Le pivot allemand Johannes Voigtmann (2,11m, 29 ans) a quitté le CSKA Moscou via un périple qui l’a emmené dans les Pays Baltes. Il donne des détails dans une interview pour Kicker.
« C’est devenu clair assez rapidement. Jeudi dernier, comme tout le monde, nous avons été surpris par la terrible nouvelle de la guerre que la Russie avait déclenchée en Ukraine. Après un jour ou deux de réflexion, la décision a été prise que je ne voulais pas rester à Moscou. Dans la situation actuelle, je ne peux pas être en accord avec moi-même de jouer des compétitions pour une équipe russe, où à la fin il s’agit de gagnants et de perdants. Même s’il ne s’agit que de basket, cela implique un symbolisme qui ne me semble pas approprié pour le moment. Le président russe est responsable d’une guerre d’agression brutale qui fait mourir des innocents en Ukraine, oblige des millions de personnes à fuir leur patrie, et en particulier des enfants qui perdent leur maison ou même leur vie. Je ne pouvais tout simplement pas rester en Russie et continuer comme si de rien n’était, d’autant plus que vous ne savez pas comment la situation va évoluer là-bas. Dans le contexte général, je ne me serais pas senti non plus en sécurité. »
L’international allemand fait toutefois un distinguo entre le gouvernement russe de Vladimir Poutine et le CSKA, même si le club moscovite avait un lien étroit avec l’Armée Rouge à l’époque de l’Union Soviétique.
« Non, je connais l’histoire, mais il n’y a plus aucun lien avec l’armée. Le club de basket utilise l’abréviation CSKA uniquement comme marque en raison de sa popularité. Je remercie également les responsables du CSKA. J’ai pu avoir des discussions ouvertes avec eux au cours du week-end et ils ont montré de la compréhension pour ma décision. Ils n’ont mis aucun obstacle sur mon chemin ni sur celui des autres joueurs qui sont partis. J’ai l’impression qu’aucun responsable du CSKA à qui j’ai parlé ne soutient cette guerre. Au contraire, comme tout le sport russe, eux et le club souffrent de la situation actuelle. Même s’il n’y a actuellement aucune alternative à l’exclusion des athlètes et des équipes russes, je suis personnellement désolé pour les personnes et les collègues avec qui j’ai bien travaillé pendant deux ans et demi. »
Alors que sa famille avait déjà regagné l’Alemagne, Johannes Voigtmann a effectué un long voyage pour sortir de la Russie.
« Parce que la plupart de l’espace aérien des compagnies aériennes russes était déjà fermé dimanche et que je voulais emporter autant de choses importantes que possible avec moi depuis l’appartement et que j’avais aussi le chien, la seule option qui restait était la voiture. J’ai préparé mes affaires, j’ai essayé de régler le plus de choses possible avec l’appartement et le reste de nos effets ménagers, et après une dernière réunion d’équipe dimanche, j’ai roulé vers la frontière lettone avec le chien sur le siège passager. Au début, c’était presque huit heures à travers des paysages arides. » Il n’y a pas eu de véritables difficultés, « mais peu de temps avant la frontière russe, mon pouls a commencé à monter un peu parce que je ne savais pas à quoi m’attendre là-bas. À part le fait que j’ai dû vider toute la voiture et que les agents des frontières ont regardé dans chaque valise, tout s’est relativement bien passé. Après une pause, je suis ensuite parti en Lituanie, où j’ai fait une courte escale à Kaunas avec mon ancien coéquipier Janis Strelnieks. Puis nous sommes rentrés chez nous via la Pologne, au final c’était environ 2 500 kilomètres. »
Johannes Voigtmann est sous contrat avec le CSKA jusqu’à l’été 2023, mais son agent étudie avec le club russe un moyen d’y mettre fin. Seulement à partir de ce moment-là, il pourra envisager une autre destination.
Photo : Euroleague