Si on fait la fine bouche, on fera remarquer que les Opals déploraient l’absence de deux joueuses fondamentales, la meneuse américano-australienne, Leilani Mitchell, vue à Arras, et la pivot aux origines nigérianes, Liz Cambage. Celle-ci est un specimen très rare sur le globe. Haute de 2,03m et solide avec un quintal de poids, c’est une intérieure puissante qui fait des dégâts atomiques dans la peinture. Elle a tourné à 17,0 points et 7,4 rebonds cet été en WNBA avec un exploit face au New York Liberty qui a fait les headlines : 53 points, record de la ligue américaine, avec 17 paniers sur 22 essais, dont un 4 sur 5 à trois-points et 15 sur 16 aux lancers-francs, 10 rebonds, 5 contres, 2 passes, 1 interception et aucun ballon perdu. Pas de Mitchell donc pour remettre la barque des Opals dans la bonne direction lorsque les vagues sont hautes. Pas de Cambage pour entraver les enjambées de la panthère Sandrine Gruda et bousculer Héléna Ciak une fois qu’elle est plantée sous le cercle. Après leur été chargé, les deux Australiennes ont eu droit à un peu de repos.
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Toujours avec un esprit chagrin, on fera remarquer que les Bleues se sont peu à peu relâchées après avoir mené de 25 points à 81-56, au point que leur avance a subi un sérieux coup de rabot pour finir à + 8 (85-77). Elles n’ont pas tenu deux joueuses qu’elles connaissent pourtant bien, l’ailière de l’ASVEL Rebecca Allen (23 points à 8/16) et la pivot Cayla George (18 points à 7/11) connue sous le nom de Francis à Aix-en-Provence puis Nantes-Rezé.
« On a mieux géré le repli défensif que hier soir (NDLR: contre la Lettonie). Par contre, on a été embêté sur des tirs immédiats. Ce que l’on sait des Australiennes, c’est qu’elles peuvent toutes marquer en catch and shoot et on était un peu trop loin des adversaires. On a eu des aides côté bas qui nous ont aussi coûté cher. Des petits réglages à faire, » reconnaissait d’ailleurs la coach, Valérie Garnier.
Toujours par prudence, on rappellera la vérité des archives : si les Françaises avaient déjà gagné 10 fois en 16 matches amicaux contre l’Australie, elles ont perdu dans le même temps sept fois en huit matches officiels ; la seule victoire fut acquise avec maestria aux Jeux de Londres.
Une fois ces considérations couchées sur le papier, ne boudons pas notre plaisir. Ce qu’a montré l’équipe de France hier soir la majorité du temps est excellent. Avec une grosse pression défensive (6 interceptions) et une belle réussite offensive (14/21 aux tirs dont 4/5 à trois-points), elle a envoyé valdinguer d’entrée de jeu les Opals dans les décors: après un quart-temps: 32 à 15 !
Sandrine Gruda est toujours aussi fiable à l’intérieur et Héléna Ciak, sa doublure au poste 5, retrouve peu à peu ses sensations.
« Elle a été blessée pendant trois semaines et elle a repris lundi dernier. Il faut qu’elle retrouve le jeu, qu’elle s’intègre à l’équipe. C’est lors du premier entraînement qu’elle s’est blessée. Il faut que les autres apprennent aussi à jouer avec elle. C’est quelqu’un qui va être ciblée comme toutes nos intérieures. Il y a des trappes qui sont engagées très rapidement sur elles. Si on peut ressortir les ballons et mettre des paniers comme les extérieures l’ont fait ce soir, c’est bien. Il y a de l’alternance dans cette équipe », se félicite Valérie Garnier.
On a apprécié les jaillissements défensifs d’Olivier Epoupa, une peste pour n’importe quelle meneuse. La confiance retrouvée de Endy Miyem des deux côtés du terrain (19 points, 22 d’évaluation) après une aventure en WNBA frustrante. L’engagement de Alexia Chartereau, 20 ans tout rond, et qui monte en grade mois après mois. Et aussi bien sûr, ce que devient Marine Johannès, pas seulement imaginative, souple, aérienne, gracieuse mais par moments TRES efficace. Diabolique même. Elle était (très) douée, elle devient (très) forte. La shooting guard berruyère s’est fendue d’un 15 points de moyenne sur les deux matches du Tournoi de Coubertin avec un 13/23 aux shoots.
« Le collectif, c’était accepter d’aller au combat, de l’avant, d’agir et de ne pas subir. Le message est passé, elles sont entrées de la meilleure des façons. La première mi-temps a été vraiment très intéressante. Au même titre qu’Endy (Miyem), j’ai envie de positiver. Ce n’est pas tous les jours que l’on bat l’Australie même si elles étaient sans Liz Cambage et Leilani Mitchell. Mais pour moi c’est l’état d’esprit qui a régné sur cette rencontre qui est positif, l’envie des joueuses, l’ambition qu’elles ont », se félicite la coach française.
Sur que sa collègue d’en face Sandy Brondello a des ajustements à faire, en défense comme dans la circulation de balle. Et que Cambage et Mitchell ne seront pas de trop pour que l’Australie confirme le rang qui est a priori le sien, c’est-à-dire la dauphine de l’ogre américain.
Les sœurs ennemies canadiennes à Antibes et à la Coupe du monde
Si les autres secteurs sont bâtis sur la stabilité, l’équipe de France présente en cet été un trio de meneuses inédit. Céline Dumerc a passé la main. Valérie Garnier n’a pas sélectionnée Amel Bouderra, deux fois MVP française de la ligue féminine. Un moment espéré, la meneuse du New York Liberty Bria Hartley n’a pas réussi à prouver à temps sa filiation française. Si bien que derrière Olivia Epoupa, ancien prodige européen de la discipline dans les catégories de jeune, ce sont Romane Berniès (11 sélections à ce jour) et Alix Duchet (5), futures équipières à Lattes-Montpellier, qui sont les backups.
« Olivia nous a fait une copie ce soir en 20 minutes de 5/6, 3 passes décisives, 3 interceptions. C’est l’Olivia telle qu’on l’aime dans son style de jeu. Elle a eu un petit problème au dos et c’est pour ça qu’elle n’a joué que vingt minutes », informe Valérie Garnier. « Derrière, il y a deux très jeunes joueuses. Une qui a 24 ans et l’autre pas encore 21 ans. Si on a besoin de quelqu’un qui défend fort, c’est davantage Romane. Si on a besoin de quelqu’un qui soit dans la gestion et dans l’agressivité derrière les picks, ça sera plus Alix. La hiérarchie, c’est plus Olivia et deux jeunes meneuses. J’ai fait ce choix-là car ça ne se dessinait pas vraiment et que l’on peut avoir des opportunités différentes avec ces joueuses-là. »
Depuis deux décennies, les équipes de France ont dû beaucoup à deux meneuses de caractère, Yannick Souvré puis Céline Dumerc. Olivia Epoupa est beaucoup, beaucoup moins extravertie et n’a pas vocation à être la reine des abeilles. C’est dans l’adversité que l’on juge les gens, et le tournoi d’Antibes qui s’annonce, du 15 au 17 de ce mois, sera un révélateur puisque la France va y affronter le Canada et les Etats-Unis.
Les Etats-Unis, superpuissance du basket mondial, c’est à la fois un match de prestige et le test ultime, mais c’est contre le Canada que nos yeux seront grand ouverts. Déjà parce que Kayla Alexander (ex-Bourges), Miranda Ayim (Basket Landes), Kim Gaucher (Mondeville), Ruth Hamblin (ex-Bourges), Michelle Plouffe (Lyon) et Nayo Raincock-Ekunwe (Bourges) seront sous le maillot rouge et blanc frappé de la feuille d’érable. On remarque tout de même l’absence de l’intérieure de Bourges, jumelle de Michelle Plouffe, Katherine.
« Je pense que c’est un choix d’entraîneur car apparemment les joueuses de Bourges ont cherché à se renseigner. La coach a changé la physionomie de son équipe avec deux vraies 5 qui sont Hamblin et Alexander. Elle a beaucoup de poste 4 et je crois que c’est un choix de construction d’équipe D’habitude elles circulaient avec des 4 et là elles ont ajouté des 5, » indique Valérie Garnier.
Pouvoir sacrifier Katherine Plouffe, MVP étrangère de la Ligue Féminine en 2017, donne un aperçu de la richesse canadienne. Le Canada qui, dans la nuit de vendredi à samedi, a malmené les Etats-Unis toute une mi-temps (40-28) avant de se faire battre de six points (68-74). Il est vrai que les Américaines étaient privées de Sue Bird, Diana Taurasi, Breanna Stewart, Elena Dello Donne et Brittney Griner impliquées dans les playoffs WNBA.
Françaises et Canadiennes se sont déjà affrontées quinze fois sur la décennie et inséparables vont se retrouver à Ténérife dans la même poule avec la Corée du Sud et la Grèce.
« Décisif, oui…, » acquiesce Valérie Garnier quand on lui évoque l’importance de l’enjeu de ce match à la Coupe du monde. Alors, les deux équipes ne vont-elles pas être tentées pour ce tournoi d’Antibes d’avancer masquer ?
« Pour les jouer régulièrement, les Canadiennes, je ne les vois pas trop calculer les choses. Ce n’est pas le style de la maison et ça ne doit pas être le nôtre non plus. Après, de là à tout dévoiler… Mais il faudra que l’on soit intense. Le Canada, c’est comme l’Australie, c’est très dense physiquement. Il faudra d’abord relever le défi physique. Elles ont un peu les mêmes caractéristiques. C’est une nation qui monte. Ça sera effectivement notre adversaire direct dans la poule. Elles nous connaissent davantage, bien sûr, mais nous aussi. Mais on connaissait très bien aussi Cayla George ce soir, on savait qu’elle est dans le catch and shoot et on n’a pas été à la hauteur face à elle. Elles vont nous connaître mais ce n’est pas grave. On aura des choses à faire en attaque, en défense. On est plus centré sur nous aujourd’hui que sur nos adversaires parce que l’équipe est jeune, en construction et qu’il faut d’abord s’attarder sur soi avant de voir comment jouent les autres. »
En tout état de cause, ce que les Bleues ont démontré les deux jours à Paris est prometteur et leur envie d’une médaille n’est pas qu’un simple caprice.
Tournoi à Antibes
Samedi 15 septembre – 19h00 : France / Sénégal
Dimanche 16 septembre – 19h00 : France / Canada
Lundi 17 septembre – 20h30 : France / Etats-Unis
Coupe du Monde à Tenerife (Espagne) du 22 au 30 septembre
Samedi 22 septembre -13h30 : Corée du Sud / France
Dimanche 23 septembre – 17h30 : France / Grèce
Mardi 25 septembre – 20h30 : Canada / France
Mercredi 26 septembre : Barrage quarts de finale
Vendredi 28 septembre : Quarts de finale
Samedi 29 septembre : Demi-finales
Dimanche 30 septembre : Finales
Photos: Marine Johannès (FIBA) et équipe de France (FFBB/Hervé Bellenger)
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Toujours avec un esprit chagrin, on fera remarquer que les Bleues se sont peu à peu relâchées après avoir mené de 25 points à 81-56, au point que leur avance a subi un sérieux coup de rabot pour finir à + 8 (85-77). Elles n’ont pas tenu deux joueuses qu’elles connaissent pourtant bien, l’ailière de l’ASVEL Rebecca Allen (23 points à 8/16) et la pivot Cayla George (18 points à 7/11) connue sous le nom de Francis à Aix-en-Provence puis Nantes-Rezé.
« On a mieux géré le repli défensif que hier soir (NDLR: contre la Lettonie). Par contre, on a été embêté sur des tirs immédiats. Ce que l’on sait des Australiennes, c’est qu’elles peuvent toutes marquer en catch and shoot et on était un peu trop loin des adversaires.
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