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Le grand exode du basket belge dans le championnat de France

Pas moins de quatre joueurs et un coach belges ont foulé les parquets de Jeep Elite lors de cette saison 2020-2021 : Ismael Bako (ASVEL), Hans Vanwijn (Dijon), Khalid Boukichou (Gravelines) et Manu Lecomte (ex-Pau) ainsi que Serge Crevecoeur (coach Gravelines). Dans la lignée du pionnier Eric Struel

Pas moins de quatre joueurs et un coach belges ont foulé les parquets de Jeep Elite lors de cette saison 2020-2021 : Ismael Bako (ASVEL), Hans Vanwijn (Dijon), Khalid Boukichou (Gravelines) et Manu Lecomte (ex-Pau) ainsi que Serge Crevecoeur (coach Gravelines). Dans la lignée du pionnier Eric Struelens dans les années 90, les Belges s’invitent de plus en plus régulièrement dans le championnat de France. Focus sur ce phénomène qui s’étend également dans les centres de formation.

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La nation de Jacques Brel et d’Eden Hazard a la cote dans le basket français. Parmi les pays d’Europe avec lesquels la France entretient des étroites relations, la Belgique apparait plus que jamais comme un réservoir privilégié de talents. On dénombre quatre Belgian Lions – et pas des moindres – en Jeep Elite cette saison. Le plus en vue, Ismael Bako (2,08 m, 25 ans) réalise la plus belle campagne de sa jeune carrière avec l’ASVEL (5,6 points, 3,6 rebonds et 0,8 contre pour 7,4 d’évaluation cette saison en Euroleague). Idem pour Hans Vanwijn (2,05 m, 26 ans) qui, pour sa première saison en dehors de la Belgique, s’impose comme la troisième force dijonnaise aux côtés de David Holston et Axel Julien (11,2 points, 5,3 rebonds pour 14,1 d’évaluation en Jeep Elite). Bien connu en France après ses passages à Pau, Chalon puis Nancy (Pro B), Khalid Boukichou (2,08 m, 28 ans) a débarqué à Gravelines en cours de route (8,0 points, 3,3 rebonds en 17 minutes en 13 matchs), donnant satisfaction à son staff et surtout à son coach, Serge Crevecoeur, lui aussi ressortissant belge. Aperçu deux matchs le temps d’une pige médicale, le meneur Manu Lecomte (1,80 m, 25 ans) a lui porté la maillot de Pau-Orthez en février (11,0 points, 2,0 passes décisives). Né à Anvers d’un père sénégalais et d’une mère française, le jeune Mamadou Guisse (2001) évolue par ailleurs en Pro B à Vichy (3,5 points, 1,9 rebonds).

Si l’on jette un oeil au passé plus ou moins récent, on s’aperçoit que les Belges sont de plus en plus à la mode dans le championnat de France. Dans la lignée de l’illustre Eric Struelens, l’un des meilleurs éléments que la Belgique ait offerte au monde du basket, pierre angulaire de la grande épopée du PSG Racing entre 1996 et 1998, d’autres voisins belges sont passés dans l’Hexagone depuis. Dimitri Lauwers (4 saisons au Mans, à Cholet et Dijon entre 2000 et 2004), Charles Mandic (1 saison à Dijon en 2005), Roel Moors (1 saison à l’ASVEL en 2006), Lionel Bosco (1 saison à Bourg en 2007), Wen Mukubu (4 saisons au Havre, à Strasbourg, Gravelines et Vichy entre 2008 et 2016), Bob Menama (5 saisons à Rouen, Chalons, Evreux, Boulazac et Vichy) ou encore Sacha Massot (2 saisons à Antibes entre 2010 et 2012). Mais la présence des Belges en première division française s’est intensifiée au cours des dernières saisons. Quentin Serron (4 saisons à Gravelines puis Strasbourg), Jonathan Tabu (2 saisons au Mans et au Portel), Pierre-Antoine Gillet (1 saison à Chalon), Olivier Troisfontaines (1 saison à Cholet) et Elias Lasisi (pige au Portel) ont tous porté le maillot d’un club de l’élite. C’est plus que n’importe quel autre pays d’Europe depuis 2016. Un engouement sans précédent qui va au-delà des joueurs. Deux techniciens sont à la tête d’équipes de LNB – Serge Crevecoeur (Gravelines, passé par Pau) et Daniel Goethals (Antibes, Pro B) – et le nouveau directeur sportif de l’Elan Chalon – Leo de Rycke – vient de… devinez où.

« Si tous les basketteurs belges pouvaient choisir, ils seraient tous en France »

Alors, pour quelles raisons les Belges se laissent-ils de plus en plus tenter par le championnat de France ? Le choix est avant tout sportif, mais pas que. « C’est un mixte de beaucoup de choses, confie Ismael Bako. J’étais en fin de contrat à Anvers et je voulais savoir où était ma limite. Il y a eu un intérêt de l’ASVEL et ça a tout de suite été possible car un, c’est la meilleure équipe du championnat de France donc je savais que je pouvais progresser, deux, il y avait l’Euroleague, ce qui me permettait de savoir si j’étais capable d’évoluer au meilleur niveau européen et trois, je pouvais parler français. C’est surtout l’équipe de l’ASVEL qui m’a attiré, plutôt qu’un pays. Je pensais que j’allais pouvoir progresser ici. Aussi, bien sûr, le niveau sportif est beaucoup plus élevé. Toutes les équipes de Jeep Elite pourraient jouer en BCL, tout le monde se bat beaucoup, c’est un championnat physique où ça va très vite de la première à la dernière seconde. »

« Je suis venu en France presque à 100% parce que coach Legname m’avait déjà appelé très tôt la saison dernière, en janvier ou en février, pour me faire venir à Dijon, indique Hans Vanwijn. Il avait une grande confiance en moi, c’était le plus important. Je n’ai pas hésité longtemps. (…) Je pense que les joueurs belges vont chercher à jouer à l’étranger, notamment en France, car c’est un championnat parfait pour faire la transition si tu veux jouer un jour en Euroleague par exemple. Et en Belgique, il n’y a que 10 équipes, tu joues quatre fois par an contre les mêmes équipes. En France, il y a 18 équipes et tu dois jouer fort chaque weekend si tu veux gagner le match. Si tu joues à Boulazac (18e de Jeep Elite), ça reste un match difficile. C’est la plus grande différence car il y a un écart de niveau entre les 2-3 meilleures équipes belges et le reste du championnat. » Il faut dire que, pour ces deux joueurs qui n’avaient aucune expérience en dehors de la Belgique, les meilleurs clubs français sont apparus comme des opportunités uniques.

« Si tous les basketteurs belges pouvaient choisir, ils seraient tous en France, explique le coach de Gravelines Serge Crevecoeur. On est plusieurs à avoir eu la chance et l’opportunité d’évoluer dans le championnat de France. Et je ne fais pas de flagornerie, je le pense sincèrement. J’ai lu quelque part que la Jeep Elite était le 4e meilleur championnat en Europe devant l’Allemagne et l’Italie. C’est plus qu’un choix. Je connais des joueurs belges qui viendraient en voiture ou même à pied pour jouer dans le championnat de France. Les coachs, idem. » Cela s’explique avant tout car le championnat belge – l’EuroMillions Basketball League – manque de plus en plus d’attractivité sportive. Cela fait 9 saisons que l’on n’a pas vu un club belge en Euroleague (Charleroi). Ostende, champion national sans discontinuer depuis 2011, ne participe depuis 2015 qu’à la Basketball Champions League ou la FIBA Europe Cup. Raison pour laquelle le championnat belge et hollandais vont fusionner dès la rentrée prochaine dans une seule et même ligue : la BeNeLeague.

Une proximité géographique et culturelle déterminante en temps de Covid

Si les Belges font de l’Espagne, de l’Allemagne et de la France leurs principales portes de sortie, la proximité géographique et culturelle avec l’Hexagone est aussi à prendre en compte en temps de crise sanitaire. « Il y a certainement eu un effet Covid cette année car de très bons joueurs ont signé très tôt, ils savaient qu’en France, les aides de l’Etat garantissaient déjà quasiment l’entièreté des salaires », estime le coach de Gravelines. Hans Vanwijn reprend : « La France n’est pas loin de la Belgique. Si ma famille vient à Dijon, elle peut venir en voiture, à seulement 5 heures de route. Ce qui aurait été impossible si j’étais parti en Italie par exemple. » Le championnat de France bénéficie par ailleurs d’une très bonne réputation chez nos voisins belges. « Que je connaisse des joueurs qui avaient joué en France avant, Quentin Serron, Jonathan Tubu, Elias Lasisi… Ça m’a aidé à faire ce choix, poursuit l’ancien d’Anvers. La transition du championnat belge au championnat de France n’est pas forcément évidente mais plein de joueurs l’ont fait », poursuit le Dijonnais.

Il y a une semaine, Julie Allemand a remporté la Coupe de France 2021 en terminant MVP de la finale avec Lattes-Montpellier (c) FFBB, Hervé Bellenger

Au-delà des garçons, les filles ont également joué un rôle prépondérant dans la reconnaissance du championnat de France. Anne Wauters avait ouvert la voie en venant jouer à Valenciennes de 1998 à 2004 au début de sa grande carrière (4 titres en Euroleague dont 2 avec Valenciennes, 1 en Eurocup et 1 en WNBA). De nombreuses Belgian Cats ont nourri depuis la Ligue Féminine. Arrivée à l’ASVEL en 2017, Julie Allemand est aujourd’hui la deuxième à l’évaluation en Ligue Féminine cette saison avec Lattes-Montpellier (19 de moyenne). Elle a découvert l’été dernier la WNBA avec l’Indiana Fever, preuve que le championnat de France a joué un rôle de passerelle.

« De plus en plus de jeunes belges vont considérer que les centres de formation des clubs français sont un débouché intéressant pour eux »

Phénomène quasiment inexistant jusqu’aux années 2010, de jeunes joueurs belges arrivent en France de plus en plus tôt en centre de formation. Cette année, deux d’entre eux cartonnent dans le championnat Espoirs. L’arrière Joel Ekamba (14,0 points, 6,7 rebonds, 4 passes en 28 minutes en 3 matchs) – né en 2001 – qui évolue à Monaco après un passage à Limoges et l’ailier Nathan Missia-Dio (12,1 points, 4,9 rebonds, 1,7 interception, 1,3 contre en 26 minutes) – né en 2004 – arrivé lui aussi à Limoges en 2019. Également issus de la génération 2004, Milo Hautekeet (7 matchs) et Younes Boukichou (1 match) – frère de Khalid – ont disputé leurs premiers matchs avec les Espoirs de Gravelines cette saison. Plus jeunes, les talentueux Ayuba Bryant (Gravelines) et Pierre Hajjar (Antibes) évoluent dans les catégories d’âge inférieur mais ne devraient pas tarder à faire leurs premiers pas plus haut. Passé par le centre de formation de Nanterre lors de la saison 2019-2020, Ajay Mitchell (2002) – retourné depuis en Belgique à Limburg – a connu sa première sélection avec les A lors des fenêtres internationales.

Une progression rapide qui devrait à nouveau mettre un coup de projecteur sur la formation française. « De plus en plus de jeunes joueurs belges vont considérer que les centres de formation des clubs français sont un débouché intéressant pour eux, juge Serge Crevecoeur. Les Belges ont une éthique de travail… et il y a pas mal de potentiel. Le niveau des joueurs belges commence à monter. Quasiment 3/4 de l’équipe nationale évolue à l’étranger dans des bons championnats… On leur fait de plus en plus confiance et je ne vois pas de raisons pour lesquelles ils ne viendraient pas plus en France. Il y a plein de clubs qui commencent à se dire que les basketteurs belges ont un certain niveau, et donc pourquoi pas prendre un Belge comme Bosman. » Aujourd’hui au 37e rang mondial chez les hommes, la Belgique s’affirme comme l’une des nations ayant le plus progressé dans les années 2010, au point de s’être qualifié pour son 5e EuroBasket – dont le tirage au sort vient d’être dévoilé – de rang en 2022. « Le basket belge est en progression, considère Ismael Bako. Pendant quelques années, la sélection a été un peu silencieuse, mais maintenant, on a de bonnes chances de bien figurer à l’EuroBasket. Et à l’Euro, ce ne sont pas les individualités qui parlent, c’est l’équipe. »

Au centre, Hans Vanwijn (Dijon) avec les Belgian Lions. (c) FIBA

La BeNeLeague pour relancer le basket en Belgique

En tout cas, les coutumes et habitudes des basketteurs belges sont en mutation. L’arrivée du nouveau championnat belge-hollandais, la BeNeLeague, à la rentrée prochaine va encore dans ce sens. « Je suis un fervent partisan de cette nouvelle formule. Ça ne peut être que positif. Il y aura plus d’équipes, des adversaires différents, des engouements nouveaux. Le basket hollandais est dans l’ascenseur, ils ont de très bons joueurs. L’équipe nationale est qualifiée pour l’EuroBasket. Il y a 4 superbes équipes : Groningen, Zwolle, Leiden et Den Bosch et de très belles infrastructures. Cela ne peut titre le basket belge que vers le haut. » De quoi permettre au basket belge de relancer l’intérêt de son championnat tandis que ses plus pros potentiels filent à l’étranger en guise de tremplin pour leur carrière. Et pourquoi pas devenir une ligue plus intéressante dans le développement de ses meilleurs jeunes joueurs.

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La nation de Jacques Brel et d’Eden Hazard a la cote dans le basket français. Parmi les pays d’Europe avec lesquels la France entretient des relations étroites, la Belgique apparait plus que jamais comme le réservoir privilégié de talents. On dénombre quatre Belgian Lions – et pas des moindres – en Jeep Elite cette saison. Le plus en vue, Ismael Bako (2,08 m, 25 ans) réalise la plus belle campagne de sa jeune carrière avec l’ASVEL (5,6 points, 3,6 rebonds et 0,8 contre pour 7,4 d’évaluation cette saison en Euroleague). Idem pour Hans Vanwijn (2,05 m, 26 ans) qui, pour sa première saison en dehors de la Belgique, s’impose comme la troisième force dijonnaise aux côtés de David Holston et Axel Julien (11,2 points, 5,3 rebonds pour 14,1 d’évaluation en Jeep Elite). Bien connu en France après ses passages à Pau, Chalon puis Nancy (Pro B), Khalid Boukichou (2,08 m, 28 ans) a débarqué à Gravelines en cours de route (8,0 points, 3,3 rebonds en 17 minutes en 13 matchs), donnant satisfaction à son staff et surtout à son coach, Serge Crevecoeur, lui aussi ressortissant belge. Aperçu deux matchs le temps d’une pige médicale, le meneur Manu Lecomte (1,80 m, 25 ans) a lui porté la maillot de Pau-Orthez en février (11,0 points, 2,0 passes décisives).

Si l’on jette un oeil au passé plus ou moins récent, on s’aperçoit que les Belges sont de plus en plus à la mode dans le championnat de France. Dans la lignée de l’illustre Eric Struelens, l’un des meilleurs éléments que la Belgique ait offerte au monde du basket, pierre angulaire de la grande épopée du PSG Racing entre 1996 et 1998, d’autres voisins belges sont passés dans l’Hexagone depuis. Dimitri Lauwers (4 saisons au Mans, à Cholet et Dijon entre 2000 et 2004), Charles Mandic (1 saison à Dijon en 2005), Roel Moors (1 saison à l’ASVEL en 2006), Lionel Bosco (1 saison à Bourg en 2007), Wen Mukubu (4 saisons au Havre, à Strasbourg, Gravelines et Vichy entre 2008 et 2016), Bob Menama (5 saisons à Rouen, Chalons, Evreux, Boulazac et Vichy) ou encore Sacha Massot (2 saisons à Antibes entre 2010 et 2012). Mais la présence des Belges en première division française s’est intensifiée au cours des dernières saisons…

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