Sa défaite face à la Lettonie (86-88) interdit à l'équipe de France de disputer la 2e phase de la Coupe du monde. Les Bleus se contenteront de jouer les places de la 17e à la 32e place sans enjeu. L'humiliation absolue.
Il sera toujours temps de faire l'analyse de cette débâcle, mais ce qui est criant après ce deuxième revers après celui face au Canada, c'est que l'équipe de France a perdu ce qui a été pendant des années sa marque de fabrique indispensable, la défense. A la mi-temps, elle avait déjà encaissé 49 points. Et comme son collectif n'a pas été à la hauteur de l'autre côté du terrain (20 balles perdues!), elle n'a pas pu endiguer les assauts des Lettons qui ont délibérément joué un match d'attaque avec réussite (18/27 à deux-points, 14/35 à trois-points) avec Arturs Zagars (22 points à 8/11) et Rolands Smits (20 points à 8/10) comme principaux artificiers.
Le match longtemps épatant d'Evan Fournier (29 points), les bons passages de Guerschon Yabusele (18 points) ou la combattivité perpétuelle de Terry Tarpey ont pu laisser croire que les Bleus allaient assurer l'essentiel, mais c'est toute l'équipe qui s'est effondrée dans le moneytime. La sortie de Nando De Colo suite à deux antisportives a coûté cher. D'ailleurs la France a un grave problème de meneur entre le Villeurbannais qui est davantage un 2e arrière et qui - il faut l'admettre - est vieillissant, et Sylvain Francisco trop impétueux et en manque d'expérience. Pourtant dominateur, Rudy Gobert (7 lancers mais un seul shoot) a été trop souvent négligé.
L'équipe de France a évidemment déjà connu des coups de Trafalgar comme la piquette contre les Etats-Unis aux Jeux de Los Angeles ou les -41 points contre l'Espagne en ouverture de l'Euro 1987, mais à cette époque elle n'avait pas clamé haut et fort qu'elle visait l'or, ce qui apparait avec le recul forcément immodeste.
C'est un fiasco total et à un an des Jeux d'Olympiques de Paris, on se demande par quel bout il va falloir prendre le problème. La présence future de Victor Wembanyama ne va évidemment pas tout résoudre.
Evan Fournier à 15 points au premier quart-temps
Pour montrer ses intentions, Nicolas Batum, qui n'avait pas marqué un seul point face au Canada, a planté un trois-points au bout de 9 secondes de jeu. Bien en place défensivement, la France prenait un premier avantage conséquent (16-7) sur un trois-points d'Evan Fournier. On notait de suite que les Lettons voulaient imiter les Canadiens en mettant une forte pression sur le porteur de balle.
Laissé sur le banc face au Canada, Sylvain Francisco entrait rapidement en jeu apportant sa gnaque défensive, alors que c'est principalement grâce à un Evan Fournier très incisif (15 points en 10 minutes à 5/6 avec un incroyable trois-points au buzzer) que les Bleus alimentaient la marque pour mener 27-19 et 33-26. Ce malgré l'activité de Rolands Smits du Zalgiris Kaunas et du NBAer Davis Bertrans (19 points à eux d'eux dans le quart-temps).
Terry Tarpey en mode Euro 2022
A l'image de la générosité de Terry Tarpey en mode Euro 2022, meilleure évaluation de l'équipe à la mi-temps derrière Evan Fournier, et de Mathias Lessort, les Bleus mettaient de l'intensité dans leurs gestes, mais les Lettons tenaient le choc grâce à une belle réussite dans les shoots jamais démentie. L'entrée d'Elie Okobo n'était pas gagnante et l'équipe de France consommait aussi de trop de pertes de balle (10 en 20 minutes). Suite à une période euphorique des Baltes, encouragés par un fort contingent de supporters et avec les improbables Kristers Zoriks du club turc d'Aliaga Petkim et Artus Zagars du club lituanien du Nevezis-Optibet à l'animation, ceux-ci revenaient à 50-49, avant que d'un trois-points Evan Fournier redonne une petite bouffée d'oxygène avant la mi-temps (53-49).
6/11 à deux-points, 10/14 à trois-points pour la France. 10/16 et 9/18 pour la Lettonie. On se disait que les deux équipes ne pourraient pas tenir le rythme d'une telle adresse jusqu'au bout.
Et c'était reparti : Rolands Smits répondait au trois-points d'Evan Fournier. Mais c'est sur une série de Guerschon Yabusele que la France perçait momentanément le plafond des 10 points (63-52). Cela ne tenait pas longtemps. Toujours trop de balles perdues. Malgré tout, les Bleus avec de belles séquences défensives faisait un peu baisser la réussite lettone et via notamment un panier à 7 mètres plein toupet de Sylvain Francisco, ils remettaient le couvert, jusqu'à 72-59 puis 74-62.
Et la France s'effondra
Malheureusement le momentum du début du troisième quart-temps était letton. Les hommes du coach italien Luca Banchi grignotaient un peu leur retard, 74-66. A 6'46 de la fin, sur une deuxième antisportive à contre-courant après une clé de bras, Nando De Colo devait regagner le vestiaire et cela redonnait du peps aux Lettons (77-74). C'était très tendu et Vincent Collet tentait de mettre un noeud à la série lettone via un temps-mort.
C'était encore un match d'attaque et les Lettons ne décollaient pas, un vrai sparadrap. 77-76. 80-79. 82-81. 84-81. Ni Francisco ni Fournier ne pouvaient porter l'estocade. Nicolas Batum perdait un ballon bêtement. 84-83 à 1'32 de la fin. Evan Fournier cherchait la faute sur une pénétration et l'obtenait. 86-83, mais très vite 86-85. Evan Fournier tentait un shoot primé mais le ratait. Rudy Gobert se faisait siffler une faute et Rolands Smits transformait ses deux lancers et faisait passer la Lettonie pour la première fois en tête à 37 secondes de la fin. 86-87.
Evan Fournier ratait encore un shoot, personne dans la meute pour mettre une claquette. Le même Fournier n'avait plus d'autre choix que de faire faute. Arturs Zagars ratait son deuxième lancer. Sylvain Francisco a eu le panier à trois-points de la gagne, mais le ballon a roulé sur le cercle. C'est un naufrage.
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Photo d'ouverture : France - Lettonie (FIBA)