Avec un cœur énorme, les Bleus ont laissé sur place le Monténégro dans le dernier quart-temps (73-67) ce vendredi soir en ouverture des qualifications pour la Coupe du Monde 2023.
Quand on fera les comptes à la fin de ces qualifications à la Coupe du Monde 2023, on se souviendra probablement de cette rencontre initiale à Pau gagnée face au Monténégro avec les tripes. Encore une fois, les Bleus de Vincent Collet ont réussi à se surpasser avec une configuration d’équipe innovante, sans leurs joueurs majeurs, notamment ceux de l’Euroleague toujours indisponibles – sinon Paul Lacombe – en raison de la bêtise affligeante de l’organisme de Jordi Bertomeu.
Le Monténégro est un petit pays de 620 000 habitants, mais qui forme de superbes basketteurs et qui s’est enrichi du Californien Justin Cobbs, l’ancien meneur de Gravelines et du Mans, qui a planté 16 points, distillé 7 passes, et bénéficié du support efficace de Vladimir Mihailovic (23 points à 9/14 aux shoots). Les Monténégrins peuvent regretter leur gabegie aux lancers-francs (9/20), mais surtout, ils ont fini par suffoquer face à la défense athlétique des Bleus, y compris Cobbs qui a tout de même raté 9 de ses 14 tirs.
Oui, vraiment, les Bleus ont été une fois encore épatants, et ont certainement fait plaisir aux téléspectateurs de France 4, qui pour beaucoup les ont découverts. Le basket français est vice-champion olympique, il est aussi riche en profondeur. Et Isaia Cordinier (16 points, 8 rebonds, 4 passes, 2 interceptions), Louis Labeyrie (18 points et 5 rebonds) et Paul Lacombe (9 points, 4 passes, 3 rebonds, 2 interceptions) sont de très sérieux candidats à l’EuroBasket de l’été prochain.
Du retard à l’allumage
Vincent Collet choisissait un cinq de départ forcément inédit avec Andrew Albicy, Isaia Cordinier, Terry Tarpey – pour sa première sélection -, Louis Labeyrie et Mam Jaiteh. Seulement, très vite, Andrew Albicy disparaissait du terrain. Sa blessure aux ischo-jambiers s’était réveillée. Grâce à un excellent passing game, et dans un rythme élevé, le Monténégro prenait la tête, réussissant 7 de ses 10 premiers shoots avec Justin Cobbs, toujours aussi précis au poste, qui inscrivait 8 des 20 premiers points. Deuxième coup dur : le Limougeaud Nicolas Lang voyait sa cheville gauche se dérober et regagnait le vestiaire. Il y avait quand même un débours de neuf points (13-22) après dix minutes de jeu.
Les Monténégrins étaient à la fois agressifs vers le cercle et adroits à distance avec notamment un 5/6 à trois-points. Ils trouvaient en l’arrière du KK Mornar, Vladimir Mihailovic (13 points en première mi-temps), l’exécuteur des hautes œuvres. Heureusement, les Bleus étaient très enthousiastes, avec Mam Jaiteh et Louis Labeyrie (13 points en 13 minutes) opportunistes, Paul Lacombe, obligé de jouer à la mène après le forfait d’Albicy, hyper actif, et Terry Tarpey bien dans le collectif notamment défensif. C’était ensuite à Isaia Cordinier de se libérer. Il était notamment l’auteur d’un trois-points de 9 mètres et d’un dunk rageur. Les Bleus revenaient au score, au point d’égaliser juste à la mi-temps d’un trois-points très caractéristique d’Amine Noua (38-38).
Nicolas Lang revient au galop, Isaia Cordinier passe la surmultiplié
Il y avait beaucoup de sueur qui coulait sur les corps car les deux équipes avaient conscience de l’enjeu. Imperturbable, Vladimir Mihailovic continuait son récital, Axel Julien n’était pas dans son assiette, et sur un trois-points de Justin Cobbs, les Monténégrins poussaient leur avantage à 10 points (46-56, 28e). Nicolas Lang revenait pour… marquer un lancer-franc, mais les Français ne parvenaient pas encore à opérer la jonction.
Paul Lacombe était bourré de dynamite, et c’est lui qui initiait le retour de la France, qui était achevé par un revenant : Nicolas Lang ! Guéri miraculeusement de sa cheville, celui-ci inscrivait trois trois-points et un panier sous le cercle salutaires. Les Monténégrins étaient harassés par la pression défensive des Bleus et commençaient à déjouer complètement. A l’inverse, Isaia Cordinier était le maestro du money time. Sur une action, il se permettait de prendre le rebond, de remonter la balle tout le terrain, de mettre la défense adverse dans le vent, et de conclure sur un dunk dont il a le secret. 68-63 à 2’30 du buzzer, 70-64 à 1’52. Le match se terminait dans le vacarme du Palais des sports palois qui hurlait La Marseillaise. Et c’est vrai que ces petits gars méritent bien de la patrie.
Dans l’autre match du groupe, la Hongrie est allée s’imposer au Portugal, 58-70. Les Hongrois seront les adversaires des Bleus dimanche, à 18h, à Kaposvar, et toujours sur France 4. Et dans l’autre match important du soir du basket français, les Villeurbannais ont terrassé Monaco au buzzer en Euroleague sur un tir du milieu de terrain de William Howard. Jusqu’au bout, cette soirée restera dans les mémoires.
Photo d’ouverture : Paul Lacombe (FIBA)