Pour la troisième fois de suite, la finale de la Jeep Elite va se jouer sur le cinquième match. En effectuant une démonstration défensive hier à Antarès (78-68), l’AS Monaco apparait en position de force. Gardons nous pour autant d’affirmer que le Rocher est imprenable.
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On a retrouvé Monaco. Le premier de la saison régulière, vainqueur de la Leaders Cup, meilleur ranking de la Basketball Champions League et finaliste de cette même BCL. Pourquoi la Roca Team -qui mérite totalement son surnom- s’est imposé hier soir à Antarès ? Parce qu’elle était un ton au-dessus du MSB. Tout simplement. Sur le plan de la dureté, de l’endurance. Les Monégasques se sont montrés très solidaires, sans maillon faible. Tout en contrôle.
Devant les yeux de l’ancien meneur de jeu du club Taylor Rochestie, finaliste en 2012, marié avec une Sarthoise, assis tout près de leur banc en T-shirt orange, les Manceaux ont effectué une très mauvaise entame. Un air de déjà vu. 2-11 après un peu plus de quatre minutes, suite à un trois-points de Aaron Craft alors que Monaco avait loupé ses 12 tentatives lors de l’Episode 1 et une interception ponctuée d’une contre-attaque en trombe de Paul Lacombe. Comme un résumé de ce qui allait suivre.
Quand Paul Lacombe monte à l’abordage
« Je pense que la pression était sur Le Mans. C’était le match pour qu’ils finissent ce soir », a commenté le coach de l’ASM, Zvezdan Mitrovic. « Les premiers matches on a été dominés au rebond, ce soir c’est nous qui avons dominé (34 à 29). Grosse défense, gros rebond, c’est comme ça que l’on peut gagner. On voulait que Georgi (Joseph) et Paul (Lacombe) donnent un rythme défensif. Ça a fonctionné. J’ai parlé avec Paul avant le match, il n’allait pas bien du tout. C’est notre joueur avec le plus d’expérience en ce qui concerne les finales. Il était prêt, motivé. Quand il a pris un coup à l’arcade, il a été recousu à la mi-temps, il est revenu avec un gros bandage et il a continué à jouer. A chaque match, il y a eu un joueur qui s’est révélé. Riley au match 2, Lofton au match 3 et là on a bien stoppé Riley et Lofton. »
Ce quatrième match de la série a incontestablement franchi un degré sur l’échelle de l’intensité et le bénéfice est revenu à Monaco son initiateur. Le moment symbolique fut lorsque dans le même temps mais pas sur le même choc, Paul Lacombe et Mykal Riley, secoués, durent sortir du terrain. Le Monégasque revint donc plus tard en jeu avec un impressionnant bandeau de blessé de guerre. Très en deca de ses standards lors du match précédent (2 points, 3 d’évaluation), l’arrière international a retrouvé toute sa vitalité, sa faculté à aller à l’abordage. Les Monégasques ont fait la course en tête, faisant preuve de la sérénité qui leur a manqué sur les deux derniers matches, et ont défendu dur, dur, en étant concentré sur eux-mêmes et leurs adversaires, pas sur les arbitres.
« On ne va pas aller sur le fait que les arbitres n’ont pas sifflé sur certaines fautes comme l’adversaire l’a fait le match d’avant. Alors que l’on pourrait y aller… On verra à la vidéo », a commencé par commenter le coach du MSB, Eric Bartecheky, « Non, il faut avouer que Monaco a mis beaucoup plus de dureté défensive sur ce match là. En alignant déjà un cinq plus défensif dès le départ. Forcément, ils nous ont causé plus de problèmes. Avec plus de dureté, de consistance du côté de Monaco, nous qui étions un petit peu moins bien physiquement par le fait d’avoir joué deux matches en trois jours, on a vraiment peiné. On n’a marqué que 69 points. On a eu du mal à attaquer. Et même si on ne prend que 78 points, on fait beaucoup d’erreurs en laissant trop de paniers faciles à l’adversaire. Ils ont eu un peu plus de réussite à trois-points. Ils en marquent cinq. Ce n’est pas non plus énorme. Mais sur les replis… Même quand on a marqué, parfois on a pris des paniers tout de suite derrière. Il faut reconnaître que Monaco a durci le ton sur ce match-là et on a éprouvé des difficultés. »
Monaco a profité de chaque moment d’inattention des Manceaux pour lancer des contres meurtriers. 10 points en contre-attaque contre 3 aux Manceaux. Ils ont surtout inscris 20 points dans la peinture contre 8 au MSB. On a apprécié ainsi une fois encore les mains en or d’Ali Traore qui en est désormais à 28 sur 34 aux shoots en playoffs (!) et qui hier soir a multiplié son temps de jeu par cinq vis-à-vis de l’Episode 3 où il avait été visiblement puni pour défense insuffisante.
Eric Bartecheky a multiplié toutes les manœuvres pour enrayer la mécanique rouge et blanche, y compris en alignant un temps trois arrières (Justin Cobbs, Antoine Eito et Chris Lofton) et deux pivots (Youssoupha Fall et Will Yeguete) mais rien n’y faisait. Quand a été demandé à Will Yeguete ce qui avait manqué dans ce combat, le Manceau a répondu :
« De la dureté physique. On n’a pas réussi à avoir des stops. Ils ont eu beaucoup de paniers faciles. Des back door, des rebonds offensifs, ils ont réussi à se passer le ballon facilement. C’est une équipe qui est solide, qui a fait un gros match défensif et ils ont été aussi cohérents offensivement. Ils étaient dos au mur et ils ont réussi à répondre. »
Aaron Craft, le facteur X
Les deux fois précédentes, le facteur X avait été manceau : Mykal Riley lors de l’Episode 2, Chris Lofton lors de l’Episode 3. Cette fois, il fut toujours Américain mais portait le maillot de la Roca Team. Aaron Craft (1,88m, 27 ans) a été élu Défenseur de l’Année en NCAA comme en D-League. Il a aussi remporté le trophée haut la main cette saison en Jeep Elite. Il suffit de le voir à l’œuvre pour comprendre pourquoi il est le cauchemar des attaquants. Aaron Craft a privé de vivres Chris Lofton et/ou Justin Cobbs pendant tout le temps où il était sur le terrain.
« Il a joué d’excellents matches dans la première partie de saison. Après, c’était un peu moins bien. Là, il est au niveau des playoffs qu’il a joué la saison dernière avec Trento en Italie. Ce soir il a démarré et il était vraiment très motivé. Il a eu la même intensité défensive que d’habitude mais en plus il a marqué des tirs à trois-points, deux points », a apprécié son coach.
De fait, l’Américain a été aussi très efficace de l’autre côté du terrain avec 15 points pour 22 d’évaluation. Mitrovic n’a pas hésité à aligner ensemble DJ Cooper et Aaron Craft dans le money time, deux meneurs si différents et si complémentaires qui méritent incontestablement le trophée du meilleur duo de meneurs de la Jeep Elite.
« C’est une très longue saison et nous avions l’opportunité aujourd’hui de l’allonger encore. Je pense que l’équipe a fait un super boulot. On a été obligé de défendre collectivement. On ne peut pas défendre en un-contre-un tout le match contre des joueurs comme ça. Justin Cobbs est un super joueur. Il fallait faire un effort collectif ce soir si on voulait gagner », estime Aaron Craft. « J’ai mis mon premier shoot et ça m’a mis un peu en confiance. J’ai aussi regardé comment il défendait sur moi et j’ai eu des opportunités que j’ai pu concrétiser. »
Au fait, l’arbitrage ?
Les Manceaux ont buté sur un mur épais et incontournable. Pour les Monégasques, les paniers « faciles » n’existent pas. Si un joueur adverse est en position de marquer, il faut l’en empêcher par tous les moyens y compris en sortant la hache de guerre. Georgi Joseph fini tous ses matches avec les mains en sang. C’est la marque de fabrique de la Roca Team. Ce qui n’est pas apprécié, c’est que parallèlement Zvezdan Mitrovic s’en prend régulièrement aux arbitres. C’est pour cette facette de mauvais coucheur qu’il a été hué par le public sarthois à la présentation des équipes. Pour ce quatrième match, il s’est globalement tenu à carreau. Ses joueurs aussi ont très peu contesté les coups de sifflet.
« Hier j’ai dit aux gars : jouez ! Simplement, jouez ! Ce soir, nous étions là pour jouer basket-ball et pas pour s’occuper des arbitres, des lancers-francs ou quelque chose. » Pourtant, le naturel est revenu au galop : « Mais 26 à 17. Pftt (Il siffle). Ouh ! », a-t-il fait en consultant la feuille de stats.
En fait depuis trois ans que le Monténégrin est le coach de Monaco, son équipe est celle qui systématiquement commet le plus de fautes de toute la Jeep Elite. Lui y voit une cabale, les observateurs neutres une conséquence d’une défense toujours à la limite de la légalité. Disons qu’hier le trio d’arbitres, très bon au demeurant, a mis le curseur de la tolérance à un niveau un peu plus élevé qu’à certaines occasions. Et c’est Eric Bartecheky qui se sentait comme le dindon de la farce.
« Bien sûr qu’il y a 26 fautes commis de leur part et on obtient quand même des lancers-francs. On ne peut pas non plus dire « les arbitres, etc. » mais il y a quand même parfois des fautes… Forcément, ils ne vont pas tout siffler car sinon tout le monde est dehors dans le départ. Mais il y en a quand même qui méritent des coups de sifflet. Il y a même des fautes qui sont dures et je crois que la salle l’a vu aussi. Mais bon… C’est secondaire par rapport à ce que j’ai dit avant. »
Un match de playoffs ressemble rarement à un autre
Les Manceaux sont apparus hier soir émoussés à l’image de Justin Cobbs qui a enchaîné à Antarès deux prestations plutôt ternes. Eric Bartecheky en convient :
« Ce qui est bien, c’est que l’on ne joue que dimanche. On va pouvoir récupérer et étudier ce match-là où ils nous ont posé des problèmes pour voir comment on peut s’ajuster par rapport au match de dimanche. Je pense que l’on peut récupérer et être en mesure de proposer autre chose là-bas. »
Même tonalité dans le discours de Will Yeguete :
« On est un peu déçu car on avait une bonne opportunité de finir la série à la maison. C’est comme ça, ça fait partie du sport. Il faudra bien dormir ce soir, se reposer, revoir demain et après-demain ce que l’on a fait comme erreurs, et aller faire un coup là-bas dimanche. On va tout faire pour être bien dimanche, être frais et l’emporter là-bas. »
Eric Bartecheky reconnait que son équipe a reçu comme un coup sur la nuque. Le public, le champagne, les T-shirts de circonstance, tout était prêt pour que cette Episode 4 mette fin en apothéose à la série.
« Forcément, quand on a la possibilité de gagner le match et d’avoir le titre ici à Antarès, il y a une déception. En plus, comme l’équipe en face a mis de la dureté, les joueurs ont senti qu’ils avaient vraiment du mal à avancer, à trouver des solutions. C’est normal que ce soir, sur le coup, il y ait un petit choc. Un petit coup mentalement. Mais il faut laisser les joueurs digérer, se reposer demain et repartir de l’avant. De toute façon, on l’a vécu à Strasbourg. Ça ne sera pas facile mais pourquoi pas ? Il faut trouver des solutions pour malmener cette équipe de Monaco qui n’est pas simple à bouger quand elle est comme ce soir. »
En fait, le MSB est exactement dans la même situation qu’en demi-finale face à Strasbourg. Il avait gagné le match 2 en Alsace avant d’enchaîner à Antarès mais n’avait pas conclu lors du match 4. La SIG avait retrouvé toute sa superbe et chacun l’imaginait se qualifier pour une sixième finale consécutive. Mais les Manceaux avaient fait preuve en Alsace d’une grinta exceptionnelle. Dimanche, ce sera le huitième affrontement cette saison entre l’ASM et le MSB et il n’a échappé à personne que les Manceaux ont déjà gagné deux fois à Gaston-Médecin. Même si le sentiment porte à croire que Monaco est en position favorable, il faut se méfier des sentences prématurées. Un match ressemble rarement à un autre en playoffs.
« C’est l’équipe qui a le plus de cœur qui va l’emporter dimanche », estime Will Yeguete. « A ce niveau-là, il n’y a pas vraiment d’ajustements techniques que l’on peut faire même s’ils en ont fait quelques-uns entre le Game 3 et le Game 4. C’est vraiment dans la dureté et le combat qu’il faudra gagner le match. Celui qui fera ça gagnera la série et sera champion de France. »
Coach Z qui va guider pour la dernière fois la Roca Team pour cette épisode 5 est le premier à se méfier des retournements de situation. Et pour cause.
« Vous ne savez jamais. J’ai eu une très mauvaise expérience l’an dernier en quart de finale contre l’ASVEL. Dans l’euphorie, on a cru que c’était bon et on a perdu chez nous puis la série. Je pense que c’est du 50-50 pour le prochain match. Il faut tranquillement se préparer pour le Match 5 et c’est tout. »
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On a retrouvé Monaco. Le premier de la saison régulière, vainqueur de la Leaders Cup, meilleur ranking de la Basketball Champions League et finaliste de cette même BCL. Pourquoi la Roca Team -qui mérite totalement son surnom- s’est imposé hier soir à Antarès ? Parce qu’elle était un ton au-dessus du MSB. Tout simplement. Sur le plan de la dureté, de l’endurance. Les Monégasques se sont montrés très solidaires, sans maillon faible. Tout en contrôle.
Devant les yeux de l’ancien meneur de jeu du club Taylor Rochestie, finaliste en 2012, marié avec une Sarthoise, assis tout près de leur banc en T-shirt orange, les Manceaux ont effectué une très mauvaise entame. Un air de déjà vu. 2-11 après un peu plus de quatre minutes, suite à un trois-points de Aaron Craft alors que Monaco avait loupé ses 12 tentatives lors de l’Episode 1 et une interception ponctuée d’une contre-attaque en trombe de Paul Lacombe. Comme un résumé de ce qui allait suivre.
Quand Paul Lacombe monte à l’abordage
« Je pense que la pression était sur Le Mans. C’était le match pour qu’ils finissent ce soir », a commenté le coach de l’ASM, Zvezdan Mitrovic. « Les premiers matches on a été dominés au rebond, ce soir c’est nous qui avons dominé (34 à 29). Grosse défense, gros rebond, c’est comme ça que l’on peut gagner. On voulait que Georgi (Joseph) et Paul (Lacombe) donnent un rythme défensif. Ça a fonctionné. J’ai parlé avec Paul avant le match, il n’allait pas bien du tout. C’est notre joueur avec le plus d’expérience en ce qui concerne les finales. Il était prêt, motivé. Quand il a pris un coup à l’arcade, il a été recousu à la mi-temps, il est revenu avec un gros bandage et il a continué à jouer. A chaque match, il y a eu un joueur qui s’est révélé. Riley au match 2, Lofton au match 3 et là on a bien stoppé Riley et Lofton. »
Ce quatrième match de la série a incontestablement franchi un degré sur l’échelle de l’intensité et le bénéfice est revenu à Monaco son initiateur. Le moment symbolique fut lorsque dans le même temps mais pas sur le même choc, Paul Lacombe et Mykal Riley, secoués, durent sortir du terrain.[/arm_restrict_content]
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Photos: Paul Lacombe, Aaron Craft, Zvezdan Mitrovic, DJ Stephens (LNB/Hervé Bellenger)