L’équipe américaine d’avril 1999. Celle qui a affronté les espoirs de Levallois devait être quasiment la même.
Une coupure d’article paru dans Basket Hebdo agrémentée de quelques photos fournies par USA Basketball, la fédération américaine. C’est tout ce qui subsiste de ce qui fut un « évènement » de par son originalité et le prestige de l’un des deux opposants de ce dimanche de février 1999 au Palais des Sports Marcel-Cerdan de Levallois. L’équipe nationale féminine américaine face aux espoirs du club.
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L’équipe américaine était en construction et donc de passage à Paris. Nous ignorons son roster complet mais nous avons la certitude de la présence de Lisa Leslie (1,95m, 27 ans), la meilleure joueuse de la planète de cette fin de siècle, Sheryl Swoopes (1,80m, 28 ans), 15,0 points en moyenne sur 12 saisons de WNBA et Teresa Edwards (1,80m, 34 ans) déjà championne olympique en 1984, 88 et 96 et qui le sera encore en 2000.
Cette équipe étoilée est alors numéro un mondial, évidemment, et aussi l’une des meilleures de tous les temps. A Sydney, elle va tout dévorer. 8 matches, 8 victoires par une marge de 21,7 points. Les Américaines limiteront leurs adversaires à une réussite aux tirs de 37,7% alors que la leur montera à 50,8%. Leur supériorité au rebond sera également totale : 37,6 à 22,9 en moyenne.
Ce jour-là donc, les minots de Levallois vont gagner 76-61 malgré les 22 points de Sheryl Swoopes et les 17 de Lisa Leslie. Les superwomen ne pouvaient pas challenger avec le physique, c’est-à-dire la taille, le poids et aussi la vélocité des garçons. L’apport majeur est venu des plus expérimentés d’entre eux, Liberto Tetimadingar (16 points), Wilfried Aka (12 points et 7 rebonds), Sébastien Collet (12 points, 10 passes et… 10 balles perdues) et Olivier Lebrun (13 points et 10 rebonds).
Nous avons obtenu le témoignage d’un acteur majeur de ce drôle de match : Sébastien Collet, un meneur de 1,85m, qui ce jour-là fêtait ses 20 ans et qui joua trois matches en pro à la même période, ce qui lui vaut d’être comme Vincent Masinge, Sacha Giffa, Fred Nkembe et encore Brice Bisseni, labellisé « Cardiac Kid ». Cette bande de gamins coachée par Ron Stewart remporta 10 de ses 18 derniers matches de Pro A à grands renforts de press tout terrain. Une autre façon d’entrer dans la légende.
Les espoirs de Levallois. Sébastien Collet porte le numéro 4.
Sébastien Collet
« Avec le recul, je me dis que j’ai fait un truc extraordinaire »
« L’équipe féminine américaine était en stage en France. Je crois qu’elles ont fait un ou deux entraînements à Levallois. Elles n’avaient pas d’échéance pour l’été suivant mais elles préparaient les Jeux de Sydney. C’était le 1er février, le jour de mon anniversaire. Je m’en souviens d’autant que c’était le lendemain de mon premier match en Pro A. Il y a deux ou trois choses qui marquent !
En fait, c’est l’équipe espoir qui a joué renforcée par trois pros même si Wilfried Aka et moi on faisait encore les deux à ce moment-là. Il y a avait aussi Olivier Lebrun. Vincent Masingue et Sacha Giffa n’avaient plus l’âge d’être espoirs. Il y aurait pu y avoir Steeve Essart mais il n’a pas joué. Le coach c’était Raphaël Gaume assisté de Fabrice Calmon.
A l’époque, elles étaient encore appelées les Dreamteamettes. On suivait tout ça et on connaissait de nom Lisa Leslie, Teresa Edwards, Sheryl Swoopes et une petite meneuse qui allait très, très vite (NDLR : peut-être Dawn Staley), et deux ou trois joueuses dont les noms ne me reviennent pas en tête. On avait été surpris d’être sollicité et on avait abordé ça comme un match amical. On ne savait pas trop ce que l’on allait pouvoir faire. Tout le monde avait déjà joué le samedi donc c’était un deuxième match dans le week-end.
Notre échauffement avait été interrompu pour que la coach nous explique quelques règles par rapport à ses filles pour que physiquement elles ne soient pas mises en danger même involontairement. Sauf si on était tout seul, il était interdit de dunker. On pouvait gêner mais pas forcément contrer, mettre la pression sur le dribble mais après physiquement se retenir un peu. Cela avait beau être ce qui se fait de mieux en filles, haut la main, et à tous les postes, une équipe espoir garçons est malgré tout largement au-dessus. On a vraiment abordé ce match sur la pointe des pieds en n’osant pas trop jouer au départ. J’avais joué quelques matches contre des filles dans mon club quand j’étais minimes en championnat de France contre des équipes de Nationale 2 ou 3 et on voyait déjà que des minimes garçons tenaient la dragée haute à des séniors filles.
« Physiquement les mecs sont vraiment beaucoup au-dessus même quand on parle de Dreamteamettes »
En espoirs, il y avait quand même de sacrés bébés à l’intérieur et Lisa Leslie, du haut de son 1,96m, ça restait très, très fin. Quand Olivier Lebrun se retournait à l’intérieur, c’était « je fais quoi maintenant ? » Il était à contre-courant, il n’avait pas d’appuis. Ce n’était pas évident de savoir où mettre la jauge, ce que l’on pouvait faire ou pas, quoi retenir, où aller. On a commencé en prenant l’eau ! On ne jouait pas. Sur un repli, j’ai lâché un contre et j’ai dit « maintenant, on joue ». On est passé de moins 20, 25 pour gagner d’une vingtaine de points (NDLR : en fait 15). On doit leur mettre 40 ou 45 points en 15 minutes. Jusque-là elles jouaient sur leur force et pas nous. Sur l’écran, on ne pouvait pas bumper, contester. On ne pouvait pas envoyer la fille en dehors de l’écran, on ne pouvait pas passer dans l’écran. C’était compliqué. Et nos intérieurs qui se retrouvaient face à Lisa Leslie, contestaient un peu le mouvement, mais une fois qu’elle tirait, on ne contrait pas. C’était spécial, ce n’était pas du basket comme on le pratiquait.
Quand elles ont vu que l’on revenait, elles ont été piquées, elles ont été plus agressives et ça a pu donner un match qui ressemblait à quelque chose. Mais physiquement les mecs sont vraiment beaucoup au-dessus même quand on parle de Dreamteamettes, une équipe qui n’était pas loin d’être l’une des meilleures de tous les temps.
On a discuté un tout petit peu avec elles après le match, pas de longs échanges. Quelques photos, deux ou trois mots, elles nous ont remercié car je crois que c’est resté dans l’esprit qu’elles attendaient. Il y avait un nombre incroyable de personnes avec elles, quarante, cinquante ! Ils avaient deux ou trois personnes dans leur staff qui filmaient, des photographes.
C’était un match un dimanche après-midi, à 16h-17h, et il n’y avait aucune communication de fait autour. Il n’y avait pas du tout de spectateurs sinon les dirigeants du club et les pros pour chauffer les espoirs comme ça se fait bien souvent. C’était un peu plus qu’un scrimmage. A titre personnel, je n’ai pas récupéré de photos, pas vu de films, juste eu l’article de Basket Hebdo de l’époque. Malheureusement, quand on est dedans on ne garde rien et après avec le recul, on regrette pas mal de choses. A ce moment-là, je n’ai pas eu l’impression de faire un match spécial. C’était juste un match amical contre des filles pour les dépanner. On n’avait pas la notion de « la superstar » à part Lisa Leslie. Avec le recul, en y pensant, en discutant avec les enfants, je me dis que j’ai fait un truc extraordinaire.
Les JO étaient un an et demi après et j’ai vu quasiment tous leurs matches en me disant « tiens celle-là, ils l’ont pris, pas celle-là, etc. » Maintenant, d’un clic on a toute l’équipe, la blessée, etc. A cette époque, c’était plus compliqué de s’informer. Mais je m’y suis intéressé, oui. On en a reparlé quand j’ai fait paraître l’article sur facebook, on a mis quelques messages les uns par rapport aux autres mais quand on se revoit dans une salle ce n’est pas de ça dont on parle. Par contre quand j’en parle à mon enfant de huit ans qui est passionné de basket, il a des yeux énormes. »
Sébastien Collet demeura ensuite un an à Levallois, en Pro B, avant d’enchaîner les saisons en N1, N2 et N3 où il opère toujours, à 38 ans, au Mée-sur-Seine.
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L’équipe américaine était en construction et donc de passage à Paris. Nous ignorons son roster complet mais nous avons la certitude de la présence de Lisa Leslie (1,95m, 27 ans), la meilleure joueuse de la planète de cette fin de siècle, Sheryl Swoopes (1,80m, 28 ans) et Teresa Edwards (1,80m, 34 ans) déjà championne olympique en 1984, 88 et 96 et qui le sera encore en 2000.
Cette équipe étoilée est alors numéro un de la planète. A Sydney, elle va tout dévorer. 8 matches, 8 victoires par une marge de 21,7 points. Les Américaines limiteront leurs adversaires à une réussite aux tirs de 37,7% alors que la leur montera à 50,8%. Leur supériorité au rebond sera également totale : 37,6 à 22,9 en moyenne.
Ce jour-là donc, les minots de Levallois vont gagner 76-61 malgré les 22 points de Sheryl Swoopes et les 17 de Lisa Leslie.
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