Après une année d’interruption suite à la pandémie de Covid, l’édition 2021 du All-Star Game de la LNB va se tenir le mercredi 29 décembre. Pascal Biojout, qui est l’architecte de l’évènement depuis qu’il s’est installé à Paris en 2002, nous en explique les ressorts.
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Sport + Conseil est l’organisateur du All-Star Game et de la Leaders Cup. Est-ce pour vous un coup dur que les éditions 2021 et 2022 de la Leaders Cup et le All-Star Game 2020 aient été annulés ?
C’est forcément un coup dur pour une société d’événementiel, qui depuis mars 2020, et comme toutes les sociétés du secteur, a été très impactée par la crise. On a la chance d’être en France et d’avoir bénéficié d’aides. Ça ne compense pas, mais ça permet de traverser la tempête. Il y a aussi le côté affectif et mental, qui est très important. On est attaché aux évènements que l’on organise, a fortiori quand on en a été à l’origine, et d’avoir eu un arrêt brutal, ce n’est pas simple pour toutes les équipes qui travaillent dessus. En disant ça, on enfonce un peu des portes ouvertes : ce n’est pas évident quand on aime son métier.
Avez-vous cru à un moment que cette édition de 2021 du All-Star Game pourrait être annulée comme la précédente ?
Il y a encore trois semaines, on était encore dans une certaine euphorie presque post-covid. Je rappelle depuis début septembre que c’est le virus qui commande. Depuis deux ans, on a la même approche, on n’est jamais serein. On a préparé le All-Star Game depuis neuf mois comme chaque année, en se mettant en position qu’il aurait lieu normalement. A-t-on la certitude qu’il va se dérouler ? A la minute où l’on parle, il se déroule dans des conditions quasi normales, sans jauge. Après, je crois qu’il faut rester prudent. Tout peut arriver d’un jour à l’autre.
Comment marche la billetterie pour cette édition ?
On ne savait pas trop où on allait. Déjà parce qu’il y avait l’annulation de 2020. On a démarré la billetterie deux mois plus tard que d’habitude, au 15 septembre au lieu du 15 juin car il faut se souvenir qu’au 15 juin, les choses n’étaient pas complètement débloquées. Au début, on avait mécaniquement du retard, qui a été progressivement rattrapé. On devrait être, début de semaine, à guichets fermés, ce qui est pour nous une immense satisfaction. C’est même incroyable. Cet évènement a une énergie très importante. Si c’est la cas, ce sera le 18e de suite. Dans le contexte que l’on connaît, c’est une récompense incroyable pour nous.
Sachant que la date du All-Star Game entre en conflit avec le calendrier de l’Euroleague, hormis Victor Wembanyama qui est blessé, les Villeurbannais Elie Okobo et Chris Jones et le Monégasque Yakuba Ouattara de Monaco seront-ils bien présents ?
On travaille bien sûr avec la Ligue Nationale de Basket, notamment sur l’aspect sportif, et à ma connaissance, les joueurs sélectionnés seront bien présents, sauf évidemment blessures. Tony Parker a pris une position claire sur ses joueurs. Yakuba Ouattara sera aussi présent. Le monde du basket en général ne peut que s’en féliciter, tout en déplorant une fois de plus les dates simultanées avec des matches d’Euroleague en face du All-Star Game, en terme de crédibilité pour notre discipline. Une fois que l’on a dit ça, je pense que la position des deux clubs d’envoyer les joueurs pour le All-Star Game, il faut la saluer.
Cette édition 2021 sera diffusée par BeIn Sports. Le All-Star Game de la LNB, voilà qui devrait intéresser les téléspectateurs de la chaîne fans de NBA ?
Oui, mais aussi ceux qui suivent le basket en général. Encore une fois, pour cette édition du All-Star Game, on est parti tard, au niveau de la billetterie, on a dû compenser un certain nombre de partenaires, qui se sont retirés, alors qu’ils nous accompagnaient en même temps que la Ligue Nationale de Basket, comme Amazon et Jeep. On a rattrapé tout ce retard, et puis on a très bien travaillé avec Michel Mimran (NDLR : le Directeur Général de la LNB) et la Ligue, ensemble. BeIn est un diffuseur commun, qui est arrivé il y a très peu de temps. Avec donc à la fois une Accor Arena pleine et un diffuseur, on arrive à un résultat extrêmement positif. Ce n’était pas gagné au mois de septembre. Tout ça s’est fait dans un temps très court, mais ça montre aussi qu’il n’y a pas d’équivalent au All-Star Game dans le sport en France, avec un succès aussi récurrent.
Gorillas est le partenaire titre de l’édition 2021. C’est un service de livraison de courses. Qu’est-ce qui l’a incité à faire ce partenariat ?
C’est un acteur émergent en Europe sur la livraison de courses à domicile, qui a envie de prendre une place importante en France, notamment dans les grandes zones urbaines. Il a déjà fait des galops d’essai dans le basket à travers le Paris Basket. Ce que décline en terme de communication le Paris Basket leur plaisait, et le All-Star Game leur plaisait aussi en terme d’évènement dans sa dimension parisienne, urbaine, et dans tout ce qui est déclinaison sport et entertainment. Et aussi, tout simplement parce qu’ils aiment le basket.
Le public du Paris Basketball ressemble à celui qui va au All-Star Game et vice-versa ?
Oui et non. On dit souvent que le public du All-Star Game n’est pas le même que celui qui va dans les salles de Betclic Elite et de Pro B. Je pense que le public du All-Star Game est très transversal. Il est légèrement majoritaire Paris Ile-de-France, mais aussi provincial car ce sont les vacances de Noël. On retrouve toutes les sociologies. Mais, évidemment, pour le public Paris Ile-de-France, il y a ce côté street, urbain, « show à l’américaine » que l’on peut retrouver au Paris Basket comme au All-Star Game.
« Cette année, depuis le mois de septembre, on a aussi conçu l’évènement en jonglant avec les potentialités de Covid »
Comment se fait la sélection des participants au concours de dunks ?
Pour le concours des meneurs et du tir à trois-points, c’est le jury qui désigne les participants. Pour le concours de dunks, on discute avec la Ligue Nationale de Basket pour cibler les talents, et cerner aussi la volonté des acteurs de participer à ce concours qui est particulier.
Avez-vous beaucoup de demandes de joueurs ?
Elles ne sont pas nombreuses, mais il y a des candidatures. Il faut déjà avoir la capacité à se présenter à un concours de dunks, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Il faut aussi avoir la capacité à se projeter dans une arena de 16 000 personnes. Par expérience, j’ai vu de gros dunkeurs, très sûrs d’eux, perdre leurs moyens au moment du concours. Il y a aussi des joueurs de grande capacité, qui peuvent être un peu bridés par le contexte de leurs clubs, qui peuvent les inciter à ne pas participer, vu qu’il y a un potentiel de risque de blessures. Je dis tout le temps qu’un joueur peut se blesser à l’entraînement de la même manière. Quand il participe au concours de dunk, il s’échauffe, il prend toutes les précautions, mais la blessure peut intervenir à tous moments. On essaie de regarder la vraie motivation, la lucidité par rapport à la rentrée dans l’arène pour faire ses dunks (sourire).
C’est un défi pour les participants à cette édition de succéder à DJ Stephens qui était hors-catégorie ?
Il ne faut pas qu’ils se mettent une pression négative, en se disant qu’il faut qu’ils fassent aussi bien que DJ Stephens. C’est peut-être le meilleur dunkeur au monde. L’erreur, à mon avis, serait de se situer par rapport à lui. Il y a de très bons dunkeurs dans la sélection qui a été faite. Après, comme on dit, ce sont les aléas du direct et particulièrement sur ce concours (sourire).
Quels sont les obligations des joueurs vis-à-vis de leur sélection au All-Star Game et ont-ils droit à une indemnité ?
Ils doivent arriver à J-1 à midi. C’est institué depuis le début du All-Star Game à Bercy en 2002, de manière que les joueurs soient en capacité d’être dans les meilleures conditions physiques, etc. Ils doivent participer aux entraînements de l’après-midi et du lendemain matin. Suite au All-Star Game de 2018 au cours duquel le match n’avait pas donné satisfaction – car les joueurs avaient tellement voulu faire du spectacle qu’ils étaient tombés dans le trop de spectacle et c’était devenu un peu une parodie de basket- , on avait mis en place un groupe de travail pour analyser ça. Cela avait notamment abouti à mettre en place une prime pour les joueurs de l’équipe gagnante. C’est le All-Star monde qui avait gagné en 2019. La prime est de 1 500 euros et elle est doublé pour le MVP. Depuis 2019, on a aussi le matin du match une petite séance pédagogique pour leur montrer des images de 2018, et leur expliquer les attentes du public du basket français, afin qu’ils doivent montrer un vrai match sans pour autant bien sûr se rentrer dedans, se blesser. C’est ce qui s’était produit en 2019. Les joueurs sont très professionnels et ils apprécient d’être traités comme tels. Cette séance avait été assez forte. On a aussi nommé des capitaines pour aussi incarner l’esprit d’une équipe. C’était Antoine Eito et David Holston. Cette année, ce seront Axel Julien et David Holston.
Quels sont vos perspectives, vos souhaits pour donner encore davantage d’audience à l’évènement dans le futur ?
Quand on construit le All-Star Game, la seule question que l’on se pose – et je le répète toujours aux équipes -, c’est « qu’est-ce qu’on peut faire pour donner envie au public d’acheter sa place et de revenir ? » Toutes les décisions sont centrées là-dessus. Quelque soit les personnes qui organisent cet évènement, c’est garder ça à l’esprit, c’est le public qui a la réponse. A partir du moment où l’on montre que l’on peut être à guichets fermés dans la plus grande salle de France, derrière l’audience s’agrège. Les réseaux sociaux s’activent, mais la base c’est le public.
Depuis que le All-Star Game s’est installé à Paris, il a conservé la même ossature d’épreuves sportives et de divertissements autour ?
Chaque année, on réfléchit à « est-ce qu’on peut modifier le format, le rendre plus dynamique ? » On aboutit tout le temps à la même conclusion que changer pour améliorer, oui, mais changer pour peut-être faire moins bien, non. C’est pourquoi on prend le même squelette parce qu’il a du rythme, il fonctionne, il y a une cohérence en terme de sportif et d’entertainment. On modifie les acteurs, les performeurs artistiques, mais l’architecture est fluide. On s’est demandé s’il fallait introduire un artiste qui fasse un showcase à la mi-temps ou à la fin du match, qui interprète trois, quatre ou cinq morceaux. Pourquoi pas ? On y réfléchit, mais on a considéré que l’architecture de l’évènement fonctionne très bien et le public semble s’y retrouver. Cette année, depuis le mois de septembre, on a aussi conçu l’évènement en jonglant avec les potentialités de covid. Quand, par exemple, on fait venir des performeurs américains, on a du prendre en compte la potentialité de voyager ou non entre les Etats-Unis et la France. Donc, avoir moins de gens qui viennent des US, privilégier des gens de France ou d’Europe, et même envisager des plans B. S’il y a des impossibilités à une semaine de l’évènement, qu’est-ce qu’on fait ? On doit quand même délivrer et produire des choses. On est en alerte permanente. C’est pourquoi, étant donné le contexte cette année, il était extrêmement difficile d’innover.
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Sport + Conseil est l’organisateur du All-Star Game et de la Leaders Cup. Est-ce pour vous un coup dur que les éditions 2021 et 2022 de la Leaders Cup et le All-Star Game 2020 aient été annulés ?
C’est forcément un coup dur pour une société d’événementiel, qui depuis mars 2020, et comme toutes les sociétés du secteur, a été très impactée par la crise. On a la chance d’être en France et d’avoir bénéficié d’aides. Ça ne compense pas, mais ça permet de traverser la tempête. Il y a aussi le côté affectif et mental, qui est très important. On est attaché aux évènements que l’on organise, a fortiori quand on en a été à l’origine, et d’avoir eu un arrêt brutal, ce n’est pas simple pour toutes les équipes qui travaillent dessus. En disant ça, on enfonce un peu des portes ouvertes : ce n’est pas évident quand on aime son métier.
Avez-vous cru à un moment que cette édition de 2021 du All-Star Game pourrait être annulée comme la précédente ?
Il y a encore trois semaines, on était encore dans une certaine euphorie presque post-covid. Je rappelle depuis début septembre que c’est le virus qui commande. Depuis deux ans, on a la même approche, on n’est jamais serein. On a préparé le All-Star Game depuis neuf mois comme chaque année, en se mettant en position qu’il aurait lieu normalement. A-t-on la certitude qu’il va se dérouler ? A la minute où l’on parle, il se déroule dans des conditions quasi normales, sans jauge. Après, je crois qu’il faut rester prudent. Tout peut arriver d’un jour à l’autre.
Comment marche la billetterie pour cette édition ?
On ne savait pas trop où on allait. Déjà parce qu’il y avait l’annulation de 2020. On a démarré la billetterie deux mois plus tard que d’habitude, au 15 septembre au lieu du 15 juin car il faut se souvenir qu’au 15 juin, les choses n’étaient pas complètement débloquées. Au début, on avait mécaniquement du retard, qui a été progressivement rattrapé. On devrait être, début de semaine, à guichets fermés, ce qui est pour nous une immense satisfaction. C’est même incroyable. Cet évènement a une énergie très importante. Si c’est la cas, ce sera le 18e de suite. Dans le contexte que l’on connaît…
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Photo d’ouverture : DJ Stephens (Hervé Bellenger/LNB)