Le Mans – Strasbourg, c’est une affiche de playoffs mais en septembre on en n’est qu’aux premières répétitions.
Pour un match d’ouverture, on n’a pas forcément tous ses repères. A commencer par le public, déjà peu habitué à des rendez-vous à 18h30 le dimanche. Les 4 000 spectateurs présents à ce Le Mans – Strasbourg sont arrivés à la dernière minute et ils ont découvert deux équipes très renouvelées. Seulement sept joueurs sont rescapés de la demi-finale des playoffs qui a servi de clôture à la saison précédente, fin mai. De plus, Vincent Collet, coach depuis cinq ans de la SIG, est dans les tribunes courtoisement invité à s’asseoir aux côtés du président manceau Christophe Le Bouille, qui a déclaré que faire sitôt dans la saison du coach des Bleus le successeur d’Erman Kunter, qui entame au MSB sa troisième et dernière année de contrat, est « un manque de respect » pour le Franco-Turc.
Celui qui a pris le relais de Vincent Collet en Alsace, Henrik Dettmann, est lui-même coach national, en Finlande. D’ailleurs il y a ce dimanche un record pour la Pro A de quatre Finlandais sur le parquet avec l’adjoint Lassi Tuovi et les internationaux Erik Murphy à Strasbourg et Gerald Lee qui fait une –bonne- pige au Mans.
Henrik Dettman forcément stoïque
Alors même que son équipe subit une bourrasque, Henrik Dettman est imperturbable sur son siège, bras croisés et mâchonnant –à toute vitesse- son chewing-gum. Le Finlandais n’a pas le choix. Renversé à Nancy par une voiture sur un passage piéton, il souffre d’une fracture au genou gauche et sa jambe, est contenue dans une attelle alors que son pied repose sur un coussin. Aux temps-morts, il s’appuie sur deux béquilles pour se lever et donner ses consignes.
Ce qu’il voit est très moche. La SIG est amorphe et cumule les déchets. Après un quart-temps elle ne possède qu’une évaluation de 2 contre 25 au MSB. Handicapé par les absences de Petr Cornelie (2,12m) et Mouph Yarou (2,05m), Le Mans n’est pas une cime infranchissable mais Wilfried Yeguete capte 11 rebonds en 16 minutes, son équipe a du peps, court et se régale avec un avantage maximal de 17 points (29,12, 17e). Sans Mam Jateih, point de fixation à l’intérieur, la SIG serait même totalement à la dérive. Symbolique : Ryan Pearson, qui a tendance à pécher par gourmandise mais qui possède un bras gauche de feu, inscrit un panier à trois-points au buzzer, ce qui donne 40 à 24 à la mi-temps.
La SIG estampillée offensive
Paul Lacombe tentera plus tard d’expliquer ce long moment d’égarement :
« On a eu beaucoup de matches amicaux, on n’a pas eu le temps de s’entraîner et de jouer ensemble. A.J. (Slaughter) vient juste d’arriver. Mam (Jateih) s’est cassé une dent et a manqué pas mal de matches. Tout ça a fait qu’on n’a pas eu beaucoup d’entraînements ensemble et notre défense est pour l’instant vraiment approximative. »
C’est vrai que c’est spécial une reprise. Ce ne sont pas les playoffs où l’intensité est souvent permanente. Au retour des vestiaires, c’est la SIG qui démarre en trombe, 10-0. Le MSB, la tête ailleurs reste 3’20 sans marquer.
« C’était du laxisme, plus mental qu’autre chose », reconnaitra Pape Philippe Amagou. « Même si à la mi-temps on se dit, « hé les gars, il faut être prêt ! », inconsciemment il y a un peu de relâchement. Je ne pense pas que Strasbourg soit une équipe qui gagnera ses matches par la défense mais ils ont par contre des qualités en attaque. »
A la fin, ça se joue sur quelques trois-points. Ceux des Sigmen Frank Ntilikina, Erik Murphy et Erving Walker –qui a dominé Giordan Watson. Celui de l’élégant canadien du Mans Olivier Hanlan aussi. C’est tout de même un panier intérieur de Wil Yeguete qui donne la victoire au MSB (73-71), A.J. Slaughter ratant de peu un dernier panier bonifié. Trop loin, trop tard.
« On était à +16 et on a perdu toute notre discipline, le plan de jeu. On a fait n’importe quoi, surtout au début du troisième quart-temps. Ils sont revenus au score. Ce n’est pas une équipe faible Strasbourg, il y a du potentiel. C’est toujours difficile de jouer devant son public lors d’un premier match. Quand la Coupe d’Europe arrive le calendrier devient plus difficile et il faut prendre un peu d’avance », lâche le coach manceau Erman Kunter en conf de presse.
L’étourderie de Philippe Amagou
En septembre, chacun doit trouver ses repères disions nous. Y compris à propos du calendrier. Alors qu’il lui est demandé un commentaire sur le prochain match de Coupe de France –trophée dont le MSB est le tenant-, Pape Philippe Amagou répond : « Paris est très en forme. Ils nous ont battu de 3-4 points en match amical et là ils ont gagné leur premier match. C’est déjà un gros rendez-vous qui nous attend dans deux jours. »
Sauf qu’un confrère lui fait remarquer que l’adversaire en 32e de finale ne sera pas le Paris-Levallois, mais… Cholet.
« Ce n’est pas Paris !? Désolé. »
« C’était l’année dernière » rigole alors Erman Kunter. Hilarité générale dans la salle de conférence de presse. Sans se démonter, Amagou enchaîne : « Dans ma tête il y avait Jason Rich… Cholet ? C’est encore mieux, c’est le derby de l’ouest. Ça se gagne ! »