 |
Carlos Alocen | 1 | Saragosse | Espagne | 2000 | 23 | 20,2 | 7,0 | 7,3 |
Osas Ehigiator | 5 | Fuenlabrada | Espagne | 1999 | 20 | 13,5 | 4,6 | 5,0 |
Aleix Font | 2 | Obradoiro | Espagne | 1998 | 14 | 10,5 | 3,1 | 1,5 |
Joel Parra | 3 | Badalone | Espagne | 2000 | 17 | 5,4 | 1,4 | 1,2 |
Moyenne | 1999,80 | 17,0 | 13,4 | 4,2 | 4,6 |
Un seul joueur de 1998 y figure, trois sont nés en 2000 ou après, dont le phénomène Usman Garuba (2002).
En conséquence, alors que les cinq majeur de la saison passée étaient composés de joueurs dont la moyenne d’âge tournait autour de 21 ans, est elle d’un à pratiquement deux ans plus jeune cette saison. Ce qui ne signifie pas pour autant que la Liga ACB fait la part belle aux plus jeunes : ils ne sont que deux (dont un étranger) à être nés en 2001 ou après et à disposer d’un vrai temps de jeu – Mario Nakic et Usman Garuba du Real.
Quant au cinq majeur global, ne tenant pas compte de la nationalité des joueurs mais uniquement de leur rendement, il est le suivant :
Poste | Club | Nationalité | Année de naissance | Matchs | Minutes | Points | Evaluation | |
Arnoldas Kulbolka | 4 | Bilbao | Lituanie | 1998 | 23 | 21,3 | 8,5 | 6,7 |
Nenad Dimitrijevic | 1 | Badalone | Macédoine | 1998 | 21 | 17,4 | 8,0 | 6,8 |
Carlos Alocen | 1 | Saragosse | Espagne | 2000 | 23 | 20,2 | 7,0 | 7,3 |
Usman Garuba | 5 | Real Madrid | Espagne | 2002 | 22 | 17,3 | 4,7 | 7,9 |
Osas Ehigiator | 5 | Fuenlabrada | Espagne | 1999 | 20 | 13,5 | 4,6 | 5,0 |
Moyenne | 1999,40 | 19,6 | 17,9 | 6,6 | 6,7 |
Où l’on constate qu’il comporte trois Espagnols, que le seul Nenad Dimitrijevic en faisait déjà partie la saison passée (6,3 points et 6,1 d’éval en 15,0 minutes à l’époque) et que, conséquence logique de l’évolution à la baisse du poids des U21 étrangers, son rendement est inférieur à celui du cinq majeur global de la saison passée : 7,2 points et 7,8 d’éval en 18,2 mn.
Les MVP
MVP étranger : Nenad Dimitrijevic
Le Macédonien du Nord a ses habitudes dans le championnat espagnol : il a passé les huit dernières saisons à Badalone, dans ses équipes cadet et junior puis avec son effectif professionnel. Meneur-arrière doté d’un bon QI basket, adroit en pénétration mais fâché avec son tir à longue distance (32,5 % à trois-points cette saison), il a les atouts pour faire son trou dans un bon club européen.
MVP espagnols : Carlos Alocen et Usman Garuba
Sans briser le suspense, nous reviendrons un peu plus loin sur le très jeune pivot madrilène. Meneur de Saragosse, Carlos Alocen mérite d’être mentionné à ses côtés, lui qui figurait déjà l’an passé dans le cinq majeur espagnol. Avec ses 7,0 points et 7,3 d’éval en 20 mn à tout juste 20 ans, il fait preuve d’une belle progression par rapport à la saison précédente (5,1 pts et 5,5 d’éval en 14,0 mn). Probablement l’une des figures majeures du basket espagnol de ces prochaines années.
MVP « all around » : Usman Garuba
À même pas 18 ans, l’impressionnant intérieur dont nous avions dressé un portrait ICI s’est imposé dans la rotation de rien moins que le Real Madrid : 17,3 minutes en 22 parties sur 23 possibles. Encore timide en attaque (3,5 tirs par match, 60,5 % à deux-points, 30,5 % à trois-points), il s’impose déjà en défense, avec ses 5,6 rebonds (dont 1,7 offensif) et ses 0,9 contre par match. Seul défaut pour un pivot, il ne mesure que 2,01m et doit se décaler vers le poste 4, pour lequel il a la mobilité mais pas encore le tir extérieur. En tout cas, on n’a sans doute pas fini de le voir sur les parquets du monde entier…
En conclusion
Globalement, la Liga ACB ne fait pas tant jouer de U21 que cela, et encore moins de jeunes Espagnols. Ainsi, il ne sont que 8 (dont 4 non-Espagnols) à passer plus de 10 mn/match sur le terrain, septième grande ligue européenne sur ce critère. Le nombre d’U21 ayant un rôle a peu baissé mais son rendement a connu une forte chute (quasiment 1 point d’évaluation en moins d’une saison à l’autre, de 4,7 à 3,8). Et même l’élite des U21 est touchée, la baisse sur le cinq majeur général étant sensiblement identique : 6,7 contre 7,8 il y a un an.
Peu de jeunes joueurs espagnols entrant en jeu, un rendement en baisse, on pourrait s’inquiéter pour le renouvellement du basket espagnol. Et puis l’on regarde les résultats des compétitions internationales de jeunes de l’année passée et l’on constate qu’à l’été 2019, l’Espagne a décroché l’or en U16 et U18 ainsi que l’argent en U20. Il est donc sans doute un peu tôt pour tirer la sonnette d’alarme…
Prochain championnat étudié : la Jeep Élite française.
Pour retrouver l’article introductif de ce dossier, c’est ICI
Pour l’article sur la BBL allemande, c’est ICI
Pour l’article sur l’EBL belge, c’est ICI
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Dans les principales ligues de basket européennes, une écrasante majorité des jeunes amenés à se produire sur les parquets de ces championnats sont « d’origine locale », des enfants du pays (6 U21 étrangers sur 54 en Belgique, 6 sur 62 en France au maximum). Avec une exception : l’Espagne.
Et ce n’est pas nouveau. En 2015, la Liga ACB (son nom « officiel », celui de Liga Endesa étant son nom « commercial ») comptait 14 U21 dotés d’un temps de jeu minimal (5 mn/match sur un tiers des rencontres de la saison), dont 6 étrangers. Qui, de surcroît, valaient 6,1 points et 6,1 d’éval en 18,5 mn contre 3,3 points et autant d’éval en 11,9 mn pour les Espagnols. Quelques noms de ces jeunes, afin de situer le niveau de ces U21 : Mario Hezonja, Kristaps Porzingis ou Marius Grigonis pour les étrangers, Juancho et Willy Hernangomez pour les Espagnols. Autant dire qu’il s’agissait de jeunes de « gros calibre ».
La saison dernière, le constat était le même : les jeunes non-Espagnols représentaient 25 des 50 U21 entrés au moins une fois sur le parquet et 8 des 16 U21 ayant un vrai rôle. Et quatre d’entre-eux figuraient même dans le cinq majeur que nous avions établi. Comme en 2015, les 8 U21 étrangers dominaient leurs homologues locaux : 5,5 points et 5,7 d’éval en 15,7 mn contre 3,4 points et 3,4 d’éval en 11,0 mn. Et les cinq étrangers les plus performants étaient au dessus de 5 points et 5 d’éval alors que seuls deux Espagnols étaient dans le même cas.
Fort déclin
Et cette saison ? Si les proportions restent à peu près identiques, on est en revanche frappé par la décrue des U21 en Liga ACB. De 50, on est passé en un an à 39 U21 entrés en jeu et de 16 à 14 ayant un véritable temps de jeu. Et cela concerne aussi bien les Espagnols que les étrangers : 19 locaux et 20 étrangers (de 16 nationalités différentes, dont le Chili et Saint-Kitts et Nevis) ont foulé un parquet cette saison (25 et 25 en 2018-19), 6 Espagnols et 8 étrangers ont eu du temps de jeu (8 et 8 l’an passé).
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